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Iekaterina Dmitrievna Kouskova (Prokopovitch), en russe : Екатери́на Дми́триевна Куско́ва (Прокопо́вич), née le 23 novembre 1869 ( dans le calendrier grégorien) à Oufa et morte le à Genève est une militante politique et sociale russe, publiciste et éditrice, libérale et franc-maçonne. Elle a été la femme de l'économiste Sergueï Prokopovitch (ru).

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse et début de l'activité révolutionnaire[modifier | modifier le code]

Iekaterina Kouskova, née Iessipova, voit le jour à 1869, à Oufa, en Russie, dans la famille d'un professeur de lycée. Son père enseigne la littérature dans le lycée local, puis est fonctionnaire du fisc, sa mère est une tatare illettrée. Elle suit les cours du lycée pour jeunes fille de Saratov. En 1884, à l'âge de 15 ans, elle devient orpheline : son père s'est brulé la cervelle et sa mère est morte de la tuberculose. Pour se nourrir, elle et sa sœur, Iekaterina Dmitrievna reprend le travail de sa mère à l'administration d'un asile de vieillards. Elle est exclue du lycée pour ses absences, mais cependant elle passe avec succès l'examen terminal en externe en 1885. Elle se marie cette même année avec un enseignant du lycée, I. P. Iouvenaliev. Ils ont deux enfants. Iouvenaliev fait partie des groupes narodniki, et lui et sa femme organisent dans leur appartement une université à domicile, où ils enseignent aux lycéens les sciences naturelles, et où ils lisent les travaux des écrivains de ce mouvement socialiste agraire. En 1889 Iouvenaliev meurt de la tuberculose, et Iekaterina Dmitrievna reste veuve[1].

En 1890, elle se rend à Moscou, et entre dans un cours de sages-femmes. Elle prend part à des cercles étudiants narodniki, et diffuse de la littérature illégale. En revient en 1891 à Saratov, où elle suit des cours d'assistant médecin. Elle participe à la lutte contre une épidémie de choléra, et est témoin des émeutes qui l'accompagnent. Elle poursuit à Saratov ses activités illégales, est membre du cercle de Nikolaï Astyrev (ru), et rencontre les révolutionnaires connus Mark Natanson et Viktor Tchernov. Elle participe à la fondation du parti social-révolutionnaire le Droit du peuple (ru), défait par la police dès sa création. Elle fait l'objet de condamnations pénales pour ses activités révolutionnaires, et passe un an en prison et trois ans sous surveillance policière. Elle conclue un mariage fictif avec un étudiant du Droit du peuple emprisonné, Kouskov, qui fait une grève de la faim, dans le but le libérer de prison. C'est alors qu'elle a commencé à porter le nom de Kouskova, sous lequel elle a été connue[1].

En 1894, elle déménage à Nijni Novgorod, où elle fait la connaissance de Vladimir Korolenko, Nikolaï Annenski (ru), Maxime Gorki et son futur époux Sergueï Prokopovitch (ru). Elle passe alors du mouvement des narodniki à la nouvelle doctrine du marxisme. Elle fait de la propagande auprès des ouvriers du raïon de Sormovo (en). Elle se marie avec Prokopovitch en 1895, et en 1896 il partent à l'étranger pour soigner une tuberculose. Il y rencontre Gueorgui Plekhanov et d'autres dirigeants du mouvement social-démocrate russe. Elle et son mari adhère à l'Union des sociaux-démocrates russes à l'étranger (Союз русских социал-демократов за границей). Elle suit des conférences de sciences sociales à l'université de Bruxelles, et étudie le mouvement syndical ouvrier européen. Elle se découvre vite des divergences avec les sociaux-démocrates[1].

