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Ambre (film)

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Ambre
Description de cette image, également commentée ci-après
Titre original Forever Amber
Réalisation Otto Preminger
Scénario Philip Dunne
Ring Lardner Jr.
Musique David Raksin
Acteurs principaux
Sociétés de production 20th Century Fox
Pays de production Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Mélodrame historique
Romantique
Durée 138 minutes (h 3)
Sortie 1947

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

George Sanders et Linda Darnell
Linda Darnell et Richard Haydn

Ambre (titre original : Forever Amber) est un film américain en Technicolor réalisé par Otto Preminger, sorti en 1947.

Genèse[modifier | modifier le code]

Le film est adapté du sulfureux roman Ambre publié trois ans plus tôt aux États-Unis. L'organisme Code Hays condamne l’œuvre, notamment parce que le personnage d'Ambre a trente amants, et en raison des descriptions sexuelles[1]. Quatorze États américains interdisent le roman pour cause de pornographie et plusieurs pays l'interdisent, dont l'Australie. Cela n'empêchera pas le roman d'être un grand succès d'édition dans les années 1940. Moins d'un mois après la publication du roman, les studios 20th Century Fox achètent les droits du film[2]. À sa sortie, le film est initialement condamné par La Ligue de la vertu[3].

Synopsis[modifier | modifier le code]

En Angleterre, au XVIIe siècle. Ambre St Clare, une belle jeune femme très ambitieuse mais de condition modeste, est prête à tout pour gravir rapidement les échelons de l’ascension sociale. Elle sera déchirée entre l’amour qu’elle porte à Bruce Carlton et ses ambitions. Banni d’Angleterre, Bruce part précipitamment, laissant Ambre enceinte et sans argent. Jetée en prison car criblée de dettes, elle s’évade grâce à Black Jack Mallard, met au monde son fils dans les bas fonds de Londres, et peu à peu, remonte la pente. Après bien des aventures, elle devient comédienne de théâtre pour mieux s’exposer dans la haute société. Fortement courtisée, elle épouse le vieux Lord Radcliffe qui l’introduit à la cour. Le roi Charles II la remarque au grand dépit de son mari.

La peste s’abat sur Londres et sachant Bruce revenu, Ambre quitte tout pour le sauver de l’épidémie. Mais son mari la rattrape et informe Bruce de leur mariage. Bruce quitte Ambre de nouveau. Un grand incendie éclate à Londres et Lord Radcliffe meurt. Ambre devient la favorite du roi. Carlton, marié, revient une dernière fois mais pour reprendre son fils, Ambre reste seule car Charles II l'a répudiée.

Fiche technique[modifier | modifier le code]

Distribution[modifier | modifier le code]

Et parmi les acteurs non crédités :

Casting et production[modifier | modifier le code]

Après la publication du roman sulfureux de Kathleen Winsor, décrit par la publicité de l'époque comme un nouvel Autant en emporte le vent, les droits pour l'adaptation cinématographique sont très convoités par divers grands studios ainsi que par des studios moins connus. Le producteur Darryl F. Zanuck acquiert les droits pour 200 000 $. À l'instar des studios Metro-Goldwyn-Mayer, qui, dix ans plus tôt, avaient lancé un casting national pour trouver l'actrice qui tiendrait le rôle de Scarlett O'Hara sur le grand écran, la 20th Century Fox se met en quête, elle aussi, de celle qui incarnera la belle et sulfureuse Ambre.

De nombreuses actrices passent un bout d'essai. En novembre 1944, Gene Tierney est pressentie comme favorite[4]. La rousse irlandaise Maureen O'Hara, sous contrat avec la Fox, fait pression pour obtenir le rôle, allant même jusqu'à se présenter dans les bureaux du studio revêtue d'un costume d'époque[5],[6]. Paulette Goddard souhaite également le rôle. Le producteur William Perlberg déclare qu'il recherche « une jeune Vivien Leigh » ou « une Lana Turner anglaise ». Finalement, c'est la 37e actrice testée, Peggy Cummins, une actrice irlandaise inconnue de vingt ans, qui s'impose comme favorite en octobre 1945.

En février 1946, Daryl Zanuck déclare officiellement que les deux premiers rôles seront tenus par Peggy Cummins et par Cornel Wilde pour le rôle masculin. Wilde était, après Tyrone Power, la principale star dans le genre "cape et d'épée" sous contrat avec la Fox à l'époque. Richard Greene était l'autre grand rival pour le rôle masculin. Le rôle avait été également proposé à James Mason — qui avait connu un très grand succès un an auparavant avec le film Le Septième Voile —, mais il déclina l'offre, disant que le roman « était stupide » (« a silly book »)[7] et que « le script du film ne l'améliorait pas » (« the script didn't improve it »)[8]. Parmi les seconds rôles, Vincent Price sera choisi pour incarner Lord Almsbury.

Le tournage commence en , avec un budget de 4,5 millions de dollars, et, aux commandes, John M. Stahl, le réalisateur des grands mélodrames des années 1930 (Back Street, Images de la vie, Le Secret magnifique, etc.).

