Peter Boghossian

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Peter Boghossian
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Américaine
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Personnes liées
James A. Lindsay, Helen Pluckrose (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Œuvres principales
A Manual for Creating Atheists

Peter Gregory Boghossian (né le )[1] est un philosophe américain. Il était professeur assistant de philosophie à l'université d'État de Portland. Les domaines d'études de Boghossian comprennent l'athéisme, la pensée critique, la pédagogie, le scepticisme scientifique et le dialogue socratique. Il est l'auteur de A Manual for Creating Atheists, publié en 2013.

Boghossian a été impliqué dans l'affaire des études victimaires (aussi appelée « Sokal au carré » dans la couverture médiatique) avec les collaborateurs James Lindsay et Helen Pluckrose, dans laquelle ils ont publié plusieurs papiers canular dans des revues universitaires, dans le cadre de leur critique d'un ensemble de domaines comprenant les études de genre. En conséquence, l'université d'État de Portland a entamé en 2018 une enquête sur sa supposée mauvaise conduite. En septembre 2021, il démissionne de son poste de professeur d'université, se plaignant d'être « harcelé par des étudiants woke »[2].

Carrière[modifier | modifier le code]

Ses principaux intérêts sont la pensée critique, la philosophie de l'éducation et le raisonnement moral.

La thèse de Boghossian examine l'utilisation de la méthode socratique avec des détenus afin de susciter une pensée critique et un raisonnement moral, dans le but de réduire le comportement criminel[3]. La recherche a été financée par l'État de l'Oregon. Boghossian était président du comité consultatif sur les prisons de l'établissement pénitentiaire de Columbia River et il est actuellement membre du Center for Prison Reform[4]. Boghossian est professeur adjoint à l'université d'État de Portland[5].

L'université d'État de Portland, ayant un intérêt pour la réforme pénitentiaire, a noué un partenariat avec le Columbia River Correctional Institution en 2009 afin de répondre aux besoins des détenus en cours de réinsertion. Ce partenariat a été détaillé dans un article intitulé Prisons, Community Partnerships, and Academia: Sustainable Programs and Community Need[6].

Le 17 février 2022, il donne une conférence sur le "wokisme" au Mathias Corvinus Collegium (MCC) de Budapest, en Hongrie[7].

Points de vue et thèmes abordés[modifier | modifier le code]

Boghossian est l'un des conférenciers du Center for Inquiry, de la fondation Richard Dawkins pour la raison et la science et de l'Alliance des Étudiants Séculaires. Il a été nommé membre du Global Secular Council.

Boghossian est l'auteur du livre A Manual for Creating Atheists[8]. Il a également contribué au livre de Stefan Molyneux, Against the Gods[9],[10].

Boghossian considère que toutes les croyances basées sur la foi sont des « illusions »[11]. Dans une interview de Dave Rubin en 2015, Boghossian s'est décrit comme un libéral classique qui n'a jamais voté pour un candidat républicain, mais n'est « pas un fan » des démocrates. Il a déclaré que n'importe quel candidat républicain à l'élection présidentielle de 2016 « serait un désastre total »[12].

Selon lui, « la gauche régressive a pris le dessus sur le monde universitaire »[12]. Il a répété à plusieurs reprises que le relativisme culturel et l'égalitarisme sont des valeurs contradictoires[12].

Richard Dawkins a déclaré que les techniques de persuasions amicales utilisées par Boghossian ne font pas partie de ses méthodes mais qu'il serait plus efficace en les utilisant. Il ajoute qu'elles sont incontestablement très persuasives et nécessaires[13].

Après la publication de ses études « canulars », Il fait l'objet d'enquêtes répétées du bureau « de la diversité globale et de l'inclusion » de son université. Selon The Times, Boghossian « a vraiment bouleversé bon nombre de ses collègues universitaires en écrivant de faux articles de recherche et en les plaçant dans des revues de sciences sociales pour mettre en évidence des normes académiques douteuses dans des domaines tels que les études de genre. »[14]

En septembre 2021, il démissionne de son poste considérant que l’université de Portland est devenue non plus un lieu d’apprentissage mais une « Usine de Justice Sociale »[2]. Dans une lettre, publiée pour la première fois dans Common Sense de Bari Weiss, il écrit « les étudiants de l'État de Portland n'apprennent pas à penser. Au contraire, ils sont entraînés à imiter la certitude morale des idéologues »[15].

