André Dumont (homme politique)
André Dumont | |
André Dumont. Croquis dessiné par Georges-François-Marie Gabriel, Paris, musée Carnavalet, fin du XVIIIe siècle. | |
Fonctions | |
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Maire d'Oisemont | |
– (235 ans) |
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Président | Président de la convention nationale |
Groupe politique | montagnard |
Député à la Convention nationale | |
– (3 ans) |
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Biographie | |
Date de naissance | |
Lieu de naissance | Oisemont (Somme) |
Date de décès | (à 74 ans) |
Lieu de décès | Abbeville (Somme) |
Nationalité | française |
Parti politique | Montagnard |
Père | Jean-Charles-Nicolas Dumont |
Fratrie | Dumont de Sainte-Croix |
Profession | magistrat |
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André Dumont, né à Oisemont le [1], mort à Abbeville le [2] est un homme politique de la Révolution française et un haut fonctionnaire du Premier Empire.
Biographie
[modifier | modifier le code]Famille
[modifier | modifier le code]André Dumont est le fils de Jean Charles Nicolas Dumont, notaire royal et procureur de la prévôté du Vimeu et de Marie-Thérèse Magnier. Il est le frère cadet de Charles Dumont dit « de Sainte-Croix », haut-fonctionnaire et ornithologue.
André Dumont épouse Marie Thérèse Reine Victoire Prévost qui meurt en Belgique en 1825. De leur union naissent trois enfants :
- Marie Thérèse Flavie Dumont, née à Oisemont, qui décède célibataire en Belgique à 37 ans[3].
- Armand Désiré Fidèle Dumont, né à Oisemont, marchand teinturier et imprimeur quartier Saint-Maurice. Il épouse le à Amiens Clémentine Bonvallet, fille d'un manufacturier[4].
- Aimé Eugène Laurence Dumont, né à Abbeville, qui épouse à Ixelles Anne Adélaïde Levasseur (Le Mans 1802-?), fille de René Levasseur, ancien député de la Sarthe à la Convention également exilé en Belgique et sa seconde épouse, Anne Conard (ou Cosnard)[5].
Formation
[modifier | modifier le code]André Dumont fait des études de droit et devient avocat à Paris, en 1788[6]. Élu maire d'Oisemont en septembre 1790, il est nommé premier administrateur du département de la Somme puis élu administrateur du district d'Amiens, en 1791.
Député montagnard
[modifier | modifier le code]Premières responsabilités nationales
[modifier | modifier le code]En septembre 1792, André Dumont est élu député du département de la Somme, le cinquième sur treize, à la Convention nationale.
André Dumont siège sur les bancs de la Montagne et est admis au club des Jacobins à partir du début du mois de mai 1793. Lors du procès de Louis XVI, il vote la mort et rejette l'appel au peuple et le sursis à l'exécution. Le 13 avril 1793, il ne participe pas au scrutin sur la mise en accusation de Jean-Paul Marat[7]. Deux jours plus tard, il écrit à la Convention pour se justifier son absence, « attaqué depuis plus de quinze jours d’un rhume violent et d’accès de fièvre », et dénonce la décision de mettre Marat en accusation[8]. Le 21 mai, élu suppléant suppléant à la Commission des Douze, le dixième sur douze, il vote contre son rétablissement le 28 du même mois[9].
En octobre, il est élu suppléant au Comité de Législation[10] et suppléant au Comité des Secours publics[11]. Il est élu par 113 voix, premier à égalité avec Legendre et Méaulle, au Comité de sûreté générale le 16 juin 1793[12]. En mission dans les départements, il est remplacé le 13 août[13]. Enfin, il est secrétaire de la Convention aux côtés d'Augustin Robespierre et de Legendre, sous la présidence de Louis « du Bas-Rhin » entre le 18 messidor an II (6 juillet 1794) et le 1er thermidor an II (19 juillet 1794)[14],[15].
