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Élection présidentielle irakienne de 2022

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Élection présidentielle irakienne de 2022
Corps électoral et résultats
Inscrits 329
Barham Salih – UPK
Rebar Ahmed – PDK
Président de l'Irak
Sortant
Barham Salih
UPK

L'élection présidentielle irakienne de 2022 doit avoir lieu le afin d'élire au suffrage indirect le Président de l'Irak pour un mandat de quatre ans. Le poste est largement honorifique, l'Irak étant un régime parlementaire. Le président sortant Barham Salih est candidat à sa réélection.

Initialement prévu pour le 7 février 2022, le scrutin est reporté du fait du boycott des sessions parlementaires par la majorité des députés. Ces derniers s'élèvent contre l'annulation par la Cour suprême de la candidature de Hoshyar Zebari, portée par les principaux partis vainqueurs des élections législatives d'octobre 2021. Après avoir mis fin à la crise politique et relancé le processus électoral, ces derniers décident de se reporter sur la candidature de Rebar Ahmed.

Contexte

Barham Salih

Le Président de l'Irak possède des fonctions largement honorifiques, le pays étant organisé sous la forme d'un régime parlementaire. Le poste de président est traditionnellement attribué à un kurde tandis que celui de Premier ministre revient à un chiite et celui de président du parlement à un sunnite. À cette répartition s'ajoutait avant 2018 une autre, propre aux différents partis du Kurdistan irakien. Le Parti démocratique du Kurdistan (PDK) de Massoud Barzani qui domine le nord se voyait en effet attribué la présidence du Kurdistan pour l'un de ses membres, tandis que l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) de Jalal Talabani qui domine le sud obtenait pour l'un des siens la président de l'État fédéral irakien[1].

En 2018 cependant, les deux principaux partis kurdes se mettent en concurrence dans le contexte du référendum de 2017 sur l'indépendance du Kurdistan irakien organisé par le PDK ayant mené de manière désastreuse à une reprise en quelques jours par l'armée fédérale de l'ensemble des territoires gagnés sur l'État islamique tout au long de la seconde guerre civile irakienne. À la suite de ce fiasco, les deux partis s'affrontent lors des élections législatives le , tandis que les prérogatives du président de la région kurde sont gelées, attisant la compétition ouverte pour la présidentielle irakienne[2],[3].

L'élection présidentielle d'octobre 2018 voit finalement la victoire du candidat de l'UPK, Barham Salih, sur plusieurs candidats dont celui du PDK, Fouad Hussein. L'UPK conserve ainsi le contrôle de la présidence du pays[4],[5].

L'élection présidentielle de 2022 suit de quelques mois les élections législatives d'octobre 2021, qui voient arriver en tête le Mouvement sadriste. Celles ci donnent lieu à des négociations en vue de la formation d'un gouvernement de coalition, toujours en cours au moment du scrutin présidentiel[6]. L'UPK annonce début janvier 2022 sa décision de soutenir la candidature du président Salih pour un second mandat. Le PDK soumet quant à lui la candidature de l'ancien ministre des finances Hoshyar Zebari[7],[8]. L’absence des députés de l'UPK lors de la séance inaugurale du parlement issu des législatives de 2021, au cours de laquelle est notamment élu pour vice-président de l'assemblée le membre du PDK Shakhawan Abdullah, laisse augurer d'une nouvelle concurrence pour la magistrature suprême entre les deux principaux partis kurdes[7].

Le Mouvement sadriste dirigé par Moqtada al-Sadr, allié au PDK de Massoud Barzani et aux autres formations sunnites dont le Parti du progrès, soutient la candidature de Zebari afin de se voir confier la formation du nouveau gouvernement, dans le but affiché de rompre avec les formations liées au voisin chiite iranien[9].

Système électoral

Le président irakien est élu au suffrage indirect par les 329 membres du Conseil des représentants — la chambre basse du parlement bicaméral irakien — pour un mandat de quatre ans renouvelable une seule fois. Est élu président le candidat qui recueille la majorité des deux tiers du total des députés au premier tour, soit 220 voix. À défaut, les deux candidats arrivés en tête s'opposent lors d'un second tour, et le candidat qui recueille le plus de voix est déclaré élu[10].

Le mandat du président est concomitant à celui du conseil. A la fin naturelle du mandat de ce dernier, ou en cas de dissolution, le mandat du président prend également fin de manière anticipée. Chaque première session d'une nouvelle législature est ainsi immédiatement suivie d'une nouvelle élection présidentielle, à laquelle est liée la formation du nouveau gouvernement. Le président élu dispose en effet de quinze jours à partir de son élection pour désigner un Premier ministre sur proposition du principal groupe parlementaire. Le Premier ministre dispose alors de trente jours pour présenter son gouvernement devant le conseil et obtenir un vote de confiance. A défaut, le président nomme un autre Premier ministre dans les quinze jours[10].