L'affaire des études victimaires[modifier | modifier le code]

L'affaire des études victimaires (également appelée le scandale « Sokal au carré » par les médias) fait référence à la soumission de fausses études scientifiques examinées par les pairs, orchestrée par Boghossian, James A. Lindsay et Helen Pluckrose dans une série de domaines universitaires qu’ils ont appelé « études victimaires », une sous-catégorie d’études sur la race, le genre, le féminisme et la sexualité pour lesquelles, selon eux, de faibles normes scientifiques sont appliquées[16].

À partir d', le trio a rédigé 20 faux articles, qu'il a soumis à des revues à comité de lecture sous divers pseudonymes, comprenant le nom de leur ami Richard Baldwin, professeur émérite au Gulf Coast State College de Floride et ami de Boghossian. Le projet a été stoppé peu de temps après qu'un des articles de la revue de géographie féministe Gender, Place and Culture ait été critiqué sur les médias sociaux, puis que son authenticité ait été mise en doute dans Campus Reform[17].

Après cela, le trio a révélé toute l'étendue de son travail dans une vidéo YouTube créée et diffusée par le réalisateur de documentaires Mike Nayna, parallèlement à une enquête du Wall Street Journal[18],[19]. Au moment de la révélation, sept de leurs vingt papiers avaient été acceptés, sept étaient toujours en cours d’examen et six avaient été rejetés. Un article, accepté par la revue de travail socialiste féministe Affilia, transposait en jargons contemporains des passages de Mein Kampf d’Adolf Hitler[20].

Tom Whipple, du Times, a écrit que les critiques académiques avaient vanté les études antérieures à la révélation du canular en tant que « contribution riche et passionnante à l'étude de ... l'intersection entre la masculinité et l'analité », « excellente et très opportune », « dialogue important pour les assistantes sociales et les universitaires féministes »[21].

Le projet a attiré à la fois louanges et critiques. L’auteur et conférencier Yascha Mounk de Harvard l’a surnommé « Sokal au carré » en référence au canular de la célèbre affaire Sokal perpétrée par Alan Sokal et en déclarant « le résultat est hilarant et délicieux. Il met également en évidence un problème sérieux avec de grandes parties du monde universitaire ». Le psychologue de Harvard, Steven Pinker, a déclaré que le projet posait la question : « Existe-t-il une idée tellement bizarre qu'elle ne soit pas publiée dans un journal de 'théorie' Critique / Post-Moderne / Identitaire ? »[22]. Daniel Engber, de Slate, a critiqué le projet en déclarant qu' « on aurait pu utiliser cette méthode dans presque toutes les disciplines empiriques et obtenir le même résultat »[23]. Dans une lettre ouverte, onze des collègues de Boghossian de l'université d'État de Portland ont écrit que les canulars « violaient les normes acceptables en matière de recherche » et constituaient des « activités frauduleuses, pertes de temps et anti-intellectuelles »[24],[25]. Joel P. Christensen et Matthew A. Sears ont déclaré qu'il s'agissait « de l'équivalent académique des articles frauduleux sur le planning familial » publié en 2015[26]. Carl T. Bergstrom a déclaré que « les hoaxers semblent naïfs quant à la manière dont le système [d'examen par les pairs] fonctionne réellement »[27].

Canular du papier de Cogent Social Sciences[modifier | modifier le code]

En 2017, Boghossian et son collègue James Lindsay ont publié un canular intitulé « Le pénis conceptuel en tant que construction sociale »[20]. L'article, que les auteurs ont qualifié d'intentionnellement absurde et écrit de manière à imiter le style de « théorie du genre discursive poststructuraliste », soutenait que le pénis devait être considéré « non comme un organe anatomique, mais comme une construction sociale »[20],[28]. Boghossian et Lindsay ont initialement soumis le document à Norma, où il avait été rejeté[29],[30]. Ils ont ensuite soumis le document à Cogent Social Sciences, une revue en accès libre qui a été critiquée pour être une revue prédatrice[20].

