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Mamadou Traoré (criminel)

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Mamadou Traoré
Meurtrier, Violeur
Image illustrative de l’article Mamadou Traoré (criminel)
Information
Nom de naissance Mamadou Traoré
Naissance (51 ans)
Joal-Fadiouth, Sénégal
Surnom Le tueur aux mains nues
Condamnation
Sentence Réclusion criminelle à perpétuité
Actions criminelles Meurtres, Viols
Victimes au moins 6
Période -
Pays Drapeau de la France France
Régions Île-de-France
Ville Paris
Arrestation

Mamadou Traoré, surnommé aussi « le tueur aux mains nues », est un criminel multirécidiviste français d'origine sénégalaise ayant agressé six femmes, dont deux mortellement, entre le et le en France.

Biographie

Né le à Joal-Fadiouth au Sénégal, il est le fils de Sidiki Traoré, un Bambara, devenu cheminot à Paris, et de Anna Faye, une femme de l'ethnie Sérère qui pratique des rites vaudous sur lui depuis sa naissance, Mamadou Traoré étant considéré comme un mort-né sauvé par des aspersions de sang et depuis lors vu comme un « enfant des esprits »[1]. Alors qu'il n'a que trois ans, il rejoint son père en France, avec sa mère et son frère Ousseynou, un an. Il passe ainsi son enfance à Paris où naissent ses deux sœurs en 1978 et 1980.
Sa scolarité est plutôt perturbée : à la maternelle, avenue de Choisy, il est tantôt violent et agressif (il mord son institutrice), tantôt d'une grande gentillesse. En primaire, il redouble son CP, puis son CE1. Jugé « insuffisant et indiscipliné », il est chassé du collège à la fin de la sixième[2]. En 1986, ses parents se séparent, et Mamadou rejette la faute du divorce sur son père, qu'il accuse de dépenser tout l'argent du foyer. Il quitte alors son environnement familial et se clochardise. Sa mère se remet en couple avec un certain M. Yobo que Mamadou considère comme un usurpateur.
Il tombe alors dans la délinquance de rue. De mars 1988 à juin 1989, il enchaîne vols et violences avec armes blanches. Il finit par côtoyer le juge pour enfants et des éducateurs ; il est placé dans des foyers dont il s'échappe.

À l'été 1989, sa mère l'emmène au Sénégal pour des vacances, il y restera cinq ans. Ses oncles maternels prennent son éducation en main de façon très stricte, utilisant des châtiments corporels. Il devient pêcheur en pirogue et champion de football puis s'installe à Dakar chez sa grand-mère paternelle. Il vend des vêtements avec un cousin et envisage même de se marier avec une Ivoirienne avec qui il contracte le virus du sida.
En 1994, il est de retour en France pour effectuer son service militaire, durant lequel il apprend sa séropositivité, et est alors réformé.

Le , sa mère, qui a eu deux enfants de son nouveau compagnon (un garçon et une fille), le met à la porte parce qu'il fume du haschich. Il tente alors de se défenestrer du 6e étage de l'immeuble[2].

Mamadou Traoré semble alors se venger des femmes. Il sévit dans la région parisienne, plus particulièrement dans les 12e et 13e arrondissements de Paris. Il frappe si violemment ses victimes que ces dernières ne se souviennent plus de leur agression et restent temporairement amnésiques et, de surcroît, défigurées.

Il est arrêté vers 22 h le . Avant son arrestation, il avait été condamné trois fois en 1996. En mars pour usage et détention de stupéfiants : 5 000 francs d'amende. Un an de prison avec sursis et 240 heures de travail d'intérêt général en juin pour vol avec violence. Enfin, le 17 septembre il agressait plusieurs personnes dans une laverie du 13e arrondissement, proche du lycée où il a été scolarisé, avenue de Choisy. Le propriétaire de la laverie porta plainte, son fils ayant été agressé et menacé avec un couteau par Mamadou Traoré. Il avait été condamné à une amende et placé sous contrôle judiciaire, qu'il n'a pas respecté. Un mandat d'arrêt avait donc été délivré contre lui. Aucune suite conséquente ne fut portée à cette affaire.

Les faits et l'enquête

Entre le et le , Mamadou Traoré agresse six femmes dont deux sont mortes.

Le matin du vers h, Danielle Baty, secrétaire trilingue de trente-cinq ans est agressée par Mamadou Traoré alors qu'elle se trouvait devant le Queen bee, un karaoké proche de chez elle. Traoré l'a frappée deux fois pour lui voler son sac puis l'a traînée jusqu'au hall d'entrée d'un immeuble proche de celui où elle habite. Là, il l'a frappée de nombreuses fois jusqu'à ce qu'elle perde connaissance. Elle est découverte vers h par un libraire, partiellement dévêtue. Il lui faudra environ un an et demi pour se remettre.

Le matin du vers h, une fillette de onze ans est frappée par Mamadou Traoré. Il voulait cambrioler une maison et en a repéré une dont la fenêtre était ouverte. Il s'y est introduit en pleine nuit et alors qu'il la parcourt il entend une voix qui demande « Qui c'est ? ». Pris de peur, il se dirige vers cette voix tout près de lui et, paniqué, il frappe la personne plusieurs fois, car elle est sur son passage alors qu'il cherche à s'enfuir.

