Ödön von Horváth

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Ödön von Horváth
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Ödön von Horváth en 1919
Naissance
Fiume, Autriche-Hongrie
Décès (à 36 ans)
Paris, France
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture allemand
Genres

Œuvres principales

Ödön von Horváth est un dramaturge et romancier de langue allemande né le à Sušak, un quartier de Fiume (ancien nom italien de la ville désormais croate de Rijeka) et mort accidentellement le à Paris.

Opposant à Adolf Hitler et au national-socialisme, ses pièces en dénoncent les dangers.

Biographie[modifier | modifier le code]

Ödön von Horváth naît le à Fiume (qui appartient alors au royaume de Hongrie, partie intégrante de l'empire d'Autriche-Hongrie) dans une famille catholique aux idées libérales[1]. Il est l'enfant naturel d'Edmund Josef Horváth, diplomate austro-hongrois de petite noblesse, originaire de Slavonie (en Croatie actuelle), et de Maria Hermine Prehnal, issue d'une famille germano-hongroise de médecins militaires. Alors qu'il occupe son poste de diplomate, le père de Horváth obtient la germanisation de son nom par l'ajout de la particule « von ».

Le jeune Ödön suit les affectations de son père à Belgrade (1902-1908), Budapest (1908–1913), Munich (1913-1916), retour à Presbourg (désormais Bratislava) (1916-1918), retour à Budapest (1918), Vienne (1919) et enfin Munich, où il commence ses études de littérature à l'université. Les pérégrinations du jeune Ödön font qu'il ne se sent aucune appartenance nationale (sa nationalité fluctuant aussi avec le temps et le lieu) alors que l'époque prête au nationalisme un rôle politique majeur[2].

1927-1930 : premiers écrits[modifier | modifier le code]

Ses premières pièces, comme Revolte auf Côte 3018 (« Révolte sur la côte 3018 ») en 1927, montrent déjà les thèmes fondateurs de son œuvre : la culture populaire et l'histoire politique de l'Allemagne. Devant la montée en puissance du NSDAP, les pièces d'Horváth mettent en garde contre le danger fasciste. Ses pièces Le Funiculaire (Die Bergbahn, 1928), une réécriture de Revolte auf Côte 3018, et Sladek, soldat de l'Armée noire (Sladek, der schwarze Reichswehrmann, 1929) sont montées à Berlin. Von Horváth obtient un contrat avec la maison d'édition Ullstein.

En 1929, en résidence chez ses parents à Murnau am Staffelsee, près de Munich, il rencontre Hitler, se dispute et se bat avec ses affidés lors d'une réunion électorale. Horváth témoigne lors d'un procès houleux en 1931.

1930-1933 : reconnaissance et opposition au nazisme[modifier | modifier le code]

Horváth publie son premier roman L'Éternel Petit-Bourgeois (Der ewige Spießer) en 1930, mais c'est avec le théâtre qu'il obtient la reconnaissance de son talent : deux de ses pièces majeures, La Nuit italienne (Italienische Nacht, 1930) et Légendes de la forêt viennoise (Geschichten aus dem Wienerwald, 1931), sont montées à Berlin en 1931 et y obtiennent un grand succès. Horváth reçoit même le prestigieux prix Kleist sur proposition de Carl Zuckmayer pour ses Légendes de la forêt viennoise.

Lorsqu'en 1933, les nazis brûlent les livres, ceux d'Ödön von Horváth font partie du lot. Un ami lui écrit : « L'information disant que tu n'es plus joué, « auteur dégénéré », vaut plus que n'importe quel prix littéraire. Elle te confirme publiquement comme poète ! ».

Plaque indiquant l'endroit où v. Horváth a habité à Berlin en 1931.

Sa pièce Foi, Amour, Espérance (Glaube, Liebe, Hoffnung, 1932) ne peut être montée à Berlin en 1933 à la suite de pressions du gouvernement national-socialiste sur le metteur en scène. Horváth réussira à monter cette pièce à Vienne en 1936.

1934-1938 : exil et mort[modifier | modifier le code]

Devant la montée du nazisme en Allemagne, Horváth fuit Berlin pour s'installer à Vienne. Sa comédie Figaro divorce (Figaro läßt sich scheiden, 1935) connaît sa première à Prague en 1937. Horváth publie à Amsterdam son deuxième roman, Jeunesse sans dieu (Jugend ohne Gott, 1937), qui vise explicitement l'embrigadement de la jeunesse par la propagande nazie. Ne recevant bientôt plus aucune rémunération en provenance d'Allemagne, au titre du droit d'auteur, le gouvernement de Berlin s'y opposant, Horváth se retrouve alors dans une situation précaire.

Pour fuir la répression nationale-socialiste qui s'abat sur Vienne après l'Anschluß (), Horváth erre en Europe : Budapest, Trieste, Venise, Milan, Prague, Zurich, Amsterdam. Il publie le roman Un fils de notre temps, d'abord traduit en français sous le titre Soldat du Reich, (Ein Kind unserer Zeit, 1937), à Amsterdam, chez Allert de Lange Verlag et à New York.