Les auteurs ont ensuite révélé le canular dans le magazine Skeptic. Boghossian et Lindsay ont déclaré vouloir démontrer que « les études sur le genre sont paralysées du point de vue académique par une croyance quasi religieuse dominante selon laquelle la masculinité est la racine de tout mal », et aussi vouloir mettre en lumière les problèmes liés aux processus de révision des revues à accès libre. Un certain nombre de critiques se sont demandé si l'article de Boghossian et Lindsay démontrait un problème dans le domaine des études de genre[28]. Alan Sokal, professeur de mathématiques responsable d'un canular similaire en 1996, a noté que Cogent Social Sciences était un journal de faible niveau, en accès libre, non spécialisé dans les études de genre, et qu'il semblait improbable que le document ait été accepté dans une revue grand public sur les études de genre[31].

Enquête de fraude scientifique[modifier | modifier le code]

En 2018, l'employeur de Boghossian, l'université d'État de Portland, a ouvert une enquête pour fraude scientifique portant sur l'affaire des études victimaires. Selon la Chronicle of Higher Education, le comité de protection des personnes de l'université a conclu que Boghossian avait enfreint les règles éthiques en effectuant des recherches sur des sujets humains sans approbation. L'université a également indiqué qu'elle « envisageait d'ajouter la falsification de données »[32].

Le biologiste de l'évolution Richard Dawkins a suggéré que l'enquête pourrait être motivée par des considérations politiques : « Si les membres de votre commission d’enquête s’opposent à l’idée même de la satire en tant que forme d’expression créative, ils devrait le dire honnêtement. Mais prétendre qu'il s'agit de publier de fausses données est tellement ridicule que l'on ne peut s'empêcher de soupçonner une arrière-pensée »[32]. Les experts de la CISR interrogés par Jesse Singal pour le New York Magazine sont convenus que Boghossian aurait dû demander l'approbation de la CISR pour cette étude[33].

Publications[modifier | modifier le code]

Thèse[modifier | modifier le code]

  • Pédagogie socratique, pensée critique, raisonnement moral et éducation carcérale : une étude d'exploration[34]

Livres[modifier | modifier le code]

Les films[modifier | modifier le code]

  • Reasons To Believe, documentaire de 2017

Références[modifier | modifier le code]

