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Qatna

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Qatna
Tell Mishrife
Image illustrative de l’article Qatna
Localisation
Pays Drapeau de la Syrie Syrie
Gouvernorat Homs
Coordonnées 34° 50′ 06″ nord, 36° 51′ 57″ est
Géolocalisation sur la carte : Syrie
(Voir situation sur carte : Syrie)
Qatna
Qatna

Qatna est une cité antique située en Syrie à 200 km au nord de Damas, sur l'actuel site de Tell Mishrife. C'était la capitale d'un royaume qui fut l'un des plus importants de la région dans la première moitié du IIe millénaire av. J.-C. avant notre ère, et avait encore une certaine puissance dans la seconde moitié de ce même millénaire.

Les vestiges actuellement visibles et qui ont fait l'objet de fouilles récentes constituent un tell d'une superficie d'environ 1 km2. Le tell se situe au bord du plateau calcaire qui délimite le désert syrien et domine la plaine fertile de Homs.

La cité qui s'est développée depuis le début du IIe millénaire av. J.-C. était un point important de passage sur les routes de commerce de la région. Plusieurs dynasties de rois s'y sont succédé pendant presque mille ans, développant une culture raffinée, un artisanat, et utilisant l'écriture cunéiforme.

Fouilles

Vue aérienne du site de Qatna, avec la localisation des principales zones de fouilles.

Ce n'est qu'à partir de 1924, pendant le protectorat français, que cette ville totalement oubliée revient au jour. Le site est fouillé une première fois par une équipe française dirigée par Robert du Mesnil du Buisson, entre 1924 et 1929. Ces premières campagnes sont peu fructueuses.

En 2000, les fouilles reprennent sur le tell Mishrife. Elles sont menées par des équipes de trois nationalités différentes, syrienne, italienne et allemande, qui se partagent le site en trois secteurs de fouilles. C'est l'équipe allemande de P. Pfälzner qui est la plus fortunée, puisqu'elle découvre dans la zone qui lui est attribuée l'endroit où reposaient les restes de rois de Qatna, et où étaient effectués les rituels funéraires royaux (kispum).

Histoire

Le site de Qatna est occupé depuis le Néolithique. Mais c'est au début du IIe millénaire que la ville devient importante.

Le royaume amorrite de Qatna

Le développement de Qatna à la période amorrite (2004-1595 av. J.-C.) est établi par l'archéologie, puisque c'est de cette époque que datent les impressionnantes murailles qui protègent la cité. Pour le début de cette période, on a retrouvé un sphinx en pierre venu d'Égypte, inscrit au nom d'Ita, fille du pharaon Amenemhat II (1928-1895 av. J.-C.), qui établit les contacts entre Qatna et le pays des Deux Terres.

Mais ce sont les archives de Mari qui nous renseignent de manière indirecte sur l'histoire du royaume de Qatna, entre la fin du XIXe siècle av. J.-C. et la première moitié du XVIIIe siècle av. J.-C.. Cet État est alors l'un des plus puissants de Syrie et de tout le Proche-Orient. Son grand rival est son voisin du nord, le Yamkhad, dont la capitale se trouve à Alep.

Samsî-Addu, roi de Haute-Mésopotamie, faisant lui aussi face à Alep depuis qu'il a conquis Mari, choisit de s'allier au roi Ishkhi-Addu de Qatna. Dans ce but, la fille de ce dernier, Dam-hurasi, épouse Yasmah-Addu, le fils de Samsi-Addu, qui règne alors à Mari. La conclusion de ce mariage et son déroulement sont bien connus par les archives mariotes. Qatna est alors entraînée dans plusieurs conflits, directs ou indirects, avec Sumu-epukh d'Alep, qui soutient des révoltes contre Ishkhi-Addu dans le nord du Liban. À cette occasion, Samsi-Addu et Yakhdun-Lim envoient des troupes de soutien à Qatna. Ce conflit s'achève finalement sans vainqueur.

En 1775 av. J.-C., Samsi-Addu décède, et son royaume s'effondre. Soutenu par Hammurabi, le nouveau roi du Yamkhad, Zimrî-Lîm monte sur le trône de Mari en chassant Yasmah-Addu. Quand il occupe le palais de Mari, il conserve le harem du vaincu, et il fait donc de Dam-hurasi son épouse principale. Cela lui permet de rester en bons termes avec Ishkhi-Addu et son fils et successeur Amut-pi-El, tout en étant allié du roi d'Alep, dont il épouse aussi une fille. Les relations entre Qatna et le Yamkhad paraissent alors connaître une période d'accalmie.

La prise de Mari en 1761 av. J.-C. par Hammurabi de Babylone, marquant la fin des archives dans cette ville, réduit notre connaissance de Qatna et de la situation politique de la Syrie en général pour les décennies suivantes. D'après ce que semblent indiquer les archives d'Alalakh (fin XVIIIe siècle av. J.-C. - début XVIIe siècle av. J.-C.), Qatna serait passée sous le contrôle du Yamkhad, l'ennemi séculaire.

