Pierre de taille

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Paris est connue pour la qualité de son architecture en pierre de taille, typiquement en calcaire lutétien des carrières de la région. Ici, un immeuble haussmannien traditionnel de la capitale.

La pierre de taille est une pierre dont toutes les faces sont dressées, c'est-à-dire taillées, par un tailleur de pierre, pour obtenir des plans plus ou moins parfaits. Cette pierre est utilisée pour la construction.

Description

Les joints du parement (face visible du bloc) sont alors rectilignes, l'appareil (arrangement de la maçonnerie) est polygonal. Les moellons n'ont pas la même forme ajustée. D'après Jean-Marie Pérouse de Montclos, la pierre de taille est « une pierre aux pans soigneusement dressés et aux arêtes vives, dont la mise en œuvre donne une maçonnerie à joints fins et réguliers[1] ».

La hauteur de l'assise (rang de pierres de même hauteur) va distinguer (voir appareil) :

  • le « grand appareil » (plus de 35 cm de haut) ;
  • le « moyen appareil » (entre 35 et 20 cm) ;
  • le « petit appareil » (moins de 20 cm).

La pierre de taille doit être :

  • résiliente : une pierre trop longtemps exposée aux intempéries sur toutes ses faces, ou chargée sur ses arêtes, perd sa résistance aux chocs ;
  • non gélive : une pierre poreuse ou micro-fissurée est gélive.

Le plus souvent extraite dans des carrières spécifiques, la pierre de taille, calcaire ou grès de construction, était l'un des principaux matériaux utilisés pour l'édification des cathédrales. Plus que leur résistance à l'écrasement, c'était dans ce cas la finesse du grain et la facilité à être travaillée qui était privilégiée dans le choix des bâtisseurs.

On y trouve souvent dans les renseignements immobiliers, l'abréviation « PdT » pour signifier un immeuble réalisé en pierre de taille.

Polylithisme

L'emploi, dans un même édifice, de pierre de taille ou de moellon de nature pétrographique et de provenance différentes, est appelé polylithisme de construction[2] (du grec ancien πολύς, polús « beaucoup », et λίθος lithos « roche »). Il peut revêtir deux aspects : polylithisme originel (primaire) lié aux constructions monophasées (pour des raisons architecturales — solidité, esthétique, technique, pratique[3] — ou plus simplement d'économie) ; polylithisme acquis (secondaire) lié aux constructions polyphasées (édifices religieux édifiés sur plusieurs siècles[4], constructions séparées par des épisodes de destruction et de modifications diverses)[5].

Le polylithisme peut prendre diverses modalités (discret, exacerbé, incontrôlé, maîtrisé) qui s'expriment notamment dans les édifices religieux, s’efforçant ainsi d'exprimer leur histoire dans le mutisme des pierres que déchiffre le géologue : « lapides clamabunt » («  Les pierres crieront » disent les Évangiles)[6].

Notes et références

  1. Jean-Marie Pérouse de Montclos, L'Architecture à la française. Du milieu du XVe à la fin du XVIIIe siècle, Éditions Picard, 2001, 352 p. (ISBN 978-2708409606), p. 90.
  2. Cette notion ne prend pas en compte les pierres de taille iso ou hétérométriques.
  3. La pierre n'est pas toujours disponible en quantité suffisante pour l'ensemble de la construction, d'où la nécessité de quérir d'autres roches d'appoint.
  4. Cette longue période peut avoir pour conséquence la fermeture de carrières, le changement de modes, ou l'acquisition de ressources financières permettant d'acquérir des matériaux plus prestigieux comme le granite.
  5. Jacqueline Lorenz, Paul Benoit, Carrières et constructions en France et dans les pays limitrophes, éditions du CTHS, , p. 332.
  6. Louis Chauris, « La pierre dans les édifices religieux de la région paimpolaise : émanations du terroir et apports lointains », Mémoires de la Société d'histoire et d'archéologie de Bretagne, vol. 91,‎ , p. 34.
  7. Les granites jouent sur les effets de chaînage d'angle et les encadrements des baies.
  8. Murs et arcs de décharge en moellons de migmatites (de provenance proximale) et de platins (pierre distale de Saint-Cast), chaînage d'angle et encadrement des fenêtres en granite de Chausey.
  9. Maison jouant sur le contraste entre schiste morlaisien et granit de l'Île-Grande, ce qui induit un bichromisme prononcé.
  10. Viaduc en granit de l'Île-Grande et de l'Île Callot
  11. Façade en microgranite beige clair de Trébéron ou de l'Île des Morts voisine, calcaire bleu-gris de Roscanvel, et quelques moellons de quartzites de Plougastel. Clocher faisant alterner microdiorite quartzique de Logonna et la kersantite de Brest. Cf Louis Chauris, « L'église Saint-Eloi à Roscanvel. Un polylithisme exacerbé », Avel Gornog, no 17,‎ , p. 142-145

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