Nicolas Perrenot de Granvelle

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Nicolas Perrenot de Granvelle
Illustration.
Portrait par Le Titien au Palais Granvelle de Besançon.
Fonctions
Chancelier et garde des Sceaux
du Saint Empire
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Ornans
Comté de Bourgogne
Date de décès
Lieu de décès Augsbourg
Saint-Empire
Famille Perrenot de Granvelle

Nicolas Perrenot de Granvelle

Nicolas Perrenot de Granvelle, né en 1486 à Ornans (alors dans le comté de Bourgogne) et mort le à Augsbourg, fut au XVIe siècle, chancelier et garde des Sceaux du Saint-Empire, premier conseiller et homme de confiance franc-comtois de l'empereur Charles Quint, comte souverain de Bourgogne et suzerain de la ville impériale de Besançon.

Il fit construire le palais Granvelle à Besançon. Grand amateur d’œuvres d'art et de livres précieux il réunit dans ses palais une prestigieuse collection qui fut augmentée par son fils le cardinal et homme politique Antoine Perrenot de Granvelle (1517-1586).

Historique[modifier | modifier le code]

Origine familiale et formation[modifier | modifier le code]

La famille Perrenot est issue du milieu rural de la vallée de la Loue, en Franche-Comté, et descendait d'un dénommé Nicolas Perrenot, venu du village d'Ouhans[1], qui acheta son affranchissement et s'installa dans la petite ville voisine d'Ornans en 1391[1], en tant qu'artisan forgeron. Au XVe siècle, la famille Perrenot intègre la bourgeoisie d'Ornans, avec la charge de notaire[2], et s'allie à la petite noblesse locale[3].

Nicolas est le fils de Pierre Perrenot (mort en 1537)[4], notaire à Ornans, et d'Étiennette Philibert (morte en 1540)[4], fille de Pierre Philibert, écuyer d'Ornans.

En 1504, son père l'envoie à l’université de Dole, dont la ville est alors capitale du comté de Bourgogne, pour suivre des études d'avocat. Il fait sa formation auprès de Mercurino Gattinara ainsi qu'Antoine de Baumotte et fait connaissance avec Antoine Ier de Vergy, archevêque de Besançon et premier employeur de Nicolas[5].

Avocat et conseiller du parlement du comté de Bourgogne[modifier | modifier le code]

Palais Granvelle et Musée du Temps de Besançon
Cour intérieure du Palais Granvelle.

En 1511, Nicolas Perrenot devient avocat au service de l'archevêque de Besançon. C'est à cette période qu'il entre intimement en contact avec l'élite bisontine et notamment la famille Bonvalot, qui compte un co-gouverneur de Besançon. Il s'agit de Jacques Bonvalot, dont Nicolas épouse la fille, Nicole Bonvalot, en 1513. Leur premier enfant Antoine (mort jeune), né en 1514, a pour parrain Antoine Ier de Vergy, l'archevêque lui-même[5].

Les liens que Nicolas entretient avec la famille de Vergy, alors une, si ce n'est la, plus influente famille du comté de Bourgogne, lui permettent d'attirer l'attention de Marguerite d'Autriche, tante de Charles Quint, mais surtout gouvernante des Pays-Bas et de Bourgogne (comté). Ce n'est d'ailleurs pas le seul élément qui joue dans ce sens. En effet, Mercurino Gattinara, qui a gardé un très bon souvenir de son élève recommande ce dernier à la gouvernante, notamment pour le placer au parlement de Dole[5].

En 1518, Nicolas Perrenot est donc nommé conseiller au parlement du comté de Bourgogne, par Marguerite d'Autriche[5].

Homme de confiance de l'empereur Charles Quint[modifier | modifier le code]

En 1519, à l'âge de 19 ans, Charles Quint est élu empereur. C'est à ce moment, que les soutiens de Nicolas, Mercurino Gattinara et Marguerite d'Autriche, respectivement grand chancelier et tante de l'empereur, recommande le comtois au poste de maître des requêtes au conseil des Pays-Bas. Il obtient la charge, qui lui permet progressivement de faire son entrée au conseil privé de l'empereur[5].

Nicolas Perrenot de Granvelle devient vite son très proche homme de confiance, l'empereur le surnomme son « lit de repos ». Il est fait chancelier, ce qui va contribuer à lui faire acquérir une immense fortune familiale et lui donner tous les pouvoirs, au nom de l'empereur, dans le comté de Bourgogne. Ses fils et gendres (famille Granvelle) vont occuper les meilleures places du comté et à la cour impériale.

En 1527, il acquiert la seigneurie de Grandvelle dans le bailliage d'Amont (assimilable à l'actuelle Haute-Saône). Son patronyme évolue en Perrenot de Granvelle[6].

Garde des sceaux de l'empereur Charles Quint[modifier | modifier le code]

En 1532, il devient garde des Sceaux de Charles Quint à l'âge de 48 ans.

Entre 1534 et 1547, son statut et sa fortune lui permettent de faire bâtir son propre palais dans la grande rue à Besançon, le somptueux palais Granvelle qui introduit dans la ville l'architecture de la Renaissance. Ce palais (aujourd'hui le musée du Temps de Besançon) devient le symbole de son prodigieux pouvoir, réussite, fortune, prestige, ascension sociale personnelle et familiale.

