Jean-Baptiste-Etienne-Constant Hulot d'Osery

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Jean-Baptiste-Etienne-Constant Hulot d'Osery
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Titres de noblesse
Comte d'Osery
Biographie
Naissance

Demouville (Calvados)
Décès
(à 57 ans)
Château de Soucinia, à Cheverny
Nationalité
Français
Période d'activité
1839 - juin 1878
Famille
Autres informations
Grade militaire
Contre-amiral
Conflit

Guerre Franco-Tahitienne

Révolution indépendantiste sicilienne de 1848

Guerre de Crimée

Seconde guerre de l'Opium

Campagne de Cochinchine

Intervention française au Mexique

Guerre Franco-Prussienne

Expédition en Corée
Distinction
Commandeur de la Légion d'Honneur

Jean-Baptiste-Étienne-Constant Hulot d'Osery est comte d'Osery, contre-amiral et commandeur de la Légion d'Honneur.

Il est né le 19 août 1821 à Demouville (Calvados)[1], et est mort le 22 août 1878 à Cheverny, âgé de 57 ans[2].

Famille[modifier | modifier le code]

Jean fait partie de la famille Hulot d'origine ardennaise qui se distingue sous l'Empire. Son père est Étienne Hélène Constant Hulot d'Osery, et sa mère est Eugénie de Moracin. Son frère, Victor Eugène Hulot (1819-1846), est mort assassiné au Pérou par des indigènes.

Jean se marie avec Caroline Basta (1830-1898), mais reste sans descendance.

Carrière militaire.[modifier | modifier le code]

Première Campagne[modifier | modifier le code]

Après s'être engagé en 1839, il participe à sa première campagne à bord du navire L'Uranie. La nature de cette campagne est inconnue, mais celle-ci se déroule dans l'Atlantique et l'Océan Indien. Le navire poursuit son voyage et passe par les Canaries, Rio-de-Janeiro, Madagascar, et Sainte-Hélène.

Après son retour, Jean envoie un grand nombre de lettres à sa famille afin de décrire au mieux ce qu'il a vu et vécu.

Peu de temps après, il est désigné pour une campagne à Taïti (aujourd'hui Tahiti)[3].

Voyage au Brésil[modifier | modifier le code]

Il rejoint le Phaëton en tant qu'officier à Toulon, où il commence d'abord à travailler dans les machines. Fin mai 1843, le navire part pour une mission qui doit durer 4 ans. En juillet 1843, Jean retrouve son frère ainé, Eugène, à Rio-de-Janeiro. Celui-ci est chargé d'une mission scientifique en Amérique du Sud. Le Phaëton doit partir aux Îles Marquises et aux Îles de la Société, forçant ainsi les frères à se séparer. La tristesse de Jean est retranscrite dans une lettre adressée à sa famille : « Nous l'avons passée ensemble, nous nous sommes embrassés le cœur serré, car nous allions, chacun de notre côté, entreprendre un voyage long et périlleux. Nous nous sommes quittés, en nous donnant l'espoir de nous rencontrer dans dix-huit mois au Chili ou au Pérou, espérance malheureusement bien incertaine[3] ».

Voyage aux Îles Marquises et aux Îles de la Société (Campagne d'Océanie)[modifier | modifier le code]

Fin octobre 1846, plus de trois ans après leur séparation, Eugène a rejoint le Pérou, mais y est tué par des indigènes. Jean n'apprend cet événement que six mois plus tard, quand son navire et lui rentrent en France. Après le départ du Phaëton, le voyage aux Îles doit se faire par un passage du détroit de Magellan. Cela représente un danger, d'autant plus que Le Phaëton est le premier navire à vapeur français à passer par cette voie pour rejoindre l'océan Pacifique.

Pour Jean, c’est surtout le moment de se distinguer et d'être décoré : « On peut donc gagner la croix dans ce pays-là! Il suffit d'y arriver à temps ! ».

En arrivant au détroit de Magellan, sans encombre, ils se dirigent à la destination prévue, mais font une pause, où ils rencontrent des Patagons, que Jean décrit ainsi : « Ils étaient campés, dit-il, dans une vallée bien abritée; ils étaient, en général, grands et bien faits; leur taille approchait certainement six pieds. Leur peau avait la couleur du cuivre mal récuré, leurs cheveux étaient longs et souples, leurs traits réguliers. Ils semblaient nous voir avec une médiocre curiosité, ne montraient ni défiance ni sentiments hostiles[3]. »

Arrivée aux Îles[modifier | modifier le code]

Le navire arrive aux Marquises le 2 janvier 1846, et aborde Tahiti le 9. Cependant, la situation est très difficile: les Français viennent de coloniser les Îles de la Société et ont déchu la Reine Pomaré. Ainsi, les indigènes forment des groupes hostiles envers les colons. Le but du Phaëton est de les disperser. Lors d'un face-à-face avec des insurgés, le combat de Tapuna éclate, et, le 12 avril 1846, Jean est gravement blessé à la tête lors d'une fusillade par des indigènes cachés dans une tranchée.

