Louise Marie Thérèse Stuart

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Louise Marie Thérèse Stuart
Louisa Maria Teresa Stuart
Portrait par Alexis Simon Belle, 1704.
Titre de noblesse
Princesse
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Activité
Famille
Père
Mère
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Idéologie

Louise Marie Thérèse Stuart (appelée Louisa Maria Teresa en anglais, née le et morte le ), appelée la Princesse royale par les jacobites, est le dernier enfant de Jacques VII d'Écosse, devenu roi d'Angleterre et d'Irlande sous le nom de Jacques II (1633-1701), et de la seconde épouse de celui-ci, la reine Marie de Modène.

Un document de la Royal Stuart Society surnomme Louise Marie Princess over the Water (« Princesse par-dessus l'eau »), une allusion au titre informel de King over the Water (« Roi par-dessus l'eau ») des prétendants jacobites, dont aucune n'eut d'autre fille légitime[1],[2].

Naissance[modifier | modifier le code]

Château de Saint-Germain-en-Laye

Louise Marie est née en 1692, à Saint-Germain-en-Laye, durant l'exil de ses parents, entamé en 1689. En raison de l'énorme polémique qui avait entouré la naissance de son frère, Jacques François (James Francis Edward en anglais), pour laquelle la famille avait été accusée d'avoir substitué un bébé à un enfant mort-né, Jacques II envoie des lettres d'invitation à assister à la naissance non seulement à sa fille, la reine Marie II en personne, mais aussi à un grand nombre d'autres dames de la noblesse protestante anglaise[3]. De tous ses frères, sœurs, et demi-frères et sœurs, seuls quatre ont survécu à la petite enfance : Louise Marie, son frère Jacques François et ses demi-sœurs, les reines Marie II et Anne. Marie est morte alors que Louise Marie était encore un petit enfant, mais elle est restée en bons termes avec sa demi-sœur Anne[4].

L'historien whig Thomas Babington Macaulay a, plus tard, commenté les précautions prises par Jacques II[5] :

« Si certains de ces témoins avaient été invités au palais Saint James au matin du 10 juin 1688, la Maison Stuart régnerait peut-être, maintenant, dans notre île. Mais il est plus facile de garder une couronne que d'en regagner une. Il est peut-être vrai qu'une fable calomnieuse a fait beaucoup pour provoquer la Révolution. Mais cela n'entraîne en aucun cas que la réfutation la plus complète de cette fable provoquerait une Restauration. Pas une seule dame a n'a franchi la mer pour répondre à l'appel de Jacques. Sa Reine a accouché saine et sauve d'une fille ; mais cet événement n'a produit aucun effet perceptible sur l'état de l'opinion publique en Angleterre[6]. »

La princesse reçoit les prénoms de Louisa et de Maria lors de son baptême, tandis que Teresa (parfois écrit Theresa) a été ajouté plus tard, au moment de sa confirmation[3]. Elle a été appelée Louisa en l'honneur de Louis XIV, qui a agi comme son parrain[3]. Sa marraine est la belle-sœur du roi, Élisabeth Charlotte, princesse Palatine, duchesse d'Orléans[3].

Après la naissance, Jacques II déclare que Louise Marie avait été envoyé par Dieu comme une consolation pour ses parents au moment de leur détresse, et plus tard, elle a été souvent appelée La Consolatrice[7].

Biographie[modifier | modifier le code]

Portrait de Louise Marie par François de Troy, vers 1705.

Louise est la seule parmi les frères et sœurs du prince Jacques François, le « Vieux Prétendant », à survivre à la petite enfance, et a quatre ans de moins que lui[8]. Les deux grandissent ensemble en France[3].

Le tuteur de Louise est un prêtre catholique anglais, le père Constable, qui lui apprend le latin, l'histoire et la religion. Elle a également eu une gouvernante, la comtesse de Middleton, l'épouse du pair Jacobite Charles, 2e comte de Middleton[3]. James Drummond, 4e comte de Perth, un autre pair Jacobite vivant en France, a fait l'éloge de la bienveillance naturelle de l'enfant[3].

Lors de l'été 1701, le roi Jacques est gravement malade, et s'absente loin de Saint Germain suivre un traitement médical, accompagné de son épouse. Toutefois, en juin, les deux reviennent à la maison pour les anniversaires de leurs deux enfants. Deux mois plus tard, Jacques II est victime d'un accident vasculaire cérébral, meurt moins de deux semaines plus tard, le [3]. Il est encore capable de parler quand ses enfants lui rendent visite pour la dernière fois, et il dit à Louise Marie[3] :

« Adieu, mon cher enfant. Servez votre créateur pendant les jours de votre jeunesse. Considérez la vertu comme le plus grand ornement de votre sexe. Suivez-en de près le grand modèle, votre mère, qui a été, non moins que moi, assombrie par la calomnie. Mais le temps, la mère de la vérité, pourra, j'espère, finalement rendre sa vertu aussi brillante que le soleil[9]. »

Antonin Nompar de Caumont, tuteur de Louise Marie, par Alexis Simon Belle.

