Alberto Nisman

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Alberto Nisman
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La Tablada Cemetery (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Sandra Arroyo Salgado (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
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Manifestation en hommage à Nisman : l'écriteau dit « Todos somos Nisman », ce qui se traduit par « Nous sommes tous Nisman ».

Alberto Nisman est un procureur argentin, mort pendant l'enquête qu'il dirigeait sur l'attentat de Buenos Aires en 1994. Né le à Buenos Aires, il est mort dans cette même ville le .

Biographie[modifier | modifier le code]

Alberto Nisman a commencé sa carrière dans la fonction publique en tant que fonctionnaire de l'administration fiscale argentine. Il s'est ensuite spécialisé dans les mouvements financiers frauduleux, voire mafieux.

Devenu procureur, il a enquêté sur de nombreuses affaires politico-financières sensibles, et notamment sur les activités de Cristina Kirchner, soupçonnée d'avoir entravé l'enquête concernant l'attentat de Buenos Aires en 1994. Le , une association juive, l'Association mutuelle israélite argentine (AMIA) à Buenos Aires a subi une attaque terroriste à la voiture piégée qui a complètement détruit le bâtiment où siégeait l'association, faisant 85 morts et des centaines de blessés. Cet attentat est l'attaque la plus meurtrière contre les Juifs depuis la Seconde Guerre mondiale. La communauté juive en Argentine est la plus importante en Amérique latine et la cinquième en nombre dans le monde.

Nisman dirige une section spécifique du Parquet national argentin à partir de 2004 à ce sujet. Il a orienté l'enquête vers la piste iranienne, reliant la responsabilité de l'attaque avec des représentants de la République islamique d'Iran et le Hezbollah libanais. Le gouvernement de Kirchner persistait à nier la responsabilité des Iraniens[1],[2].La présidente soutenait la piste syrienne[3].

Le , la justice argentine, après des années d'instruction de l'affaire, a formellement accusé le gouvernement iranien de la planification de l'attaque et le Hezbollah de l'avoir exécutée[4],[5],[6],[7],[8]. La justice argentine a ordonné l'arrestation de sept anciens responsables iraniens[9],[5],[10].

Le , Interpol a délivré un mandat d'arrêt international pour capturer cinq des suspects iraniens et les traduire en justice[11],[12]. Depuis, le gouvernement argentin a demandé à l'Iran d'extrader ses citoyens accusés de l'attaque afin qu'ils soient jugés par un tribunal argentin ou étranger[13] mais l'Iran a refusé de les extrader[14],[15]

En 2009, la présidente argentine Cristina Fernandez de Kirchner a demandé à l'Iran, dans un discours à l'ONU, d'extrader ses ressortissants soupçonnés d'être impliqués dans l'attentat[16]. Néanmoins, en 2013, Cristina Kirchner a annoncé que le ministre argentin des Affaires étrangères avait signé un accord avec le gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad, l'existence a été initialement niée par le gouvernement[17], pour "coopérer avec l'enquête" et pour décider que le juge du procès et le procureur Alberto Nisman pourraient interroger des suspects iraniens en Iran[18],[19],[20],[21]. Les organisations juives ont exprimé leur inquiétude que la conséquence de ce mémorandum était que l'Argentine a levé les mandats d'arrêt internationaux émis par Interpol[22],[23],[24] Le mémorandum a été rejeté par une grande partie de la société pour être considéré comme inconstitutionnel, contraire aux lois argentines, une atteinte à la souveraineté nationale et un recul dans l'enquête judiciaire. Interpol avait décidé que les preuves accumulées dans le long dossier par la justice argentine étaient suffisantes et adéquates pour demander les arrestations internationales des accusés[25].

Le , le procureur Alberto Nisman a accusé Cristina Fernández de Kirchner d'avoir "décidé, négocié et organisé l'impunité des fugitifs iraniens dans l'affaire de l'AMIA dans le but de fabriquer l'innocence de l'Iran"[26],[27],[28],[29],[30].

Le , la veille d'une audition officielle par la commission spéciale de la chambre des députés, quelques heures avant de se présenter devant le Congrès pour donner des détails sur sa plainte contre la présidente de l'époque, Nisman a été retrouvé mort à son domicile, une balle dans la tête[31].

Après sa mort[modifier | modifier le code]

Manifestation en mémoire du procureur.

Après sa mort, des manifestations ont lieu dans plusieurs régions du pays pour réclamer justice et demander des éclaircissements sur la cause de la mort[32],[33],[34],[35]. Le , 2 000 personnes défilent à Buenos Aires pour exiger la constitution d'une commission d'enquête parlementaire sur son décès. « On ne sait pas si Nisman s'est suicidé ou si on l'a suicidé », dit le Prix Nobel de la paix 1980 Adolfo Pérez Esquivel[36]. Le , un mois après sa mort, de grandes manifestations ont lieu en sa mémoire, toujours acccompagnées de cette demande d'enquête[37],[38],[39],[40].