Social-démocratie, révisionnisme et économisme[modifier | modifier le code]

Kouskova et Prokopovitch ont en effet découvert le courant révisionniste qui apparaît au sien du mouvement social-démocrate européen. Conduit par Eduard Berstein, il prétend s'appuyer sur les luttes économiques de la classe ouvrière plutôt que sur son combat politique. Revenus en Russie, Kouskova et Prokopovitch se font le propagandistes d'une nouvelle conception de la social-démocratie, et s'opposent aux marxistes russes. Kouskova écrit en 1899 un document, dans lequel elle fait un court exposé de ses vues révisionnistes. Celui-ci, qui n'est pas pas destiné à être imprimé, sera connu dans les cercles marxistes sont le nom de Credo, appellation qui n'est pas d'elle. Elle y soutient que le combat des sociaux-démocrates pour la création d'un parti du prolétariat et la prise du pouvoir politique, n'avait pas aucune perspective en Russie. Dans ces conditions, la tâche des sociaux-démocrates russe être être non la prise du pouvoir, mais de participer à la lutte des ouvriers contre les capitalistes et d'aider les autres forces d'opposition dans le combat pour les libertés politiques[1]. Ce point de vue reçoit le nom d'« Économisme »[2].

Le « credo » de Kouskova provoque une vive réaction des marxistes orthodoxes. Il est envoyé par Anna Ielizarova-Oulianova à Minoussinsk, où Lénine a été déporté. Celui-ci y voit une menace mortelle pour la social-démocratie russe, et rédige rapidement une réfutation, un article intitulé Protestation des sociaux-démocrates russes («Протест российских социал-демократов»)[3]. Il rassemble les signatures des marxistes exilés à Minoussinsk et à Touroukhansk et est envoyé à l'étranger et publié dans la presse marxiste. Lénine y soutient que le « credo » menace « de détourner la social-démocratie russe du chemin déjà tracé, la formation d'un parti politique ouvrier indépendant », « dont le but principal doit être de prendre le pouvoir politique »[3].

La protestation de Lénine est soutenue par les leaders de la social-démocratie russe à l'étranger, avec à sa tête Guergui Plekhanov. Celui-ci obtient l'exclusion de Kouskova et Prokokovitch de l'Union des sociaux démocrates russes à l'étranger, et leurs thèses son condamnées[1]. Ils ne rejoignent pas l'autre courant du mouvement révolutionnaire russe, les sociaux-révolutionnaires. Par la suite, Kouskova expliquera que leur rupture était non seulement politique, mais tout autant morale : dans une lettre à Vladimir Bourtsev, elle écrit « nous étions tous les deux amoureux de la culture, du savoir, de l'intégrité de la connaissance, de la morale, et d'autres sottises, du point de vue d'aujourd'hui. Et du haut de cette culture, dont nous nous croyons savants, le milieu révolutionnaire se montra profondément hostile. Le mensonge, la provocation, la fin justifiant les moyens, ... et juste quelques oasis (seulement des oasis) d’héroïsme authentique ... Nous en sortîmes échaudés »[4].

L'union de la libération, et le début de la première révolution russe[modifier | modifier le code]

Après avoir rompu leurs liens avec les partis révolutionnaires, Kouskova et Prokopovitch rejoigent le mouvement libéral au début des années 1900 et participent à la création de l'organisation illégale Union de libération (ru). La décision de la créer est prise en 1903, à un congrès qui a lieu à Schaffhouse, auquel participent 20 personnes, dont Kouskova et Prokopovitch[5]. L'Union fait du combat pour les libertés politiques son principal et en pratique son seul but, ce qui lui permet de regrouper des personnes de convictions différentes[6]. Kouskova et Prokopovitch participent à son action de façon active et reconnue. « Ici, — se souvient Kouskova — on peut avoir une action révolutionnaire, on ne craint pas de vendre son âme au diable, c'est-à-dire de se salir avec la dictature du prolétariat. C'est un éclat de lumière dans notre carrière politique »[4]. En 1904, elle participe au congrès de l'Union et est élue à son conseil.

L'Union de libération est composé de deux ailes, droite et gauche. La droite est composée des représentants libéraux des zemstvos, la gauche constituée pour l'essentiel de personnes originaires des milieux sociaux démocrates, ayant rompu avec le marxisme orthodoxe et passée par différentes formes de révisionnisme[6]. En font partie beaucoup d'intellectuels et d'activistes sociaux connus : Pierre Struve, Nicolas Berdiaev, Sergueï Boulgakov, Siméon Frank, Bogdan Kistiakovski (ru), Vassili Bogoutcharski-Iakovlev (ru) et d'autres. Kouskova et Prokopovitch font partie de l'aile gauche, particulièrement influente à Saint-Pétersbourg. Ils réussissent à étendre cette influence à des organisations comme la Société économique libre (ru), la Société technique , etc. [7]. Kouskova s'occupe des textes de propagande, et pour partie de la revue Libération (ru), éditée par Struve[8]. À l'automne 1904, dans le contexte d'une absence de succès dans la guerre russo-japonaise, une campagne de pétition est lancée dans les zemstvos par l'Union de libération. Celles-ci et d'autres organisations s'adressent au tsar pour demander d'introduire une constitution et la représentation parlementaire.

Cherchant à élargir son influence, l'Union de libération pétersbourgeoise essaie des actions de propagande pour toucher les milieux populaires. Pour ce travail d'agitation, elle édite des journaux bons marchés, Notre vieНаша жизнь») et Nos jours («Наши дни»)[9]. Kouskova est choisie comme rédactrice de Notre vie. Le journal, de format accessible, défend et promeut la représentation du peuple par un parlement et les libertés politiques, et lie la situation économique des ouvriers à l'absence de droits politiques. Pour pénétrer les milieux ouvriers, Kouskova, Prokopovitch et Bogoutcharski rencontre le prêtre Gueorgui Gapone, dirigeant d'une organisation légale, l'Assemblée des ouvriers russes des fabriques et des usines de Saint-Pétersbourg (ru). Ils lui proposent de prendre part avec les ouvriers à la campagne de pétition des zemstvos. L'idée enthousiasme Gapone, et il promet d'user de toute son influence sur les ouvriers pour les y amener[10]. Après cet arrangement, Notre vie et Nos jours sont distribués dans les sections de l'Assemblée. Les ouvriers les lisent, la direction de l'Assemblée les commente, ce qui conduit à une politisation de la population ouvrière de Saint-Pétersbourg[11]. Le 9 janvier 1905, Dimanche rouge, plus de 200 000 ouvriers, avec à leur tête le prêtre Gapone, se dirigent vers le Palais d'hiver, en demandant les libertés politiques et une réprésentation parlementaire. Les tirs des troupes impériales sur ce cortège marquent le début de la Révolution russe de 1905.

Le Manifeste d'octobre et le groupe des « Sans titre »[modifier | modifier le code]

Журнал «Без заглавия»

parlementaire, appelé Parti constitutionnel démocratique (cadets). Ils se préparent à avoir une activité parlementaire au sein de la Douma d'État, ce qui suppose d'accepter de coopérer avec le gouvernement impérial. L'aile gauche, emmenée par Kouskova, se refuse à soutenir le gouvernement et prend position pour la poursuite de la lutte pour renverser le régime tsariste. Leur objectif premier est la convocation d'une assemblée constituante et l'instauration d'une république démocratique. De point de vue, l'aile gauche rejoint les partis révolutionnaires, sociaux-démocrates et socialistes-révolutionnaires, qui n'acceptent pas non plus le manifeste d'octobre.