Von Horváth se réfugie à Paris le , avec son amie Wera Liessem, pour rencontrer Robert Siodmak et discuter de l'adaptation au cinéma de Jeunesse sans dieu[3]. Le , alors qu'il se promène sur les Champs-Élysées, une tempête déracine un marronnier ; une des branches le tue[4] devant le théâtre Marigny[5].

Plaque apposée en hommage à Ödön von Horváth par son éditeur Thomas Sessler Verlag sur la façade du Théâtre Marigny (Paris 8e).

Ödön von Horváth est enterré au cimetière parisien de Saint-Ouen le 7 juin ; ses restes sont transférés en 1988 au cimetière de Heiligenstadt, dans l'arrondissement de Döbling à Vienne, à l'occasion du 50e anniversaire de sa mort.

Ses pièces sont ancrées dans la tradition viennoise d'un théâtre populaire et critique : critique politico-sociale des comportements petit-bourgeois, de la place de la femme considérée comme une victime et de la tentation nocive du fascisme. Peter Handke considère Horváth supérieur à Brecht et compare la force dramatique de ses œuvres et son style à ceux de Tchekhov ou de Shakespeare :

« Dans toutes mes pièces, je n'ai rien embelli, rien enlaidi. J'ai tenté d'affronter sans égards la bêtise et le mensonge ; cette brutalité représente peut-être l'aspect le plus noble de la tâche d'un homme de lettres qui se plaît à croire parfois qu'il écrit pour que les gens se reconnaissent eux-mêmes[6]. »

Œuvres[modifier | modifier le code]

Théâtre[modifier | modifier le code]

  • Meurtre dans la rue des Maures (Mord in der Mohrengasse, 1923)
  • Le Belvédère (Zur schönen Aussicht, 1926)
  • Le Funiculaire (Die Bergbahn (réécriture de Revolte auf Côte 3018), 1928)
  • Sladek, soldat de l'armée noire (Sladek, der schwarze Reichswehrmann (réécriture de Sladek oder Die schwarze Armee), 1929)
  • Le Congrès (Rund um den Kongreß, 1929)
  • La Nuit italienne (Italienische Nacht, 1930)
  • Légendes de la forêt viennoise (Geschichten aus dem Wienerwald, 1931)
  • Foi, Amour, Espérance (Une petite danse de mort) (Glaube, Liebe, Hoffnung (Ein Totentanz), 1932)
  • Casimir et Caroline (Kasimir und Karoline, 1932)
  • L'Inconnue de la Seine (Die Unbekannte aus der Seine, 1933)
  • Allers et Retours (Hin und her, 1934)
  • Don Juan revient de guerre ou l'Homme de neige (Don Juan kommt aus dem Krieg, 1935)
  • Figaro divorce (Figaro läßt sich scheiden, 1936)
  • Pompéi (Pompeji. Komödie eines Erdbebens, 1937)
  • Un village sans hommes (Ein Dorf ohne Männer, 1937)
  • Vers les cieux (Himmelwärts, 1937)
  • Le Jugement dernier (Der jüngste Tag, 1937)

L'intégralité de son théâtre est éditée en français aux éditions L'Arche[7].

Romans[modifier | modifier le code]

  • Sechsunddreißig Stunden, 1929
  • L'Éternel Petit-Bourgeois (Der ewige Spießer, 1930)
  • Jeunesse sans dieu (Jugend ohne Gott, 1937)
  • Un fils de notre temps (aussi traduit en français sous le titre Soldat du Reich) (Ein Kind unserer Zeit, 1938)
  • Adieu Europa, 1938 (fragment d'un roman inachevé)

Autres[modifier | modifier le code]

  • Sportmärchen, (1924-1926) pour la revue Simplicissimus
  • Interview, (1932)
  • Gebrauchsanweisung, (1932)
  • Repères (nouvelles, textes courts (1901-1938) et éléments biographiques) édité par Actes-Sud Papiers

Œuvres réalisées autour de l'auteur[modifier | modifier le code]

  • Avant l'orage, une pièce de théâtre écrite par Matéo Troianovski en 2022 sous la forme d'un biopic

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Encyclopædia Universalis, « ÖDÖN VON HORVÁTH », sur Encyclopædia Universalis (consulté le )
  2. « Je n'ai pas de pays natal et bien entendu je n'en souffre aucunement » et « Le concept de patrie, falsifié par le nationalisme, m'est étranger. Ma patrie, c'est le peuple. », préface de Heinz Schwarzinger, Jeunesse sans Dieu, Christian Bourgois Éditeur.
  3. « L'Intransigeant », sur Gallica, (consulté le )
  4. « Le Populaire », sur Gallica, (consulté le )
  5. « Les âmes perdues d'Ödön von Horvath », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. Préface de Heinz Schwarzinger, Jeunesse sans dieu, Christian Bourgois Éditeur.
  7. « Ödön von Horváth », sur www.arche-editeur.com (consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]

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