La thèse du suicide a d'abord été avancée car son corps est trouvé derrière la porte de la salle de bain, un pistolet Bersa .22 Long Rifle à son côté[41]. Néanmoins, des soupçons d'assassinat politique sont émis car il avait reçu de nombreuses menaces anonymes contre sa vie et contre celle de sa famille[42].

Nisman bénéficiait d'une protection permanente de 10 policiers en raison des menaces constantes reçues pour son travail, mais au moment de sa mort, aucun des gardes n'étaient à leur poste de travail[43]. Les policiers chargés de sa protection ont présenté des déclarations contradictoires et antagonistes devant la justice[44], par conséquent, ils ont perdu leur emploi pour avoir laissé la zone sans surveillance[45].

Une plainte est déposée à l'encontre de la présidente au sujet de cette affaire mais elle est d'abord rejetée par le juge Rafecas[46]. En , la Cour de cassation fédérale ordonne de mener une enquête pour dissimulation et trahison contre Cristina Fernandez de Kirchner[47].

En 2017, les policiers gardes du corps ont été inculpés pour non-respect des devoirs de fonctionnaire public et pour complicité de meurtre[48]. En 2017, une commission interdisciplinaire de la Gendarmerie Nationale argentine a été créée car elle était considérée comme neutre, n'ayant pas été impliquée dans l'enquête précédente[49]. Les experts de la commission ont conclu que sa mort était due à un assassinat[50],[51].En 2017, un juge argentin, Julian Ercolini, conclut qu'il existe suffisamment de preuves pour affirmer que la mort de Nisman est un assassinat et non pas un suicide[52].

Le nouveau rapport conclut que les agresseurs ont tenté de simuler un suicide. Les experts ont découvert que la cloison nasale de Nisman était fracturée. Il avait subi des coups à la hanche et dans d'autres parties du corps. De la kétamine, un anesthésique, a été retrouvée dans son corps et aucune trace de poudre n'a été trouvée sur ses mains. Le juge Ercolini a jugé en première instance que Nisman avait été assassiné[53],[54]. Cette décision est confirmée par la Cour d'appel fédérale[55]. Après l'appel, en 2018, la Cour fédérale d'Argentine a confirmé, en deuxième instance, l'hypothèse selon laquelle Nisman a été assassiné d'une balle dans la tête[56],[57]. Le jugement de la Chambre II de la Cour d'appel stipule que Nisman a été assassiné d'une balle dans la tête en conséquence de sa plainte pour dissimulation de l'attentat contre l'AMIA[58],[59].

La justice argentine a affirmé avoir prouvé prima facie qu'il avait été assassiné d'une balle dans la tête[60],[61].

En 2023, en deuxième instance, la Cour fédérale de cassation a annulé l'acquittement dont Cristina Fernández de Kirchner avait bénéficié et a ordonné qu'elle soit jugée pour la prétendue dissimulation que lui reprochait Alberto Nisman dans le cadre du mémorandum d'entente entre l'Argentine et l'Iran[62],[63]

En avril 2024, 30 ans après l'attentat, la justice argentine donne raison à Nisman et confirme que le gouvernement iranien était l'auteur intellectuel de l'attentat et qu'il avait donné l'ordre de le perpétrer. La Cour de cassation pénale a établi que l'Iran avait organisé le massacre et l'a qualifié de crime contre l'humanité[64]. Les juges de deuxième instance ont statué que l'attentat répondait à un dessein politique et stratégique de l'Iran, qui aurait été exécuté par l'organisation terroriste du Hezbollah[65],[66]

Un documentaire du Britannique Justin Webster diffusé sur Netflix en exclusivité pour l’Argentine vient renforcer les soupçons de règlement de comptes politique. Le documentaire met en avant la personnalité d'Antonio Jaime Stiuso, homme fort des services de renseignement pendant plus de quatre décennies jusqu'à son éviction par la présidente Cristina Fernandez de Kirchner, et connu comme ayant été le principal informateur de Nisman. D'après l'expert sollicité par le journaliste, la disposition du sang au sol exclut que Nisman n’ait pas été seul au moment où la balle a été tirée[1].

Le documentaire de Justin Webster s'achève sur l'inculpation, en 2019, de Diego Lagomarsino pour complicité du meurtre du procureur Nisman. C'est Lagomarsino, informaticien du procureur, qui a fourni l'arme retrouvée dans la salle de bain d'Alberto Nisman. Il confirme « avoir commis une erreur en la lui remettant » mais jure n'être en rien mêlé à sa mort