En octobre 1905, au congrès constitutif du parti constitutionnel démocratique, Kouskova est élue au comité central, mais refuse d'y entrer. Avec un groupe d'amis politiques, elle reste à l'Union de libération, et ensuite, après sa disparition définitive, elle fonde un groupe interne au parti appelé Sans titre (Без заглавия). Les représentants de l'aile gauche de l'Union de libération rentrent dans ce groupe sont ceux qui avaient refusé d'adhérer au parti Cadet. L'ossature du groupe est constituée de Ieakaterina Kouskova, Sergueï Prokopovitch et Vassili Bogoutcharski-Iakoveev. Rentrent également dans l'union V. V; Khijhikov, Vassili Vodovozov (ru), V. V. Portouglov, Aleksandr Izgoïev (ru), V. S. Goloubev, Lioubov Gourevitch et d'autres. Au début de 1906, le groupe « Sans titre » (Без заглавия) commence la publication d'une revue d'une même nom. Kouskova fait partie des éditeurs de la revue, et Prokopovtich en est rédacteur[12]. Le journal critique les partis politiques tant de droite que de gauche, les premiers, parce qu'ils son prêts à collaborer avec le gouvernenement, les seconds pour leur impatience, leur sectarisme et leur extrémisme. Dans l'article exposant le programme de la revue, Kouskova soutient que la division entre partis introduit une fracture dans le front uni contre le régime tsariste, et affaiblit les forces de l'opposition. Elle-même se place du coté du « socialisme critique » d'Eduard Bernstein[13].

Le groupe « Sans titre » n'a pas une grande influence et reste un courant marginal dans la vie politique russe.Dans la période de réaction initiée par Piotr Stolypine, Sans titre est fermé, et le group«Русские ведомости»e cesse son existence. Après la fin de parution de la revue, Kouskova continue à écrire dans d'autres publications. Elle collabore en 1906-1907 à la revue Camarade («Товарищ»), en 1908 à La Gazette russe («Русские ведомости»), en 1912-1914 à Notre contemporain («Наш современник»). Elle participe à la lutte pour l'égalité de droit des femmes, et également au mouvement coopératif[14]. Elle énonce les buts et les idéaux du ce mouvement dans l'ouvrage Rêve sous le premier mai (fable-vérité) («Сон под первое мая (сказка-правда)»)[15].

Le Grand Orient des peuples de Russie[modifier | modifier le code]

Après la révolution de 1905-1907, Kouskova et ses proches cherchent de nouvelles manières de combattre pour la libération politique de la Russie. Une de ses voies a été la franc-maçonnerie, dans sa forme la plus politisée et la moins traditionnelle. La franc-maçonnerie est présente en Russie depuis le XVIIIe siècle et constituait une forme d'organisation secrète adaptée aux groupes de personnes désirant poursuivre des buts généraux. En 1910, la franc-maçonnerie libérale glisse vers la politique. En 1912, une organisation particulière est créée, le Grand Orient des peuples de Russie (ru), dotée de purs objectifs politiques. que Kouskova elle-même décrit ainsi dans une lettre de 1955 à Nikolaï Valentinov[7] :

  • le mouvement commence après la révolution de 1905-1907 et dans les répressions politiques qui la suivent,
  • il n'a aucun lien avec la franc-maçonnerie à l'étranger ; il n'a pas non plus de rituel et de dimension mystique,
  • ses buts sont purement politiques ; il s'agit d'une nouvelle forme « d'union de libération » et il travaille clandestinement pour la libération de la Russie ;
  • la forme maçonnique du mouvement a été choisie pour y attirer des représentants des classes supérieures et de l'élite administrative ;
  • l'initiation maçonnique constitue seulement en un serment de conserver un silence complet et absolu.

Toujours selon Kouskova, aucun des participants n'a violé son serment[7]. Les recherches de l'historien Gueorgui Katkov (ru) confirment que pratiquement rien n'était connu du département de la police (ru) : aucun document n'a été retrouvé dans les archives de ce [16]. Il n'y aurait pas eu dans le mouvement maçonnique d'agent indicateur, selon le secrétaire général du Grand Oirent des peuples de Russie, Alexandre Kerenski, qui a eu accès après la révolution de Février aux archives tsaristes[17].

Selon Kouskova, beaucoup de personnalités politiques connues, d'acteurs de la société civile, de scientifiques, de membres des classes supérieures et de militaires sont membres du mouvement : « Les gens venait chez nous de partout », « les sociétés économiques ou techniques se retrouvaient partout. ... d'ici à la révolution de Février, la Russie s'est couverte de loges »[7]. Cependant, le nombre des membres du Grand Orient des peuples de Russie n'a pas dépassé les 400, au moment de son développement maximal. Toujours selon Kouskova, des plans de libération de la Russie sont élaborés dans son appartement. C'est dans l'une de ces réunions, en avril 1916, qu'a été décidé la composition du gouvernement provisoire. Pavel Milioukov, qui n'était pas maçon, indique que plusieurs membres du gouvernement étaient liés par des obligations secrètes ayant une seule et même origine[18]. Par la suite, dans le contexte de lutte des partis pour le pouvoir, le Grand Orient des peuples de Russie se désagrège en raison probablement de conflits entre tendances. Il existe aussi une version, développée par les historiens Andreï Serkov (ru) et S. Karpatchiov, selon laquelle il interrompt son activité à la suite de la révolution d'Octobre, qui met fin au gouvernement provisoire et à la carrière politique de son secrétaire général, Kerenski..

Révolution de février et victoire des Bolcheviks[modifier | modifier le code]

Après la victoire de la révolution de Février, Kouskova est l'un des partisans les plus convaincus du nouveau régime. Elle entretient des liens étroits avec Alexandre Kerenski et d'autres libéraux du gouvernement provisoire, et elle soutiendra jusqu'à la fin les idéaux de Février.

Dès le mois d'avril 1917, elle publie le journal démocratique et socialiste Le Pouvoir du peuple («Власть народа»). Le journal se fixe la tâche suivante : sur le plan politique, la consolidation de la république démocratique et l'affirmation de l'idée du pouvoir du peuple dans la conscience des classes les plus nombreuses.de la population, sur le plan social, la protection des intérêts de la classe ouvrière et l'union des masses travailleuses

Сразу же после победы революции, в апреле 1917 года, Кускова начала издавать демократическую и социалистическую газету . Газета ставила перед собой следующие задачи: «В области политической — укрепление демократической республики и проведение идей народовластия в сознание широких масс населения; в области социальной — защита интересов трудящихся классов и объединение трудовых масс на творческой работе преобразования всего хозяйственного строя на основах социализма»[15]. В газете Кусковой сотрудничали известные политические деятели разных направлений: С. Н. Прокопович, А. Н. Потресов, М. М. Винавер, С. П. Мельгунов, Н. В. Чайковский, Б. В. Савинков и другие. Сама Кускова вела в газете обзор внутренней жизни. Одновременно Кускова активно участвовала в кооперативном движении, на которое возлагала большие надежды. В кооперации видела путь к построению социалистического общества. В газете «Власть народа» кооперативному движению уделялось особое внимание.

На страницах своей газеты Кускова призывала к объединению всех демократических сил страны — от кадетов до социалистов. Одновременно беспощадно критиковала левых и правых политических экстремистов, стремившихся к захвату власти. Особенно резко Кускова выступала против В. И. Ленина и большевиков, которых считала безответственными авантюристами: «…Ленин — вреден. Ленин действует на несознательные головы. Ленин вносит сумбур и разложение в армию. Ленин приглашает к захватам — Лениных в России многое множество. Ленин — это безответственная демагогия. Ленин — это в лучшем случае утопист, не чувствующий под ногами почву… С ленинством, то есть со стихией, не знающей земли, надо бороться убеждением…»[15] В отношении войны с Германией Кускова придерживалась оборонческих позиций, выступая за войну до победного конца. В связи с этим резко критиковала пораженчество большевиков, обвиняя последних в предательстве. О Ленине отзывалась так: «Вся его политика есть политика предательства. Вся его политика — кинжал в спину не только армии, но и революции»[15].

Не менее резко Кускова критиковала кадетов, которые в поисках противовеса большевикам сделали ставку на генерала Л. Г. Корнилова. Будучи противницей всякой диктатуры, Кускова считала, что «корниловщина противостоит демократии». После раскола политических сил, вызванных корниловским мятежом, Кускова оставалась одним из последних защитников Временного правительства. В июле 1917 года муж Кусковой С. Н. Прокопович стал одним из последних министров правительства Керенского. Сама Кускова в сентябре 1917 года на Демократическом совещании была выбрана делегатом от кооператоров во Временный совет Российской республики (Предпарламент). Выступая на заседании Предпарламента, призывала объединиться для обороны страны от внешнего врага[15]. Во время Октябрьского переворота активно помогала защитникам Временного правительства, осаждённым в Зимнем дворце. После победы большевиков продолжала издавать газеты «Власть народа» и «Право народа», находившиеся в непримиримой оппозиции к новой власти[15]. В 1918 году газеты были закрыты большевиками.

