Ligue d'action civique

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La Ligue d'action civique était un regroupement de citoyens et un parti politique municipal à Montréal (Québec, Canada), de 1951 à 1964.

Objectifs[modifier | modifier le code]

La Ligue d'action civique se veut un mouvement d'éducation civique et politique. Faisant suite au Comité de moralité publique, elle regroupe des citoyens motivés par l'épuration de la politique et de l'administration municipales montréalaises. La Ligue est fondée le . Sa devise est « servir et non se servir ». Ses objectifs sont notamment d'intéresser les électeurs aux affaires publiques et de rétablir l'honnêteté et l'intégrité dans l'administration publique. Elle soutient l'enquête sur la moralité à Montréal menée par Pacifique Plante et qui aboutit au rapport du juge François Caron en 1954, dont la publication crée un contexte favorable à un changement d'administration municipale.

Histoire[modifier | modifier le code]

Parti politique montréalais entre 1951 et 1964[modifier | modifier le code]

Lors des élections municipales de Montréal de 1954, la Ligue soutient 34 candidats dont 28 sont élus. Son président Pierre DesMarais accède au poste de président du comité exécutif de la ville et Jean Drapeau, soutenu par la Ligue, est élu au poste de maire. Lors de l'élection suivante, en 1957, la Ligue s'oppose à Sarto Fournier et à son parti, le Ralliement du Grand Montréal. La Ligue réussit à augmenter à 33 le nombre de ses candidats élus au conseil municipal, Pierre DesMarais conservant notamment son siège de conseiller, bien que Jean Drapeau soit défait au poste de maire par son adversaire Sarto Fournier. La Ligue élargit quelque peu ses activités pour s'intéresser à la politique provinciale, surtout vers la fin des années 1950, et elle favorise la création de ligues d'action civiques dans d'autres régions du Québec. Mais elle se concentre de nouveau sur le niveau municipal montréalais par la suite.

La Ligue participe aux consultations de la Commission Champagne, mandatée par le gouvernement du Québec pour proposer une réforme des structures municipales de Montréal. La Ligue d'action civique préconise un système politique municipal démocratisé et ouvert. Par contre, Jean Drapeau préconise plutôt un système centré sur un maire disposant de larges pouvoirs. Ces divergences de philosophie politique ainsi que des oppositions entre DesMarais et Drapeau causent des frictions dans la Ligue. Une scission se produit au sein de la Ligue juste avant les élections municipales de 1960. Dix-neuf des trente-trois conseillers municipaux de la Ligue, dont Lucien Saulnier et Gérard Niding, annoncent qu'ils quittent celle-ci. Le candidat de la Ligue à la mairie, Jean Drapeau, annonce qu'il crée plutôt avec ces dissidents un nouveau parti, le Parti civique, dont il prend la tête et qui s'oppose à la Ligue d'action civique lors des élections de 1960. Lors de celles-ci, Drapeau et son Parti civique remportent une nette victoire. La Ligue ne fait élire aucun de ses candidats. Drapeau donnera à son nouveau parti, ainsi qu'à l'administration municipale qui en sera issue, des structures et un fonctionnement axés sur le contrôle par le chef et ainsi opposés aux principes de la Ligue. La Ligue d'action civique continue ses activités un certain temps puis disparaît du paysage politique vers 1964.

Le fonds d’archives Ligue d'action civique est conservé au centre d’archives de Montréal de Bibliothèque et Archives nationales du Québec[1].

Renaissance en 2011[modifier | modifier le code]

Inspirés par les scandales de corruption secouant à nouveau l’administration montréalaise et l’industrie de la construction au tournant des années 2010, Frédéric Lapointe[2], Martin Drapeau[3] et plusieurs autres ont revendiqué la tenue d’une enquête publique (la CEIC ou commission Charbonneau) puis, en 2011, refondé l’actuelle Ligue d’action civique[4] sur la base des mêmes principes de la Ligue des années 1950.

La nouvelle Ligue d’action civique[5] est surtout active à l’extérieur de Montréal en soutien aux dénonciateurs, en support à l’émergence de nouveaux partis et candidats de même qu’en plaidant pour l’amélioration de la gouvernance des municipalités et commissions scolaires.

Fonctionnement[modifier | modifier le code]

La ligue d'action civique est l'un des premiers partis politiques municipaux au Québec à être organisé au niveau interne selon des structures démocratiques. Son fonctionnement comporte entre autres des assemblées générales des membres, un conseil d'administration et divers comités.

Présidents du conseil d’administration :

  • Pierre DesMarais, 1951-1955
  • Antoine Desmarais, 1955-1956
  • Ruben Lévesque, 1956-1959
  • Pierre DesMarais, 1960-1962
  • Gaston P. Marchand, 1962-vers 1964
  • Frédéric Lapointe, 2011 à 2017
  • Rodolphe Parent, 2017 à 2019

Secrétaire-trésorier :

  • J.-Z.-Léon Patenaude, 1951-vers 1964

Prix et récipiendaires[modifier | modifier le code]

La Ligue décerne des prix à chaque année pour souligner le travail pour la transparence et contre la corruption au Québec.

