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Jean L'Herminier

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Jean L'Herminier
Jean L'Herminier

Naissance
Fort-de-France, Martinique
Décès (à 51 ans)
16e arrondissement de Paris
Origine Français
Allégeance Drapeau de la France État français
Drapeau de la France Forces françaises combattantes
Arme  Marine nationale
Grade 1940 capitaine de corvette
1943 capitaine de frégate
1945 capitaine de vaisseau
Années de service 19211953
Conflits Seconde Guerre mondiale
Faits d'armes Sauve son sous-marin du Sabordage de la Flotte française à Toulon et participe, entre autres, à la libération de la Corse.
Distinctions 1932 Chevalier de la Légion d'Honneur[1]

1952 Grand-croix de la Légion d’honneur

Hommages Commandant L'Herminier
Rue du Commandant-L'Herminier
corniche l'Herminier
Famille Jeanne L'Herminier

Jean L'Herminier, né le à Fort-de-France, mort le à Paris, est un officier de marine français, connu pour avoir commandé le sous-marin Casabianca lors de son évasion de Toulon pendant le sabordage de la flotte française et pour les missions vers la Corse et son action lors du débarquement des troupes à Ajaccio.

Famille et formation

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Jean L'Herminier nait le 25 janvier 1902 à Fort-de-France de Ferdinand et de Jeanne née Périer d'Hauterive. Il a une sœur ainée Marthe. Lors de l'éruption de la montagne Pelée leur père, médecin colonial, envoie en France son épouse et ses deux enfants et part pour Saint-Pierre pour porter secours. La famille se déplace ensuite en Afrique et en Nouvelle-Calédonie où sa deuxième sœur, Jeanne L'Herminier, naitra le 15 octobre 1907. C'est aussi à Nouméa que sa mère meurt à 28 ans d'une embolie quelques jours après la naissance de Jeanne. Le docteur l'Herminier rentre en France avec ses enfants et le corps de son épouse. Après les funérailles il confie Jeanne à la sœur ainée de son épouse et Jean et Marthe à la deuxième sœur dont le mari enseigne à l'École navale et habite au bord de l'Élorn. Les trois enfants se retrouveront là pour les vacances. Le docteur repart pour l'Éthiopie où il passe trois ans[2].

Il fait ses études au Collège Stanislas de Paris puis au collège Saint-Charles de Saint-Brieuc. Sa sœur Marthe meurt le 23 mars 1918 des suites de la typhoïde. Trop sûr de lui, il rate le concours d'entrée à l'école navale et doit faire une année supplémentaire au lycée Saint-Louis. En fin d'année scolaire il réussit son concours d'entrée à Navale bien qu'il ait souffert des oreillons lors de l'épreuve écrite[3].

Il entre à l’École navale en 1921, en sort au treizième rang et embarque sur la Jeanne d'Arc pour la croisière d'application. Son classement pâtit de son caractère fantaisiste et d'écarts de conduite et il sort dix-septième ce qui le prive de la possibilité de choisir son embarquement. Il ne peut choisir que Toulon ou il est désigné pour le cuirassé Provence[4].

En avril 1925, vingt cinq enseignes de vaisseau de 2e classe (couramment appelés "midships") dont L'Herminier embarquent sur le Jules Michelet juste réarmé pour être le navire amiral des forces navales en Extrême-Orient. Jean est affecté au "service électricité" de ce navire ancien, à l'installation électrique dépassée (il dit : "l'électricité, c'est bien simple : le courant part du plus pour arriver au moins. C'est vrai partout, sauf sur Le Michelet où le courant part du plus pour se perdre dans la nature").

Son poste de combat est celui de chef de la tourelle double de 190 mm avant. À l'arrivée à Saïgon, alors qu'il est parvenu à ce que la tourelle fonctionne à peu près bien, il est désigné pour remplacer le second de la compagnie de débarquement qui, malade, rentre en France. Pendant l'escale de Shanghai il commande un détachement de quatre vingts marins détachés à Hankou, sur le vapeur Tse Tha. Le Michelet fait escale à Qingdao, en même temps que huit sous-marins américains de type S. L'Herminier est invité à bord de l'un d'eux pour des sorties avec plongées et exercices d'attaque. En février 1927 il quitte Le Michelet et rentre en France comme passager sur le paquebot Athos II[5].

