Moncef Marzouki

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Moncef Marzouki
المنصف المرزوقي
Illustration.
Moncef Marzouki le 22 novembre 2011
Fonctions
3e président de la République tunisienne
En fonction depuis le
(12 ans, 5 mois et 24 jours)
Élection
Premier ministre Béji Caïd Essebsi
Hamadi Jebali
Prédécesseur Zine el-Abidine Ben Ali
Fouad Mebazaa (par intérim)
Constituant de la circonscription de Nabeul 2
Élection
1er président du Congrès pour la République
Prédécesseur Poste créé
Successeur Abderraouf Ayadi
3e président de la Ligue tunisienne des droits de l'homme
Prédécesseur Mohamed Charfi
Successeur Taoufik Bouderbala
Biographie
Lieu de naissance Grombalia, Tunisie
Nationalité tunisienne
Parti politique Congrès pour la République puis indépendant
Diplômé de Université de Strasbourg (médecine)
Profession Médecin
Résidence Palais présidentiel de Carthage

[[Fichier:| 110px|Moncef Marzouki]]
Présidents de la République tunisienne

Moncef Marzouki (arabe : المنصف المرزوقي), de son nom complet Moncef ben Mohamed Bedoui-Marzouki[1], né le à Grombalia, est un homme politique, écrivain et médecin tunisien. Il préside le Congrès pour la République (CPR) depuis le jusqu'à son élection le au poste de président de la République tunisienne par les membres de l'Assemblée constituante.

Jeunesse et débuts

Il suit ses études secondaires au Collège Sadiki entre 1957 et 1961. À l'indépendance, les vicissitudes de la politique contraignent sa famille à l'exil et c'est à Tanger, où son père partisan de Salah Ben Youssef, l'ennemi juré de Bourguiba, s'est réfugié, qu'il achève sa scolarité[2]. Lauréat en 1963 du prix du concours général et du baccalauréat au lycée français de Tanger en 1964[3], il reçoit une bourse universitaire pour poursuivre ses études en France[4], où il devient docteur en médecine de l'Université de Strasbourg en 1973. Ancien interne des hôpitaux et assistant à la faculté de médecine de Strasbourg, il se spécialise en médecine interne, neurologie et santé publique. De 1981 à 2000, il est professeur en médecine communautaire à l'Université de Sousse en Tunisie.

De retour en Tunisie en 1979[4], il débute son engagement en faveur des droits de l'homme en 1980 en entrant à la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH). En 1985, il est élu par le troisième congrès comme membre de son comité directeur puis, en 1987, désigné au poste de vice-président chargé de l'éducation du public et de la formation des militants. En 1989, il est élu à l'unanimité comme président de la LTDH. Toutefois, le , l'organisation est dissoute suite à son opposition à une nouvelle loi sur les associations. Marzouki constitue alors en 1993 le Comité national pour la défense des prisonniers d'opinion qui est déclaré illégal. La LTDH est finalement légalisée à nouveau en mars 1993 mais, face aux pressions diverses, Marzouki annonce lors du congrès tenu en février 1994 sa décision de ne plus briguer aucune fonction au sein de l'organisation dont il fustige la compromission avec le régime[4].

Carrière politique

Opposant au régime Ben Ali

Il décide de présenter sa candidature à l'élection présidentielle du . Pourtant, il ne parvient pas à réunir le nombre nécessaire de signatures requises afin de participer à l'élection et sera même plus tard emprisonné[5] et interdit de passeport[6],[4]. De 1989 à 1997, il est également membre du comité directeur de l'Organisation arabe des droits de l'homme basée au Caire et membre actif de la section tunisienne d'Amnesty International. Il est désigné président de la commission arabe des droits de l'homme entre 1996 et 2000 et porte-parole du Conseil national pour les libertés en Tunisie, poste qu'il occupe du 10 décembre 1998 au 16 février 2001.

Il préside à partir du le Congrès pour la République, parti qu'il a fondé et qui n'est pas reconnu par les autorités tunisiennes avant la révolution tunisienne. Il y défend l'État de droit, les libertés fondamentales et l'égalité des sexes, dénonçant la misère sociale et les inégalités régionales[4]. Ancré à gauche, il amorce en 2003 un rapprochement avec Ennahda, mouvement qu'il qualifie de « conservateur avec une connotation religieuse », avec la signature de la Déclaration de Tunis[4].