Succession de son fils Antoine Perrenot de Granvelle[modifier | modifier le code]

Nicolas prépare son fils aîné Antoine Perrenot de Granvelle à sa succession : il sera le premier archevêque de l'archidiocèse de Malines, puis cardinal auprès des papes (cardinal de Granvelle), diplomate, conseiller d'État de l'empereur Charles Quint puis de son fils le roi Philippe II d'Espagne, premier ministre des Pays-Bas et vice-roi de Naples.

Portrait de son fils Antoine Perrenot de Granvelle par Frans Floris.

Il meurt le , à l'âge de 64 ans, à Augsbourg[5], où il était venu, bien que très fatigué, à la demande de Charles Quint.

En deux générations, la famille Perrenot de Granvelle, passe de la situation de notaires et juges au bailliage d'Ornans à celle d'une des plus puissantes et plus riches du comté de Bourgogne et de Besançon. Le palais Granvelle à Besançon construit entre 1534 et 1547 pour Nicolas Perrenot de Granvelle est le symbole de sa prodigieuse réussite et de son ascension sociale.

Famille[modifier | modifier le code]

En 1513, Nicolas Perrenot de Granvelle épouse Nicole Bonvalot. Elle est la fille de Jacques Bonvalot, magistrat co-gouverneur de Besançon, et Marguerite Merceret[5]. Elle est également la sœur de François Bonvalot, abbé de Luxeuil et de Saint Vincent de Besançon. Elle a quinze enfants, parmi lesquels onze survivront :

  • Etiennette, née le , mariée avec Guyon Mouchet, seigneur de Château-Rouillaud.
  • Henriette, née le , mariée avec Claude le Blanc, seigneur d'Ollans, gruyer de Bourgogne, capitaine des gardes de son Altesse Royale le duc de Lorraine.
  • Thomas, né le , marié avec Hélène de Bréderode, fille de Renaud III de Brederode
  • Jacqueline, née le , décédée en bas âge.
  • Jérôme, né le , seigneur de Champagney, gentilhomme de la bouche du Roi Catholique, surintendant de Flandre, mort sans alliance en 1554, d'une blessure reçue devant Montreuil.
  • Marguerite, née le , à Malines, épouse d'Antoine de Laubépin, baron de l'Aigle, puis Ferdinand de Lannoy, duc de Boyanne.
  • Anne, née en (1527 ?), à Malines, épouse de Marc de Beaujeu, gruyer de Bourgogne, seigneur de Montot.
  • Laurence, née le à Besançon, mariée avec Claude de Chalant, baron de Verjon, puis Pierre de Montluel[7], seigneur de Châteaufort et de Corcelles, bailli de Bugey.
  • Françoise, née le , à Bruxelles (jumelle), morte en bas âge.
  • Charles, né le à Bruxelles (jumeau), protonotaire, chanoine archidiacre de la métropolitaine de Besançon, abbé du Parc en Sicile et de l'abbaye Notre-Dame de Faverney au comté de Bourgogne.
  • Frédéric, né le , à Barcelone, seigneur de Champagney en succession de son frère Jérôme, gouverneur d'Anvers et conseiller au conseil d'État pour le roi Philippe II d'Espagne, marié à Constance de Berchem. Banni des Pays-Bas, il meurt à Dole en 1602.

Il décède le à Augsbourg, et son épouse en 1570 à Besançon.

Hommage[modifier | modifier le code]

Une rue et une promenade de Besançon portent son nom.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b Daniel Anthony, Nicolas Perrenot de Granvelle, Sekoya, 2006, page 16.
  2. Mémoires de la Société d'émulation du Doubs, 1891, page 325.
  3. Annales de Saint-Louis-des-Français, 1900, page 286.
  4. a et b François-Ignace Dunod de Charnage, Mémoires pour servir à l'histoire du comté de Bourgogne, chez Jean-Baptiste Charmet, 1740 - 783 pages (Nobiliaire - page 170).
  5. a b c d e f et g « Nicolas Perrenot de Granvelle (1486-1550) – 600 ans | université de Franche-Comté » (consulté le )
  6. Les communes de Grandvelle et Perrenot créées à la Révolution fusionneront peu après pour former Grandvelle-et-Perrenot qui deviendra Grandvelle-et-le-Perrenot en 1962. Une rue de la commune est baptisée Nicolas Perrenot.
  7. De la Chesnaye-Desbois - Dictionnaire de la Noblesse T10

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Dunod de Charnage, Mémoires pour servir à l'histoire du comté de Bourgogne, (lire en ligne), p. 171-175
  • Auguste Castan, « Granvelle et le petit empereur de Besançon (1518-1538). Un épisode de la vie municipale et religieuse au XVIe siècle », Revue historique, t. I,‎ , p. 78-139 (lire en ligne)
  • Jean-Marie Thiébaud, Les Cogouverneurs de la Cité impériale de Besançon, CEGFC, 1996.
  • Daniel Antony, Nicolas Perrenot de Granvelle, Les Éditions du Sekoya, 2006
  • Daniel Antony, Nicole Bonvalot, Dame de Granvelle, Les Éditions du Sekoya, .

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]