Déroulement

Hoshyar Zebari

La première réunion du Conseil des représentants le en vue du premier tour est un échec. Seuls 58 députés sur 329 étant présents, le scrutin n'a pas lieu faute de quorum des deux tiers des membres, et le scrutin est reporté à une date indéterminée[11],[12],[9].

Les trois principaux partis issus des élections législatives d'octobre — le Mouvement sadriste, le Parti démocratique du Kurdistan et le Parti du progrès — décident en effet de boycotter la séance, en raison des désaccords en cours sur la désignation d'un nouveau Premier ministre, ainsi qu'en protestation de la suspension de la candidature d'Hoshyar Zebari[12],[13],[14].

Le candidat du PDK et principal opposant au président sortant se voit en effet temporairement suspendre de la course par la Cour suprême, à la demande d'autres députés rappelant son passé en termes de corruption, puis disqualifié par la Cour suprême le 13 février[15],[16]. Ancien ministre des Finances, Zebari s'était vu limogé par le parlement en 2016 pour soupçons de « corruption financière et administrative », près de deux millions de dollars de fonds publics ayant été détournés vers son service personnel de sécurité, sans qu'il ne soit pour autant condamné par la justice[12],[17],[18].

Le processus électoral est relancé le 5 mars avec la réouverture des enregistrements des candidatures pendant trois jours. Cette relance intervient grâce à un vote du Conseil des représentants par 203 voix pour, le conseil ayant auparavant obtenu le feu vert de la Cour suprême quant à la validité d'un tel vote en lieu et place de la convocation du scrutin par le président de la chambre[19],[20],[21]. Le choix du candidat du PDK se porte cette fois ci sur Rebar Ahmed, un total de quarante cinq personnes se portant candidats, dont quarante voient leur candidatures retenues. A l'issue de cette seconde période d'enregistrement, le conseil décide le 16 mars de fixer le scrutin présidentiel au 26 du même mois[22],[23].

Résultats

Résultats de la présidentielle irakienne de 2022
Candidats Partis Premier tour Second tour
Voix % Voix %
Barham Salih UPK
Rebar Ahmed PDK
Autres candidats
Majorité requise[a] 220 voix 50 % des voix
Votes valides
Votes blancs et nuls
Total 100 100
Abstention
Inscrits / participation 329 329

Notes et références

Notes

  1. Au premier tour, la majorité des deux tiers des inscrits est requise, et non pas une majorité des suffrages exprimés. Au second tour, l'élection ne nécessite plus que l'obtention du plus grand nombre de voix entre les deux candidats restants, soit la majorité absolue des suffrages exprimés.

Références

  1. Thierry Oberlé, « À Souleimaniya, le référendum ne soulève pas l'enthousiasme », Le Figaro, 24 septembre 2017.
  2. Irak. L’élection du président retardée par la compétition entre Kurdes
  3. En Irak, compétition inédite entre Kurdes pour le poste de président
  4. « Le Kurde Barham Saleh, modéré, élu président de l'Irak », sur L'Orient-Le Jour (consulté le )
  5. « Le Kurde Barham Saleh élu président de l'Irak », sur LExpress.fr (consulté le )
  6. « Battle to form Iraq’s next government continues », sur www.rudaw.net (consulté le ).
  7. a et b « PUK pick Barham Salih as candidate for second presidency term », sur www.rudaw.net (consulté le ).
  8. « KDP nominate Hoshyar Zebari for Iraqi presidency », sur www.rudaw.net (consulté le ).
  9. a et b (en) Reuters, « Iraq parliament fails to elect new president - lawmakers », sur Reuters, (consulté le ).
  10. a et b Articles 70 et 72 de la constitution Constitution irakienne
  11. « En Irak, report de la présidentielle pour cause de boycott au Parlement », sur France 24, FRANCE24, (consulté le ).
  12. a b et c (en) « Iraq presidential vote in doubt after boycotts, candidate suspension », sur France 24, FRANCE24.English, (consulté le ).
  13. (so) « Why Iraqi lawmakers failed to elect a new president », sur www.aljazeera.com (consulté le ).
  14. « Irak : l'élection du président par le Parlement reportée sine die, faute de quorum », sur RTBF (consulté le ).
  15. « Irak : la justice suspend Zebari, un favori de la course à la présidentielle », sur RTBF (consulté le ).
  16. (en) « Iraq supreme court rules Zebari out of presidential race », sur RFI, (consulté le )
  17. « Présidentielle en Irak : les divisions politiques reflètent la "fracture globale du pays" », sur France 24, FRANCE24, (consulté le ).
  18. « En Irak, report de la présidentielle pour cause de boycott au Parlement », sur France 24, FRANCE24, (consulté le ).
  19. « Irak : nouvelle réouverture du dépôt des candidatures pour la présidentielle », sur RTBF (consulté le ).
  20. « Iraqi parliament reopens registration for delayed presidential vote ».
  21. « Iraq's delayed presidential vote back on ».
  22. « Iraq parliament to hold delayed vote for president on March 26 ».
  23. « Iraq's parliament to vote for president after Newroz », sur www.rudaw.net (consulté le ).