Entre l'attrait ressenti pour les sous-marins américains et la crainte que son passage comme officier d'une compagnie de débarquement ne le fasse désigner pour l'école des officiers fusiliers (il a toujours détesté la marche à pied) il demande à suivre l'école de navigation sous-marine, où il est admis pour le cours de l'hiver 1927-1928. À la sortie du cours, il est demandé par le commandant Benech du Souffleur (qu'il surnomme rapidement "Chou fleur"). En janvier 1929, Le Souffleur est immobilisé à la suite d'une avarie et L'Herminier est débarqué. Pour éviter à nouveau les fusiliers marins, il demande à suivre le cours d'officier torpilleur (et d'électricité) ce qui est fait entre mai et novembre 1929. Faute de sous-marin disponible à sa sortie du cours, il demande son affectation au Foudroyant, torpilleur en cours d'achèvement à Bordeaux. En octobre, avant même la fin de la mise au point L'Herminier est désigné pour le "centre d'études de torpilles d'aviation" nouvellement créé à Saint-Raphaël. Avec ses protestations et celles de son commandant, il obtient un délai jusqu'à la fin de l'année[6].

De Saint-Raphaël, il est rapidement déplacé vers la base d'hydravions de Berre ou il veille la préparation et à la fourniture de torpilles à deux escadrilles de Farman F.168[7].

En septembre 1931, il est nommé officier en second du sous-marin de 1 500 tonnes Persée (qu'il surnomme "la Passoire") en cours d'achèvement au chantier de Blainville.

Le , lors d'essais à pleine puissance les vapeurs d'huile des carters des diesels explosent au contact de deux engrenages en acier et bronze échauffés anormalement. Deux hommes sont tués sur le coup et une quarantaine d'autres sont blessés dont L'Herminier[8]. Sa conduite après l'accident lui vaut la Légion d’Honneur[9]. En novembre 1933 Le Persée, réparé, réussit son essai à pleine puissance[8].

En 1934, il reçoit son premier commandement, le sous-marin de 600 tonnes tout juste armé, l'Orphée. Il est désigné à l'automne 1936 pour commander le sous-marin de 1 200 tonnes Morse (qui devient pour lui le "Morse sans phrase") en fin de refonte complète à Saint-Nazaire, bientôt ensuite basé à Bizerte. Pendant ce commandement, il se présente au concours de l'école de guerre. Si l'écrit est bon il doit faire un exposé oral dont le thème est Étienne Eustache Bruix, sujet sur lequel il n'a que quelques notions. Après avoir délayé ses connaissances et se rendant compte de l'impasse, il saborde son épreuve d'une phrase : "En somme, beaucoup de Bruix pour rien !" Il n'est évidemment pas reçu[10].

Après deux commandements de sous-marins, l'habitude est alors de faire revenir les officiers sur un bâtiment de surface. En septembre 1938, il est nommé sur le croiseur Montcalm comme officier de manœuvre[11].

Début de la Seconde Guerre mondiale

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À bord du croiseur de 7 600 tonnes Montcalm, en , Jean L'Herminier participe à l’évacuation de Namsos, en Norvège.

Le 4 juillet 1940 Le Montcalm est à Alger avec d'autres croiseurs alors que les anglais arrivent devant Mers el-Kébir. Croiseurs et contre-torpilleurs foncent à la rescousse ; un ordre les envoie vers Toulon[12]. Trois croiseurs, dont Le Montcalm, sont envoyés à Dakar rejoindre le Cuirassé Richelieu torpillé le 8 juillet pour contrer une probable attaque anglaise. Seuls deux croiseurs le Georges Leygues et le Montcalm rejoignent Dakar.

Entre le 23 et le 25 septembre 1940, il participe à la bataille de Dakar contre l'opération "Menace" menée par les Britanniques et les Français libres. Le Richelieu endommagé, combat au mouillage ce qui empêche toute sortie en force de l'escadre (la flotte anglaise étant nettement plus puissante). Les croiseurs restent donc dans la rade de Dakar navigant dans tous les sens en variant la vitesse pour dérégler le tir anglais, les bateaux étant parfois encadrés par les énormes gerbes des obus de 380 mm. La rade de Dakar y gagne d'être surnommée le "ratodrome" par L'Herminier. Le salut vient après trois jours, quand le Bévéziers se glisse hors du port et place quatre torpilles dans le cuirassé HMS Resolution qui est gravement endommagé ce qui contraint les anglais à se retirer.