Seconde moitié du IIe millénaire

Qatna est toujours la capitale d'un royaume aux XVe siècle av. J.-C. et XIVe siècle av. J.-C. Il ne s'agit plus d'un royaume de premier rang, mais plutôt d'un royaume secondaire, devenu vassal du Mitanni, puis de l'Égypte, à l'époque des lettres d'Amarna, quand un certain Akizzi règne sur cet État. C'est après cela que Qatna passe sous domination hittite, quand Suppiluliuma Ier s'empare de la Syrie. Cela s'est apparemment fait dans la violence à Qatna, si on date de ce moment les destructions retrouvées sur le site. Les Égyptiens reprennent le contrôle de la ville sous Séthi Ier, vers 1300 av. J.-C.. Elle reste finalement dans cette situation jusqu'aux invasions des Peuples de la mer au début du XIIe siècle av. J.-C., qui provoquent sa destruction. Cela n'est cependant pas définitif, puisque la ville est encore habitée dans la première moitié du Ier millénaire av. J.-C.

Les sources provenant du site de Qatna même pour cette époque se sont étoffées avec les découvertes de plusieurs tablettes cunéiformes sur l'acropole et dans le palais royal durant ces dernières années, et le lot va probablement encore grossir. À l'époque des fouilles françaises, les seuls textes trouvés étaient les inventaires de Qatna, qui sont des listes de bijoux offerts à la déesse de la ville, Nin-Égal, la « Dame de Qatna ». Elles nous donnaient des listes de rois, dont on ne savait pas dater les règnes. Les tablettes retrouvées par les fouilleurs allemands dans le couloir menant aux tombes royales ont donné le nom d'un roi commun à celui des inventaires : Idadda/Idanda. On attend la publication des nouvelles tablettes et de nouvelles découvertes pour en savoir plus.

Découvertes archéologiques

La ville

Le site de Qatna est particulièrement vaste, puisqu'il couvre 110 hectares. Les remparts qui ceignent la cité forment un quadrilatère d'environ 800 mètres de côté, et leurs ruines peuvent encore atteindre 20 mètres de hauteur par certains endroits. Quatre portes principales perçaient cette enceinte.

L'acropole de Qatna, située au milieu de la ville, était le centre politique et religieux de la ville. Le palais royal était situé au nord-ouest de l'acropole, et un temple dédié à la déesse Nin-Égal, la « Dame de Qatna », déesse tutélaire de la ville, se trouvait à proximité. C'est le palais royal qui a d'abord attiré l'attention des fouilleurs. La découverte la plus spectaculaire qui y a été effectuée est celle des tombes royales, en 2002 (voir plus bas).

Le palais royal était entouré des résidences des élites de la cité. Une vaste résidence de plus de 1400 mètres carrés a été fouillée par l'équipe italienne. Le petit lot de tablettes économiques cunéiformes écrites en akkadien retrouvé à l'intérieur semble indiquer qu'elle a appartenu à un moment à un certain Zariya (sans doute avant la destruction du site). Un autre grand bâtiment de l'acropole a livré une statue acéphale datant du Bronze moyen (XVIIIe siècle-XVIIe siècle), de facture typiquement syrienne, représentant sans doute un roi de Qatna. Un quartier artisanal ainsi qu'un petit cimetière datant aussi du Bronze moyen ont également été exhumés à proximité de ces bâtiments.

Les tombes royales

Statuette de dieu assis trouvée à Qatna, v. 1600 av. J.-C., musée du Louvre.

La découverte des tombes royales sous le palais de Qatna par l'équipe de fouilleurs allemands est l'une des plus importantes de l'archéologie du Proche-Orient ancien de ces dernières années. À côté de la salle du trône située dans le secteur nord-est du palais, un couloir long de quarante mètres s'enfonçait dans le sol sur une profondeur de sept mètres pour mener à un puits de cinq mètres de profondeur, ouvrant sur un complexe funéraire souterrain. Un lot de 75 tablettes cunéiformes a été retrouvé dans le couloir, parce qu'elles sont tombées à cet endroit lors de l'effondrement de l'étage supérieur, quand le palais fut détruit. Elles datent du règne du roi Idanda, qui est à situer vers le milieu du XIVe siècle. Une partie est en akkadien, alors qu'une autre est en hourrite.

L'entrée du complexe funéraire était gardée par deux statues en basalte représentant chacune un personnage masculin assis sur un trône, main droite posée sur un vase tandis que la gauche était repliée sur le ventre, selon un style typiquement syrien. Elles ont été datées des XVIIIe – XVIIe siècle av. J.-C. Le complexe est organisé autour d'une salle centrale, mesurant 9 × 7 mètres, ouvrant sur trois autres salles de dimensions plus modestes. La grande pièce renfermait un sarcophage en bois, dans lequel les restes de trois individus ont été retrouvés, ainsi que de nombreuses céramiques, et des banquettes avaient été aménagées sur ses côtés. Divers objets de grande valeur ont également été mis au jour dans cette pièce : bijoux en or ou pierres précieuses, vaisselle de luxe, etc. La petite salle située sur le côté sud de la grande a livré d'autres céramiques, dont un vase en serpentine portant le nom du pharaon Amenemhat III. La salle ouest contenait un sarcophage renfermant les restes de deux individus, dont un portait un collier en pierres précieuses, tandis que la salle était remplie d'ossements.

Cet ensemble fonctionnait comme un complexe funéraire royal de la dynastie régnant à Qatna. Cette découverte est exceptionnelle dans la mesure où ce complexe n'a jamais été pillé, et a pu livrer cet endroit tel qu'il était au moment de la destruction du palais. On a ainsi pu rapprocher ces découvertes archéologiques de ce que nous rapportent divers textes de la Syrie du IIe millénaire av. J.-C.Ougarit et Emar), mentionnant le rite funéraire du kispum, un banquet réunissant les membres de la famille royale et leurs ancêtres, parfois divinisés à cette période.

Voir aussi

Bibliographie

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Liens externes