Власть большевиков и высылка из России[modifier | modifier le code]

После прихода к власти большевиков Кускова и Прокопович не захотели эмигрировать и решили остаться в России. В развернувшейся Гражданской войне не примкнули ни к одной из борющихся сторон. Выступали одинаково как против красной, так и против белой диктатуры. По признанию Кусковой, реставрационные стремления участников Белого движения были им так же чужды, как и крайности большевизма. Оставались жить в большевистской России, «не сгибая голов, каждую минуту рискуя эти головы потерять»[19]. Открыто осуждали поведение большевиков при встречах с высокопоставленными советскими чиновниками.

При советской власти продолжали попытки заниматься общественной деятельностью. Осенью 1918 года по инициативе В. Г. Короленко Кускова и ряд других общественных деятелей организовали «Лигу спасения детей», занимавшуюся устройством приютов и колоний для беспризорых детей. В руководство «Лиги» входили Е. Д. Кускова, Н. М. Кишкин, Е. П. Пешкова и другие известные лица[14]. «Лига спасения детей» была легальной организацией, утверждённой Советом народных комиссаров. У «Лиги» было свыше 18 колоний, 11 детских садов, санаторий, детские клубы и огороды. Детей брали прямо с улицы. За 2,5 года своего существования «Лига» помогла 3,5 тысячам детей-сирот[14]. В 1920 году «Лига» обратилась к советскому правительству с просьбой разрешить получать помощь для голодающих детей из-за границы. Однако большевики усмотрели в этом предложении политический подвох. Кусковой и Кишкину было запрещено выезжать за границу, а к началу 1921 года все детские приюты «Лиги» были переданы в ведение правительства. Как заявил один советский чиновник, «мы не можем позволить Кишкиным и Кусковым воспитывать пролетарских детей, хотя бы и беспризорных».

В 1921 году, когда в России разразился жестокий голод, Кускова, Прокопович и Кишкин решили организовать общественный комитет для помощи голодающим. С этим предложением они, при посредстве М. Горького, обратились к советским властям, которые после обсуждения вопроса выдали им такое разрешение. В июле 1921 года в Москве был основан «Всероссийский комитет помощи голодающим» (сокращённо ВКПГ), в состав которого вошли многие видные представители дореволюционной интеллигенции. Почётным председателем ВКПГ был избран В. Г. Короленко, а в его руководство входили С. Н. Прокопович, Е. Д. Кускова, Н. М. Кишкин, Ф. А. Головин, H. Н. Кутлер, М. В. Сабашников и другие известные в прошлом деятели[20]. Большевики дали комитету ироническое прозвище «Прокукиш» (по первым слогам фамилий организаторов). Отношение большевиков к комитету было крайне подозрительным, но его решили использовать для получения продовольственной помощи из-за границы. В письме к Н. А. Семашко Ленин писал: «От Кусковой возьмем имя, подпись, пару вагонов от тех, кто ей (и эдаким) сочувствует. Больше ни-че-го»[20].

Комитет помощи голодающим просуществовал недолго. Уже в августе до Ленина дошли слухи, что на одном из совещаний комитета Прокопович держал «противоправительственные речи». Ленин немедленно написал письмо И. В. Сталину, в котором поручил Политбюро распустить комитет и арестовать его руководителей[20]. В действиях комитета Ленин усмотрел открытую подготовку заговора против советской власти. Кускову, Кишкина и других было поручено выслать из Москвы, а Прокоповича месяца три продержать в тюрьме до выяснения всех обстоятельств дела. Одновременно Ленин поручил организовать газетную травлю против членов комитета: «Газетам дадим директиву: завтра же начать на сотни ладов высмеивать „Кукишей“… Изо всех сил их высмеивать и травить не реже одного раза в неделю в течение двух месяцев»[20]. В результате решения ВЧК в ноябре 1921 года Кускова и Прокопович были административно высланы в Вологодскую область, а затем проживали в других северных областях России. В следующем году их снова вернули в Москву, а в июне 1922 года выслали за границу[14].