Représentant en mission
[modifier | modifier le code]Il est envoyé en mission dans son département natal le 28 juillet 1793 en compagnie de François Chabot pour veiller au maintien de l'ordre et à l'application des lois[16]. Il est remplacé par Joseph Lebon le 9 août[17]. Il rejoint René Levasseur « de la Sarthe », envoyé dans le département de l'Oise, le 25 vendémiaire an II (16 octobre 1793)[18]. Il est confirmé dans ses fonctions dans la Somme et dans l'Oise par le Comité de Salut public le 9 nivôse an II (29 décembre 1793) tandis que Lebon est astreint aux départements du Nord et du Pas-de-Calais[19].
Dumont s'implique contre les girondins. Au nom du Comité de Sûreté générale, il réclame l'arrestation de Bouchereau, Belin, Condorcet, Dupin de Beaumont, Fiquet, Lecarlier, Loysel et Petit, députés de l'Aisne qui ont protesté contre l'insurrection du 2 juin[20].
Au cours de sa mission dans la Somme, André Dumont se montre un ardent agent de la déchristianisation. Il fait arrêter des administrateurs, 64 prêtres ainsi que Mgr Desbois, évêque d'Amiens, et des Anglais présents dans la région. Inspiré par la prose braillarde du Père Duchesne, il confie alors dans son rapport à la Convention : « J'ai fait lier deux à deux ces cinq douzaines d'animaux, de bêtes noires ; elles ont été exposées à la risée publique sous la garde des comédiens, et ensuite incarcérées. »
Devant son activisme, les députés étendent en octobre ses prérogatives au département de l'Oise et ses rapports à l'Assemblée manifestent la lutte constante qu'il mène contre les prêtres : « La vigueur que je mets à repousser l’imposture et à terrasser les marchands d’oremus doit vous assurer que vous n'avez rien à craindre[21]. » Il organise dans la cathédrale de Noyon des bals patriotiques où les dragons font danser les bourgeoises comme les cuisinières. Louis-Sauveur Chénier accuse publiquement l’« ogre Dumont » d'avoir fait exécuter son frère André Chénier. Il publie que Dumont a fait arrêter 59 personnes, a fait enfermer trois cents suspects des deux sexes dans une église de Beauvais dans des conditions inhumaines et d'avoir rançonné les familles[22].
Acteur du 9 thermidor et député de la Convention thermidorienne
[modifier | modifier le code]André Dumont prend part au 9 thermidor qui provoque la Chute de Robespierre. Il plaide en faveur de son frère Charles arrêté pour avoir protesté contre la condamnation à mort du général Custine[22]. Il dénonce le lendemain du 9 thermidor les dilapidations d'Augustin Robespierre lors de sa mission auprès de l'armée d'Italie[23] et demande les jours suivants, avec Jean-Baptiste Clauzel, l'arrestation de Joseph Lebon, accusé de violences lors de sa mission à Cambrai[24].
Dumont est une figure active de la réaction qui s'opère durant la Convention thermidorienne. Il occupe des fonctions dirigeantes : il entre de nouveau au Comité de sûreté générale le 14 thermidor an II () et en sort le 15 brumaire an III (5 novembre 1794)[25] ; il préside la Convention du 1er[26] au 16 vendémiaire an III[27] (22 septembre au 7 octobre 1794) ; il entre au Comité de Salut public le 15 frimaire an III (5 décembre 1794)[28] et en sort le 15 germinal (4 avril 1795)[29].
Il s'attaque systématiquement aux Jacobins et aux membres des anciens comités révolutionnaires. Mis en cause à son tour pour son action répressive dans les départements picards, il s'oppose d’abord à la publication des papiers saisis chez Robespierre, mais doit finalement se justifier devant l'Assemblée en avouant qu'il a menti par exagération dans ses rapports de 1793. À l'appui de ses déclarations, il est confirmé que les prêtres qu'il a fait arrêter ont été libérés peu après, et qu'à la demande de son frère, l’ornithologue, un certain nombre d'aristocrates ont pu quitter la Somme sains et saufs.
