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Salers (liqueur)

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Salers
Image illustrative de l’article Salers (liqueur)
La Gentiane Salers

Pays d’origine France
Ville d’origine Montaignac-Saint-Hippolyte (Corrèze)
Slogan Fière de ses racines.
Date de création 1885
Type Boisson alcoolisée
Principaux ingrédients gentiane
Degré d'alcool 16°, 20° ou 25°
Site web Site officiel

La Salers (prononcé [salɛʁ]) est une liqueur de gentiane du Massif central, produite en France. Élaborée à partir de gentiane jaune d'Auvergne, et tenant son nom d'une commune du Cantal, elle est distillée à Turenne (Corrèze).

L'appellation figurant sur les étiquettes est « Salers Gentiane », mais la désignation courante est « la Salers ».

Elle fait partie des liqueurs dites amères, et il s'agit de l'une des principales liqueurs de gentiane commercialisées en France, derrière la Suze et l'Avèze.

En 1885, Ambroise Labounoux, originaire de Haute-Corrèze, fonde une distillerie à Montaignac-Saint-Hippolyte, près de Tulle, pour produire une liqueur de gentiane, une version améliorée du « quinquina du pauvre » consommé à partir des gentianes sauvages[1]. À cette époque, la famille Labounoux s’approvisionne en racine de gentiane dans les montagnes autour du village de Salers, dans le département voisin du Cantal ; c'est la raison pour laquelle cet apéritif a été baptisé ainsi.

Affiche publicitaire de 1930 (Collection Clermont Auvergne métropole, bibliothèque du Patrimoine[2]).

Au fil du temps, l'entreprise reste une affaire familiale.

En 1937, pour en faire la publicité, une chanson accompagnée par l'accordéon de Jean Ségurel, et dont les paroles sont de Jean Leymarie, auteur du succès Bruyères corréziennes est diffusée[3]. Cette chanson se diffuse dans les campagnes ; elle est repérée dans les années 1970 par les enquêteurs qui pratiquent le collectage[4]. Dans l'entre-deux-guerres, le succès de la Salers à Paris permet l'installation d'entrepôts à La Garenne-Colombes puis Puteaux (Hauts-de-Seine)[5].

En 2006, la famille Labounoux, qui dirige alors une entreprise de 28 salariés et dispose d'une unité commerciale et logistique à Puteaux, cède la production de la Salers à la société Pagès Védrenne, via la holding Dolfi[6]. En , la production rejoint la Distillerie des Terres Rouges à Turenne (Corrèze) du groupe familial Védrenne dont le siège est au Puy-en-Velay.

Les racines de gentiane provenant d'Auvergne sont nettoyées, dans les 24 heures suivant la récolte[5], puis broyées et macérées dans des cuves en inox, plongées dans l'alcool pendant trois à six mois[7].

Après filtrage, l'infusion est mélangée à un distillat obtenu par passage des racines dans des alambics. Ensuite, pendant trois ans, un long affinage en fût de chêne est réalisé selon une recette inchangée, comprenant l'introduction d'épices et aromates, et dont les détails demeurent secrets[7].

L'approvisionnement se fait dans le Puy-de-Dôme. Depuis 2008, la filière est sécurisée par contractualisation avec un cultivateur de gentiane établi à Bourg-Lastic, la ressource étant en voie de raréfaction à l'état sauvage[7]. Les racines sont acheminées jusqu'à la gare de Turenne.

Commercialisation

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Différentes liqueurs de gentiane dans un supermarché à Lyon, dont une bouteille de Salers.

La Salers existe en trois titrages d'alcool: 16°, 20°, 25°, dont les bouteilles sont distinguées par la couleur du bouchon, ainsi qu'en apéritif sans alcool (« Ziane Gentiane ») et en sirop. En 2019, la société Védrenne lance un gin aromatisé à la gentiane, commercialisé sous le nom de « Gin Salers »[8],[9], vieilli en fûts de chêne et produit en édition limitée[10].

Consommation

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Verre de Salers avec glaçons.

La Salers se consomme à l'apéritif, pure avec des glaçons, ou accompagnée de crème de cassis ou d'un jus de citron.

En marge du Brive Festival, organisé chaque été à Brive-la-Gaillarde, une variante du mojito à base de Salers, le salerito, a été conçue par les organisateurs[1].

À la fin des années 2010, la mode du spritz bénéficie aussi à la Salers, qui comme d'autres liqueurs et digestifs, entre dans la composition de variantes originales et régionales[11].

Aire de diffusion

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La Salers bénéficie de l'exil des Limousins et Auvergnats au début du XXe siècle pour acquérir une réputation à Paris[1].

Présentée comme de « renommée locale » au début des années 2000, à la différence de la Suze, dont la diffusion est franchement nationale[12], la Salers voit toutefois sa promotion renforcée dans les années qui suivent, de sorte qu'elle puisse être achetée sur tout le territoire français.

Les ventes annuelles s'élèvent à 400 000 bouteilles en 2003[1].

Environ 10 % de la production est exportée, notamment aux États-Unis[13]. Auprès des barmen, la liqueur y connaît le succès, ainsi qu'en Australie[14].

Références

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  1. a b c et d Hélène Pommier, « Salers/Vieille Prune de Souillac : on refait le match ! », Le Point, (consulté le ).
  2. Anne Manouvrier, « La gentiane jaune », sur Gallica, (consulté le ).
  3. Jérôme Cordelier et Hélène Pommier, « Ma Corrèze à moi », Le Point, (consulté le ).
  4. « Enquête auprès de deux chanteuses de Saint-Geniez-O-Merle 1 (juillet 1975) », sur patrimoine-oral.org (consulté le ).
  5. a et b Vedrenne, « SALERS, DEPUIS 1885 EN CORRÈZE, LE PLUS ANCIEN APÉRITIF DE GENTIANE DU MASSIF CENTRAL. : Histoire », sur vedrenne.fr (consulté le ).
  6. Denis Meynard, « La famille Labounoux se sépare de la Distillerie de la Salers », Les Échos, (consulté le ).
  7. a b et c Éric Porte, « Sans trahir de secret, découvrez les étapes de fabrication d'un des plus anciens apéritifs de gentiane du Massif central », La Montagne, (consulté le ).
  8. J.L.L., « En direct de Vinexpo : La marque Salers cautionne un gin avec une pointe de gentiane », sur rayon-boissons.com, (consulté le ).
  9. Rachelle Lemoine, « Du Jura au Venezuela, le gin dans tous ses états » Accès payant, sur nouvelobs.com, (consulté le ).
  10. Franck Stassi, « Ces marques boostent leur visibilité grâce au cocktail », sur businessmarches.com, (consulté le ).
  11. Laurence Haloche, « Spritz à tout et n’importe quoi ? », sur avis-vin.lefigaro.fr, (consulté le ).
  12. Guillaume Crouzet, « Les apéritifs à base de racines de gentiane, arrachées avec la fourche du diable » Accès payant, Le Monde, (consulté le ).
  13. Sonia Reyne, « Auvergne : la racine de gentiane, la « fée jaune » de l’apéritif qui regagne de l'intérêt », La Tribune, (consulté le ).
  14. Olivier Bompas, « Spiritourisme : un printemps tout en douceur ! », sur Le Point, (consulté le ).

Articles connexes

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Lien externe

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