Le matin du vers h, Nelly Bertrand, quarante ans, promène son chien avant d'aller à son travail à la gare d'Austerlitz. Mamadou Traoré l'agresse, la frappe à de nombreuses reprises, la traîne jusque dans son immeuble, la met dans l'ascenseur, puis la traîne dans les escaliers, jusqu'au pallier devant sa porte au dernier étage. Nelly Bertrand décède suite aux coups extrêmement violents portés par Traoré. Elle est découverte à moitié nue vers h par les policiers, alertés par le gardien de l'immeuble voisin. Ils constatent qu'elle a été victime d'attouchements sexuels.

Le matin du vers h, Marie-Astrid Clair, étudiante de vingt ans en lettres modernes à la Sorbonne, est agressée par Mamadou Traoré qui la suivait, alors qu'elle composait le code de la porte d'entrée pour rentrer chez elle. Il l'a frappée, l'a traînée derrière un local à poubelles dans un autre immeuble d'une rue se situant juste à côté et l'a violée. Elle ne sortira de l'hôpital que trois semaines plus tard. Mamadou Traoré ne lui a pas transmis le VIH en la violant.

Le , Mamadou Traoré cambriole en pleine nuit la propriété de Francine Sarret, soixante-et-onze ans. Il se rend dans la chambre à coucher de la victime qui s'est réveillée, affolée. Paniqué Traoré prend un oreiller et l'étouffe, la frappe, puis la viole. Mamadou Traoré déclare qu'il est un gigolo et que Francine Sarret était une « cliente » ; ce que dénie le fils de Mme Sarret.

Le vers 22 h, Laurence Eymieux, chef de cabinet du ministre Jean-Claude Gaudin au ministère de l'Aménagement du territoire, trente-cinq ans, est agressée. Mamadou Traoré rôdait dans le deuxième sous-sol d'un parc de stationnement souterrain de la résidence où habite Laurence. Elle crie quand elle le croise alors qu'elle quitte sa voiture qu'elle vient de garer. Paniqué, Traoré la frappe plusieurs fois avant de partir. Puis pris de pulsions violentes, il retourne auprès d'elle, la traîne sur 125 mètres jusqu'au réduit isolé donnant accès à l'escalier de service. Là, il la frappe de nouveau et pratique des attouchements sexuels sur elle. Eymieux est retrouvée par un voisin et le gardien de l'immeuble à moitié nue agonisante vers h le lendemain. Vers 20 h le jour du crime, Annie, une voisine qui venait de garer sa voiture, avait interpellé Mamadou Traoré pour le chasser du parking, C'est le témoignage d'Annie qui permettra son interpellation.

Liste des victimes connues

Date Lieu Identité[3] Âge Profession / Activité / Statut
angle avenue de Choisy et rue Philibert-Lucot dans le 13e Danielle Baty 35 secrétaire trilingue
Paris 13e fillette 11 -
rue Caillaux dans le 13e Nelly Bertrand 40 hôtesse d'accueil à la gare d'Austerlitz
rue d'Astorg dans le 8e Marie-Astrid Clair 20 étudiante en lettres modernes à la Sorbonne
Neuilly-sur-Seine Francine Sarret 71 retraitée
Paris 12e Laurence Eymieux 35 chef de cabinet au ministère de l'Aménagement du territoire

Procès et condamnation

Les six victimes de Mamadou Traoré ont été frappées avec une telle violence qu'elles ne se souvenaient plus de ce qui leur était arrivé. Certaines ont gardé des séquelles, notamment Danielle Baty, qui a perdu l'odorat et le goût. Cette violence extrême a fait penser aux enquêteurs qu'il utilisait une batte de base-ball alors qu'il s'est servi de ses poings nus[4].

Le , le procès de Mamadou Traoré débute à la cour d'assises de Paris. Philippe Bilger est l'avocat général. Philippe Lemaire est l'avocat de Marie-Astrid Clair (la quatrième victime). La défense de Mamadou Traoré est assurée par François Honnorat. Le , Mamadou Traoré est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une peine de sûreté de vingt-deux ans.

Certains déclarent que sa place est en hôpital psychiatrique plutôt qu'en prison en raison de son comportement violent envers ses codétenus et les gardiens de prison. Par ailleurs, Mamadou Traoré a raconté qu'il n'était pas responsable de toutes les agressions qu'il a commises. En effet, il prétend être marabouté depuis son enfance et sa seule défense est de dire que c'est la pratique du vaudou qui est responsable de ce qu'il a fait. Sa mère disait de lui que c'est « l'enfant du diable ». L'expert psychiatrique Martel, interprète « sa conviction inébranlable du maraboutage » comme « un processus délirant ». L'expert Dubec y voit plutôt « une rationalisation», « le début d'un travail psychique ». À ses yeux, la découverte de sa séropositivité en août 1995 puis le rejet par sa mère en mars 1996 seraient à l'origine d'un « matricide déplacé »[5].

Références

  1. Agnès Grossmann, L'enfance des criminels, Place Des Éditeurs, (lire en ligne), p. 103
  2. a et b Mamadou Traoré, meurtrier «envoûté». Il explique au procès avoir agi sous l'emprise d'un grigri maléfique offert par son père Article de Patricia Tourancheau publié le 8 février 2000 dans Libération.
  3. Si la case du nom de la victime est sur fond saumon, cela signifie que Mamadou Traoré a tué cette victime.
  4. Stéphane Bourgoin, La Bible du crime, Éditions de la Martinière, , p. 176
  5. Patricia Tourancheau, « Imprégné de rites animistes », sur liberation.fr,

Articles de presse

Documentaire télévisé

Émission radiophonique

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes