École de Crozant

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Paysage creusois
Artiste
Date
1870
Technique
Huile sur toile
Localisation
Collection particulière

L'École de Crozant tient son nom du village de Crozant, situé à la limite nord du département de la Creuse. Elle est composée d'une pléiade de peintres paysagistes qui de 1830 à 1950 travaillèrent sur les rives des deux Creuses (Grande Creuse et Petite Creuse), de la Sédelle et de la Gargilesse à proximité des communes de Crozant et de Fresselines dans le département de la Creuse.

C'est une école "sans maître", qui n'est rien d'autre qu'une commode appellation, imaginée ultérieurement, pour désigner tous ceux qui ont trouvé l'inspiration dans ces vallées creusoises. En un peu plus d'un siècle près de 500 peintres fréquentèrent ces lieux[1].

Histoire

L'abandon du néoclassique

Paysage de John Constable

Au début du XIXe siècle, les critères artistiques s'étaient fixés autour de la tradition néoclassique, dans la suite du peintre Jacques-Louis David. En marge de cet académisme, le romantisme formalisé par Géricault, Bonington et Delacroix prenait de l'ampleur.

En 1824, le salon de Paris exposa quelques-unes des œuvres de Constable. Ses scènes rurales eurent une influence décisive sur des artistes plus jeunes, les menant à abandonner le formalisme de l'époque et à tirer leur propre inspiration de la nature : ils produisirent des toiles souvent rurales, s'éloignant d'un retour aux drames mythologiques.

Au cours de la révolution de 1848, les peintres que l'on rassemblerait bientôt sous l'école de Crozant ou l'école de Barbizon se réunirent et optèrent de suivre délibérément les préceptes de John Constable, afin de rendre la nature elle-même sujet de leurs peintures. Parmi eux, Millet étendit sa vision des paysages aux personnages, peignant la paysannerie et les travaux des champs. Les Glaneuses (1857) en est un parfait exemple, montrant trois paysannes occupées à glaner après la récolte, sans mise en scène dramatique ni démonstration, mais simplement une évocation de la vie simple.

L'origine de Crozant

Fresselines est située à une cinquantaine de kilomètres de Nohant la résidence de George Sand (1804-1876). Celle-ci, accompagnée de ses hôtes prestigieux, appréciait les promenades dans les vallées creusoises autour de Fresselines et de Crozant. Elle évoquera Crozant ou Fresselines dans plusieurs de ses romans : Lettres d'un voyageur[2], Le péché de Monsieur Antoine[3], Jeanne[4]. George Sand se voit offrir en 1857 par son compagnon Alexandre Manceau une petite maison à Gargilesse-Dampierre à une dizaine de kilomètres de Crozant. Elle y passera de nombreux séjours.

La renommée de Crozant et de ses environs attirent de nombreux artistes peintres.

Des écoles sans maître

Le terme d'"école de Crozant" apparaît dès 1864, mais c'est un terme générique, aucun maître n'ayant jamais enseigné dans les vallées creusoises.

De même, il faut attendre 1890 pour voir le terme d'"école de Barbizon" apparaître, dans l'ouvrage du critique d'art écossais David Croal Thomson intitulé : The Barbizon School of Painters. Depuis, ce terme est remis en cause par les historiens de l'art qui contestent l'idée qu'il y aurait eu une « école » à Barbizon[5]. On aurait plus affaire à un ensemble de peintres aux styles très différents, qui, à des époques très diverses, ont trouvé une source d'inspiration dans la forêt de Fontainebleau.

Les artistes ayant fréquenté l'école de Crozant

Peintres

La petite Creuse de Monet

Écrivain et poète

Rollinat en 1900
  • Le poète Maurice Rollinat (1846-1903), filleul littéraire de George Sand, se retira à Fresselines en 1883 pour y continuer son œuvre. Il s'y entoure d'amis avec lesquels il partagera les dernières années de sa vie. Maurice Leblanc visita Rollinat, qu'il avait connu à Paris[9].

En 1886, il publiera l'Abîme, puis Paysages et Paysans ainsi qu'un recueil en prose En errant[10]. À sa mort en 1903, Auguste Rodin offre à la commune de Fresselines un bas-relief sculpté intitulé "la Muse et son Poète". Cette sculpture est exposée sur le mur de l'église du village.

Épilogue

En 1926, une autre histoire commence pour les bords de Creuse qui vont être noyés, pour cause de production d'électricité, par les eaux de la plus grande retenue d'Europe à l'époque, le barrage d'Eguzon[11]. Le nouveau pôle d'attraction touristique est désormais le Lac de Chambon du nom d'un village d'une commune riveraine (Eguzon) du nouveau lac. Si les gorges profondes perdent alors une partie de leur caractère sauvage qui plaisait tant aux peintres, on y gagne une zone touristique à la « plage de Fougères ».

Pour approfondir

Bibliographie

  • Chantal Georgel (dir.), La Forêt de Fontainebleau, un atelier grandeur nature, catalogue de l'exposition du Musée d'Orsay (6 mars au 13 mai 2007), éd. RMN, 2007, 242 p. (ISBN 978-2711852888)
  • Christophe Rameix, L'école de Crozant, les peintres de la Creuse et de Gargilesse ,1850-1950, 196 p., éditions Lucien Sauny, 1991 ; réédité en 2002, 200 p. (ISBN 2911551877)
  • Christophe Rameix, Les maîtres de la Creuse, catalogue de l'exposition "Chefs-d'œuvres de l'école de Crozant-Gargilesse,1830-1930", 95 p., éditions des Amis des peintres de Crozant, 1997
  • Christophe Rameix, Detroy : œuvres majeures, catalogue de l'exposition "Léon Detroy (1859-1955)", éditions des Amis des peintres de Crozant, 2000
  • Catherine Wachs Genest, Christophe Rameix, La Creuse de Guillaumin, catalogue de l'exposition "Guillaumin, 2007", 47 p., musée d'art et d'archéologie de Guéret, Guéret, 2007

Liens externes

Notes et références

  1. Services DIREN
  2. Lettres d'un voyageur
  3. Le péché de Monsieur Antoine
  4. Jeanne
  5. C'est la thèse défendue par Chantal Georgel dans l'exposition « La Forêt de Fontainebleau, un atelier grandeur nature » au Musée d'Orsay en 2007
  6. Monet à fresselines
  7. La creuse de Guétal
  8. Peinture creusoise de Hareux
  9. Le Populaire
  10. Maurice Rollinat à Fresselines
  11. Le barrage d'Éguzon