Palais du gouvernement de Nancy

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Palais du gouvernement de Nancy
Palais de l'Intendance
Vue générale.
Présentation
Type
Palais
Partie de
Destination initiale
Gouvernement de la Lorraine
Siège du gouverneur militaire
Destination actuelle
Style
Architecte
Construction
XVIIIe siècle
Propriétaire
Ville de Nancy (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Patrimonialité
Logo monument historique Classé MH (1923, 2005, Palais)
Logo monument historique Classé MH (1928, Immeuble sud)
Patrimoine mondial Patrimoine mondial (1983)
Localisation
Région
Province
Département
Commune
Coordonnées
Carte

Le palais du gouvernement de Nancy, ou palais du Gouverneur, est un vaste hôtel particulier de la ville française de Nancy. Il s'agit d'une construction du XVIIIe siècle de style classique possédant son propre jardin.

Histoire[modifier | modifier le code]

Le « Nouveau Louvre »[modifier | modifier le code]

Le duc Léopold Ier de Lorraine trouvant le vieux palais ducal « étriqué, morne et désuet », chargea Germain Boffrand d'en construire un nouveau, dont la façade principale donnerait sur la place de la Carrière. Pour accéder aux souhaits du souverain, Boffrand n'hésita pas à faire détruire le chœur de la Collégiale Saint-Georges et les communs de l'ancien Palais. En 1715 s'élevèrent ainsi les premières pierres du « Nouveau Louvre ». À cause du décès prématuré, en 1723, du duc héritier, le petit prince Léopold-Clément, le duc Léopold, profondément chagriné, ne quitta plus Lunéville et le projet, qui était grandiose et splendide, ne fut jamais achevé. À la mort de Léopold, en 1728, son fils, François III, laissa la régence à sa mère. Celle-ci, qui se débattait avec des difficultés financières, ne reprit pas le chantier.

Stanislas et Héré[modifier | modifier le code]

Stanislas, roi de Pologne déchu placé à la tête des duchés par volonté de son gendre, Louis XV, vécut, comme l'avait fait Léopold auparavant, à Lunéville. Le « Nouveau Louvre » tombait en ruine. En juillet 1739, l'édifice devint propriété communale par arrêté du Conseil des Finances. Le « Nouveau Louvre », ou du moins ce qui restait du chantier inachevé, fut détruit à l'exception de quelques fausses arcades, toujours visibles dans le jardin de l'actuel palais, le long du Musée lorrain. Ce qui restait de l'antique collégiale Saint-Georges fut également mis à bas. Cet espace ainsi créé s'inscrivait dans les nouveaux plans d'urbanisme de Stanislas.

Ce dernier, bien qu'en résidence à Lunéville, prit une part active dans le réaménagement de Nancy par la création des places Stanislas et d'Alliance, mais aussi par l'harmonisation de la place de la Carrière. Ce projet comprenait la construction d'un nouveau palais : la « Nouvelle Intendance », pour Antoine-Martin Chaumont de La Galaizière. Héré fut chargé de sa construction.

Les travaux durèrent de 1751 à 1753. De nombreux artistes travaillèrent à sa décoration. Parmi les sculpteurs, il y eut Guibal, Vallier, Lenoir, Walneffer ou Söntgen. La décoration intérieure du palais fut confiée à Gergonne, à Girardet et à Lamour.

La passation à la France[modifier | modifier le code]

Conformément à ce qui avait été prévu, la Lorraine devint française à la mort de Stanislas en 1766. Jacques Philippe de Choiseul-Stainville, nouveau gouverneur, réclame le palais, car c'est le plus important de la ville. Des réparations sont entreprises d'urgence pour accueillir le nouvel hôte. En 1788, appelé au gouvernement de l'Alsace, Stainville laisse la place à Choiseul la Baume.

Période révolutionnaire[modifier | modifier le code]

Le Palais est loué à divers particuliers. Un café y fut même temporairement établi. La municipalité prononça ensuite la désaffectation du bâtiment.

Les premiers militaires[modifier | modifier le code]

En 1791, la Constituante en fit le siège de la toute récente 4e Division militaire. Le Général de Victongoff est le premier à s'y établir (1791-1792) ; il est suivi par le général Bernoville (1793-1794), par le général Gilot (1796-1811), puis par le général Lacoste de 1811 à 1814. En 1817, le général d'Escars, dernier à ce poste car c'est la date de la fusion de la 4e Division avec la 3e et du choix de Metz comme nouveau siège.

La préfecture[modifier | modifier le code]

À la fin du règne de Louis XVIII, la ville prêta le palais au département pour y installer ses services, charge à ce dernier de l'entretenir. Le premier préfet, le marquis de Foresta, s'y installa en 1823.

En fonction des changements de régimes, les Commissaires de la République succèdent aux préfets royaux avant de laisser la place aux préfets du Second Empire.

Le palais reçoit des visiteurs prestigieux, accueillant notamment : Charles X, Louis-Philippe, l'empereur François-Joseph d'Autriche, Napoléon III et l'impératrice Eugénie.

Le premier retour de l'armée française[modifier | modifier le code]

L'une des conséquences de l'Attentat d'Orsini est la réorganisation militaire en 1858 de la France en cinq grands commandements militaires. Chaque commandement était confié à un maréchal. Le préfet Lengle dut céder le palais à Canrobert, fraîchement nommé commandant supérieur des Divisions de l'Est. Mac Mahon, Forey, Bazaine et le général de Failly suivirent.