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a et b « Argentine: l'ombre des services secrets plane sur la mort du procureur Nisman », sur RFI,
  2. (es) « Causa AMIA: para el dirigente kirchnerista, los acusados iraníes van a ser sobreseídos », sur La Nación (consulté le ).
  3. (es) « Cristina Fernández apoyó la pista siria en el nuevo juicio por AMIA », sur La Nación (consulté le ).
  4. Iran, Hezbollah charged in 1994 Argentine bombing
  5. a et b Iran charged over Argentina bomb
  6. Former Iran leader sought in bombing
  7. Irán planificó el atentado que ejecutó Hezbollah
  8. Judge: Arrest Ex-President Of Iran
  9. Foto de los fugitivos
  10. Wiesenthal Center Urges Interpol's Help To Bring Former Iranian President Before The Bar Of Justice For AMIA Mass Murder In Argentina Wiesenthal Center, 2006
  11. INTERPOL
  12. .stm AMIA: Interpol ratifica arresto de iraníes BBC.
  13. = 1178017 Fuerte reclamo de Cristina Kirchner al presidente iraní por la AMIA
  14. injerencia.html Irán acusa a Argentina de injerencia.
  15. AMIA: duro rechazo iraní a una propuesta del Gobierno
  16. Cristina reclamó extradiciones a Irán y condenó el golpe en Honduras
  17. (es) « El fallo que señala a Irán por la causa AMIA deja mal parada a Cristina Kirchner por el Memorandum », sur La Nación (consulté le ).
  18. Infobae: AMIA, aceptan que se interrogue a los acusados, pero sólo si es en Irán
  19. BBC: Amia bombing: Argentina and Iran agree truth commission
  20. Memorándum de Entendimiento
  21. La Presidenta calificó de "histórico" el acuerdo con Irán por el tema Amia
  22. Irán no afloja con el ministro Vahidi y la DAIA pasa factura al Memorandum
  23. Ahmad Vahidi no será sometido a declaración indagatoria
  24. Un ministro iraní, en la lista de la Interpol
  25. (es) « La AMIA y la DAIA rechazaron el acuerdo de Argentina con Irán », sur La Voz (consulté le )
  26. « Argentinian president accused of covering up details about the country's worst terrorist attack », sur The Guardian (consulté le ).
  27. « Phone Taps Reveal Argentinian President Fernández de Kirchner’s Attempt to Cover Up Iranian Involvement in AMIA Bombing, Prosecutor Says », sur The Algemeiner (consulté le ).
  28. « Prosecutor claims Argentina’s president hid Iran role in 1994 bombing », sur The Times of Israel, (consulté le ).
  29. (en) « Argentina’s President Kirchner Named in Criminal Complaint », sur The Wall Street Journal, (consulté le ).
  30. (es) « Por el pacto con Irán, denunciaron a Cristina », sur El Intransigente, (consulté le ).
  31. (es) « Gendarmería argentina dice que al fiscal Nisman lo mataron y no se suicidó: ¿qué significa este giro en la investigación? », sur BBC News Mundo (consulté le ).
  32. Argentine prosecutor Alberto Nisman's death sparks protests
  33. Marchas y cacerolazos
  34. Multitudinarias marchas en todo el país por la muerte de Nisman
  35. «Morte de promotor que investigava Cristina dificulta campanha kirchnerista»
  36. « Argentine: marche contre l'impunité et pour la vérité dans la mort du procureur Nisman », AFP sur LePoint.fr, 5 février 2015.
  37. « Argentine : manifestations immenses, un mois après la mort du procureur Nisman », LeMonde.fr avec AFP, 19 février 2015.
  38. 18F: los sonidos del silencio en la marcha por Nisman
  39. Multitudinaria marcha en homenaje a Nisman
  40. #18F: Una multitud marchó a Plaza de Mayo a un mes de la muerte de Nisman
  41. « Le juge argentin Nisman "victime d'un homicide" », sur ledauphine.com, .
  42. (es) "Judío hdp te vamos a matar", fue una de las amenazas que recibió el fiscal Nisman
  43. (es) « Nisman recibía constantes amenazas y era protegido por 10 custodios », sur La Gaceta (consulté le ).
  44. (es) « Nisman: custodios se contradicen en sus declaraciones », (consulté le ).
  45. « Pasan a disponibilidad a dos custodios de Alberto Nisman », sur La Nación, (consulté le ).
  46. « Argentine: rejet de la plainte contre Cristina Kirchner pour entrave à la justice », lemonde.fr, 26 février 2015.
  47. « Pourquoi la justice argentine rouvre l’enquête du procureur Nisman sur Kirchner - France 24 », France 24,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  48. (es) « Causa Nisman. Procesamiento de custodios por incumplimiento de los deberes de funcionario público y encubrimiento de homicidio », sur Revista Pensamiento Penal, (consulté le ).
  49. (en) « New Argentina probe says prosecutor Nisman was murdered », sur AP News, (consulté le ).
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  51. « Mort du procureur argentin – Nisman aurait été assassiné, dit un rapport », sur Tribune de Genève, (consulté le ).
  52. « Le procureur Alberto Nisman a bien été tué, affirme un juge argentin - France 24 », France 24,‎ (lire en ligne, consulté le ).
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  58. (es) « Informe judicial a cuatro años de la muerte del fiscal », sur TVP (consulté le ).
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  65. « La justice argentine déclare l'attentat contre la mutuelle juive AMIA comme un "crime contre l'humanité" », sur El País, (consulté le ).
  66. (es) « Milei y la comunidad judía argentina celebran el fallo que señala a Irán por el ataque a la AMIA », sur Los Angeles Times, (consulté le ).

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

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