Peu après la mort de Jacques II, Louis XIV proclame Jacques François roi d'Angleterre, d'Écosse et d'Irlande, et il a également été officiellement reconnu comme roi par l'Espagne, les États pontificaux et Modène. Lui et sa sœur Louise Marie ont été transférés à Passy, aux bons soins d'Antonin Nompar de Caumont et son épouse, avec Lady Middleton confirmée comme gouvernante de Louise Marie[3].

En 1705, à l'âge de treize ans, Louise Marie est l'invité d'honneur lors d'un bal au château de Marly, en étant précédée, selon le protocole, seulement par Louis XIV lui-même, par sa propre mère, la reine Marie, et par son frère Jacques François Edward, considéré par Louis comme un roi[3].

Le , après un retard dû à la rougeole, le jeune Jacques tente un débarquement sur le sol écossais, dans l'estuaire de la Forth, soutenu par une flotte de navires français. Cependant, cette tentative est empêchée par une escadre de la Royal Navy dirigée par l'amiral Byng[8].

Louise Marie apprécie la danse et l'opéra, et est devenue populaire à la cour de France. Deux prétendants sont évoqués pour elle, avec Charles, duc de Berry, petit-fils de Louis XIV, et le roi Charles XII de Suède. Aucun des deux éventuels mariages ne se concrétise, le premier apparemment en raison de situation politique équivoque de Louise Marie, et le second parce que le jeune roi de Suède n'était pas un catholique romain[3].

Louise était profondément touchée que les Jacobites en exil aient fait d'énormes sacrifices pour sa famille, et elle a elle-même payé pour que les filles de beaucoup d'entre eux puissent recevoir une éducation. Elle ne fait pas en la matière de distinction entre les catholiques et les protestants, en soutenant les filles des deux religions[3].

Mort[modifier | modifier le code]

La reine Anne, demi-sœur de Louise Marie.

En , Jacques François et sa sœur sont atteints de la variole. Alors que le « Vieux Prétendant » en réchappe, Louise Marie meurt le [10], et est enterrée aux côtés de son père dans l'église des Bénédictins anglais à Paris[3].

À propos de la mort de la Princesse, un noble français écrit à un ami d'Utrecht [11] :

« Mon Seigneur, je vous envoie par ces mots les tristes et déplorables nouvelles de la mort de la Princesse royale d'Angleterre qui est morte de la variole le 18 de ce mois à Saint-Germain dont elle était un des plus grands ornements de la cour meurtrie, et était l'admiration de toute l'Europe ; jamais princesse n'a été si universellement regrettée. Sa mort a rempli la France entière de soupirs, de gémissements et de larmes. Elle était une princesse d'une contenance et d'un port majestueux ; chaque mouvement évoquait la grandeur, chaque action était simple et sans aucune affectation ou bassesse, et la proclamait héroïne descendue de la longue race de tant de héros paternels et maternels…[12] »

William Legge, 1er comte de Dartmouth, le secrétaire d'État britannique, écrit à son tour[4] :

« La reine Anne m'a montré une lettre, écrite de la propre main du roi de France, sur la mort de sa sœur, dans laquelle il y avait l'estime la plus haute qui n'ait jamais été donné à une princesse de son âge. M. Richard Hill est venu me voir aussitôt après avoir quitté le comte de Godolphin... avec ces nouvelles, et a dit que c'était le pire qui soit jamais arrivé à l'Angleterre. Je lui ai demandé pourquoi il pensait ainsi. Il a dit qu'il aurait été heureux si cela avait été son frère ; car alors la reine aurait pu la faire venir auprès d'elle et la marier au prince George, qui ne pourrait avoir aucune prétention pendant sa propre vie ; ce qui aurait plu à chaque homme honnête dans le royaume et mis un terme à tous les conflits pour l'avenir[13]. »

Madame de Maintenon, la seconde épouse morganatique de Louis XIV, écrit à propos de la réaction de Marie de Modène à la mort de Louise Marie[4] :

« J'ai eu l'honneur de passer deux heures avec la reine d'Angleterre[14], qui est l'image même de désolation. La princesse était devenue son amie et son unique consolation[15] »