Жизнь и деятельность в эмиграции[modifier | modifier le code]

Екатерина Кускова

После высылки из России Кускова и Прокопович поселились в Берлине. Продолжали заниматься общественной деятельностью и публицистикой. В Берлине Кукова была избрана председателем Берлинского комитета помощи заключённым и ссыльным в России (Политического Красного Креста). Эта организация занималась организацией помощи российским политзаключённым. В Москве аналогичную организацию возглавляли знакомые Кусковой Е. П. Пешкова и М. Л. Винавер, с которыми она поддерживала активную переписку[14]. В 1924 году Кускова переехала в Прагу, где сотрудничала в различных газетах: «Последние новости», «Дни», «Новое слово» и в журналах «Современные записки», «Воля России», «Новый журнал» и т. д.

В Чехословакии Кускова продолжала играть видную роль в политической жизни русской эмиграции. Её квартира в Праге была своего рода политическим салоном. Вместе с П. Н. Милюковым вела преговоры по созданию «Республиканско-демократического объединения». Тактика этой организации состояла во внутреннем «обволакивании» советской власти путём проникновения в неё «здоровых сил» и внутреннем перерождении большевистского режима. Образцом этой тактики служила деятельность масонских организаций накануне Февральской революции[21]. Кускова была противником военных походов против советской власти и выражала уверенность, что в условиях нэпа существует возможность внутренней эволюции советского строя. В своих публикациях и выступлениях по радио она призывала эмигрантов искать достойных путей возвращения на родину. В письме к В. Л. Бурцеву писала о большевизме: «Глубоко также верим, что он самоочистится, уже очищается, и сделает это глубже, прочнее, вернее — без помощи Национальных комитетов и в особенности „национально-фашистских“ спасителей»[19]. Идеология «возвращенчества», проповедуемая Кусковой, вызывала резкую критику со стороны её бывших соратников, таких как П. Б. Струве, А. Ф. Керенский, Н. Д. Авксентьев и других. Последующие события, связанные с приходом к власти Сталина и установлением тоталитарного режима, развеяли иллюзии «возвращенцев»[14].