Peggy Cummins devait apparaître dans toutes les scènes sauf une. La jeune actrice s'effondre sur le plateau le 30 mars pour cause de maladie[9]. Le tournage est interrompu à deux reprises, apparemment en raison de la grippe de Cummins. Zanuck arrête le tournage, après 39 jours de production et un coût de 500 000 dollars, prétextant le mauvais travail effectué par John M. Stahl. La véritable raison sera donnée plus tard : il semblerait que Peggy Cummins était considérée comme très bonne dans le rôle d'Ambre jeune fille (elle avait été beaucoup testée pour ces scènes) mais que son côté juvénile - et son manque d'expérience - ne convenait pas pour incarner Ambre adulte. Le New York Times écrit : « ils ont découvert que Miss Cummins, en tant que séductrice adulte, ressemblait davantage à Fluffy portant les vieux vêtements de sa mère et étalant le rouge à lèvres de sa mère quand elle ne regardait pas. »[10]

Daryl Zanuck sollicite Otto Preminger pour reprendre la réalisation du film. Il accepte à la condition de choisir Lana Turner pour le rôle d’Ambre, lequel, selon Preminger, est fait pour elle. Mais Zanuck ne veut pas d’une star de la MGM et impose Linda Darnell. Celle-ci dira : « J'ai dû me pincer » (« I'm pinching myself »)[11]. Preminger a déclaré plus tard qu'il ne voulait pas de Darnell et qu'il aurait préféré quelqu'un comme Lana Turner qui, selon lui, aurait pu être empruntée à la MGM.

Pour Linda Darnell, l’acceptation du rôle d'Ambre signifiait qu'elle devait renoncer au rôle prévu pour elle dans le film en préparation, Capitaine de Castille, au côté de Tyrone Power (Elle sera remplacée par Jean Peters.) D'autres changements ont lieu dans la distribution : Richard Greene remplace Vincent Price, et George Sanders remplace Reginald Gardiner dans le rôle du roi Charles II. Quant à Cornel Wilde, il est réticent à reprendre le tournage. Le studio Fox envisage de le remplacer par Stewart Granger, même si cela aurait été difficile en raison des autres engagements de celui-ci. En octobre, juste avant la reprise du tournage, Cornel Wilde annonce qu'il ne reprendrait pas le rôle à moins d'obtenir une augmentation de salaire (Il était payé 3 000 $ par semaine pendant quarante semaines par an.) Après des différents, le studio finit par accepter de le payer 5 000 $ par semaine[12].

Le tournage reprend en , pendant dix-sept semaines, et le budget du film se chiffre à six millions de dollars. Il rapportera la même somme en bénéfices, dès la première semaine de sortie, bien que les ligues de vertu aient condamné le film « pour encouragement à l’immoralité et à la licence », et que l'archevêque de New York ait demandé à ses fidèles de ne pas aller le voir.

Récompenses et distinctions[modifier | modifier le code]

Autour du film[modifier | modifier le code]

  • Linda Darnell, qui était brune, dut se teindre en blonde pour le film.
  • Le personnage Ambre doit son nom à la couleur de ses yeux.

Références[modifier | modifier le code]

  1. Adam Bernstein : Kathleen Winsor, 83, Forever Amber author", The Seattle Times, page A29, 1 juin 2003.
  2. Adam Bernstein : Kathleen Winsor, 83, 'Forever Amber' author, The Seattle Times du 1er juin 2003, page A29.
  3. Page 204 et 205 de The Dame in the Kimono: Hollywood, Censorship, and the Production Code (Second ed.), de Leonard J. Leff et Jerold L. Simmons (2001). University Press of Kentucky. (ISBN 0813171075) [1]
  4. Hedda Hopper : LOOKING AT HOLLYWOOD, article du Los Angeles Times, page 11, 29 novembre 1944.
  5. FILMS A change for Maureen O'Hara. The World's News. No. 2755. New South Wales, Australie. 9 octobre 1954. page 27. Consulté le 05 juillet 2024 via la Bibliothèque nationale d'Australie.
  6. O'Hara's strip-tease bid for "hussy Amber" role. Article de The Sun. No. 2210. New South Wales, Australie. 19 août 1945. page 3. Consulté le 05 juillet 2024 via Bibliothèque nationale d'Australie.
  7. E. W. : The Peak of Popularity: The Public's Favourite Film Stars of 1945. Magazine Picture Show. Vol. 50, no. 1232. Londres. page 13. 9 février 1946.
  8. Two Stars May Quit. Article de The Sun du numéro 11222 du 10 janvier 1946, page 11, New South Wales, Australie. Consulté le 05 juillet 2024 – via la Bibliothèque nationale d'Australie. [2]
  9. ""'Amber' Stricken"". Article du journal Chicago Daily Tribune. 31 mars 1946. page 21.
  10. Barbara Berch : THE UP AND COMING PEGGY CUMMINS: Or a Resume of Her Rise From 'Forever Amber' To the Present. Article du journal The New York Times du 13 juillet 1947, page 51.
  11. Edwin Schallert : Choice of Linda Darnell as Amber Wins Acclaim: Director Promises to Retain Realism of Story Within Bounds of Good Taste. Article du Los Angeles Times du 4 août 1946, page C1.
  12. Press Women's Group Will Discuss Service Thru Written Word, article du journal Chicago Daily Tribune, 18 octobre 1946, page 24.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Film sur un thème identique : Angélique, marquise des anges (1964)

Liens externes[modifier | modifier le code]