Ise Cellier

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Ise Cellier
Ise Cellier, Noble-épine, 98 X 90 cm 2019.jpg
Biographie
Naissance
Voir et modifier les données sur Wikidata (56 ans)
AmiensVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Isabelle Cellier
Surnom
Ise Cellier
Nationalité
Activité
Autres informations
Genre artistique
Distinction
2006 : Prix « techniques nouvelles »Salon de l’Estampe Contemporaine, RUEIL-MALMAISON (92),

Ise Cellier (Isabelle Cellier) est une artiste française née à Amiens en 1967.

Du 29 juin au 22 septembre 2019, ses œuvres ont été exposées au Musée de la Piscine de Roubaix[1].

Biographie[modifier | modifier le code]

Ise Cellier est née le 12 mai , à Amiens, dans les Hauts-de-France. Fille d'un ingénieur textile, elle passe son enfance parmi des fils qu'elle tresse au gré de sa créativité naturelle. Elle assemble également des matériaux hétéroclites. Elle dessine parfois et détourne les techniques et les matériaux de leur fonction initiale[2].

Ses études à l'université de Lille, puis à Paris I, lui permettent d'obtenir en 1992 son Diplôme d'Études Approfondies. Elle obtient ensuite l'Agrégation d'arts plastiques en 1995. Elle assimile ainsi les théories esthétiques et l'histoire de l'art et pose en même temps les fondements d'une pratique totalement personnelle, où se mêlent toutes sortes de techniques différentes, du dessin au charbon et à l'encre aux voilages tendus sur des cerclages de plomb où sont imprimés des dessins cousus, en passant par la peinture à l'huile et à l'acrylique, le pastel ou encore les tissages à l'aide de matériaux divers. Ses premières œuvres sont réalisées en 1990 et se composent de jute ou de filasse[3].

L'année 2005 est marquée par la découverte de batiks africains bigarrés. Elle commence à les collectionner et à créer des œuvres où le textile devient le matériau prédominant. Elle prend le prénom d'Ise en 2007 et compose ses premiers livres d'artiste en 2008 : « Je fabrique des livres pour entrer dans de nouvelles fictions, des situations précaires où l’imaginaire prend le réel à bras le corps, et ose une victoire. Aussi, pour découvrir les images en les peignant, comme la photo dans le bain du révélateur... Ma main est funambule, seul l’instant présent est en jeu. »[4]. En 2009, elle façonne des objets textiles et des effigies qui paraissent raconter une histoire[5]. À propos de sa prédilection pour le textile, Ise écrit : « Le fil s’avère comme un médium privilégié dans mes recherches plastiques. Signe de suture, réparation, cicatrice, ligature peut-être... il fonde et rassemble mes œuvres brodées textiles fabriquées de tissus anciens, vieillis, souillés, agencés ensemble. Il permet de niveler les différences à la fois temporelles et stylistiques »[6].

En décembre 2011, après un bouleversement personnel, elle monte et ouvre des ateliers de création, dans sa maison de Tourcoing, dans le Nord, à ceux qui le souhaitent, en suivant un protocole précis[7]. C'est à cette époque que naissent ses « marottes », de grandes pièces textiles avec personnages. C'est aussi la période de ses premières expositions. Parallèlement, elle développe un travail graphique sur papiers de petits format, où s'associent l'estampe de fil, le collage, le dessin et l'aquarelle[8]. À ce sujet, Ise Cellier écrit : « La permanence réside dans l’impensable, la mémoire, l’empreinte de ce fil et non pas dans ce défilé loufoque d’identités singulières qui occupent le terrain malgré elles. Elles ne sont que de passage… »[6].

