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Jeanine Claes
Collection Jeanine Claes
Biographie
Naissance

Clichy, France
Décès
(à 72 ans)
Hobart, Tasmanie
Activité
Artiste, danseuse, chorégraphe, professeur de danse

Jeanine Claes, surnommée « l’Africaine[1] », est une artiste française, danseuse, chorégraphe et professeur diplômée de la Fédération française de danse, née le à Clichy et décédée le à Hobart en Tasmanie.

Au début des années 70, au Centre américain de Paris[2],Jeanine Claes fait sensation en déclenchant une mini-révolution, à l’échelle européenne, après avoir crée un cours d’expression dite de danse africaine où, pieds nus, elle se fait accompagner par des percussionnistes[3].

Biographie[modifier | modifier le code]

Débuts (1947-1978)[modifier | modifier le code]

Issue d’une famille de neuf enfants, Jeanine Claes a grandi à Gennevilliers, en banlieue parisienne[1]. A l’âge de trois ans, elle débute la danse classique[1],[4]. Plutôt que d’être surclassée pour intégrer l’École des professeurs de danse d’Irène Popard, elle préfère poursuivre ses études avant d’intégrer l’École Supérieure d’Études Chorégraphiques (Paris) où elle étudie, entre autres, la danse moderne, la danse rythmique et la danse jazz[4], suivi par un cursus universitaire en psychomotricité à Paris V-René Descartes, tout en travaillant avec les enfants handicapés de Gennevilliers[1].

Entre temps, elle cherche comment se libérer de la rigidité d’un cadre antinaturel où elle n’arrive pas à s'exprimer et à canaliser son mal de vivre et la rage d’exister qui l’habite depuis l’enfance [1]. Elle continue d’enseigner, tentant des expériences auprès des prédélinquants de Colombes et de Villeneuve-la-Garenne[1]. En mai 68, âgée de 20 ans, soutenue par son groupe de prédélinquants, elle offre dans les usines de la ceinture rouge aux grévistes des spectacles de danse vivante[3].

Á la recherche d’énergie pure, elle continue de travailler seule, avant de rencontrer le danseur d’origine haïtienne Herns Duplan, élève de Katherine Dunham, et son cours d’expression primitive, à travers lequel elle trouve sa voie[5],[6],[1]. Au Centre américain, son cours et sa compagnie s’appellent Rythme et Danse[1]. Les spécialistes affirment que celui-ci se rapproche beaucoup de la danse africaine mais Jeanine Claes ne le sait pas encore, n’ayant alors jamais mis les pieds en Afrique[1]. À la même époque, avec le percussionniste Guem, elle démarre une liaison longue de cinq années scellée sur l’amour de la danse et de la musique[1],[3]. Leur association est directement à l’origine du morceau Le Serpent qui correspond à sa manière de se mouvoir sur scène, tout en diagonale[1]. Réenregistré en 1996 pour le générique de l'émission Ça se discute, ce jingle contribue à asseoir la notoriété de Guem qui néglige alors de mentionner que celui-ci fut composé avec Jeanine Claes [3].

Collection Jeanine Claes
Collection Jeanine Claes

Fuyant la dictature du président Ahmed Sékou Touré en Guinée-Conakry, les membres des Grands Ballets d’Afrique noire se retrouvent à Paris, dans le Quartier latin, où ils reconnaissent dans la danse de Jeanine Claes leurs danses traditionnelles. Elle arrive à les imposer au Centre américain[7], incorporant les maitres percussionnistes (tels que Abbouh Boubacar, Sidiki Condé, Amarah Soumah, etc) dans sa compagnie et prenant comme assistant le poète dramaturge et futur ministre de la culture en son pays, Tidjani Cissé. Sa classe affiche complet, accueillant soixante élèves par séance, dont certains deviendront professeurs[3],[8]. Une classe qui attire également la nouvelle vague des actrices françaises de l’époque telles que que Isabelle Adjani, Isabelle Huppert, Sandrine Bonnaire ou Valérie Kaprisky qui reproduira l’une des chorégraphies de Jeanine Claes dans la Femme Publique (1984, Andrzej Żuławski)[9]. Les weekends, elle donne des stages et des spectacles à travers la France, l'Europe et l'Afrique du Nord[10], tout en répondant à l’invitation de nombreux festivals internationaux comme ceux d’Annecy ou de Chateauroux[11],[12].

