Mer calme et heureux voyage (Beethoven)

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Portrait de Beethoven en 1815

Meeresstille und glückliche Fahrt (op. 112) (Mer calme et heureux voyage), est une cantate pour chœur et orchestre de Ludwig van Beethoven écrite sur deux poèmes de Johann Wolfgang von Goethe.

Présentation de l'œuvre[modifier | modifier le code]

Goethe
(Joseph Karl Stieler, 1828)

Beethoven commence sa composition à la fin de l'année 1814[1]. L'œuvre sera terminée durant l'été 1815[1]. La première exécution eut lieu le [1] dans la grande salle de la Redoute[1],[2] à Vienne lors d'un concert de bienfaisance avec l'ouverture Jour de fête op. 115 jouée pour la première fois[1], et une reprise de l'oratorio Le Christ au Mont des Oliviers op. 85[1].

La partition sera publiée chez Steiner en mai 1822[3] et dédiée à Goethe, que Beethoven avait rencontré dès 1812[4] et tenait en très haute estime. Goethe notera sur son agenda à la date du [5]: « reçu une partition de Beethoven » mais il ne prit pas la peine de le remercier[6].

Le [7],[8], Beethoven écrivant à Goethe en vue de réunir des souscriptions pour sa Missa Solemnis lui demandait s'il avait reçu « la dédicace à son Excellence de Meeresstille und glückliche Fahrt. Ces deux poèmes m'ont paru, en raison de leurs atmosphères contrastées, tout à fait convenir à l'expression de ce contraste en musique. Il me serait vraiment agréable de savoir si j'ai bien ajusté mon harmonie à la vôtre ». Goethe ne répondra pas[6].

La cantate est écrite en un seul mouvement et évoque admirablement les contrastes entre les deux poèmes : Meeres Stille, écrit Poco sostenuto[9], [9], majeur (mesure 1 à 73)[9] et Glückliche Fahrt, Allegro vivace[9], 6/8[9], majeur (mesure 74 à 237)[9].

Sa durée d'exécution est d'environ 7 à 8 minutes[10].

Les deux poèmes de Goethe ont aussi servi de base à Felix Mendelssohn pour son ouverture de concert Mer calme et heureux voyage ainsi que, pour le premier poème, au Meeres Stille de Franz Schubert, D216, composé en juin 1815.

Texte[modifier | modifier le code]

Allemand Français[11]
Meeres Stille: Mer Calme :

Tiefe Stille herrscht im Wasser,
Ohne Regung ruht das Meer,
Und bekümmert sieht der Schiffer
Glatte Fläche ringsumher.
Keine Luft von keiner Seite!
Todesstille fürchterlich!
In der ungeheuern Weite
Reget keine Welle sich.

Sur l'eau règne un profond silence,
Sans mouvement la mer repose,
Et le marin voit, inquiet,
La plaine lisse alentour.
Aucun souffle d'aucun côté !
Affres d'un silence de mort !
À travers l'immense étendue,
Pas une vague n'est mouvante.

Glückliche Fahrt: Heureux Voyage :

Die Nebel zerreißen,
Der Himmel ist helle,
Und Äolus löset
Das ängstliche Band.
Es säuseln die Winde,
Es rührt sich der Schiffer.
Geschwinde! Geschwinde!
Es teilt sich die Welle,
Es naht sich die Ferne;
Schon seh ich das Land!

Les brumes se déchirent,
Le ciel est éclatant,
Et Éole dénoue
Les liens d'angoisse.
Ils bruissent les vents,
Et le marin s'active.
Hâtez vous ! Hâtez vous !
La vague en deux se fend,
Les lointains se rapprochent;
Déjà je vois la terre !

Repères discographiques[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f Élisabeth Brisson, Guide de la musique de Beethoven, Éditions Fayard, 2005, p. 624
  2. Barry Cooper (trad. de l'anglais par Denis Collins), Dictionnaire Beethoven [« Beethoven compendium »], Lattès, coll. « Musiques et musiciens », , 614 p. (ISBN 978-2-7096-1081-0, OCLC 25167179), p. 41.
  3. Cooper 1991, p. 442.
  4. Philippe Autexier, Beethoven la force de l'absolu, Gallimard Découverte, 1991 réédité en 2010, p. 74
  5. J. et B. Massin, Ludwig van Beethoven, Fayard, 1967, p. 682
  6. a et b Jean et Brigitte Massin, Ludwig van Beethoven, Fayard, (1re éd. 1955), 845 p. (ISBN 978-2-213-00348-1), p. 401.
  7. Ludwig van Beethoven, Briefwechsel. Gesamtausgabe, Sieghard Brandenburg, Éditions G. Henle Verlag 1996-1998, Vol. 5, Lettre n° 1562
  8. Ludwig Van Beethoven (trad. de l'allemand), Les lettres de Beethoven : L'intégrale de la correspondance 1787-1827, préface de René Koering (traduction d'après l'allemand par Jean Chuzeville, suivant l'édition anglaise établie en 1960 par Emily Anderson, Arles, Actes Sud, coll. « Beaux Arts », , 1737 p. (ISBN 978-2-7427-9192-7), p. 1102
  9. a b c d e et f Toutes les indications de tonalité, nuances, mesure ont été relevées sur l'édition originale visible sur Beethoven-Hauss Bonn, consultées le 2 mars 2012
  10. Durée moyenne basée sur les enregistrements discographiques cités
  11. Traduction Elisabeth Brisson, Guide de la musique de Beethoven, Éditions Fayard, 2005, p. 626
  12. Cet enregistrement a été salué par un Diapason d'or dans la revue Diapason n° 336 du mois de mars 1988
  13. Enregistrement sur instruments anciens
  14. Cet enregistrement a été salué par un diapason d'or dans la revue Diapason (septembre 1992) et par un 10 de Répertoire par la revue Classica-Répertoire (septembre 1992)
  15. Cet enregistrement a été salué par un Gramophone Editor's Choice dans la revue Gramophone du mois d'octobre 2005
  16. Enregistrement contenu dans l'intégrale Ludwig van Beethoven éditée par Brilliant Classics (2007)

Liens externes[modifier | modifier le code]