L'année 2019 marque la consécration de l'artiste avec l'exposition qui se tient au Musée de la Piscine[9], du 29 juin au 22 septembre, et dont Sylvette Botella-Gaudichon est la commissaire : cette artiste « sort la broderie du domaine de l'artisanat pour en faire une méthode d'expérimentations et un moyen d'expression où liberté et contrainte construisent un monde original. » « Héritière d'un animisme universel, Ise explore ici, avec maîtrise, l'Art magique postmoderne »[10]. Cette exposition rassemble et présente un grand nombre d'œuvres réparties en six grandes catégories : Les « estampes de fil », le « Palais de fortune », une structure textile en volume, les « Margoulettes », figures féminines fantasmagoriques, le « Salon d'amour », où les œuvres habillent des fauteuils, les « Livres approximatifs », livres d'artiste aux matériaux hétéroclites, et une catégorie sans nom, avec des figures diverses, sortes de « marottes » souvent privées de pieds. Cet univers à la fois onirique, narratif et mythique, où l'humour et l'absurde se côtoient, emprunte à la fois aux traditions anciennes (art byzantin, d'Amérique du Sud, de Russie ou d'Asie) et à l'inspiration d'œuvres occidentales aussi diverses que celles de Vittore Carpaccio, de Federico Amat, de Kiki Smith, de Line Vautrin, d'Odilon Redon ou de Guidette Carbonell, sans oublier l'univers du cirque porté par le film La Strada de Federico Fellini[11]. « Je crache un monde qui me dépasse, un monde fait de silence, un monde de personnages aux bouches hurlant, criant, chantant ce que je n’arrive à dire moi-même »[6].

L’œuvre d'Ise Cellier est théâtrale : exubérante et chamarrée, elle avertit, elle montre ce qui était enfoui, de ce verbe étymologiquement lié au thème du « monstre », tout en préservant le mystère. Elle relève également du « musée vivant », où œuvrent les muses de cultures différentes qui se rencontrent, et de la « rhapsodie » musicale[12]. Le tissu y ressemble à la peau et aux reliques sacrées, il nous relie à nos ancêtres sans trier entre violence et douceur, burlesque et tragique, hasard et destin. Il est « l'écrin de l'âme et le refuge de l'intime », tressant ensemble blessures et cicatrices, trépas et renaissances. C'est toute l'Histoire de notre Humanité qui s'y dessine, grâce à des « histoires-gigognes » sans mots, des « ventres comme des nids », des « intimités enchâssées ». En même temps, c'est le règne de l'aventure à venir : tout y est ouvert et demeure possible[13]. Dans ce monde de masques et de bouches hébétées, il s'agit d'épouser le « pas hasardeux » de la Fortune pour favoriser une « (ré)création » féconde[14].

Ise Cellier travaille actuellement en Normandie, à Saint-Pierre-le-Viger.

Œuvre[modifier | modifier le code]

Expositions personnelles[modifier | modifier le code]

  • 2014 : Les Egarées de Fragrante, Librairie Autour des Mots, Roubaix ; Oiselles et Dame Oiseau, Honfleur
  • 2015 : Les Cheminantes, Atelier Recto Verso, Reims ; Ritournelles, Galerie La Corderie, Marcq-en-Baroeul
  • 2016 : Belle est la Bête, Théâtre de l’Ogresse, Paris ; Galerie Maureg’Art, Saint-Hilaire-Le-Chatel
  • 2017 : Espace Edouard Pignon, Lille ; Médiathèque Maurice Delange, Honfleur
  • 2018 : Médiathèque Daniel-Rondeau, Epernay ; Vésanies, Atelier Akané, Croix ; Théâtre de fil, installation, Chapelle Sainte-Marguerite, La Gaillarde
  • 2019 : Parcours des métiers d’art, Jema, Atelier Robakowski, Veules-les-Roses ; L’armoire aux tabernacles, Installation, Église d’Iclon, Angiens ; Et perdre le fil, Musée de la Piscine, Roubaix ; Chemins faisant, Galerie Frédéric Moisan, Paris
  • 2020 : Espace Baradoz Pascal Jaouen, Quimper
  • 2021 : Fortuna, MANAS, Laval
  • 2023 : Il n’y a qu’une bête, Maison Henri IV, Saint-Valery-en-Caux ; Des livres et des figures, médiathèque Daniel-Rondeau, Épernay ; - En mille corps brisée, galerie Moisan, Paris ; Les pêcheurs de perles, installation église de Saint-Pierre-Le-Vieux ; Rhapsodie, Manoir des Renaudières, Carquefou

Participations à des expositions collectives[modifier | modifier le code]