Lors de l’Insurrection du 12 germinal an III, il s'emploie à convaincre les jacobins d'évacuer la salle des débats. À la suite de cet événement, il fait arrêter et incarcérer Chasles, Choudieu et Foussedoire (« les trois brigands du Comité de salut public », selon les termes de son réquisitoire) à la Forteresse de Ham, puis vient le tour de Huguet et Ruamps (qui l'avait accusé de « royalisme »). Il s'en prend (mais sans succès) à Prieur de la Marne[30], et à Jacques Alexis Thuriot qui parvient à s'enfuir.
Il a demandé en vain le désarmement des sections, et ne sauve sa tête lors de l’insurrection du 1er prairial an III qu'en protestant devant les insurgés de sa fidélité à la constitution. Il demande l'exécution des députés interpelés en , ainsi que l’arrestation de Prieur de la Marne, de Cambon, de Thuriot. Il vote la peine de mort contre « tous les porteurs de signes de ralliement », s'en prend dans ses discours aux « révoltés » et aux « terroristes », à Lacoste et Barère. Peu avant la dissolution de la Convention, il se déclare favorable à l'admission des prêtres dans la fonction publique.
Député sous le Directoire, sous-préfet du Consulat et du Ier Empire
[modifier | modifier le code]Le 23 vendémiaire an IV, il est élu par les électeurs de la Somme au Conseil des Cinq-Cents par 254 voix sur 293 votants. Il s'oppose à Tallien, demande que les administrateurs destitués puissent plaider leur cause au procès. Il démissionne du Conseil des Cinq-Cents en 1797.
Favorable au coup d'État du 18 brumaire de l'an VIII (), il est nommé sous-préfet d'Abbeville, poste qu'il conserve jusqu'en 1814. Nommé préfet du Pas-de-Calais durant les Cent-Jours, il fuit l'avancée des troupes alliées et se réfugie dans la Somme.
Proscrit sous la Restauration
[modifier | modifier le code]Mais à la seconde Restauration, frappé par la loi contre les régicides, il prend la route de l'exil en 1816. Il se rend en Belgique avec son épouse, sa fille et son fils cadet. Ils s'installent à Alost, puis à Bruxelles, enfin se fixe dans le faubourg d'Ixelles.
Il ne rentre en France qu'en 1830. Il se retire à Abbeville où il décède[31]. Sa tombe est surmontée d'une longue épitaphe et d'un buste en bronze.
Notes
[modifier | modifier le code]- Archives départementales de la Somme, registre paroissial d'Oisemont, paroisse Saint-Martin, baptêmes mariages et sépultures 1761-1766, 5 MI/D1351.
- Archives départementales de la Somme, état-civil, registre des naissances et des décès d'Abbeville 1836-1845, 5MI/D532.
- Pierre Bessand-Massenet, « Dumont-Le-Maratiste », Récits des temps révolutionnaires, Paris, Librairie académique Perrin, 1984, p.?
- Archives départementales de la Somme, registre d'état-civil d'Amiens, mariages de l'année 1818, 5MI D166.
- Robert Legrand, Dix ans de conflits en Picardie: 1789-1799, Abbeville, Impr. F. Paillard, 1992, p. 79.
- Robert Legrand, La Révolution dans la Somme, Conventionnels, Jacobins et Soldats, Abbeville, Imprimerie F. Paillart, 1988 p. 125
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793, p. 73.
- Michel Biard, « Entre Gironde et Montagne.Les positions de la Plaine au sein de la Convention nationale au printemps 1793 », Revue historique, vol. 631, no 3, , p. 555–576 (ISSN 0035-3264, DOI 10.3917/rhis.043.0555, lire en ligne, consulté le )
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séances du 21 et du 28 mai 1793, p. 138 & 535.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, séance du 14 octobre 1792, p. 492.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, séances du 14 et du 18 octobre 1792, p. 492 & 551.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 66, séance du 16 juin 1793, p. 582.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 72, séance du 13 août 1793, p. 127.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 92, séance extraordinaire du 17 messidor (soir) (5 juillet 1794), p. 417.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 93, séance extraordinaire du 1er thermidor (soir) (19 juillet), p. 323.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 69, séance du 28 juillet 1793, p. 632.
- Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 5, Représentants en mission, séance du 9 août 1793, p. 515.
- Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 7, Représentants en mission, 25 vendémiaire an II (16 octobre 1793), p. 442.
- Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 9, Comité de Salut public, séance du 9 nivôse an II (29 décembre 1793), p. 744.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 67, séance du 30 juin 1793, p. 680-681.
- Rapport du 18 pluviose an II.
- Cf. Groué, p. 501.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 93, séance du 10 thermidor an II (soir) (28 juillet 1794), p. 616-617.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 94, séance du 15 thermidor an II (2 août 1794), p. 62.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 100, séance du 15 brumaire an III (soir) (5 novembre 1794), p. 435.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 97, séance du soir du 1er vendémiaire an III (22 septembre 1794), p. 364.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 98, séance du 16 vendémiaire an III (soir) (7 octobre 1794), p. 391.
- Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 103, séance du 15 frimaire an III (5 décembre 1794), p. 113.
- Recueil des Actes du Comité de Salut public tome 21, Convention nationale, séance du 15 germinal III (4 avril 1795), p. 513.
- Cf. Adolphe Robert, Gaston Cougny (dir.), Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889, Edgar Bourloton, 1889, tome 5, p. 48-49
- Emmanuel de Rougé, Le conventionnel André Dumont, Paris, Nouvelle bibliothèque d histoire moderne, Bloud et O, 1911.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Paris, Edgar Bourloton, 1889-1891.
- Emmanuel de Rougé, Le conventionnel André Dumont, Paris, Nouvelle bibliothèque d'histoire moderne, Bloud & Cie, 1911.
- Pierre Bessand-Massenet, « Dumont-Le-Maratiste », Récits des temps révolutionnaires, Paris, Librairie académique Perrin, 1984, p. 89-114.
- Robert Legrand, La Révolution dans la Somme, Conventionnels, Jacobins et Soldats, Abbeville, Imprimerie F. Paillart, 1988 p. 124-125-126 (BNF 35000305)
- Robert Legrand, « Contre André Dumont : dénonciations et polémiques », Revue du Nord, 1989, no 282-283, p. 867-884. Lire sur Persée.
- « Dumont (famille) », correspondance familiale En ligne [archive]], Compléments historiographiques, Biographies, D, mise à jour le : 08/03/2018.
- Les Préfets du 11 ventôse an VIII au 4 septembre 1870 : répertoires nominatif et territorial, Paris, Archives nationales, 1981.
- Serge Bianchi, « Dumont André », p. 377-378 in Albert Soboul (direction), Dictionnaire historique de la Révolution française, Paris, Presses Universitaires de France coll. « Quadrige », 1989, rééd. 2005, p. 1132 p.
- Bernard Gainot, Dictionnaire des membres du Comité de Salut public, Paris, Tallandier, 1990, p. 114-115.
- Lucien Groué, Aux confins de la Picardie et de la Normandie, Abbeville, François Paillard, , p. 500-503.
Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Histoire de la Somme
- Histoire de la Picardie
- Histoire d'Amiens
- Histoire d'Abbeville
- Liste des députés de la Somme
- Liste des membres de la Convention nationale par département
Liens externes
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- Ressources relatives à la vie publique :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Naissance dans la province de Picardie
- Naissance en mai 1764
- Décès en octobre 1838
- Conventionnel régicide
- Député de la Convention nationale
- Membre du Comité de salut public
- Représentant en mission
- Membre du Conseil des Cinq-Cents
- Député de la Somme
- Préfet du Consulat ou du Premier Empire
- Religion pendant la Révolution française
- Décès à Abbeville
- Président de l'Assemblée nationale française
- Histoire de la Somme
- Picardie (1789-1815)
- Décès à 74 ans