Dans son Histoire de l'Église d'Écosse (1845), Thomas Stephen dit de la défunte[4] :

« Le 12 avril cette année, la princesse Louise Marie Thérèse, la plus jeune fille du dernier roi Jacques, est morte de la variole à Saint-Germain, au regret de beaucoup en Angleterre, même de ceux qui ont été hostiles aux réclamations de son frère. Elle a été tenue en haute estime par ceux qui ont eu l'occasion de l'apprécier, et était une princesse justement estimée pour son esprit et toutes ces qualités dignes de sa haute naissance[16] »

Comme beaucoup d'autres églises de Paris, l'église des Bénédictins anglais a été profanée et vandalisée pendant la Révolution française. Selon un texte de Jules Janin, écrit en 1844, les restes de la princesse Louise Marie et de son père, le roi Jacques II, reposent depuis à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce[17].

Portraits[modifier | modifier le code]

Portrait de Louise Marie et son frère Jacques François par Alexis Simon Belle, vers 1699.
Le Prince de Galles et la Princesse sa Sœur, gravure de Louise Marie et son frère d'après le portrait de Nicolas de Largillière, 1695.

Plusieurs portraits de Louise Marie subsistent. Parmi ceux où Louise Marie figure seule, un d'entre eux est l'œuvre de François de Troy, réalisé vers 1705, tandis qu'un autre, peint vers 1704, est attribué à Alexis Simon Belle et se trouve dans la National Portrait Gallery, à Londres. On trouve aussi à cet endroit un portrait de Louise Marie avec son frère Jacques François peint en 1695 par Nicolas de Largillière. Cette œuvre est reproduite sur une gravure en manière noire réalisée par John Smith et publié en 1699[18]. Un portrait allégorique de Jacques François Édouard et de sa sœur Louise Marie, montrant le prince comme un ange gardien guidant sa sœur sous le regard des chérubins, peint en 1699 et également attribué à Alexis Simon Belle, figure maintenant dans la Royal Collection[19],[20]. Un portrait avec un chien, un cavalier King Charles Spaniel, a été gravé avec de la manière noire par Bernard Lens Lentille II et publié vers 1700[21].

Dans la littérature[modifier | modifier le code]

La princesse Louise apparaît à l'âge de douze ans dans le roman picaresque d'Eliza Haywood The Fortunate Foundlings (1744). Haywood dit de Louise[22] :

« ...les dames qui l'assistaient étaient toutes quasiment du même âge ; et pour montrer le respect que les Français avait pour cette famille royale, bien que dans l'infortune, elles étaient aussi les filles de personnes dont la naissance et la fortune auraient pu faire honneur au service de la plus grande impératrice du monde... par sa beauté, la princesse elle-même était considérée comme un Prodige[23]. »

Homonymes[modifier | modifier le code]

Le prénom de Louise Marie Thérèse a été utilisé par la suite pour Luisa, Maria Teresa de Parme (1751-1819), reine consort de Charles IV d'Espagne, de Louise Marie Thérèse de France, fille aînée de Charles-Ferdinand, duc de Berry, duchesse et régente de Parme, Plaisance et Guastalla (1819-1864) et de Louise Marie Thérèse Charlotte Isabelle d'Orléans, fille du roi Louis-Philippe de France et reine de Belgique, en tant qu'épouse de Léopold Ier.

Ascendance[modifier | modifier le code]

Sources

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (en) A true and full account of the death and character of the Princess-Royal, Louisa-Maria-Teresa Stuart, daughter of the late King James. Who was born in the year 1692, at St Germains, and died of the small-pox the 18th of April 1712... In a letter from a noble-man of France, to his correspondent at Utrecht, bordée, 2. s., 1712[24],[25].
  • (en) Susan Cole, Princess over the Water: A Memoir of Louise Marie Stuart (1692-1712) (Papier XVIII), The Royal Stuart Society papers[1].