  • 2006 : Salon de l’estampe contemporaine, Rueil-Malmaison (92), prix « techniques nouvelles »
  • 2012 : Estampes de fil, BIMA, Roubaix
  • 2019-2020-2022 : Vibrations textiles, Galerie du Montparnasse, Paris
  • 2020 : Ogres et croquemitaines, MANAS, Laval ; Feuilles d’art, Bruxelles (Belgique) ; Marché du côté sauvage, Chaumont ; Biennale internationale du livre d’artistes, Dives-sur-Mer
  • 2020-2022 : Journées de l’estampe contemporaine, Saint-Sulpice, Paris

Collections publiques[modifier | modifier le code]

  • 2020 : acquisition livre d’artiste Médiathèque Dives-sur-Mer
  • 2023 : acquisition d'une pièce textile, Hôtel des Tourelles, Le Crotoy

Vie associative[modifier | modifier le code]

  • 2001-2006 : Création de l’association Gravicel à Lille (promotion de la gravure par l’organisation d’expositions)
  • 2020 : Création de l’association Sur les Bords à Saint-Pierre-le-Viger (organisation de deux biennales « l’imprimerie joyeuse » et « des creux des bosses ») promotion de la gravure et de la céramique et du développement de la culture en milieu rural

Études et articles sur Ise[modifier | modifier le code]

Publications[modifier | modifier le code]

  • 2014, Poésies textiles, Isabelle Cellier alias « Ise brodeuse d'images », photographies de Christophe Cellier, dessins d'Isabelle Cellier, coll. « Carnets d'Artiste », éditions L'Inédite, 63 pages.
  • 2019,Ise et perdre le fil, catalogue de l'exposition dirigée par Sylvette Botella-Gaudichon, présentation de Sabine Dewulf, éditions du Musée de la Piscine de Roubaix, 103 pages.
  • 2022, Habitant le qui-vive, poèmes écrits d'après une œuvre d'Ise, « Le Porte-monde » (2018), Sabine Dewulf, éditions L’herbe qui tremble.
  • 2023, Ise Cellier, Rhapsodie - coutures de chants, livret d'exposition du Manoir des Renaudières - Espace d'exposition de Carquefou.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Musée de la Piscine de Roubaix
  2. Sabine Dewulf, Ise et perdre le fil, « Le théâtre d'Ise ou la filiation insensée », catalogue d'exposition dirigé par Sylvette Botella-Gaudichon, Musée de La Piscine de Roubaix, p. 13, 2019.
  3. Sabine Dewulf, Ise et perdre le fil, Musée de La Piscine de Roubaix, p. 13, 2019.
  4. Rhapsodie, Catalogue d'exposition de Carquefou, 2023.
  5. Sabine Dewulf, Ise et perdre le fil, Musée de La Piscine de Roubaix, p. 13-14, 2019.
  6. a b et c Ise Cellier, Rhapsodie - coutures de chants, livret d'exposition du Manoir des Renaudières, espace d'exposition Carquefou, 2023 [1].
  7. Isabelle Cellier, Poésies textiles, Éditions L'Inédite, p. 6, 2014.
  8. Sabine Dewulf, Ise et perdre le fil, Musée de La Piscine de Roubaix, p. 14, 2019.
  9. Sabine Dewulf, Habitant le qui-vive, Éditions L'Herbe qui tremble, p. 95, 2022.
  10. Sylvette Botella-Gaudichon, Ise et perdre le fil, Musée de La Piscine de Roubaix, p. 7, 2019.
  11. Sabine Dewulf, Ise et perdre le fil, Musée de La Piscine de Roubaix, p. 15-16, 2019.
  12. Éric Ardouin, « Voyage en rhapsodie », Fortuna, Musée d'Art naïf et d'Arts singuliers de Laval, p. 11, 2021.
  13. Barbara Tissier, « Ise et d'aventure, le songe », Fortuna, MANAS Musée d'Art naïf et d'Arts singuliers de Laval naïfs et singuliers, p. 13 à 16, 2021.
  14. Oscar Decottignies, « Aux aguets des aléas », Fortuna, Musée d'Art naïf et d'Arts singuliers de Laval, p. 19-20, 2021.

Liens externes[modifier | modifier le code]