Raoul Gradis

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Raoul Gradis, né à Bordeaux le et mort le , est un armateur et peintre français.

Biographie[modifier | modifier le code]

Membre de l'élite juive française, dont les ancêtres ont été expulsés de la péninsule ibérique, David Raoul Armand Gradis est le fils de Henri Gradis (1823-1905) et de Claire Brandam. Il épouse Suzanne Fould (1868-1901), fille de Paul Fould, maître des requêtes au Conseil d'État, petite-fille du baron Joseph de Günzburg et tante de la baronne Germaine de Rothschild. Ils seront les parents de :

Engagé en 1881, il devient lieutenant en 1884, puis capitaine au 23e régiment d'artillerie territoriale.

Il étudie la peinture avec Maxime Lalanne à l'École des beaux-arts de Bordeaux, puis avec Ferdinand Humbert et Henri Gervex à l'École des Beaux-Arts de Paris. Il expose au Salon à partir de 1886 et en devint sociétaire[1].

Il était également sociétaire de la Société des artistes français et membre de la Société philomathique de Bordeaux. Gradis écrivit diverses œuvres musicales dont « Poème pour piano et violon ».

En 1905, il succède à son père à la tête de la maison Gradis, en s'associant avec son beau-frère, Georges Schwob d'Héricourt. Ils firent évoluer la maison Gradis en Société française pour le commerce avec les colonies et l'étranger (SFCCE) en 1921, Georges Schwob d'Héricourt en prenant la présidence et Raoul la vice-présidence. Il devient conseiller du commerce extérieur de la France, vice-président de la classe 118 (matériel colonial) à l'Exposition universelle de Liège de 1905 et archiviste du Comité nationale des expositions coloniales..

Durant la Seconde Guerre mondiale, Raoul Gradis est président du Consistoire israélite et chef de la communauté juive de Bordeaux[2]. En , il fait retirer ses étoiles jaunes au commissariat de Bordeaux, sans donner les bons de textile requis. En , il demande une exemption aux restrictions à la circulation imposées aux Juifs, expliquant qu’à l'âge de 81 ans, avec un bras cassé, il aimerait aller à sa maison de campagne de Saint-Louis-de-Montferrand. Sa propriété avait été saisie et son domicile à Lormont avait été réquisitionné par les forces d'occupation pour « aryanisation ». Il précise qu’en ayant démissionné de la vice-présidence de son entreprise, il avait respecté l'interdiction faite aux juifs de diriger leurs entreprises[3] (loi du 2 juin 1941 du régime de Vichy). En , sa demande de libre circulation est rejetée par la SS. Son épouse s'était convertie au catholicisme en 1897, suivie de ses enfants en 1905[4].

Raoul Gradis meurt quelques mois plus tard en [2].

Gradis était président de l'Union d'assistance du XVIe arrondissement de Paris, membre de la Société internationale d'assistance, du Comité de secours aux sinistrés de la Martinique, du comité de la Société philanthropique, du Conseil général pour l'extinction de la mendicité à Bordeaux.

Il est chevalier de la Légion d'honneur, officier d'Académie, officier de l'ordre du Cambodge et de l'ordre du Nichan Iftikhar (ordre tunisien) en récompense pour services rendus.

Œuvre[modifier | modifier le code]

Peinture[modifier | modifier le code]

Compositions musicales[modifier | modifier le code]

  • « Partitions des quatuors no 1 et no 2 pour piano »
  • « VIII pièces pour piano » (1906)

Publications[modifier | modifier le code]

  • « Une expérience de philanthropie à la Martinique » (1904)
  • « Poème pour piano et violon »

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Fiche du peintre Raoul Gradis », sur lespeintresbordelais.com (consulté le )
  2. a et b Michel BERGÈS, « Approche qualitative de la tentative d’anéantissement de la communauté juive de Bordeaux (1940-1944) », (consulté le )
  3. Le notaire de la famille Gradis, soucieux de préserver les principes de « propriété », prend la défense des intérêts de son client spolié. Voir Archives CDC, dossier de consignation Raoul Gradis, cité in Ayla Aglan. « L'aryanisation des biens juifs sous Vichy : les cas comparés de la France et de l'Allemagne », Revue d’histoire moderne & contemporaine, vol. no 49-4, no. 4, 2002, pp. 154-169. Lire en ligne
  4. Archives juives: cahiers de la Commission française des archives juives, Volume 35, Commission, 2002, p. 33

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jean Guerin et Bernard Guerin (Compte-rendu de lecture), Des hommes et des activités. Autour d'un demi-siècle : 1889-1957, Lormont (Gironde), Société bordelaise d'éditions biographiques, , 926 p. (présentation en ligne)
  • Société des artistes français, « Explication des ouvrages de peinture, sculpture, architecture, gravure, et lithographie des artistes vivants exposés au Grand palais des Champs-Élysées », 1886, p. 242

Liens externes[modifier | modifier le code]