Église Saint-Léger du Vieux-Bourg de Cravant-les-Côteaux

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Église Saint-Léger du Vieux-Bourg de Cravant-les-Côteaux
Image illustrative de l’article Église Saint-Léger du Vieux-Bourg de Cravant-les-Côteaux
Vue générale de la façade sud.
Présentation
Culte culte catholique
Type église
Début de la construction IXe au XIe siècle
Fin des travaux XVe siècle
Date de désacralisation 1863
Protection Logo monument historique Classé MH (1913)[1]
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Centre-Val de Loire
Province historique Touraine
Département Indre-et-Loire
Ville Cravant-les-Côteaux
Coordonnées 47° 09′ 59″ nord, 0° 20′ 59″ est
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Église Saint-Léger du Vieux-Bourg de Cravant-les-Côteaux
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Église Saint-Léger du Vieux-Bourg de Cravant-les-Côteaux
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Église Saint-Léger du Vieux-Bourg de Cravant-les-Côteaux

L'église Saint-Léger du Vieux-Bourg de Cravant-les-Côteaux est un édifice anciennement affecté au culte catholique, sur la commune de Cravant-les-Côteaux , dans le département d'Indre-et-Loire.

Sa nef au décor carolingien mais pouvant être construite entre le IXe et le XIe siècle, son transept du XIIe siècle et une chapelle du XVe siècle sont décorées de fresques murales. Désaffecté en 1863 au profit d'une église récemment construite, l'édifice est classé comme monument historique en 1913. Depuis les années 1930, un musée est aménagé dans sa nef et recueille des trouvailles archéologiques des environs.

Localisation[modifier | modifier le code]

L'église, orientée d'ouest (nef) en est (chœur), se trouve au niveau du Vieux-Bourg de Cravant. Ce noyau urbanisé constituait le cœur de ville avant le développement, marqué au XIXe siècle, d'un nouveau bourg un kilomètre plus au sud, le long de la D21 de Chinon à L'Île-Bouchard. Le Vieux-Bourg est construit dans la vallée du ruisseau de Saint-Mexme, parcourue par la D44. L'église elle-même, sur la rive gauche du ruisseau, est édifiée sur les premières pentes du vallon.

Histoire[modifier | modifier le code]

Plan simplifié de l'église.

L'église a d'abord été citée comme carolingienne mais une telle précision ne peut être affirmée. C'est sans doute entre la fin du IXe siècle et le XIe siècle qu'elle est construite sous forme d'une nef prolongée par une abside semi-circulaire plus étroite que la nef[2]. Elle est dédiée à saint Léger[3]. Il est possible que son emplacement ait été choisi pour christianiser une source proche qui faisait auparavant l'objet d'un culte païen[4]. Les sources sont nombreuses au Vieux-Bourg[5] et l'une d'elles a son émissaire dans le cimetière lui-même, au nord de l'église.

Au XIIe siècle, la façade occidentale est reprise avec percement d'une nouvelle porte et la porte latérale est percée ou reprise[6]. À la même époque l'abside est démolie et laisse place à une travée carrée formant transept prolongée par un chœur lui-même composée d'une travée et d'une nouvelle abside semi-circulaire aussi large que le chœur[2]. Ce transept, peut-être pourvu d'un bras septentrional détruit depuis[7], est surmonté d'un clocher ; ce dernier, sans doute reconstruit au XVe siècle[8] est abattu par un ouragan le [9].

Source dans le cimetière.

C'est au XVe siècle qu'une chapelle est ajoutée au sud du transept, à moins qu'elle n'ait remplacé une chapelle plus ancienne[2]. Elle est prolongée à l'ouest par une galerie de même largeur ; sa toiture prend appui sur la façade sud de la nef dont les baies sont partiellement murées dans leur partie basse[10]. Cette galerie, qui sert également de lieu de sépulture jusqu'au XVIIIe siècle[11], est démolie à la fin du XIXe siècle et les baies rouvertes[12].

Le développement du nouveau bourg de Cravant entraîne la construction à son niveau d'une nouvelle église, elle aussi dédiée à saint Léger ; elle est ouverte au culte en 1863. L'ancienne église est immédiatement désaffectée ; elle est vendue aux enchères publiques le et acquise par la Société française d'archéologie.

Le l'église est cédée à l'Association des amis du vieux Cravant, créée quelques mois auparavant ; cette dernière s'engage à aménager un musée à l'intérieur de l'édifice qu'elle doit entretenir[13],[3]. C'est peu de temps après, en 1934, que la fresque située dans la chapelle sud est découverte. Les premières observations montrent que plusieurs artistes ont participé à sa réalisation[7]. En 1960, la charpente de la nef est refaite mais quelques éléments d'origine sont conservés[7].

Architecture et décor[modifier | modifier le code]

Architecture[modifier | modifier le code]

Les murs de la nef sont construits en maçonnerie parementée de petit appareil qui, alternant avec des pierres plus grandes, compose un décor de triangles et de pyramides. Des lits de moellons disposés en arête de poisson témoignent d'une technique décorative empruntée à l'art carolingien. Cinq baies sont percées à l'origine dans chaque mur gouttereau de la nef mais les deux plus occidentales, côté nord, sont murées. Toutes les ouvertures (portail principal et latéral, baies au nord comme au sud) sont en plein cintre[14]. Les vestiges d'une porte murée se voient dans le mur gouttereau nord : il s'agit peut-être d'une ancienne Porte des Morts communiquant avec le cimetière[15]. La nef n'est pas voûtée mais couverte en charpente (sans doute refaite au XVe siècle puis en 1960) et en ardoises[2]. L'épaisseur du mur et l'absence de support originaux suggèrent que la nef a toujours été charpentée[8]. Le décor des arcs surmontant les baies est daté par l'archéologue Charles Lelong du milieu du XIIe siècle[4].