L'Herminier, hospitalisé à Philadelphie en 1945, commençait parfois le récit de "sa" guerre que lui demandaient ses visiteurs américains, par le récit des combats de Dakar en expliquant à sa sœur, scandalisée par ce manque de tact : "il faut leur expliquer que, quelle que soit la sympathie que l'on a pour quelqu'un, on ne la lui manifestera pas s'il s'annonce en vous tapant dessus"[13]. Il expliquait aussi : "l'ennemi est celui qui est à l'autre bout des trajectoires" (des obus)[14]. Arrivé au terme de ses deux années d'embarquement il aurait dû être affecté soit en France soit en Afrique du Nord. Apprenant le retour en France pour raison médicale du commandant du sous-marin de 1 500 tonnes Sidi-Ferruch il se bat pour expliquer que la désignation d'un officier déjà sur place est logique. Il a gain de cause et en novembre 1940, il prend le commandement du Sidi-Ferruch (qu'il surnomme : "le Farouche")[15].

À Dakar, les sous-marins se relaient pour passer la journée en plongée devant le port, en cas de nouvelle attaque. Après avoir prolongé le séjour du Sidi-Ferruch à Dakar pour remplacer le Sfax coulé en venant le relever, il rentre à Casablanca le 9 mai 1941 puis se rend à Toulon ou il est placé en gardiennage d'armistice : des pièces essentielles du bateau sont démontées et l'équipage est réduit et habillé en civil, jusqu'en mars 1942 où il passe en groupe de relève et part pour Madagascar. Les premiers symptômes de son Artérite se manifestent et il est hospitalisé. Malgré ses protestations de bonne santé, il est remplacé à son commandement par le capitaine de corvette Laroze commandant du Casabianca encore en gardiennage d'armistice pour quelques mois ce qui laisse le temps à L'Herminier de se rétablir.

Commandant du Casabianca

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Rétabli, il est désigné commandant du Casabianca, un autre 1 500 tonnes, basé à Toulon.

Le , lorsque les troupes allemandes font irruption dans le port de Toulon, Le Casabianca est « de relève », donc disponible au personnel et au matériel, contrairement aux unités « en gardiennage d'armistice ». Les bâtiments de combat de surface qui chauffent au mazout sont « bas les feux » et ne sont pas en mesure d'appareiller immédiatement : ils seront l'objet de l'opération de sabordage de la flotte menée pour ne pas les livrer intacts à l'occupant allemand.

En revanche, les sous-marins, propulsés par des moteurs électriques et Diesel, peuvent appareiller pratiquement sans délai aux moteurs électriques. Plusieurs commandants de sous-marins opérationnels s'entendent pour appareiller à la première alerte. Le Casabianca, est accosté en face de la sortie de la darse du Morillon, ses amarres, lestées pour couler aussitôt, sont passées dans des crocs de remorquage ce qui permet de les larguer instantanément sans risquer de marins sur le pont ; un vieux chaland a été interposé entre l'appontement et le sous-marin pour simplifier la manœuvre et protéger ballasts et barres de plongée. Le gyrocompas qui demande plusieurs heures de fonctionnement avant de donner des indications fiables est déjà lancé. La majeure partie de l'équipage est à bord à l'exception de quelques gradés plus âgés autorisés à coucher à terre[16].

À cinq heures du matin le quartier-maitre de garde déclenche le klaxon d'alerte : les allemands envahissent le port. Le Casabianca appareille très vite, juste devancé par le Vénus, un 600 tonnes à l'inertie bien plus faible. Le Vénus enfonce la panne[17] fermant la darse du Mourillon, y accroche une barre de plongée et s'immobilise. Le Casabianca a quand même la place de passer il vire à gauche et longe la jetée du Mourillon encore vide d'Allemands. Il est retardé par le temps nécessaire au remorqueur le Dardennes pour ouvrir le filet anti sous-marins qui le sépare de la grand rade. Il franchit encore une estacade anti-vedette juste ouverte par le remorqueur Gapeau et plonge aussitôt. Les mines magnétiques mouillées par les avions allemands explosent, vraisemblablement au contact de filets anti sous marins sans qu'aucun des sous-marins en train d'appareiller ne soit touché.

Après avoir attendu au large soit des ordres soit des ralliements, en accord avec ses officiers et son équipage qui veulent reprendre le combat avec les Alliés, il décide de faire route sur Alger le 28 novembre à 2 heures du matin. Arrivé près des côtes algériennes, dépourvu des codes de reconnaissance des Alliés, il est inquiété par un destroyer de la Royal Navy au moment où il fait surface, avant de se faire reconnaître. Sur les cinq sous-marins qui ont échappé au sabordage avec le Casabianca, deux autres, le Glorieux et le Marsouin vont continuer la lutte au côté des Alliés. Le Vénus, quant à lui, a été sabordé en eau profonde[16].