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en) « Publications of the Royal Stuart Society », sur royalstuartsociety.com – web site of the Royal Stuart Society (consulté le ).
  2. (en) « Scottisch Royal Lineage – The House of Stuart Part 4 of 6 », sur burkes-peerage.net (consulté le ).
  3. a b c d e f g h i j k l m et n (en) Michael A. Beatty, The English Royal Family of America, from Jamestown to the American Revolution, Londres, McFarland, , p. 83–85.
  4. a b c et d (en) Thomas Stephen, The History of the Church of Scotland: From the Reformation to the Present Time, vol. 4, Londres, John Lendrum, (lire en ligne), p. 83–84 (année 1712).
  5. (en) Thomas Babington Macaulay, The History of England, from the Accession of James the Second, vol. 4, (lire en ligne), « XVIII (1692) », p. 225.
  6. Texte original : Had some of those witnesses been invited to Saint James's on the morning of the tenth of June 1688, the House of Stuart might, perhaps, now be reigning in our island. But it is easier to keep a crown than to regain one. It might be true that a calumnious fable had done much to bring about the Revolution. But it by no means followed that the most complete refutation of that fable would bring about a Restoration. Not a single lady crossed the sea in obedience to James's call. His Queen was safely delivered of a daughter; but this event produced no perceptible effect on the state of public feeling in England.
  7. (en) John Callow, The King in Exile: James II, Warrior, King and Saint, 1689–1701, Londres, Sutton, , p. 203–204.
  8. a et b (en) A. C. Addington, The Royal House of Stuart, Londres, , 3e éd. (1re éd. 1969).
  9. Texte d'origine : Adieu, my dear child. Serve your creator in the days of your youth. Consider virtue as the greatest ornament of your sex. Follow close the great pattern of it, your mother, who has been, no less than myself, over-clouded with calumny. But time, the mother of truth, will, I hope, at last make her virtues shine as bright as the sun.
  10. 8 avril en vieux style, l'Angleterre utilisant encore à cette époque le calendrier julien.
  11. (en) Peggy Miller, James, George Allen and Unwin Ltd, , p. 138.
  12. Texte original : My Lord, I send to you by these the sad and deplorable news of the much lamented death of the Princess Royal of England who died of the smallpox the 18th of this month at St Germains who as she was one of the greatest ornaments of that afflicted court, so she was the admiration of all Europe; never Princess was so universally regretted. Her death has filled all France with sighs, groans and tears. She was a Princess of a majestical mien and port; every motion spoke grandeur, every action was easy and without any affectation or meanness, and proclaim'd her a heroine descended from the long race of so many paternal and maternal heroes…
  13. Texte original : The queen [Anne] shewed me a letter wrote in the king of France's own hand, upon the death of her sister; in which there was the highest character that ever was given to any princess of her age. Mr. Richard Hill came straight from the earl of Godolphin's... to me with the news, and said it was the worst that ever came to England. I asked him why he thought so. He said it had been happy if it had been her brother; for then the queen might have sent for her and married her to prince George, who could have no pretensions during her own life; which would have pleased every honest man in the kingdom, and made an end of all disputes for the future.
  14. En tant que membre de la Cour française, Madame de Maintenon fait ici référence à Marie de Modène.
  15. Texte original : I had the honour of passing two hours with the queen of England, who is the very image of desolation. The princess had become her friend and only consolation.
  16. Texte original : On the 12th of April this year, the princess Louisa Maria Teresa, youngest daughter of the late king James, died of the small-pox at St. Germains, to the regret of many in England, even of those who were unfriendly to her brother's claims. She received a very high character from those who had an opportunity of appreciating it, and was a princess justly esteemed for her wit, and all those qualities worthy of her high birth.
  17. (en) Jules Janin, The American in Paris: During the Summer, New York, Burgess, Stringer & co., (lire en ligne), p. 26.
  18. (en) « Princess Louisa Maria Theresa Stuart (1692–1712), Daughter of James II », sur npg.org.uk (consulté le ).
  19. (en) Edward Corp, « Belle, Alexis-Simon (1674–1734) », dans Oxford Dictionary of National Biography, Oxford University Press, .
  20. (en) « Prince James Francis Edward Stuart with his sister, Princess Louisa Maria Theresa », sur royalcollection.org.uk (consulté le ).
  21. (en) « Spaniel, Cavalier King Charles [Princess Louisa Maria Theresa Stuart at St. Germains, Engraved by Bernard Lens, n.d., c.1700. », sur grosvenorprints.com Mezzotint, proof before letters. 340 × 250 mm.
  22. (en) Eliza Haywood, The Fortunate Foundlings, Londres, BiblioBazaar LLC, (1re éd. 1744) (lire en ligne), p. 54–57 et suivantes.
  23. Texte original : ...the ladies who attended her were all of them much of the same age; and to shew the respect the French had for this royal family, tho' in misfortunes, were also the daughters of persons whose birth and fortune might have done honour to the service of the greatest empress in the world... in beauty, the princess herself was esteemed a Prodigy.
  24. (en) « A true and full account of the death and character of the Princess-Royal » [archive du ], sur gandhara.usc.edu, English Short Title Catalog of the University of Southern California (consulté le ).
  25. (en) Thomas Rodd, Catalogue of Books: Part V: Historical Literature, Londres, Compton and Ritchie, (lire en ligne), p. 471.