Au mois de juin 1976, dans le cadre du lancement de leur album Black and Blue, les Rolling Stones se produisent quatre jours d’affilée à Paris, aux Abattoirs de La Villette. Mick Jagger propose alors à Jeanine Claes de les accompagner sur scène pour boucler le reste de leur tournée en France, mais aussi en Allemagne et dans les Balkans. Condition sine qua none : être vêtue sur scène d’un short, qu’elle jugera beaucoup trop court. Le chanteur des Stones la relancera en vain[3].

Retour (1978-1979)[modifier | modifier le code]

En 1978, la rupture avec Guem est consommée[5]. A Pâques, dans le sud de l'Espagne, un accident de voiture lui cause une fracture-luxation des vertèbres cervicales et compromet sa carrière. Toutefois, plutôt que de procéder à un « soudage » d’usage, à l'hôpital Cochin, le chirurgien opte pour un dispositif en titane. D’après lui, au mieux, Jeanine Claes peut espérer remarcher un jour, mais pas danser. Après trois mois d'immobilisation totale suivis de plusieurs séances de kinésithérapie, bien que confinée dans un fauteuil roulant, elle prétexte pouvoir se rééduquer seule à partir de mouvements propres à la danse. Et quelques semaines plus tard, retravaillant au Centre américain, elle retrouve l'intégralité de ses moyens[13].

Itinérance (1979-1985)[modifier | modifier le code]

Photographie de Hugh Hamilton, Bondi Pavillon, Sydney

L’état de ses cervicales fait que dorénavant Jeanine Claes doit les exposer de manière régulière au soleil. Elle voyage notamment en Casamance, sur les conseils de musiciens des Grands Ballets d’Afrique noire. En effet, sur scène, la présence de Guem la paralyse littéralement. Elle en tremble au point de s’en rendre malade. Elle part vivre ainsi quelque temps au village et se fait soigner par un marabout[5]. Depuis ce jour, à chaque voyage en Afrique, elle consulte un marabout. En Haïti, elle est initiée au rite vaudou dans le ghetto de Port-au-Prince[1].

Au fur et à mesure de ses voyages, son répertoire artistique s’étoffe. Au retour d’Haïti, elle introduit les ondulations dans sa danse. Les professionnels la hissent au même rang qu’une Carolyn Carlson. Sur le point de faire fortune en reprenant à son compte le concept de l’Aérobic, l’actrice et femme d’affaires américaine Jane Fonda fait alors un pont d’or à Jeanine pour l’amener en Californie afin de commercialiser sa méthode de danse. En retour, elle reçoit une réponse cinglante, Jeanine Claes assimilant les inconditionnels de l’Aérobic à des gens déconnectés de toute vie spirituelle[4]. Outre ses cours au Centre américain, elle enseigne désormais aussi, en autre, à la Schola Cantorum (Paris Ve), à la MJC théâtre de Colombes et au Centre International de la Chorégraphie (Paris XIV)[1].

Disparition[modifier | modifier le code]

Jeanine Claes s’embarque avec deux percussionnistes[14] dans un tour du monde à fonds perdu jusqu'à Sydney. Au Bondi Pavilion, face à l’océan, elle enseigne[4],[15] jusqu’en 2001 avant de s’éteindre à Hobart, sur l’île de Tasmanie.

Méthode[modifier | modifier le code]

Selon Jeanine Claes, sa danse d’expression africaine, tout comme la danse africaine, est un état d’esprit avant d’être une technique. Après avoir compris le rythme donné par les percussions avec lesquelles il faut entrer en communication, cette longue initiation mène un jour à sa propre connaissance[5]. Sans la compréhension du rythme, cette danse devient alors une caricature[1].

