Francisco Patxot

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Francisco Patxot
Biographie
Naissance
Décès
(à 60 ans)
Malaga
Nom de naissance
Francisco Patxot MadozVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Allégeance
Activité
Période d'activité
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Conflit
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Distinction

Francisco Patxot[note 1] Madoz (?, 1876 - Malaga, 1936) est un militaire espagnol.

Après une carrière dans des unités combattantes aux Philippines et au Maroc, et une fonction de chef de la police indigène à Tanger, Patxot occupa des postes en métropole, et, promu général de brigade, se trouvait être commandant de la place de Malaga lorsqu’éclata le coup d’État de juillet 1936. Quoiqu’impliqué dans la conspiration anti-républicaine, son attitude irrésolue à la tête du soulèvement à Malaga fut l’une des causes — avec l’état de préparation des forces fidèles au gouvernement central et la défection de la Garde civile — de l’échec de l’insurrection militaire dans la ville de Malaga, laquelle resta donc aux mains de la République. À la suite d’un bombardement meurtrier de l’aviation nationaliste sur Malaga, la prison où Patxot avait été incarcéré après son arrestation fut prise d’assaut par une foule en colère qui, en guise de représailles, assassina Patxot en même temps que plusieurs dizaines de ses codétenus.

Biographie[modifier | modifier le code]

Premières années[modifier | modifier le code]

En 1897, à l’issue de sa formation militaire à l’Académie d’infanterie de Tolède, où il s’était inscrit en 1895[1], Francisco Patxot reçut sa première affectation aux Philippines[2], d’où il fut rapatrié vers la métropole lorsque la présence espagnole dans l’archipel prit fin en 1899.

Un des résultats de la Conférence d'Algésiras de 1906 était la mise en place, dans les villes les plus importantes du Maroc, de tabors de police chérifienne, composés d’effectifs marocains et d’officiers espagnols et français, et placés sous la tutelle de la ville concernée. À Tanger fut établi un tabor urbain sous commandement espagnol (à côté duquel existait un autre tabor, hors de la ville, commandé par des Français). Patxot, promu entre-temps au grade de capitaine, fut nommé en 1907 chef de cette unité nouvellement créée[3],[4],[5]. En , il se vit octroyer la croix blanche de première classe du Mérite militaire[6] et monta l’année suivante au rang de commandant[7]. En 1916, il obtint le grade de lieutenant-colonel[8] et en 1920 celui de colonel[9]. Auparavant, en 1919, il avait été nommé par le roi Alphonse XIII gentilhomme de chambre avec exercice, titre en réalité presque purement honorifique[10]. Le , à la suite du désastre d’Anoual, Patxot fut désigné par le général Berenguer commandant en chef du Bureau de sauvetage des prisonniers (« Oficina de Rescate de los Prisioneros »), dont la mission était de négocier avec Abd el-Krim la libération des prisonniers espagnols restés aux mains du chef rebelle rifain[11], mais Patxot s'activa en vain[12].

En sa qualité de chef du tabor de police de Tanger, il participa en 1923 aux délibérations de la conférence chargée de définir le statut de Tanger comme ville internationale[13]. Il quitta son poste en [14], puis, en octobre de la même année, assuma sa nouvelle fonction de commandant du régiment Wad-Ras no 50[15]. Durant cette période, il collabora à la revue mensuelle Revista de Tropas Coloniales[16].

Nommé en 1926 — c’est-à-dire après le débarquement d'Al Hoceima — chef des Interventions militaires et des Forces khalifiennes (Fuerzas Jalifianas) de Ceuta et de Tétouan[17], Francisco Patxot avait pour mission d’accomplir des actions de pacification dans la zone occidentale du Protectorat pendant les ultimes phases de la guerre du Rif[18]. En 1928, promu général de brigade[19], il reçut la grand-croix de l’Ordre de Saint-Herménégilde et alla occuper des postes de commandement tour à tour à Algésiras et à Madrid, avant d’être désigné le , peu après l’instauration de la République, commandant de la 12e Brigade d’infanterie[20], stationnée à Pampelune. En , il fut placé à la tête de la 4e Brigade d’infanterie, laquelle appartenait à la Deuxième Division organique, et fut nommé commandant militaire de la place de Malaga[21].

Guerre civile[modifier | modifier le code]

En , Francisco Patxot prit le commandement de la 12e Brigade d’infanterie à Malaga. Impliqué dans la conspiration militaire, encore que peu convaincu, il prit part au soulèvement, décrétant l’état de guerre le en début d’après-midi, dès qu’il eut reçu les instructions en ce sens de la part de Queipo de Llano, et envoya ses troupes dans la rue, pour tenter de mettre la ville sous sa domination. En accord avec la directive de Mola relative au Maroc en date du , Malaga devait accueillir l’une des deux colonnes projetées, celle composée de légionnaires et de Réguliers indigènes (supplétifs) de l’armée espagnole d’Afrique[22].