Le groupe doit se retirer. Le comportement de Jean est reconnu et la Croix lui est demandée, appuyé par l'amiral Bruat. C'est ainsi qu'il est nommé Chevalier de la Légion d'Honneur. La Reine Pomaré se soumettant, la Campagne d'Océanie se termine, et Jean rentre en France où il apprend la mort de son frère[3].

Mission d'observation en Italie[modifier | modifier le code]

Après ce voyage en Océanie, Jean monte sur le Friedland, à Toulon, en mars 1848. Après la révolution de février, il est prévu que l'Italie subisse elle aussi un contre-coup, justifiant une mission d'observation. Après un séjour à la Spezzia, le Friedland se dirigea vers Naples lors de l'insurrection du mois de mai. Le navire accoste ensuite à Palerme lors de la seconde insurrection sicilienne de 1849. Après ces événements, le Friedland se dirige vers Smyrne (aujourd'hui Izmir), en Turquie, puis retourne à Toulon en novembre 1851, Jean ayant gagné le grade de Lieutenant de Vaisseau[3].

Guerre de Crimée et expédition aux Pays baltiques[modifier | modifier le code]

En 1854, à bord du Christophe Colomb, Jean s’ennuie car le rôle de son navire lors de la guerre de Crimée est simplement de transporter des troupes à Gallipoli. C'est pour cela qu'en juillet 1854, il est désigné pour une expédition vers les pays baltiques, au commandement de la Reine-Hortense.

Il s’attache aux paysages de cette région, comme il le retranscrit dans une lettre : « De Waxham à Stockolm, on parcourt 15 miles dans un dédale d'îlots verdoyants. On se croirait dans un beau parc où les allées seraient des canaux. Des arbres, des mouvements de terrain, de jolies maisons de campagne aux toits rouges, avec des massifs de fleurs sous vitrines, et même çà et là de belles forteresses, rien n'y manque ». Peu après, son équipage et lui accostent aux Îles Aland, et prennent la forteresse de Bomarsund. Cela lui vaut d'être recommandé pour devenir Officier de la Légion d'Honneur (août et octobre 1854). À la suite de cela il retourne en France, à Cherbourg, où il envie ses camarades combattant à Sébastopol.

Ainsi, le Reine-Hortense est envoyé en Crimée, et passe par Kamiesch, où le fait de voir ses camarades se battre sur terre ne le fait que les envier plus. Il est appelé à Sébastopol au commandement de L’Alarme. Le navire étant équipé de quatre canons de Calibre 50, il est destiné à aider les troupes au sol. Le navire combat à Kertch, puis dans la mer d'Azov, puis en octobre 1855, devant Kinburn, à l'embouchure du Dniéper. L'escadre dont elle fait partie s'empare du fort construit sur la presqu'île. C'est ainsi que la Guerre de Crimée se termine pour le Reine-Hortense[3].

Seconde Guerre de l'opium (et Japon)[modifier | modifier le code]

Au mois de juillet 1857, Jean est appelé à commander Le Prégent, et part pour les mers de Chine. Cette campagne doit durer 4 ans. Il accoste d'abord en Espagne, puis à Gorée, au cap de Bonne-Espérance, aux îles Bourbon et Maurice, et à Pondichéry. Il décrit cette dernière ville ainsi : « Pondichéry se caractérise par trois négations : — fontaines sans eau, glacières sans glace, hôtel des monnaies sans monnaie. Un grand nombre de domestiques sont parias et les autres sont musulmans. Ils ne peuvent pas changer l'assiette dans laquelle on a mangé du porc; [...] Les uns et les autres vont soigneusement se purifier après les repas des souillures qu'ils ont contractées au contact des impurs Européens ».

Puis, Le Prégent passe par Singapour, avant d'arriver à Shang-Haï (Shanghai). Trois jours plus tard, il rejoint Peï-Ho et la flotte de l'amiral Rigault de Genouilly. Il s'ensuit un combat à Tien-Tsin le 10 mai 1858, qui se conclut par une victoire française et la signature du traité de Tianjin.

Le Prégent se dirige ensuite au Sud, vers la muraille de Chine, avant de repartir pour le Japon. Après des pourparlers de quelques jours seulement à Simoda, le Baron Gros, envoyé diplomatique qui était à bord du Prégent, arrive à faire signer par le Japon, le 8 octobre 1858, un traité ouvrant le pays au commerce français[3].

Expédition en territoire Annamite[modifier | modifier le code]

Après l'escale au Japon, Jean et son navire reçoivent l'ordre de sauver des prêtres catholiques qui subissent des persécutions à Tonquin. Mais le Tonquin fait partie de l'Empire d'Annam, forçant le navire à s'aventurer en territoire ennemi. Le Régent revient à Tourane (Đà Nẵng), puis en février 1859, à Saïgon (Hô Chi Minh-Ville), l'amiral Rigault de Genouilly lui confie le commandement de L'avalanche, puis, l'équipage attaque les forts bloquant l'embouchure de la rivière. Après un siège de plusieurs jours, les navires français peuvent enfin amarrer à Saïgon.