Thérapie[modifier | modifier le code]

Au Centre américain, une partie de ses élèves s’inscrivaient à ses cours sous les conseils de leurs médecins : le corps médical était alors convaincu que cette danse d’expression africaine était indispensable à l’équilibre de leur patient, car tout se joue dans les mouvements du bassin. Mais pour arriver à les libérer l’élève doit d’abord tenter de se décoincer la tête[5].

Principales chorégraphies[modifier | modifier le code]

Jeanine Claes est également l'interprète dans l’intégrale des œuvres qu'elle crée en qualité de chorégraphe.

Collection Jeanine Claes

La majorité des spectacles qu’elle a montés ne portent pas toujours véritablement d’appellation, et ses chorégraphies, souvent déclinées en solo, sont toutes à géométrie variable. Improvisée, aucune version ne ressemble à une autre, tributaire de l’espace, du nombre et du type de percussionnistes présents, du dialogue qui s’installe entre danseuses, danseurs et musiciens[1].

  • Jazzin’ out of Africa, 1992 (Kinselas, Sydney)
  • L’Africaine, (Kensington, Sydney).
  • Shooting Star, [16]. Monté d’abord en exclusivité pour le Performance Space de Sydney, ce spectacle tourne ensuite une année durant dans les théâtres, les clubs et les salles de la capitale de la Nouvelle-Galles du Sud
  • Rythme et Danse, 1980-1985. Ce spectacle voyage en France, en Europe ainsi qu’en Afrique et surtout à Paris que cela soit à l’American Church, au Centre Georges Pompidou dans le cadre de l’exposition La Ville en ses jardins ou au Grand Palace des Champs Élysées.
  • Soleil, 1980
  • Voyage, années 1970
  • Tam-Tam, années 1970

Discographie[modifier | modifier le code]

En 1980, afin que les élèves de ses classes puissent répéter à domicile, Jeanine Claes décide de composer et produire un album vinyl[3]. Ses rythmes, qui n’ont plus rien de traditionnel, sont enregistrés au Studio 142, localisé rue Réaumur (Paris IIe), avec le batteur sénégalais Aziz N’Diaye et surtout le percussionniste d’origine antillaise Philippe Lincy[14].

  • Soleil : Rythme et danse (1980, Jeanine Claes - JC 5947-1/Fr)

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l m n et o Dominique Fretard, « Jeanine Claes, L’Africaine » sur Le Monde la Musique, nº48, Septembre 1982
  2. Betty Lefevre, Chercheuse et danseuse : du genre incorporé (3/2015) https://journals.openedition.org/danse/942
  3. a b c d e f et g « https://www.discogs.com/Jeanine-ClaësAziz-NDiayePhilippe-Lincy-Soleil-Rythme-Et-Danse/release/1883755 »
  4. a b c et d (en) Josephine Grieve, « Jeanine Claes believes that the very rhythm of life can be found in the soul of African dance » sur ELLE Magazine (Australia), Septembre 1993 n°41
  5. a b c d et e Dominique Fretard, « Fou de Danse », sur Éditions Autrement, 1983, https://sites.google.com/site/dancetherapyshistory/europe/france
  6. Mahalia Lassibille, « La Danse africaine : Une catégorie anthropologisée »,
  7. Kidi Bebey, « Historique de la danse africaine en France » sur Danse Palabres, juin 1989
  8. « https://ecole-momadanse-sete.com/les-professeurs/ »
  9. « Le Guadeloupéen Philippe Lincy percute en Australie »
  10. « Action culturelle et développement : une approche analytique des festivals en Tunisie, Mustapha Mami (Fondation nationale pour la traduction, l'établissement des textes et les études, 1986) »
  11. « Stage-Festival International de Châteauroux »
  12. Le Dauphiné Libéré, samedi 30 aout 1980
  13. Denise Dubois-Jallais, « Dansez Afro », sur Marie Claire, septembre 1980
  14. a et b « doudoumba.com »
  15. « https://maamej.wordpress.com/2015/05/11/force-of-nature/ (11.5.2015) »
  16. « AusStage »

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