Alliance populaire (Espagne)

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Alliance populaire
Alianza Popular (es)
Image illustrative de l’article Alliance populaire (Espagne)
Logotype officiel.
Présentation
Fondation (alliance)
(parti)
Disparition
Fusionné dans Parti populaire
Positionnement Centre droit à droite[1]
Droite à extrême droite (à ses débuts)[2]
Idéologie Conservatisme[3]
Démocratie chrétienne[3]
Post-franquisme[3]
Affiliation européenne Démocrates européens[4]
Affiliation internationale Union démocrate internationale[5]
Traditionalisme
Couleurs Jaune et rouge

L'Alliance populaire (en espagnol : Alianza Popular) (AP) est une fédération de partis politiques d'idéologie conservatrice, fondée au début de la transition démocratique espagnole par une majorité d'anciennes personnalités politiques du franquisme[6] rejointes par diverses formations de centre droit, et constituée en parti politique en 1977. Après plusieurs participations électorales au sein de coalitions, AP fusionne en 1989 avec d'autres groupes pour former le Parti populaire, qui a constitué pendant vingt-cinq ans le parti hégémonique de la droite espagnole.

Histoire[modifier | modifier le code]

Origines[modifier | modifier le code]

AP est fondée le comme une fédération de petits partis conservateurs. De ses sept membres fondateurs, Manuel Fraga (son leader), Federico Silva Muñoz, Cruz Martínez Esteruelas (es), Gonzalo Fernández de la Mora, Laureano López Rodó, Licinio de la Fuente (es) et Enrique Thomas de Carranza (es), tous sauf le dernier sont d'anciens ministres du franquisme[7]. Lors de son congrès fondateur, les trois mille militants du parti crient "Franco, Franco"[8].

Le parti regroupe les différentes sensibilités idéologiques de la droite post-franquiste (les technocrates, les chrétiens-démocrates, les phalangistes, les traditionalistes nationalistes et catholiques fortement liés à l'Opus Dei)[9].

Le , à l'occasion des élections constituantes, AP arrive en quatrième position, derrière le Parti communiste d'Espagne, se contentant de 8,21 % des voix et 16 sièges sur 350 au Congrès des députés.

À travers Manuel Fraga, Alianza Popular se manifeste rigoureusement contre la mention de « nationalités » dans l’article 2 de la future Constitution lors de l’examen de l'avant-projet du texte de celle-ci[10]. La moitié des députés d'AP refusent de voter pour la Constitution, principalement à cause de l'autonomie qu'elle accorde aux régions[9].

La Coalition démocratique[modifier | modifier le code]

Après ces mauvais résultats, une nouvelle coalition de droite se forme en vue du scrutin du  : la Coalition démocratique (Coalición Democrática), qui désigne comme candidat à la présidence du gouvernement le leader de l'AP, Manuel Fraga. Le jour du scrutin, les résultats sont pires que deux ans plus tôt : la CD reste quatrième, mais ne recueille que 6,05 % des voix et 10 sièges. Fraga démissionne de la présidence de la Coalition mais conserve celle de l'AP.

À la fin de l'année, l'organisation interne de AP est revue et une nouvelle structure beaucoup plus présidentielle, est instaurée. Manuel Fraga est réélu président, tandis que Jorge Verstrynge est désigné secrétaire général. Il démissionne cependant le pour divergences idéologiques (il rejoindra plus tard le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), puis le Parti communiste d'Espagne (PCE)) et se voit remplacé par le très jeune (28 ans) Alberto Ruiz-Gallardón (ultérieurement maire de Madrid entre 2003 et 2011).

La Coalition populaire[modifier | modifier le code]

Après l'explosion de l'Union du centre démocratique, au pouvoir depuis 1977, AP forme, avec deux de ses dissidences (le Parti démocrate populaire et le Parti libéral), la Coalition populaire (Coalición Popular), qui devient le premier parti d'opposition lors des élections générales de 1982 avec 26,36 % des suffrages et 107 députés sur 350. Quatre ans plus tard, au moment des législatives de 1986, la CP reste stable (25,97 % des voix et 105 sièges).

À l'occasion du référendum sur le maintien de l'Espagne dans l'OTAN, organisé le , l'AP appelle à l'abstention ou au vote blanc. En décembre suivant et à la suite de la défaite d'AP aux élections régionales de novembre dans la Communauté autonome du Pays basque, Manuel Fraga démissionne de la présidence du parti.

En , Antonio Hernández Mancha est élu président contre Miguel Herrero lors d'un congrès extraordinaire de l'AP.

Les divisions internes et les défaites aux élections générales de 1982 et 1986, largement remportées par le PSOE, entraînent des crises successives au sein du parti. Pour les surmonter, Manuel Fraga instaure un mode de gouvernance autoritaire et hiérarchique, conduisant à la création du Parti Populaire[9].

Congrès[modifier | modifier le code]

  • 1er congrès (1977) ;
  • 2e congrès (1978) ;
  • 3e congrès (1979) ;
  • 4e congrès (1981) ;
  • 5e congrès (1982) ;
  • 6e congrès (1984) ;
  • 7e congrès (1986) ;
  • 8e congrès (1987).

Résultats électoraux[modifier | modifier le code]

Congrès des députés et Sénat[modifier | modifier le code]

Année Congrès des députés Sénat Rang Gouvernement Tête de liste
Voix % Sièges
1977 1 504 771 8,2
16  /  350
2  /  207
4e Opposition Manuel Fraga
1979 1 060 330 5,9
9  /  350
3  /  208
4e Opposition Manuel Fraga
1982 au sein de l'AP-PDP
84  /  350
54  /  208
2e Opposition Manuel Fraga
1986 au sein de la CP
69  /  350
2e Opposition Manuel Fraga

Parlement européen[modifier | modifier le code]

Année Voix % Sièges Rang Tête de liste
1987 4 747 283 24,7
17  /  60
2e Manuel Fraga

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Richard Gunther, José Ramón Montero et Juan Botella, Democracy in Modern Spain, Yale University Press, , p. 164.
  2. Miguel Ángel del Río Morillas, « El nacimiento de Alianza Popular como confluencia de proyectos de supervivencia franquista (1974-1976) », Université de Barcelone, Barcelone, vol. 9,‎ , p. 108 (ISSN 1889-1152, DOI 10.1344/segleXX2016.9.5, lire en ligne)
  3. a b et c (en) Jonathan Story, « Spain's external relations redefined: 1975-1989 », Democratic Spain: Reshaping External Relations in a Changing World, Routledge,‎ , p. 32.
  4. (en) Steven Van Hecke, « A Decade of Seized Opportunities: Christian Democracy in the European Union », Christian Democratic Parties in Europe since the End of the Cold War, Leuven University Press,‎ , p. 277.
  5. (en) Michael T. Newton, Institutions of Modern Spain : A Political and Economic Guide, Cambridge University Press, , p. 200.
  6. (es) P. Marcos, « De cuando Alianza Popular nació con siete padrinos - Manuel Fraga creó hace 30 años AP como una federación de partidos dirigida por ex ministros de Franco », El País, 08/10/2006.
  7. Francisco Campuzano (préf. Guy Hermet), L'élite franquiste et la sortie de la dictature, Paris, L'Harmattan, , 1re éd., 263 p. (ISBN 2-7384-5888-2, lire en ligne), p. 240.
  8. Neofranquistas entusiasmados celebraron su primer congreso, Diario 16, .
  9. a b et c « Impossible recentrage du Parti populaire espagnol », sur Le Monde diplomatique,
  10. Campuzano Carvajal 2002, loc 3153.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Article connexe[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]