Cependant, les troupes d’infanterie commandées par Patxot et la Garde civile de Malaga, qui avait elle aussi choisi le camp nationaliste, eurent à faire face à l’opposition de la Garde d'assaut et des milices ouvrières. Les forces de Patxot ne furent pas en mesure de s’emparer du Gouvernement civil, défendu par des gardes d’assaut et par des miliciens de gauche. Certes, dès lors que les suspicions des derniers jours à propos d’un coup d’État prochain s’étaient muées en certitude, les forces loyales au gouvernement républicain avaient eu le loisir de s’organiser ; d’autre part toutefois, comme l’affirment certains historiens (notamment José Manuel Martínez Bande), l’indécision de Patxot fut propice à la riposte des forces populaires, qui réussirent à faire échec au coup d’État à Malaga. En outre, Patxot ne proclama l’état de guerre que dans l’après-midi du , alors que c’était dès la soirée du 17 qu’on avait eu connaissance du soulèvement. Le 19, à quatre heures du matin, au bout de plusieurs heures passées en mouvements de troupes, en fusillades, en tractations au sein du corps d’officiers etc., le général Patxot finit par donner ordre à ses troupes de retourner dans leurs casernes, sanctionnant ainsi la loyauté de la ville au gouvernement central[23],[24].

Lors de son procès, Patxot expliqua qu’il n’avait pas réussi à se mettre en contact avec Queipo de Llano. Une autre version très répandue, mais plus improbable, tient que Patxot reçut un coup de téléphone de Diego Martínez Barrio, qui venait d’être chargé de prendre la tête du gouvernement central. Selon cette version, Martínez Barrio aurait dit à Patxot que la rébellion avait été maîtrisée partout en Espagne et qu’il s’était mis en devoir de former un nouveau gouvernement qui se donnerait pour tâche de rétablir l’ordre dans le pays[24]. Dans la décision prise par Francisco Patxot, la défection des forces de la Garde civile, qui s’étaient retirées peu auparavant, a certes pesé également. Dans la caserne dite des Capucins (Capuchinos), où ses troupes s’étaient retirées, le capitaine Huelín, qui détenait le commandement opérationnel du soulèvement, se présenta devant le général Patxot et le sermonna en ces termes : « Mon général, vous avez été trompé et lors même que le Mouvement aurait échoué dans toute l’Espagne, ainsi que vous l’assurez, nous autres n’aurions jamais dû nous donner pour vaincus. Si ce n’était que pour cela, nous aurions mieux fait de rester à la caserne », après quoi il arracha ses insignes et s’en retourna chez lui, où il fut appréhendé quelque temps après[25],[note 2]. Patxot fut lui aussi mis en détention et conduit le sur le bateau à vapeur Delfín, qui se trouvait amarré dans le port de Malaga et qui allait faire office de navire-prison. Avec Francisco Patxot déjà à bord, le navire fut pris d’assaut par une foule et les détenus emmenés à terre, où des coups de feu furent tirés sur eux, blessant grièvement Patxot de quatre balles[26].

Sur ordre du ministre de la Guerre, daté du , Francisco Patxot fut définitivement limogé de l’armée[27]. Le , la ville de Malaga subit un bombardement aérien, au cours duquel l’aviation nationaliste attaqua et détruisit les entrepôts de la CAMPSA, mais provoqua dans le même temps nombre de victimes civiles, lorsque les bombes touchèrent un dépôt de charbon[28]. Une foule éperdue d’indignation par le bombardement assaillit la prison et assassina 46 détenus de droite, dont aussi le général Patxot[29].

