Marin-Pierre Gaullier

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Marin-Pierre Gaullier
Surnom Grand-Pierre
Naissance
Morannes
Décès (à 51 ans)
Bouère
Origine Français
Allégeance Chouan
Grade Colonel
Commandement Division de Château-Gontier
Conflits Chouannerie
Distinctions Chevalier de Saint-Louis

Marin-Pierre Gaullier dit Grand-Pierre, né à Morannes le , mort à Bouère le , colonel dans l'Armée catholique et royale du Maine, était l'un des chefs des chouans en Mayenne. Il dut son surnom à sa taille de près de 6 pieds (soit environ 1,95 m), à son grade, son instruction, sa bravoure et sa prudence.

Biographie[modifier | modifier le code]

Origine[modifier | modifier le code]

Marin-Pierre Gaullier, fils de Jacques Gaullier, notaire royal, et de Madeleine Letessier, est né à Morannes le . On ne sait rien sur sa jeunesse. Après avoir fait ses études dans une ville voisine, Angers ou la Flèche sans doute, il était revenu à Morannes travailler dans l'étude de son père.

Grenadier de la République[modifier | modifier le code]

Il avait vingt-cinq ans lorsqu'on forma, au mois d', le 1er bataillon de volontaires de Maine-et-Loire, parmi lesquels il se fit inscrire. Sa haute taille le lit placer parmi les grenadiers. Il suivit le bataillon à Nantes et à Guérande, d'où il partit le pour se rendre sur les frontières, à l'Armée du Nord, dirigée par La Fayette.

Les grenadiers séparés du bataillon faisaient partie de l'avant-garde de l'armée qui soutint un violent combat, près de Longwy, le . Puis les grenadiers rejoignirent leurs camarades à Verdun, où leur chef, le lieutenant-colonel Nicolas-Joseph Beaurepaire, avait été nommé commandant de la place. La ville investie le par les Prussiens dut capituler le , Beaurepaire se suicida pour ne pas rendre la place aux ennemis.

Le bataillon, rentré à Sainte-Menehould, fit alors partie de l'armée de Charles François Dumouriez, prit part, le , à la bataille de Valmy, le à la bataille de Jemmapes et le 29 de ce mois était cantonné à Liège. Les grenadiers séparés une seconde fois de leurs camarades étaient alors à Rurdorffle.

Le grenadier Gaullier : « Gaullier se révolte quand on conclut devant lui à la culpabilité certaine et à la condamnation plus que probable du roi, lettre publiée par Grille[1] qui l'attribue à un de ces grenadiers, Michel Cointe, écrivant à ses frères à Angers, est datée de Rurdorffle 10 janvier 1793.. ».

Plusieurs auteurs, prétendent que Gaullier quitta son bataillon au mois de décembre en apprenant l'arrestation de son père et qu'en arrivant à Angers il fut informé que celui-ci était mort par suite de fatigues et de privations, peut-être même empoisonné. Il semble plus probable que Gaullier était encore à son bataillon le et même à la fin du mois[2].

Il est possible que ce soit après la mort du roi Louis XVI et peut-être même plus tard, que Gaullier quitta ses camarades pour rentrer à Angers[3]. On ne sait pas au juste à quelle date Gaullier quitta l'armée.

Au mois de , il y eut des émeutes à Châteauneuf et à Durtal, à l'occasion du tirage au sort pour la levée de 300.000 hommes. Elles furent étouffées rapidement, mais furent suivies de nombreuses arrestations. C'est alors sans doute que Gaullier père fut arrêté, amené dans les prisons d'Angers où il mourut[4]. Ce serait donc seulement à la fin de ce mois, ou au commencement d'avril, que Gaullier fils serait arrivé à Angers.

Armée vendéenne[modifier | modifier le code]

On ignore ce qu'il devint ensuite, mais il est probable qu'il alla rejoindre les Vendéens, ou se joignit à eux, au mois de , lorsqu'ils occupèrent Angers. Après la bataille de Savenay, il vint avec Sarrazin, Jacques Bruneau de la Mérousière, d'Anthenaise, de Terves et autres, se cacher autour de Segré et prit part aux premiers combats livrés par les chouans d'Anjou aux républicains.