Pour ses actions lors de ces évènements, et grâce au soutien de l'amiral, il est promu officier de la Légion d'Honneur le 20 avril 1859[3].

Retour en Chine, puis en Cochinchine[modifier | modifier le code]

La Chine ayant rompu le traité de Tianjin, une seconde mission chinoise est décidé. L'avalanche se dirige vers Hong-Kong, Canton (Guangzhou) et Tche-fow.

Pour avoir aidé au débarquement de soldats, il est promu Capitaine de Frégate. Il est appelé en Cochinchine, où l'amiral Page poursuit la conquête commencée l'année précédente. La flotte française, rejointe par L'Avalanche, remonte la rivière de Saïgon, cette fois au-dessus de la ville, pour couper la retraite à l'ennemi, débusqué des forts de Kin-hoa. Plusieurs engagements victorieux viennent à bout des batteries annamites établies dans cette partie du fleuve. Cette dernière mission assure à la France la possession de la Cochinchine; elle marque la fin de la première campagne de Jean d’Osery dans l'extrême Orient[3].

Campagne du Mexique et retour en France[modifier | modifier le code]

En 1861, Jean quitte L'Avalanche pour la France. En novembre de la même année, il embarque sur le Montézuma, et arrive à Vera Cruz en mars 1862. À la suite de l'épidémie de Fièvre Jaune au Mexique et de la mort successive de deux de ses capitaines, Jean prend le commandement du Masséna, qui remonte jusqu'aux États-Unis, avant de revenir en France.

Là-bas, il est nommé commandant de la station de Granville pendant 16 mois. En décembre 1864, Jean repart en Extrême-Orient sous les ordres de l'amiral Roze. Il arrive en juillet 1865 à Saïgon, puis se rend à Yokohama, au Japon, pour y étudier l'histoire du pays[3].

Occupation en Corée et retour en France[modifier | modifier le code]

Deux ans plus tard, des missionnaires catholiques sont tués en Corée, justifiant une nouvelle expédition. Ainsi, en octobre 1866, l'amiral Roze et Jean se rendent avec leur flotte le long des terres de Corée.

Il débarque devant la citadelle de Kang-Hoa avec une colonne expéditionnaire et prend d'assaut un fort avec succès. Le 16 octobre, Kang-Hoa est occupé, mais le 10 novembre, il reçoit l'ordre de tout brûler et d'évacuer le pays. Après un bref retour au Japon, il rentre en France en juin 1867 et épouse Caroline Basta[3].

Commandement du Levant[modifier | modifier le code]

Fin 1869, Jean est appelé au commandement d'une station au Levant. Mais à son arrivée, la guerre franco-prussienne est déclenchée. Alors sur La Belliqueuse, il reçoit l'ordre de franchir le canal de Suez et de se rendre à Aden et en Pointe-de-Galles en direction de la Nouvelle-Calédonie.

Arrivé à Aden, Jean tombe malade et est contraint de regagner la France. En 1875, rétabli, il reprend la mer à bord de l'Alma pour un nouveau commandement au Levant. Il touche successivement à Lisbonne, Tanger, Alger, Tunis, et Tripoli, jusqu'en décembre 1876, puis Smyrne, où la situation politique se dégrade. Il reçoit l'ordre de rejoindre Constantinople pour se mettre au service de l'ambassadeur de France en Empire Ottoman.

Le 20 janvier 1877, Jean arrive à Constantinople sur le Châteaurenault. Le 25 janvier, l'ambassadeur de France, comte de Bourgoing, monte à bord. Le 7 aout 1877, Jean est promu commandeur de la Légion d'honneur pour ses services[3].

Fin de vie[modifier | modifier le code]

Il regagne la France en juin 1878, et, meurt sans descendance le 22 août 1878[3] au château de Soucinia, à Cheverny, près de Blois.

Sources[modifier | modifier le code]

  1. « Hulot d’Osery », sur Parcours de Vies dans la Royale (consulté le )
  2. Albert Révérend, Les familles titrées et anoblies au XIXe siècle : titres, anoblissements et pairies de la Restauration, 1814-1830, l'auteur H. Champion, (lire en ligne)
  3. a b c d e f g h i j k l et m [Recueil. Dossiers biographiques Boutillier du Retail. Documentation sur Jean Hulot d'Osery], E. de Soye et fils, coll. « [Recueil. Dossiers biographiques Boutillier du Retail. Coupures de presse relatives à des personnalités françaises et étrangères] », (lire en ligne)

-Le contre-amiral cte d'Osery, 1821-1878 / par le comte Charles de Mouy, 1881

-Les familles titrées et anoblies au XIXe siècle : titres, anoblissements et pairies de la Restauration, 1814-1830. Tome 4 / par le Vte A. Révérend, 1901-1906