  1. "United States Public Records, 1970-2009," database, FamilySearch (23 May 2014), Peter Gregory Boghossian, Residence, Las Vegas, Nevada, United States; a third party aggregator of publicly available information.
  2. a et b le figaro, « États-Unis: un professeur d’université démissionne harcelé par des étudiants «woke» », sur Le Figaro Etudiant (consulté le )
  3. (en) Peter Boghossian, « Socratic pedagogy, critical thinking, moral reasoning and inmate education : an exploratory study », Journal of Correctional Education, Portland State University Library, vol. 57, no 1,‎ , p. 42–63 (lire en ligne, consulté le )
  4. (en) « Fellows », sur Center For Prison Reform (consulté le )
  5. (en) « Portland State College of Liberal Arts & Sciences: Department of Philosophy | Peter Boghossian », sur www.pdx.edu (consulté le )
  6. (en) Peter Boghossian, Megan Glavin, Tom O'Connor, Jeff Boyer et Dave Conway, « Prisons, Community Partnerships, and Academia: Sustainable Programs and Community Needs », Federal Probation Journal,‎ , p. 64 (ISSN 0014-9128, lire en ligne)
  7. « En Hongrie, au cœur de la révolution conservatrice », sur LEFIGARO, (consulté le )
  8. (en) Kimberly Winston, « Got faith? ‘A Manual for Creating Atheists’ would like to change that », sur The Washington Post, (consulté le )
  9. (en) Joel P. Christensen et Matthew A. Sears, « Sokal-squared hoax was a put-down of scholars concerned with racial issues (opinion) », sur www.insidehighered.com, Inside Higher Ed, (consulté le )
  10. (en) Zack Beauchamp, « The controversy around hoax studies in critical theory, explained », sur Vox, (consulté le )
  11. (en) « How do you know? Atheist vs believer debates strike again », sur www.eternitynews.com.au, Eternity News, (consulté le )
  12. a b et c Dave Rubin, « Peter Boghossian and Dave Rubin: Critical Thinking, Atheism, and Faith [Full Interview] », sur youtube, The Rubin Report, (consulté le )
  13. (en-US) « Prof. Peter Boghossian: the “How do you know?” tour », sur Rationalist Society of Australia, (consulté le )
  14. (en) Peter Boghossian: ‘The woke don’t give a reason for their faith. It’s different rules of engagement’, thetimes.co.uk, 11 septembre 2021
  15. (en) Callie Patteson, Portland prof wants NPR, MSNBC to talk ‘social justice factory’ college, nypost.com, 9 septembre 2021
  16. (en) « Another set of fake papers takes aim at social science’s nether regions », The Economist,‎ (ISSN 0013-0613, lire en ligne, consulté le )
  17. (en) Toni Airaksinen, « Academic journal duped by author of ‘dog rape culture’ article », sur Campus Reform, (consulté le )
  18. (en) Mike Nayna, « Academics expose corruption in Grievance Studies », sur youtube, (consulté le )
  19. (en-US) Jillian Kay Melchior, « Opinion | Fake News Comes to Academia », Wall Street Journal,‎ (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consulté le )
  20. a b c et d (en-US) Jennifer Schuessler, « Hoaxers Slip Breastaurants and Dog-Park Sex Into Journals », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
  21. (en) Tom Whipple, « Journals publish hoaxers’ absurd gender studies », The Times,‎ (ISSN 0140-0460, lire en ligne, consulté le )
  22. (en-US) Alexander C. Kafka, « ‘Sokal Squared’: Is Huge Publishing Hoax ‘Hilarious and Delightful’ or an Ugly Example of Dishonesty and Bad Faith? », The Chronicle of Higher Education,‎ (ISSN 0009-5982, lire en ligne, consulté le )
  23. (en) Daniel Engber, « The “Grievance Studies” Hoax Does Not Reveal the Academic Scandal That It Claims », sur Slate Magazine, (consulté le )
  24. (en) James McWilliams, « A Philosopher's Hoax Embarrassed Several Academic Journals. Was It Satire or Fraud? », sur Pacific Standard (consulté le )
  25. (en-US) Letter to the editor, « ‘Conceptual Penises’ and other trolling On the philosophy of science and making sense of ‘Hoax Studies’ », sur Vanguard, (consulté le )
  26. (en) Joel P. Christensen et Matthew A. Sears, « The Overlooked Messages of the Sokal-Squared Hoax », sur www.insidehighered.com, (consulté le )
  27. (en-US) « What the ‘Grievance Studies’ Hoax Means », The Chronicle of Higher Education,‎ (ISSN 0009-5982, lire en ligne, consulté le )
  28. a et b (en) Scott Jaschik, « Hoax With Multiple Targets », sur www.insidehighered.com, (consulté le )
  29. (en) Anneli Tillberg, « Attack on gender studies despite rejection of hoax article | Swedish Secretariat for Gender Research », sur www.genus.se, (consulté le )
  30. (en) normajournal, « Statement regarding hoax article », sur NORMA: International Journal for Masculinity Studies, (consulté le )
  31. (en-US) Alan Sokal, « What the ‘Conceptual Penis’ Hoax Does and Does Not Prove », The Chronicle of Higher Education,‎ (ISSN 0009-5982, lire en ligne, consulté le )
  32. a et b (en-US) Katherine Mangan, « Proceedings Start Against ‘Sokal Squared’ Hoax Professor », The Chronicle of Higher Education,‎ (ISSN 0009-5982, lire en ligne, consulté le )
  33. (en) Jesse Singal, « Is a Professor Getting Railroaded for Questioning Social-Justice Dogma? », sur Intelligencer, (consulté le )
  34. (en) Peter Boghossian, « Socratic pedagogy, critical thinking, moral reasoning and inmate education : an exploratory study », Portland State University, Portland State University Library,‎ (lire en ligne, consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]