Distinctions[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Le patronyme Patxot, d’origine catalane, se prononce ‘patchott’, avec l’accent tonique sur la deuxième syllabe (transcription API : /paˈtʃɔt/). Dans la prononciation catalane, le a de la première syllabe est prononcé comme une voyelle moyenne centrale : /pəˈtʃɔt/.
  2. Si assurément Francisco Patxot était partie prenante de la conspiration anti-républicaine, celui-ci n’apparaissait pas (non plus que le général Llanos) comme le plus ardent des conspirateurs, comme devait en faire le constat Queipo de Llano durant les premiers jours de , lors de son périple en Andalousie, entrepris par lui pour sonder les esprits. Après l’échec de sa réunion avec Villa-Abrille, il avait pris le départ pour Cadix, où le général López Pinto répondit sans ambages aux requêtes de son visiteur que « chaque fois qu’il s’agira d’une chose sérieuse, vous pouvez compter sur moi ». Les villes qu’il visita ensuite étaient Malaga et Grenade, où les généraux en poste, Patxot et Llanos respectivement, ne se montrèrent pas aussi réceptifs que le chef militaire de Cadix. (Voir à ce sujet le témoignage de la petite-fille de Queipo de Llano, dans (es) Ana Quevedo y Queipo de Llano, Gloria e infortunio de un general, Barcelone, Planeta, coll. « Biblioteca Guerra Civil », , 543 p. (ISBN 84-674-2556-3), p. 351 & 352).
    Ce nonobstant, le , Queipo de Llano quitta Madrid avec sa femme et ses deux enfants Maruja et Gonzalo, afin de les mettre à l’abri à Malaga, ville où résidait sa fille Mercedes avec son mari et qu’il considérait comme étant absolument sûre, sur la foi de sa propre conviction que le général Patxot adhérait inconditionnellement au soulèvement. Voir (es) Joaquín Gil Honduvilla, « Desde la proclamación de la República al 18 de julio de 1936: el cambio de rumbo político en la 11 División Orgánica », Huelva, université de Huelva / Département d’histoire, , p. 301 (thèse de doctorat, sous la direction d’Encarnación Lemus López & de José María Marín Arce).

Références[modifier | modifier le code]

  1. (es) « Relación general de aspirantes aprobados en los exámenes de ingreso de dicha academia, con expresión de los que tienen derecho a cubrir plaza efectiva o supernumeraria de alumnos », El Correo Militar, Madrid,‎ (lire en ligne).
  2. (es) « Movimiento de personal. Destinos », El Correo Militar, Madrid,‎ (lire en ligne).
  3. (es) « La policía hispanomarroquí », El Día, Madrid,‎ (lire en ligne).
  4. (es) « La policía internacional de Marruecos », La Correspondencia Militar, Madrid,‎ (lire en ligne).
  5. J.-M. Delaunay (2011), p. 742.
  6. (es) « Firma del Rey », Heraldo de Madrid, Madrid,‎ (lire en ligne).
  7. (es) « Proyecto de Ley 26 de noviembre de 1912 », La Correspondencia de España, Madrid,‎ (lire en ligne)
  8. (es) « Noticias militares », El Imparcial, Madrid,‎ (lire en ligne).
  9. A. España (1954), p. 583.
  10. (es) « Casa Real », La Correspondencia de España, Madrid,‎ (lire en ligne)
  11. P. La Porte (1997), p. 299.
  12. P. La Porte (1997), p. 358.
  13. (es) « Delegados españoles a París », La Vanguardia, Barcelone,‎ , p. 20 (lire en ligne).
  14. (es) « Disposiciones oficiales. Personal de Guerra », La Libertad,‎ (lire en ligne).
  15. (es) « Firmo de otros ministerios », El Imparcial,‎ (lire en ligne).
  16. (es) « Notice sur la Revista de Tropas Coloniales », Biblioteca Nacional de España.
  17. (es) « Jefatura de Estado Mayor e Inspección Général », El Sol, Madrid,‎ (lire en ligne).
  18. (es) « El coronel Patxot avanza hasta Kasba y Adra El Addar y el coronel Capaz marcha desde Xauen por el desfiladero de Lau hasta Tafugal », Heraldo de Madrid, Madrid,‎ (lire en ligne).
  19. (es) « Firma regia », La Vanguardia, Barcelone,‎ , p. 20 (lire en ligne).
  20. (es) « Combinación de mandos militares », La Vanguardia, Barcelone,‎ , p. 20 (lire en ligne).
  21. (es) « Mando al general Patxot », La Época, Madrid,‎ (lire en ligne).
  22. F. Alía Miranda (2011), p. 192.
  23. (es) Pablo Benítez Gómez, « República, retaguardia y justicia militar en la serranía de Ronda (1930-1940) », Málaga, Publicaciones y Divulgación Científica. Universidad de Málaga, , p. 86 (thèse de doctorat en Estudios Avanzados en Humanidades, sous la direction de Lucía Prieto Borrego).
  24. a et b F. Alía Miranda (2011), p. 194.
  25. F. Alía Miranda (2011), p. 195.
  26. F. González Huix (1998), p. 48-49.
  27. (es) « Bajas en el ejército », Frente popular: diario de la República, San Sebastián,‎ (lire en ligne).
  28. J. M. Solé i Sabaté & J. Villarroya (2003), p. 65-66.
  29. J. M. Solé i Sabaté & J. Villarroya (2003), p. 66.

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]