C'est à cette époque que sa sœur Jeanne L'Herminier entre dans la Résistance[18].

La libération de la Corse

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À Alger, le Casabianca est affecté aux Services spéciaux de la Défense nationale. Il est placé en appui de l'Opération Pearl Harbour, chargée de coordonner les premiers réseaux de résistance en Corse en vue d'un débarquement de troupes françaises. Il assure le soutien logistique permanent de ses quatre premiers agents (Toussaint et Pierre Griffi, Laurent Preziosi et Roger de Saule), notamment le ravitaillement des maquis en armes, puis du commandant Paulin Colonna d'Istria, chargé de la coordination militaire de la résistance pour le débarquement des forces spéciales.

Jean L'Herminier est ainsi l'un des grands artisans de la libération de la Corse. Le , il débarque les premiers soldats français, 109 hommes du bataillon de Choc, à Ajaccio, première ville libérée de France métropolitaine. La libération de la Corse s'achève le par la libération de Bastia.

L'après-guerre

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Promu capitaine de frégate en , Jean L'Herminier, qui a refusé, malgré la grave thrombose dont il était atteint, de débarquer avant la libération de la Corse, doit alors subir l'amputation des deux jambes. Capitaine de vaisseau en , soigné aux États-Unis d' à , il reste maintenu en activité à titre exceptionnel et représente la Marine au Comité d'administration de l'Office national des anciens combattants (ONAC).

Jean L'Herminier a écrit deux livres de souvenirs : Casabianca et Entre ciel et mer.

Il meurt à Paris le , âgé de seulement de 51 ans. Il est inhumé à Paris dans le cimetière des Batignolles (17e division).

Décorations

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Notes et références

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  1. « Casabianca », sur babelio (consulté le )
  2. Blanchard 1966, p. 49-59.
  3. Blanchard 1966, p. 67-75.
  4. Blanchard 1966, p. 78-96.
  5. Blanchard 1966, p. 97-120.
  6. Blanchard 1966, p. 121-134.
  7. L'Herminier 1952, p. 61-85.
  8. a et b L'Herminier 1952, p. 101-123.
  9. Blanchard 1966, p. 147.
  10. Blanchard 1966, p. 164-183.
  11. Blanchard 1966, p. 183-194.
  12. Blanchard 1966, p. 195-205.
  13. Blanchard 1966, p. 258.
  14. Blanchard 1966, p. 199.
  15. Blanchard 1966, p. 199-209.
  16. a et b Noguères, Le suicide de la flotte française à Toulon, 1966, p. 146-164
  17. Barrage constitué de madriers relies par des câbles et de filets
  18. Sa sœur, Jeanne L'Herminier, entre dans la résistance peu après le sabordage de la flotte. Déportée, elle a esquissé les silhouettes de ses compagnes, dont la nièce du général de Gaulle ou la sœur de Juliette Gréco. Cette collection de dessins réalisée dans l’univers concentrationnaire est aujourd'hui conservée au musée de la Résistance et de la Déportation de la citadelle de Besançon.
  19. Décret du 28 octobre 1952.
  20. « L'Herminier Jean », sur Mémorial des officiers de Marine, (consulté le )
  21. « L'Herminier Jean » [jpg], sur Leonore (consulté le )
  22. Arrêté du maire de la ville de Roanne, « Doc » [PDF]

Bibliographie

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  • Isabelle de Saizieu, Jean l'Herminier; Une vie de combats, , 240 p. (ISBN 978-2-9564880-2-6, présentation en ligne)
  • Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Paris, Editions maritimes & d'outre-mer, , 357 p. (OCLC 8930112).
  • Jean L'Herminier, Casabianca, Paris, France Empire, 1992 (1ère édition 1949), 256 p. (ISBN 978-2704807048).
  • Jean L'Herminier, Entre ciel et mer, Paris, France Empire, , 286 p..
  • Jean Blanchard, Jean L'Herminier, Paris, Éditions France-Empire, , 318 p..
  • Jean-Jacques Antier, L'aventure héroïque des sous-marins français 1939-1945, Embruns de l'histoire, , 358 p. (ISBN 978-2707000682).
  • Jean-Jacques Antier, Les combattants de la guerre sous-marine 1939-1945, Genève, Versoix, , 256 p..

Articles connexes

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Liens externes

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