Quand Sarrazin envoya Jacques Bruneau de la Mérousière pour soulever les royalistes des environs de Chàteauneuf, il le suivit et devint son lieutenant.

Chouannerie[modifier | modifier le code]

Gaullier alla offrir ses services à Monsieur Jacques (décembre 1794), qui le mit en relation avec Joseph-Juste Coquereau, et celui-ci le nomma commandant en second. Il remplaça son chef au mois de juin 1795 et se tint ordinairement dans le pays de Bouère, étendant son action de Château-Gontier à Sablé, Miré et Daon.

Commandant de la 5e division de l'armée de Scépeaux avec comme lieutenants Louis Coquereau (frère de Joseph-Juste Coquereau), Chevreul, Pichon et Mercier. Il réunissait la compagnie de Fromentières avec Lezay dit Sabretout, Mercier, Mathurin Garreau, celle de Ruillé avec Michel Menant dit Francœur, celle de Bouessay avec Rozay dit La Gaîté, de Bouère avec Poirier dit La Justice, de Bierné avec Renard dit Giroflée de Souvigné avec Leroy dit Risque-Tout d'Auvers-le-Hamon, avec Chevreul dit Armand.

Sa division, solide et aguerrie, tint la campagne de février 1795 jusqu'à la pacification d'avril 1796. Fin mai 1796, Gaullier conduisit une partie de ses hommes jusqu'au château de Beaumont à Saint-Laurent-des-Mortiers pour le désarmement, et les fit manœuvrer devant le général Delaage, qui fut surpris de leur bonne tenue et de leur instruction militaire[5].

Retiré à Bouère, Grand-Pierre, exposé à des vexations continuelles et même décrété d'arrestation le , se cacha, et, dès le premier appel des chefs royalistes, se mit de nouveau à la tête de sa division qui compta 2400 hommes. Dans l'armée catholique et royale du Maine du général de Bourmont, en 1799-1800, il commande la 1re légion (Château-Gontier)[6]. On signale sa présence à Souvigné au mois de ventôse an VII, et ses hommes sont accusés par la police républicaine d'avoir tué plusieurs patriotes de Ballée. Sa femme, mère depuis quelques mois[7], emprisonnée à la Rossignolerie à Angers, contribua beaucoup au soulagement des prisonniers. Elle put même en faire évader deux et ne recouvra sa liberté que le .

L'explosion de la machine infernale[8] lors de l'attentat de la rue Saint-Nicaise le et les poursuites dont il fut l'objet à cette occasion forcèrent Gaullier à se cacher de nouveau.

Il refusa l'année suivante de rentrer dans l'armée avec un grade correspondant au sien. Lors des Cent-Jours, il reprit les armes. Louis XVIII le nomma Chevalier de Saint-Louis, lui donna une pension de 900 francs., et en 1817, des lettres de noblesse, pour lui et son fils. Il mourut cette même année, le .

Renée Letessier, sa veuve, qui mourut le âgée de 89 ans, repose à côté de lui dans la chapelle du cimetière de Bouère élevée en 1880 par sa belle-fille Marie-Clotile Le Doux, veuve de Pierre Gaullier[9].

Quatre vingt-Treize[modifier | modifier le code]

Ses exploits ont servi à Victor Hugo pour son roman Quatre vingt-Treize:

« [...] Sachez d’abord que monseigneur le marquis, avant de s’enfermer dans cette tour où vous le tenez bloqué, a distribué la guerre entre six chefs, ses lieutenants ; il a donné à Delière le pays entre la route de Brest et la route d’Ernée ; à Treton le pays entre la Roë et Laval ; à Jacquet, dit Taillefer, la lisière du Haut-Maine ; à Gaullier, dit Grand-Pierre, Château-Gontier ; à Lecomte, Craon ; Fougères, à monsieur Dubois-Guy, et toute la Mayenne à monsieur de Rochambeau ; de sorte que rien n’est fini pour vous par la prise de cette forteresse, et que, lors même que monseigneur le marquis mourrait, la Vendée de Dieu et du Roi ne mourra pas. [...][10] »

