Conflits féodaux dans les Marches de Normandie et d'Île-de-France

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Conflits féodaux dans les Marches de Normandie et d'Ile-de-France

Informations générales
Date Phase principale du conflit entre la fin du XIe siècle et le milieu du XIIIe siècle
Lieu Normandie, Ile-de-France, pays de marche allant du Saosnois au Vexin
Casus belli Revendication des pays des Marches (Saosnois, Perche, Thymerais, Drouais, Yveline, Mantois, Vexin) par le duc de Normandie et par le roi de France, velléités autonomistes des seigneurs de la région
Issue Victoire française sur le long terme ; fin des prétentions normandes sur la région, fin progressive de l'autonomie des pays des Marches, fin de l'indépendance totale du Pays d'Yveline
Changements territoriaux Intégration du Mantois occidental et du Vexin français à l'Ile-de-France
Belligérants
Ile-de-France, Vexin français, pro-français du Pays d'Yveline (fin du XIe siècle) soutien sporadique de seigneurs bretons, angevins et normands, Pays d'Yveline (1123 - 1124) Normandie, Perche, Thymerais (fin du XIe siècle), pro-normands du Pays d'Yveline (fin du XIe siècle) Pays d'Yveline, Thymerais, Seigneurie de Meulan, Seigneurie de Maule, soutien sporadique de seigneurs normands (1118 - 1124) et de la seigneurie de Montlhéry (1108)
Commandants
Louis VI le Gros, Philippe II Auguste Guillaume le Conquérant, Henri Beauclerc Amaury III de Montfort, Hugues II de Châteauneuf, Galéran de Meulan

À partir du XIe siècle et jusqu'à la fin de la guerre de Cent Ans, de nombreux conflits féodaux éclatent entre la Normandie et l' Ile-de-France. Ces deux territoires sont alors séparés l'un de l'autre par sept pays : Saosnois, Perche, Thymerais, Drouais, Pays d'Yveline, Mantois et Vexin français. Le moment le plus violent de cet affrontement entre Normands et Français s'étale de la fin du XIe au début du XIIIe siècle, soit la période s'étendant entre l'arrivée de Guillaume le Conquérant sur le trône d'Angleterre et la confiscation de la Normandie au souverain anglais par Philippe II Auguste. Les seigneurs de cette région de marche mènent alors une véritable lutte pour la survie, afin d'éviter l'invasion normande, l'assimilation française et le ravage permanent de leurs fiefs. La Maison de Montfort apparaît comme la famille noble locale la plus impliquée dans cette série de conflits.

Les sept pays des Marches ne sont pas une région unifiée à l'époque, ils partagent juste l'emploi du patois francien, parlé avec l'accent traînant et grave normand et leurs grandes maisons sont très liées les unes aux autres. Ils partagent également la caractéristique d'être revendiqués par le duc de Normandie comme par le roi de France et d'être en permanence ravagés par les conflits féodaux entre les deux camps. Trois bords existent alors dans la région : les pro-normands, les pro-français et les partisans de l'unité et de l'indépendance locales. Le Perche est largement pro-normand et domine de fait le Saosnois. Le Thymerais et le Pays d'Yveline sont partisans d'une union entre seigneurs locaux, s'opposant aux Normands et aux Français[1], s'alliant tour à tour avec les uns et les autres pour survivre. Le Drouais est divisé entre une partie contrôlée par le roi de France et une autre dirigée par la Maison de Montfort. Le Mantois "propre" ne se limite plus qu'à la partie occidentale de son étendue (autour de Mantes et de Maule), les parties centrale et orientale (Poissy, Saint-Germain-en-Laye, Nanterre et leurs environs) étant alors déjà intégrées au domaine royal. Mantes est tenue par les seigneurs du Vexin français. Les seigneurs de Maule sont plutôt pro-français, mais ils sont aussi proches de Montfort. À partir du XIIe siècle, le Vexin français est largement acquis à la cause française, en raison des attaques incessantes des Normands.

Sous l'impulsion d'Amaury III de Montfort et de ses vassaux Milon de Chevreuse et Gui le Rouge, le conflit prend une tournure différente entre 1104 et 1124. Ce n'est plus alors un simple combat entre Normandie et Ile-de-France, mais un affrontement à trois, les seigneurs des Marches s'unissant pour faire face aux deux bords. Les trois alliés principaux sont alors Amaury III de Montfort, Hugues II de Châteauneuf (à l'opposé de son grand-père pro-normand) et Galéran de Meulan[2]. Avant cela, Amaury de Montfort avait rendu effective l'indépendance du Pays d'Yveline en vainquant Louis VI le Gros sur la Mauldre et à Chevreuse, mais en échouant néanmoins à s'emparer durablement du Mantois central, de l'Hurepoix[1] et de la Beauce stampienne. Après avoir pris Alençon, L'Aigle, Breteuil, Évreux[3] et Pacy-sur-Eure, à la suite du refus d'Henri Beauclerc de laisser à Amaury de Montfort la jouissance de son héritage d'Évreux, les coalisés sont vaincus, le Thymerais ne parvient pas à rallier le Perche à la cause commune et le Mantois est envahi. Seule l'intervention intéressée de Louis VI le Gros en faveur des coalisés permet de rétablir la paix avec les Normands.

Après cet échec, le projet d'unité de la région meurt et les pays sont rattachés, au fur et à mesure des siècles, à la France, le Pays d'Yveline et la partie du Drouais qu'il domine étant les derniers sur la liste, intégrés à la France en 1547.

Les batailles les plus importantes ont eu lieu à L'Aigle, Évreux et Breteuil pour celles s'étant déroulées en Normandie, Longny-au-Perche, Montfort-l'Amaury, Chevreuse, Mantes-la-Jolie et Houdan pour celles s'étant déroulées dans les Marches de Normandie et d'Ile-de-France et Montlhéry et Corbeil pour celles s'étant déroulées en Ile-de-France. Certaines, comme celle de Longny-au-Perche[4] ont vu s'affronter les seigneurs des Marches entre eux, en raison de leurs orientations différentes (en l'occurrence il s'agit d'une victoire décisive du maréchal de Longny, pro-normand, sur Hugues de Châteauneuf, pro-unité et indépendance de la région).

Notes et références[modifier | modifier le code]