Prix Prix Personnalité de l’ombre Prix Personnalité publique Prix Personnalité élue À titre posthume
Récipiendaire Récipiendaire Récipiendaire Récipiendaire
Année Description Description Description Description
2017 Johanne Elsener Fédération professionnelle des journalistes du Québec Julien Feldman, commissaire scolaire

Agostino Cannavino commissaire scolaire

Sylvie Roy, ex-députée
Pour son travail dans la sauvegarde des référendums municipaux et plus généralement pour souligner le rôle des conseils de quartier à la ville de Québec. Pour son travail favorisant la transparence et l'accès à l'information, notamment au niveau municipal Pour leur vigilance face à la mauvaise gestion à la commission scolaire anglophone de Montréal (ESBM). Pour avoir été la première à réclamer la tenue d'une commission d'enquête sur l'industrie de la construction ().
2016 Francois Beaudry, ingénieur Jacques Bergeron, ex vérificateur général de Montréal Xavier-Antoine Lalande, conseiller municipal de Saint-Colomban
Pour avoir dénoncé très tôt les agissements du MTQ et pour avoir participé à l'avènement de la commission Charbonneau. Sous son mandat a notamment dénoncé le scandale des compteurs d’eau et résisté à l'intimidation dont il était l'objet de la part de la ville de Montréal. Pour avoir dénoncé les abus de l'administration à Saint-Colomban et tenu bon face aux recours en Commission municipale du Québec dirigés à son encontre.
2015 Sylvie Therrien, fonctionnaire fédéral André Beslile, environnementaliste (AQLPA) Maxime Pednaud-Jobin, maire de Gatineau
Pour avoir signalé la gestion inacceptable du programme de l’assurance emploi. Pour son travail ayant mené à l'adoption de la Loi contre les poursuites baillons. Pour le travail collégial qu’il a amené à la ville et la transparence de cette dernière sous son mandat.
2014 Geneviève Baril, conseillère stratégique à l'INM Jacques Duchesneau, ex-directeur de l'Unité anti-collusion Richard Bergeron, conseiller municipal (Montréal)
Pour son travail dans l'encouragement de la participation des femmes à la politique et la participation citoyenne. Pour le travail d'enquête révélant l'ampleur de la collusion dans l'industrie de la construction ainsi que l'infiltration du crime organisé. Pour la création d'un parti axé sur des politiques claires et des pratiques intègres, émulé ailleurs au Québec.
2013 Sylvie Boyer, Saint-Rémi-de-Napierville Me Louis Masson, ex-bâtonnier Peter Trent, maire de Westmount
Pour avoir été la première citoyenne à se prévaloir de la Loi sur l'inhabilité temporaire de siéger des élus accusés en vertu du code criminel. Pour avoir tenu tête à la volonté gouvernementale de limiter les pouvoirs de la Commission d'enquête sur l'industrie de la construction. Pour avoir contribué à la réflexion sur la gouvernance montréalaise et avoir eu le courage de dénoncer le maire de Laval.
2012 Paul Sauvé, entrepreneur Alain Gravel, journaliste Sylvie Tardif, conseillère municipale (Trois-Rivières)
Un des premiers entrepreneur à dénoncer publiquement l'infiltration des Hell's Angels dans l'industrie de la construction. Pour le travail de l'émission Enquête dans la sensibilisation du public face aux problèmes de corruption dans l'octroi des contrats publics. Leader du groupe des sept conseillers municipaux indépendants œuvrant pour une meilleure gouvernance à Trois-Rivières.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • J.-Z.-Léon Patenaude, Le vrai visage de Jean Drapeau, Montréal, Éditions du Jour, .
  • Adhémar Raynault, Témoin d'une époque, Montréal, Éditions du Jour, , 237 p.
  • Alain Stanké et Jean-Louis Morgan, Pax, lutte à finir avec la pègre, Montréal, Éditions La Presse, , 251 p.
  • Marcel Adam, La démocratie à Montréal ou le vaisseau dort, Montréal, Éditions du Jour, , 268 p.
  • Susan Purcell et Brian McKenna, Jean Drapeau, Montréal, Stanké, , 372 p. (ISBN 2-76040105-7).
  • Paul-André Linteau, Histoire de Montréal depuis la Confédération, Montréal, Les Éditions Boréal, , 613 p. (ISBN 2-89052-441-8).

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Bibliothèque et Archives nationales du Québec, « Bibliothèque et Archives nationales du Québec - Fonds Ligue d'action civique (CLG51) » (consulté le )
  2. « Probité des élus à Montréal: des péquistes veulent une commission d'enquête | Denis Lessard | Grand Montréal », La Presse,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. « Conseil général du PLQ: tout débat sur une commission d'enquête est écarté », sur Le Devoir (consulté le )
  4. Zone Politique - ICI.Radio-Canada.ca, « Nouvelle ligue d'action civique pour lutter contre la corruption », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
  5. « Accueil », sur Ligue d'action civique (consulté le )