La guerre de 1870[modifier | modifier le code]

L'armée allemande, qui occupe la ville, installe son commandement dans le palais. Les généraux Adolf von Bonin, Heinrich von Zastrow et Albrecht von Stosch s'y succèdent jusqu'en .

Le second retour de l'armée française[modifier | modifier le code]

Au premier étage, bureau de Foch, commandé en 1913 et 1914 à Louis Majorelle.

La perte de l'Alsace et de la Moselle fait de Nancy la nouvelle capitale de l'Est et renforce son rôle hautement stratégique. À partir de 1874, Nancy devient le siège de la célèbre 11e Division d'infanterie dite « Division de Fer ». Le XXe Corps d'armée lui succède de 1899 à 1935. Parmi les nombreux généraux qui le commandèrent, on peut citer Paul Pau, Ferdinand Foch, Hippolyte Pénet, Maurice Gamelin. En 1936, Nancy devient le siège de la XXe Région militaire.

Le palais est occupé par les Allemands de 1940 à 1944. Après la Seconde Guerre mondiale, l'édifice abrite le siège de

  • la 2e Division d'infanterie (1946-1956) ; 46-49 : général Gonzales de Linares ; 50-53 : général Brisac ; 53-54 : général Baillif ; 54-56 : général Beaufre.
  • la Subdivision de Meurthe-et-Moselle (1959-1964) ; 59-62 : général Pons ; 62-64 : général Vennin.
  • le 1er Corps d'armée (1964-1975), 64-67 : général Simon, 67-69 : général Hublot, 69-72 : général de Galbert, 72-73 : général Lefort, 73-75 : général Pichon.
  • le Commandement d'armes de Nancy 1975-1976 : général Cussac.
  • la 4e Division blindée et la 61e Division militaire territoriale (1976-1985) ; 76-77 : général de Barry, 76-77 : général d'Harcourt, 79-81 : général Duhesme, 81-83 : général de la Roche de Rochegonde, 83-85 : général Simon.
  • la 4e Division aéromobile et la 61e Division militaire territoriale (1985-1991), 85-88 : général Préaud, 88-91 : général de Reviers de Mauny.
  • la 4e Division aéromobile (1991-1999), 91-92 : général de Reviers de Mauny, 92-95 : général Batllo, 95-97 : général de Monchy, 97-99 : général d'Avout d'Auerstaedt.
  • la 4e Brigade aéromobile (1999-2009) ; 99-01 : général de Goësbriand ; 01-03 : général Hotier ; 03-05 : général Augier de Cremiers ; 05-07 : général d'Anselme ; 07-10 : général Jumelet.

Le départ de l'armée[modifier | modifier le code]

Au milieu des années 2000, le palais a été cédé par l'armée à la ville de Nancy. Cette dernière a décidé d'incorporer le palais dans le vaste programme de rénovation et d'extension du Musée lorrain. Depuis 2013, il est ouvert au public lors d'expositions thématiques. Les derniers étages sont occupés par le pôle Culture et Attractivité de la Ville de Nancy, ainsi que par la mission du Livre sur la Place.

Architecture et jardin[modifier | modifier le code]

En hémicycle, pourvu d'une balustrade, il ferme la place de la Carrière ; il marque aussi la limite ouest du parc de la Pépinière.

Il possède son propre jardin de 8800 m², dans lequel se trouvent des plantations d'érables et deux platanes monumentaux (42m de haut et 6,70m de circonférence) labellisés arbres remarquables de France en 2013. Plantés sous Stanislas, ils sont aujourd'hui âgés de plus de 250 ans[1]. Fermé à partir du 3 avril 2018 dans le cadre des travaux du Musée lorrain, le jardin est rouvert le 7 mai 2021 au public. Il est accessible depuis la rue Jacquot ou par le Parc de la Pépinière[2].

Classement[modifier | modifier le code]

Le palais du Gouverneur a été classé monument historique en 1923, puis classé en 2005[3] pour ce qui est du mobilier et de la face nord. Il a été classé en 1928[4] pour la façade sur la place du Général-de-Gaulle.

Depuis 1983, comme la place de la Carrière dont il ferme la perspective, le palais du Gouverneur fait partie du patrimoine mondial de l'UNESCO.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Ville de Nancy, « Le jardin du palais du Gouvernement, un nouvel espace de nature ouvert à tous », sur Site Internet de la Ville de Nancy (consulté le )
  2. « Nancy. Jardin du Palais du gouvernement : un nouvel écrin de verdure en cœur de ville », sur www.estrepublicain.fr (consulté le )
  3. Notice no PA00106305, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  4. Notice no PA00106171, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.

Annexes[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Emmanuel Héré, « Plan de la nouvelle intendance », Recueil des plans, élévations et coupes des châteaux et jardins que le roi de Pologne occupe en Lorraine, 3e partie (voir)
  • Christian Corvisier, Mireille-Bénédicte Bouvet, « Nancy-Place de la Carrière et palais de l'Intendance », dans Congrès archéologique de France. 164e session. Nancy et Lorraine méridionale. 2006, Société française d'archéologie, Paris, 2008, p. 296-302, (ISBN 978-2-901837-32-9)

Articles connexes[modifier | modifier le code]