L'Entrepôt (Paris)

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L'Entrepôt
Lieu Paris 14e
Inauguration mai 1975
Nb. de salles 3
Réseau Art et Essai
Anciens noms Olympic-Entrepôt
Direction Charles Gillibert et Stéphane Magnan
Direction artistique Priscilla Gessati[1]

Carte

L'Entrepôt, anciennement Olympic-Entrepôt, est un complexe de salles de cinéma français, abritant un restaurant, une salle de concert et une galerie d'exposition, situé à Paris 14e, ouvert depuis .

Histoire du lieu[modifier | modifier le code]

Les années Frédéric Mitterrand (1975-1986)[modifier | modifier le code]

En , Frédéric Mitterrand, exploitant depuis 1971 la salle de cinéma Olympic située rue Boyer-Barret[2], décide de reprendre l'ancienne imprimerie Bessand[3] devenue un entrepôt de textile située 7-9 rue Francis-de-Pressensé pour en faire un centre culturel consacré au cinéma indépendant, mais pas seulement[4]. Alors inconnu, David Rochline y monte dans la foulée son premier spectacle[5], et s'ensuivent un défilé de mode du couturier Issey Miyake et le lancement du magazine Façade[6], et de nombreux événements. Durant les premières années, les films programmés permettent de découvrir entre autres le travail de Marguerite Duras, Yasujirō Ozu, Werner Schroeter[7], Philippe Mora, Rainer Werner Fassbinder (), le cinéma New Wave (), le cinéma égyptien, Ulrike Ottinger (). Une galerie d'art est inaugurée, « L'Éléphant rose », accueillant par exemple en les travaux de Frank Arnal, intitulés Documents épars sur une histoire du mouvement homosexuel à Paris, 1968 - 1978, participant activement à la fondation d'une reconnaissance des cultures LGBT en France ; plus tard, la revue Masques y organise des rencontres-projections[8]. La librairie Atmosphère s'y installe, consacrée aux ouvrages de cinéma. L'Olympic-Entrepôt accueille aussi le prix Jean-Epstein[9] du meilleur livre de cinéma de 1975 à 1978, et les quatre premiers Festival international de l'avant-garde jusqu'en 1986, année durant laquelle Frédéric Mitterrand cesse ses activités d'exploitant de salles pour cause de faillite.

Carole Roussopoulos (1986-1994)[modifier | modifier le code]

Repris par la documentariste Suisse Carole Roussopoulos, L'Entrepôt devient à partir de la deuxième partie des années 1980, un lieu consacré aux expériences audiovisuelles, permettant aux publics de rencontrer par exemple Delphine Seyrig ou Jean-Luc Godard et de voir des créations élaborées à partir de différents formats vidéo ici projetés dans de bonne conditions, constituant une sorte de laboratoire expérimental ouvert à des objets d'étude encore peu visibles comme la violences faites aux femmes, le viol conjugal, le combat des lesbiennes, l'excision, les études sur le genre. En , les Cahiers du cinéma y fête leur 400e numéro[10]. Carole Roussopoulos décide de repartir vivre en Suisse en 1994[11].

Années 1995 à 2017[modifier | modifier le code]

L'espace est repris par Patrick Compte qui en poursuit l'activité historique. Il parvient à acquérir un nouvel espace, une grande terrasse en fond de cour permettant de doubler la surface du lieu. En 1997, L'Entrepôt accueille le festival Chéries-Chéris[12].

En 2002, un ancien directeur du groupe Accor, par ailleurs photographe, Philippe Brizon[13], devient le nouveau propriétaire du lieu[14],[15]. Il fait construire la grande verrière abritant le restaurant, un nouvel espace consacré à des expositions d'arts plastiques et fait équiper les trois salles de cinéma en 2011 d'un système de projection numérique. De nombreuses avant-premières permettent de découvrir entre autres le travail de Zoulikha Tahar[16], Šarūnas Bartas[17], Christophe Otzenberger, Soazig Daniellou[18]. En 2013, le lieu s'associe à la 8e édition du Festival de l'Europe autour de l'Europe[19]. En 2015, L'Entrepôt annonce un chiffre d'affaires de près de 800 000 euros[15].

Depuis 2018[modifier | modifier le code]

En , le lieu est repris par le producteur Charles Gillibert et le galeriste et entrepreneur Stéphane Magnan[15],[20]. L'Entrepôt accueille pour son restaurant le collectif Fulgurances (Sophie Cornibert, Rebecca Asthalter et Hugo Hivernat)[21], rénove la salle de concert et de conférences, et organise de nombreuses avant-premières de films, des rencontres autour d'ouvrages, des festivals : « L'Entrepôt se positionne aujourd'hui comme un nouvel espace agitateur d’idées, dédié à la création et conscient des enjeux cinématographiques et sociaux de notre temps »[10].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Portrait exploitante : Priscilla Gessati, sur Boxofficepro.fr, 5 mai 2019.
  2. (en) Simon Liberati, « Frédéric Mitterrand Olympic Cinema 1971 », in: Purple, 28, — en ligne.
  3. Annonce Maison Bessand, La Publicité, Paris, , p. 393 — sur Gallica.
  4. [vidéo] « 1981, Frédéric Mitterrand exploitant de cinéma et jeune cinéaste », reportage de Serge Richez, Antenne 2, archives INA.
  5. « L'artiste David Rochline est décédé le à l'âge de 64 ans » par Lucie Agache, dans Connaissance des arts, .
  6. Benoît Sabatier, Nous sommes jeunes, nous sommes fiers, Fayard, 2013, chap. 1extrait en ligne.
  7. Jacques Siclier, « Les surprises de l'Olympic-Entrepôt », Le Monde, — sur Gallica.
  8. Yves Roussel, « Le Mouvement homosexuel français face aux stratégies identitaires» , in: Les Temps modernes, 582, , pp.  85-108.
  9. Prix Jean-Esptein, Bibliographie de la France, Cercle de la Librairie, , p. 143 — sur Gallica.
  10. a et b « L'Entrepôt : des films indés et de la food inventive en plein cœur de Paris », sur Cgcinema.eu.
  11. Hélène Fleckinger, « Une révolution du regard. Entretien avec Carole Roussopoulos, réalisatrice féministe », in: Nouvelles Questions féministes, 2009/1 (vol. 28), pp. 98-118 — sur Cairn.info.
  12. « Nathalie Magnan (1956-2016) », sur Le Beau Vice, blog d'Elisabeth Lebovici, (consulté le ).
  13. « Philippe Brizon, directeur au bureau des présidents d'Accor », Les Échos, .
  14. « Philippe Brizon - Des grandes entreprises à la tête d'une structure culturelle », entretien avec Kaizen-magazine.com, .
  15. a b et c Céline Carez, « Paris : l’Entrepôt a été vendu », Le Parisien, .
  16. La rue, « Toute Fine & Sam Mb - La Rue. (Court Métrage) », (consulté le )
  17. Serge Kaganski, « La cité de la joie », Les Inrockuptibles, , pp. 40-41.
  18. Sortie du film Lann Vraz au cinéma L'Entrepôt à Paris, Cinéma L'entrepôt, .
  19. (en) « « L’Europe autour de l’Europe » at the heart of Paris », sur Cineuropa - the best of european cinema (consulté le ).
  20. Jean-Charles, Cinéma L'Entrepôt à Paris, Salles-de-cinema.com, .
  21. Marie Aline, « Resto : Fulgurances, touchantes retrouvailles », Le Monde, .

Liens externes[modifier | modifier le code]