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Sources et bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Histoire du premier bataillon des volontaires de Maine-et-Loire (4 vol. in-8), il inscrit le nom de Gaullier le premier sur la liste des grenadiers.
  2. Son nom n'est pas inscrit sur la liste des volontaires qui ont quitté le corps du 2 septembre 1792 au , donnée par Grille.
  3. Ce n'était point une désertion, car les engagements ayant été souscrits seulement pour une année ou pour la durée d'une campagne.
  4. On peut douter de la mort de Gaullier père en prison. On trouve en effet aux Archives de Maine-et-Loire, L, carton 200, une lettre de Viaud, procureur syndic de Châteauneuf, en date du 10 septembre 1793, constatant que des certificats de civisme ont été refusés aux citoyens Moquereau, Letourneau et Gaullier. Celui du citoyen Nepveu a été accordé. Gaullier père n'était donc pas mort à cette date.
  5. D'après Henri-René Bernard de la Frégeolière. L'historien Émile Queruau-Lamerie (1841-1929) indique que cette revue aurait eu lieu au château de la Fautraise.
  6. Le major de cette 1re légion est alors Pierre-Ambroise Gougeon de Lucé ; Chef d'escadron de cavalerie : Pierre-Honoré-Victor de Conrad de Mahé de la Richerie, capitaine; commissaire : Le Tessier dit Aza.
  7. Pierre Gaullier, fils de Marin-Pierre Gaullier et de Renée Letessier, né à Bouère en 1797, quitta le collège de Château-Gontier pour rejoindre son père qui commandait une division royaliste dans la Sarthe, pendant les Cent-Jours. Admis sous la Restauration dans les gardes du corps, il passa dans un régiment de ligne, fit la campagne d'Espagne en 1823, reçut le brevet de capitaine au 12e Léger, et démissionna en 1830. Retiré à Bouère, il y entretenait le "feu sacré", favorisait les déserteurs, se procurait des munitions. En mai 1832, il se trouva à la tête d'une troupe si bien tenue que les anciens disaient n'avoir jamais connu "aussi belle Chouannerie". Son mémoire sur la part que sa division prit au soulèvement est le meilleur récit qui en ait été publié pour la Mayenne (Vendée militaire, tome IV, p. 666-679). Pierre Gaullier, longtemps caché à Bouère, à Chammes, à Sainte-Colombe, passa enfin en Suisse, puis revint en 1837 purger sa contumace et se retira au château du Grand-Ruigné, à La Flèche. Il s'occupa surtout de venir en aide à ses anciens frères d'armes. Il est mort le 25 novembre 1860, et repose dans la chapelle du cimetière de Bouère. Sa veuve, Marie-Clotilde Le Doux, de Chammes, décédée elle-même le 28 décembre 1882, y a aussi sa sépulture. Armoiries de Pierre Gaullier : De gueules à 2 épées en sautoir cantonnées de 4 chouettes.
  8. Le 24 décembre 1800, une machine infernale explose au passage du carrosse du Premier Consul, rue Saint-Nicaise à Paris, alors que Bonaparte se rend à l’opéra. L’attentat fait 22 morts et une centaine de blessés. Miraculeusement rescapé, Napoléon en profite pour frapper le camp jacobin. Joseph Fouché accuse alors le camp royaliste et lance un mandat est lancé contre Charles d'Hozier. Le 9 janvier 1801, 4 jacobins accusés d'avoir participé à l'attentat de la rue Saint-Nicaise sont exécutés, après que 130 autres avaient été déportés sans jugement.
  9. On y lit : "Ci-gît le corps de Marin-Pierre Gaullier, chevalier de l'Ordre royal et militaire de Saint-Louis, colonel de la première légion de l'armée royale et catholique du Maine, décédé à Bouère le 9 avril 1817. Et dixerunt unusquisque ad proximum suum : Erigamus dejectionem populi nostri et pugnemus pro sanctis nostris".
  10. Texte intégral de Quatrevingt-treize, de Victor Hugo.