Wikipédia:Lumière sur/Maurice Duplessis

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Maurice Duplessis en 1947.
Maurice Duplessis en 1947.

Maurice Le Noblet Duplessis est un homme d'État québécois, né le à Trois-Rivières et mort le à Schefferville. Il est premier ministre du Québec et procureur général de la province de 1936 à 1939 puis de 1944 à 1959. Conservateur, nationaliste, anticommuniste et fervent catholique, il domine avec son parti, l'Union nationale, la scène politique québécoise des années 1930 aux années 1950.

Fils de Nérée Duplessis, conseiller juridique pour l'évêché de Trois-Rivières, juge de la Cour supérieure et député conservateur de Saint-Maurice, Maurice Duplessis étudie le droit à Université Laval à Montréal et devient avocat en 1913. Il rentre dans sa ville natale de Trois-Rivières pour exercer le droit et gagne en notoriété.

Candidat du Parti conservateur du Québec (PCQ) dans la « forteresse libérale » de Trois-Rivières aux élections provinciales de 1923, il est élu aux élections de 1927 et de 1931. Habile orateur et homme politique, il succède à Camillien Houde comme Chef de l'opposition officielle à l'Assemblée législative du Québec en 1933. Duplessis forme une coalition électorale avec l'Action libérale nationale (ALN) aux élections de 1935 pour tenter de défaire le libéral Louis-Alexandre Taschereau, solidement installé au pouvoir depuis 1920. C'est toutefois en grande partie grâce au Comité des comptes publics que Duplessis entraîne, en 1936, la chute du gouvernement Taschereau, accusé de corruption.

Initialement en concurrence avec Paul Gouin, dirigeant de l'Action libérale nationale, Maurice Duplessis devient rapidement la figure proéminente de la coalition PCQ-ALN. De ce fait, le Parti conservateur se dissout et la plupart des députés de l'ANL rejoignent celui que l'on surnommera le « Chef ». Un nouveau parti, l'Union nationale, est alors formé pour l'élection de 1936 : les unionistes y triomphent et Maurice Duplessis devient premier ministre du Québec pour la première fois. Son premier mandat est notamment marqué par l'antisyndicalisme et la lutte contre le communisme. Il devient aussi bâtonnier du Québec, c’est-à-dire le président de l’Ordre des avocats du Québec, de 1937 à 1938. Le mandat de Duplessis à la tête de l’État québécois est toutefois de courte durée puisqu’il est défait par le libéral Adélard Godbout en 1939, lors d'élections anticipées se déroulant dans le contexte de l'entrée du Canada dans la Seconde Guerre mondiale.

En 1944, l'opposition généralisée à la conscription et le plébiscite de 1942 au Québec entraînent le retour au pouvoir de l'Union nationale. Le second mandat de Maurice Duplessis dure quinze ans et quatre législatures, durant lesquelles son gouvernement fait de la défense du champ de compétences provinciales, le maintien du rôle de l'Église catholique dans les domaines de l'éducation et la santé et l'obstruction aux réformes keynésiennes mises de l'avant par le gouvernement du Canada ses priorités. Le second gouvernement Duplessis est aussi connu pour son conservatisme, son autoritarisme, son système clientéliste de grande ampleur, son antisyndicalisme et sa lutte contre le communisme ainsi que contre les Témoins de Jéhovah. Partisan du libéralisme économique et opposant de l'État-providence, Maurice Duplessis préside à une période de forte croissance économique, notamment grâce au développement de la Côte-Nord. Ses adversaires lui reprochent toutefois un capitalisme sauvage s'appuyant sur le clientélisme et les capitaux étrangers ainsi qu'une opposition à la mise en place de programmes sociaux.

Maurice Duplessis meurt en fonction, des suites d'une hémorragie cérébrale, alors qu'il visitait la ville minière de Schefferville. Moins d'un an après sa mort, les libéraux de Jean Lesage remportent les élections de 1960 et ouvrent la voie à l’avènement de la Révolution tranquille. Cette période aurait mis fin à la « Grande Noirceur » qui aurait caractérisé le long règne de Maurice Duplessis à la tête du Québec. Bien qu'encore courante, cette interprétation est aujourd'hui remise en question par d'autres perspectives historiographiques, laissant place à un portrait plus nuancé des années du duplessisme.