La travée carré remplace l'ancienne abside voûtée en cul-de-four. Elle est elle-même pourvue d'une voûte en croisée d'ogives retombant sur des chapiteaux datés du milieu du XIIe siècle[16]. La chapelle méridionale, éclairée par une baie, est voûtée en berceau brisé[2]. Des blocs décorés, provenant peut-être de l'ancien chœur, sont utilisés en remploi dans la nouvelle abside[9]

La travée du chœur couverte d'une voûte en berceau brisé en cul-de-four est prolongée par l'abside voûtée en cul-de-four. Deux des baies qui éclairaient cette abside sont murées au XVe siècle[17].


Décor peint et mobilier[modifier | modifier le code]

Deux piliers monolithes, hauts de 1,78 m, sont taillés dans du calcaire du Turonien supérieur dont des carrières existent alors à Sainte-Maure-de-Touraine. Ils sont gravés de décors attribués à l'époque carolingienne sur trois de leurs faces et sont entreposés à l'extrémité orientale de le nef. Ils avaient été remployés au XVe siècle lors de la construction de la galerie méridionale mais leur datation précise et leur affectation première font encore débat. Ils pourraient, malgré leur décor qualifié de mérovingien puis carolingien[18], dater du XIe siècle[19] et avoir constitué les piédroits d'une ancienne porte[14] ou les éléments d'un chancel[20].

Des fresques de différentes époques ornent les murs et la voûte de l'église. La frise qui décore une partie du mur nord de la nef est d'époque romane. La fresque qui est partiellement mise au jour sur la voûte de la travée carrée représente une scène du martyre de Léger d'Autun[21]. Celle de la chapelle méridionale, du XVe siècle, représente la Vierge et des fidèles sous un ciel étoilé[10]. Ces fidèles pourraient être des donateurs contemplant la statue de la Vierge à l'Enfant qu'ils ont offerte. Des faux-joints rouges, qui se retrouvent ailleurs sur les murs de l'église, se superposent à cette fresque[22].

Le musée aménagé dans le nef de l'église expose des trouvailles archéologiques des environs, comme un alignement de sarcophages mérovingiens[14].


Références[modifier | modifier le code]

  1. Notice no PA00097718, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  2. a b c d et e Ranjard 1949, p. 338.
  3. a et b Le sanctuaire carolingien de Cravant : notice de visite, Association des amis du Vieux-Cravant, s. d., p. 1.
  4. a et b Audin 2011, p. 91.
  5. Doireau 1987, p. I-45.
  6. Doireau 1987, p. I-49.
  7. a b et c Doireau 1987, p. II-3.
  8. a et b Boissavit-Camus 1997, p. 119.
  9. a et b Doireau 1987, p. I-48.
  10. a et b Le sanctuaire carolingien de Cravant : notice de visite, Association des amis du Vieux-Cravant, s. d., p. 2.
  11. Doireau 1987, p. II-7.
  12. Couderc 1987, p. 365.
  13. François Deshoulières, « L'église de Cravant (Indre-et-Loire) », Bulletin Monumental, vol. XCIV,‎ , p. 512.
  14. a b et c Couderc 1987, p. 356.
  15. Doireau 1987, p. I-51.
  16. Doireau 1987, p. I-47.
  17. Ranjard 1949, p. 339.
  18. Doireau 1987, p. I-39.
  19. Notice no IM37001175, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture.
  20. Audin 2011, p. 92.
  21. Patrick Goupil, « La vieille église de Cravant révèle ses fresques secrètes », La Nouvelle République du Centre-Ouest,‎ (lire en ligne).
  22. Terrier-Fourmy 2002, p. 57.

Pour en savoir plus[modifier | modifier le code]

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Bibliographie[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Pierre Audin, La Touraine autour de l'an mil : inventaire des sources historiques et archéologiques : Mémoire de la Société archéologique de Touraine, t. LXIX, , 151 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Brigitte Boissavit-Camus, « L'ancienne église Saint-Léger de Cravant-les-Côteaux », dans Congrès archéologique de France. 155e session. Touraine. 1997, Paris, Société française d'archéologie, , 358 p. (ISBN 978-2-36919-096-7, lire en ligne), p. 115-122.
  • Jean-Jacques Bourassé, « Notice sur l'église paroissiale de Cravant », Mémoire de la Société archéologique de Touraine, t. II,‎ , p. 132-136 (lire en ligne).
  • Jean-Mary-Couderc (dir.), Dictionnaire des communes de Touraine, Chambray-lès-Tours, CLD, , 967 p. (ISBN 2-85443-136-7). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Paulette Doireau, Cravant, Cravant-les-Côteaux, l'auteur, , 380 p. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Amaelle Marzais, De la main à l’esprit : étude sur les techniques et les styles des peintures murales dans l’ancien diocèse de Tours (XIe et XVe siècles), vol. I, II et III, Tours, Centre d'études supérieures de le Renaissance, , 319, 268 et 915
  • Robert Ranjard, La Touraine archéologique : guide du touriste en Indre-et-Loire, Mayenne, Imprimerie de la Manutention, (réimpr. 1986), 3e éd., 733 p. (ISBN 2-85554-017-8). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Bérénice Terrier-Fourmy, Voir et croire. Peintures murales médiévales en Touraine, Tours, Conseil général d'Indre-et-Loire, , 126 p. (ISBN 2-85443-412-9)

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]