Le , il annonce sa candidature à la présidentielle, alors que le président déchu, Zine el-Abidine Ben Ali, est en fuite[7]. Moncef Marzouki rentre de son exil le lendemain. Le 8 mars, la légalisation de son parti est annoncée[8].

Lors de l'élection de l'Assemblée constituante du 23 octobre 2011, premières élections libres organisées depuis l'indépendance, son parti obtient la seconde place en nombre de sièges, derrière le parti islamiste Ennahda. Lui-même est élu dans la circonscription de Nabeul 2. Durant la campagne, il affirme l'identité arabo-musulmane du pays, accusant ses adversaires d'être « la vieille gauche laïcarde et francophone, totalement déconnectée des vrais problèmes de la société tunisienne »[9],[4].

Président de la République

Le , sa candidature à la présidence de la République est annoncée[10],[11] et ce dans le cadre d'un accord tripartite entre Ennahda, le CPR et Ettakatol. Il est élu le 12 décembre par les constituants avec 153 voix, trois contre, deux abstentions et 44 votes blancs, succédant ainsi à Fouad Mebazaa, qui assurait l'intérim. Il prend ses fonctions le lendemain, lors d'une cérémonie officielle au palais présidentiel de Carthage où il est reçu par le président sortant[12],[13]. Il démissionne le même jour de son parti, conformément à la loi portant organisation provisoire des pouvoirs publics, et cède la présidence de celui-ci à Abderraouf Ayadi[14].

Vie privée

Moncef Marzouki est divorcé[4] et père de deux filles : Myriam et Nadia[2].

Publications

Écrivain bilingue, il a publié seize livres en arabe et quatre en français, traitant de médecine communautaire, d'éthique médicale, des droits de l'homme et du problème de la démocratisation dans les pays arabo-musulmans. Parmi eux figure Dictateurs en sursis. Une voie démocratique pour le monde arabe[15] publié aux éditions de l'Atelier, à Paris, en 2009.

Notes et références

  1. (fr) Biographie sur le site personnel de Moncef Marzouki
  2. a et b (fr) Samy Ghorbal, « Moncef Marzouki, de la rupture à la compromission ? », SlateAfrique, 13 décembre 2011
  3. (fr) CV professionnel sur le site personnel de Moncef Marzouki
  4. a b c d e f g et h (fr) Camille Le Tallec, « Moncef Marzouki, l'indocile », La Libre Belgique, 13 décembre 2011
  5. Michel Camau et Vincent Geisser, Habib Bourguiba. La trace et l'héritage, éd. Karthala, Paris, 2004, p. 241 (ISBN 2845865066)
  6. (fr) Dominique Lagarde, « Pluralisme à la tunisienne », L'Express, 21 octobre 1999
  7. (fr) « Tunisie - L'opposant Moncef Marzouki candidat à la présidentielle après le départ de Ben Ali », Le Point, 17 janvier 2011
  8. (fr) « Tunisie - 31 partis politiques autorisés », Business News, 8 mars 2011
  9. (fr) « L'ancien opposant Moncef Marzouki élu président de la Tunisie » », France Info, 12 décembre 2011
  10. (en) « Tunisian parties choose veteran human rights activist as country's new interim president », Associated Press, 15 novembre 2011
  11. (en) Mischa Benoit-Lavelle, « Ben Ali Critic Reportedly Offered Tunisian Presidency », Tunisia Live, 15 novembre 2011
  12. (fr) Hamida Ben Salah et Kaouther Larbi, « Tunisie : Moncef Marzouki succède à Ben Ali comme président « de la 1re république arabe libre » », Agence France-Presse, 12 décembre 2011
  13. « La passation entre Marzouki et Mbazaa », Shems FM, 13 décembre 2011
  14. (fr) « Abberraouf Ayadi succède à Moncef Marzouki à la tête du CPR », Leaders, 13 décembre 2011
  15. Moncef Marzouki [entretien avec Vincent Geisser], Dictateurs en sursis. Une voie démocratique pour le monde arabe, éd. de l'Atelier, Paris, 2009 (ISBN 2708240476[à vérifier : ISBN invalide])

Lien externe

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