После оккупации Чехословакии Гитлером в 1939 году Кускова с Прокоповичем перебрались в Женеву, где и прожили до конца жизни. Кускова продолжала заниматься публицистической деятельностью, сотрудничала в газете «Новое русское слово», в «Новом журнале» и других изданиях. Во время Второй мировой войны занимала сторону Советского Союза, надеялась, что после победы над фашизмом появится возможность вернуться в Россию. Этим иллюзиям также не суждено было сбыться. Кускова прожила в эмиграции более 35 лет, до конца веря в возможность возвращения в Россию, но так и не дождалась этой возможности. В 1955 году умер Сергей Прокопович, а сама Кускова скончалась в Женеве 22 декабря 1958 года.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d et e (ru) Л. А. Должанскaя (L. A. Doljanskaïa) (dir.), «Наш спор с Вами решит жизнь»: Письма М. Л. Винавера и Е. П. Пешковой к Е. Д. Кусковой. 1923—1936, Moscou, Братонеж,‎ 2009., 334 p. (ISBN 978-5-7873-0421-3), Notre débat avec vous décide de la vie : Lettres de M. L. Vinaver et I. P. Pechkova à E. D. Kouskova. 1923—1936
  2. (ru) В. Н. Заботин (V. N. Zabotine), « Экономизм » [« Économisme »], sur Большая советская энциклопедия (Grande encyclopédie soviétique) bse.sci-lib.com (consulté le )
  3. a et b (ru) В. И. Ленин (V. I. Lenine), « Протест российских социал-демократов » [« Protestation des sociaux-démocrates russes »], Полное собрание сочинений (Recueil des oeuvres complètes), Moscou, vol. 4,‎
  4. a et b (ru) О. В. Будницкий (O. V. Boudnitski) (collation), « Владимир Бурцев и его корреспонденты. № 6 Е.Д. Кускова — В. Л. Бурцеву Прага, 29 сентября 1936 г. » [« Vladimir Bourtsev et ses correspondants. Lettre n° 6, Kouskova à Bourtsev, Prague, 29 septembre 1936 »], Отечественная история / РАН. Ин-т рос. истории, Наука, no 6,‎ (lire en ligne)
  5. (ru) « Либеральная идея в жизни и деятельности В.И. Вернадского » [« L'idée libérale dans la vie et l'action de V. I. Vernadski »], history.machaon.ru,‎ (lire en ligne)
  6. a et b (ru) Р. Пайпс (R. Peips), Струве. Биография. Том 1. Струве: левый либерал. 1870—1905 [« Struve. Biographie. Tome 1 : Struve, libéral de gauche. 1870—1905 »], Moscou, 2001
  7. a b c et d « Е.Кускова - Н.В. Вольскому », sur www.hrono.ru (consulté le )
  8. (ru) A. В. Тыркова-Вильямс (A. V. Tyrkova-Williams), На путях к свободе [« Sur les chemins de la liberté »], Moscou,‎ (ISBN 9785938950931, OCLC 163619289, lire en ligne [PDF])
  9. (ru) И. П. Белоконский (I. P. Belokonski), Земское движение [« Le mouvement des zemstvos »], Moscou, Задруга,‎ , 399 p.
  10. С. И. Потолов. Георгий Гапон и либералы (новые документы) / Россия в XIX—XX вв. Сборник статей. СПб., 1998 г.
  11. Л. Я. Гуревич. Народное движение в Петербурге 9 января 1905 г. / Былое, 1906, № 1.
  12. Без заглавия. Политический еженедельник. Издание Е. Д. Кусковой. 1906, № 1.
  13. Е. Д. Кускова. Ответ на вопрос — кто мы? / Без заглавия. Политический еженедельник. 1906, № 3.
  14. a b c d e et f «Наш спор с Вами решит жизнь»: Письма М. Л. Винавера и Е. П. Пешковой к Е. Д. Кусковой. 1923—1936. Сост. Л. А. Должанской. М., «Братонеж», 2009.
  15. a b c d e et f Кускова Екатерина Дмитриевна. Из статьи В. Л. Боечина в кн.: Политические деятели России 1917. Биографический словарь. М., 1993.
  16. Г. М. Катков. Февральская революция. Париж, YMCA-Press; М., Русский путь, 1997 г.
  17. А. Ф. Керенский о масонстве / А. Ф. Керенский. Россия на историческом повороте. Мемуары. М., 1993 г.
  18. П. Н. Милюков. Воспоминания (1859—1917). 1-2 тома. Нью-Йорк, 1955 г.
  19. a et b Modèle {{Lien web}} : paramètre « url » manquant. (ru) « Владимир Бурцев и его корреспонденты : № 6 Е.Д. Кускова — В. Л. Бурцеву Прага, 29 сентября 1936 г. », sur www.hrono.ru (consulté le )
  20. a b c et d В. Г. Макаров, B. C. Христофоров. К истории Всероссийского комитета помощи голодающим.
  21. Республиканско-демократический лагерь российской эмиграции.

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • «Наш спор с Вами решит жизнь»: Письма М. Л. Винавера и Е. П. Пешковой к Е. Д. Кусковой. 1923—1936. Сост., предисл. и коммент. Л. А. Должанской. — М.: Братонеж, 2009. — (ISBN 978-5-7873-0421-3)
  • Е. Д. Кускова «Месяц соглашательства: Воспоминания)». Фрагменты из писем Е. Д. Кусковой к М. А. Бегман и Н. А. Рубакину//О. Л. Воронин «Силуэты Востока и Запада», Иркутск, 2006.

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]

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