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Sonate pour violoncelle et piano d'Emmanuel

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Sonate pour violoncelle et piano
op. 2
Genre Musique de chambre
Nb. de mouvements 3
Musique Maurice Emmanuel
Durée approximative 15 min
Dates de composition 1887
Dédicataire Paul Bazelaire
Création
Salle Érard, Paris
Drapeau de la France France
Interprètes Paul et Louise Bazelaire

La Sonate pour violoncelle et piano, op. 2, est une œuvre de Maurice Emmanuel composée en 1887. Le musicien, âgé de vingt-cinq ans, est encore étudiant au Conservatoire de Paris, dans la classe de Léo Delibes. Les audaces de la partition entraînent l'opposition farouche du professeur, qui l'empêche de se présenter pour le prix de Rome et le décourage de composer pour plusieurs années.

La première audition de l'œuvre est retardée de près d'un quart de siècle : le , par le violoncelliste Paul Bazelaire qui en reçoit la dédicace. Il s'agit de la première partition de musique de chambre de Maurice Emmanuel, où s'affirme déjà son goût pour les modes anciens.

Composition

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Maurice Emmanuel entreprend la composition de la Sonate pour violoncelle et piano en 1887, alors qu'il est encore étudiant au Conservatoire de Paris, dans la classe de Léo Delibes où il croise un autre élève de son âge, Claude Debussy[1]. Dès la présentation des premières esquisses, la partition en mode de mi provoque la colère de Delibes, « qui multiplie désormais les brimades à l'égard d'un élève naguère prometteur, aujourd'hui exalté[2] ». Cette œuvre « lui fait grincer les dents ! »[3] et il s'en prend directement à ce jeune musicien qui « prétend réformer la musique[1] ». Dans la biographie qu'il lui consacre, Christophe Corbier cite une phrase définitive de l'auteur de Lakmé : « Mon cher garçon, tant que vous écrirez de cette musique-là, vous pouvez rester chez vous[4] ».

Conséquences

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L'opposition de Léo Delibes aux tendances musicales de son élève va jusqu'à empêcher Maurice Emmanuel de se présenter pour le prix de Rome, en 1888[5]. Désavoué par son professeur, il se tourne vers Ernest Guiraud pour prendre des cours privés[6]. C'est lors de soirées passées avec son nouveau professeur qu'il note les opinions de Claude Debussy[7], qu'il publiera après la mort de l'auteur de Pelléas et Mélisande et qui seront reprises par tous ses biographes, dont Harry Halbreich[8]. La « vocation contrariée[9] » n'en aura pas moins des conséquences à long terme sur la carrière de Maurice Emmanuel, qui oriente bientôt son activité vers la musicologie[10].

La Sonate pour violoncelle et piano était « en avance sur son temps[6] ». De fait, elle n'est exécutée qu'après la première Guerre mondiale, le par le violoncelliste Paul Bazelaire qui en reçoit la dédicace, lors d'un concert Salle Érard, à Paris[11]. L'œuvre est publiée la même année aux éditions Sénart, puis rééditée aux éditions Salabert[11].

L'œuvre est en trois mouvements :

  1. Allegro (noire = 120) à
    , et
    dans sa section centrale
  2. Larghetto (noire = 60) à
  3. GigueAllegro molto (blanche = 100) à

Le premier mouvement de la Sonate ne respecte pas la forme sonate classique : Emmanuel se rattache à une tradition plus ancienne qui est celle de la sonate monothématique du XVIIIe siècle tout en l'enrichissant de quelques aménagements attendus. Beaucoup de modes sont utilisés dans cette sonate, le plus présent étant le mode de mi qui apparait dès le premier mouvement. Le compositeur utilise aussi les modes de sol, de la et de fa. L'usage de ces divers modes rend l'analyse harmonique parfois difficile. La fin du premier mouvement est structurée par la quarte augmentée, notamment à la basse et qui sert à « noyer le ton ». Pour le rythme, il y a une opposition constante entre les rythmes ternaires et les rythmes binaires, des appuis sur les contretemps et une souplesse de la carrure très présente. Selon Christophe Corbier, la Sonate pour violoncelle et piano présente une série de caractéristiques illustrant les idées de Maurice Emmanuel.

Commentaires

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Pour Henry Woollett, la Sonate pour violoncelle et piano est « proche de la forme classique, mais avec certaines variantes[12] ». Le compositeur et musicographe relève ainsi « le premier thème de l'allegro [qui] est en si mineur avec do naturel — le deuxième en si mineur avec do dièse et la naturel. Le largo est en forme de lied : A-B-A. Le finale, en forme de gigue, est animé et rythmique ; il est assez longuement développé, l'œuvre étant de forme cyclique[12] ».

Postérité

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Première partition de musique de chambre conservée par son auteur, la Sonate pour violoncelle et piano se situe « à mille lieues des lourdes machines franckistes, de leur chromatisme post-wagnérien, de leur expression grave et pathétique » selon Harry Halbreich. « Voici un triptyque net et concis, d'une verve jaillissante, d'une délicieuse fraîcheur modale, et dont la liberté d'allure et de forme annonce déjà les Sonates de Debussy, postérieures de près de trente ans[13] ».

L'œuvre a été interprétée à plusieurs reprises par de grands interprètes comme Maurice Maréchal et Pablo Casals, qui témoignait de son admiration pour le mouvement lent[6].

Discographie

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Bibliographie

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Ouvrages généraux

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Monographies

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Notes discographiques

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Références

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  1. a et b Christophe Corbier 2007, p. 29
  2. Christophe Corbier 2007, p. 35-36
  3. Christophe Corbier 2007, p. 36
  4. Christophe Corbier 2007, p. 40
  5. Christophe Corbier 2007, p. 35
  6. a b et c Christophe Corbier 2007, p. 38
  7. Antoine Goléa 1977, p. 478
  8. Harry Halbreich 1980, p. 751-755, « Appendice 1 : Conversations avec Ernest Guiraud », notées par Maurice Emmanuel.
  9. Christophe Corbier 2007, p. 17
  10. Christophe Corbier 2007, p. 47
  11. a et b Sylvie Douche 2007, p. 247
  12. a et b Henry Woollett 1929, p. 444.
  13. Harry Halbreich 2010, p. 5

Liens externes

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