Ubuntu Edge

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Ubuntu Edge
Ubuntu Edge
Image illustrative de l’article Ubuntu Edge
Année 2013[1]
Fonctions
Écran Tactile
Écran externe Cristal saphir
Caractéristiques
Processeur Multi-cœur
Mémoire vive Go
Espace de stockage 128 Go
Carte mémoire Micro-SIM
Système d'exploitation Ubuntu Touch, Android
Connectivité Dual-LTE, Wi-Fi dual-band 802.11n, Bluetooth 4, NFC, USB
Capteurs GPS, accéléromètre, gyroscope, senseur de proximité, boussole, baromètre
Batterie Batterie silicone-anode Li-Ion
Mesures
Dimensions 64 × 9 × 124 mm

Ubuntu Edge est un projet de conception « haut de gamme » de smartphones, annoncé par la société Canonical Ltd. Ce projet a débuté le et a été abandonné le . Il a été lancé dans un contexte de changement important à la suite de l'arrivée sur le marché de la téléphonie mobile d'Apple (iPhone/iOS) et Google (Android), mais il n'a pas réussi à convaincre.

Concepts et lancement[modifier | modifier le code]

Contexte[modifier | modifier le code]

En 2013, Apple et Google se partagent 90% du marché du smartphone. Leur présence remplace des acteurs historiques comme Symbian OS, Palm OS, et supplante Windows Mobile (porté par Nokia), et Blackberry[2].

Cependant, le marché de la téléphonie mobile est en pleine restructuration, avec par exemple le lancement de HP webOS en 2009 et de Firefox OS en 2012.

Ce contexte met ainsi en évidence la grande volatilité des marchés et des acteurs, et l'idée était largement répandue qu'il était possible de supplanter ces nouveaux leaders à leur tour. (Apple et Google) avec de nouvelles solutions, comme le démontrent les nombreuses tentatives d'OS alternatifs (comme Firefox OS, Tizen, ou encore LG webOS[3]).

Principe du projet[modifier | modifier le code]

Ubuntu Edge est un smartphone[4] haut de gamme (en dual-boot avec Ubuntu Touch ou Android) qui, lorsqu'il est utilisé avec un moniteur, un clavier et une souris, est en mesure de fonctionner comme un ordinateur de bureau classique sous Ubuntu[5].

Selon Mark Shuttleworth, PDG de Canonical, la convergence ergonomique, esthétique et applicative entre le téléphone mobile, l'interface de la tablette, la télévision et l'ordinateur est le chemin à prendre pour réaliser « the future of personal computing » (« le futur de l’ordinateur personnel »)[6].

Il ne s'agit plus de tester et de démontrer la possibilité de faire converger dans les nouvelles technologies le système d'exploitation d'un ordinateur (ici Ubuntu Linux) avec les applications d'un téléphone haut de gamme. Il s'agit plutôt d'un message adressé à l'industrie de la téléphonie mobile, tout autant qu'aux observateurs du monde open-source et des logiciels libres : l'annonce de quelques nouveaux acteurs (éditeurs, fondations, industriels) pouvant à terme, offrir de nouveaux systèmes d'exploitation sur les téléphones mobiles.

En effet, à côté du système iOS de la société Apple, de Windows Phone (Microsoft et Nokia), de BlackBerry OS et de la cohorte des smartphones fonctionnant sous Android (de Google), comme les téléphones Nexus, il paraît possible d'intégrer les diverses applications et services activés par l'utilisateur final, dans un univers ergonomique homogène, ouvrant ainsi l'horizon à de nouvelles stratégies industrielles. Le développement du standard de programmation HTML5 et l'ubiquité des écrans tactiles ordonnent les machines communicantes autour d'un univers graphique et technique commun.

Campagne de financements[modifier | modifier le code]

Lancement[modifier | modifier le code]

Mark Shuttleworth, le fondateur de Canonical, cherche à faire financer par le public la production de 40 000 unités de ce « superphone » par le biais du site de financement participatif Indiegogo[7]. C'est le plus gros projet de financement participatif en 2013[8], avec un montant prévu de 32 millions de dollars américains pour une campagne d'une durée d'un mois. Ubuntu Edge n'est pas destiné à être produit en masse après cette campagne de collecte de fonds.

Résultats[modifier | modifier le code]

Clôturée le , la campagne de recherche de financements par des dons privés s'achève sur un résultat sujet à diverses interprétations.

Le smartphone était vendu en précommande à 695 $ US (520 ), voire plus selon les choix des donateurs. Ils pouvaient aussi donner 20 $ US, en soutenant l'opération en tant que « membres fondateurs ».

La campagne de financement s'élève à 12 809 906 $ US, c'est-à-dire environ 9 millions d'euros, donnés par 27 500 personnes (y compris le groupe Bloomberg qui a donné 80 000 $ US). Le montant total des dons est un record dans le monde du financement participatif, puisqu'aucune opération de ce genre n'a encore jamais permis par le passé d'atteindre une telle somme.

Stratégie de communication[modifier | modifier le code]

L'objectif de 32 millions de dollars américains n'a pas été atteint[9]. Cependant, il apparaît que le mode de financement via les réseaux sociaux, pour un appareil électronique de télécommunication haut de gamme, procède plus du plan de communication (soutenu par l'acteur britannique Stephen Fry) que d'un véritable projet industriel mûri sur le long terme, adossé à des constructeurs et des financements bancaires. Les 27 500 internautes donateurs, principalement venus d'Amérique du Nord et d'Europe, ne forment qu'une cohorte sur un marché qui doit encore montrer son potentiel (il s'agit évidemment de faire la preuve que la convergence entre terminaux, pilotée par l'OS Ubuntu est une réalité, après avoir été un projet)[précision nécessaire]. Mark Shuttleworth affirme, dans un message publié sur le site Indiegogo, qu'un tel marché existe, mais surtout que l'opération a permis de faire entrer dans le Ubuntu Carrier Advisory Group un certain nombre d'acteurs majeurs de la téléphonie mobile mondiale

La stratégie de Canonical qui consiste à élargir son périmètre d'activité, jusque-là confiné à des prestations de SSII, était audacieuse. En effet, arriver sur un marché dominé, à l'époque, par Android et par Apple iOS (sans citer les acteurs chinois) en proposant une « convergence » des terminaux n'était peut-être pas aussi simple. Hewlett-Packard, qui malgré le rachat de Palm en 2010 ainsi que sa proposition au marché de sa tablette HP Touchpad et de ses terminaux Palm Pre3 fonctionnant sous un système à bien des égards novateur (HP webOS), n'arrivait déjà pas à maintenir son offre et à la développer.

Abandon du projet[modifier | modifier le code]

Le , Mark Shuttleworth annonce l'abandon d'Ubuntu Touch[10], en recentrant Ubuntu « vers le Cloud computing et l'internet des objets, plutôt que la téléphonie et la convergence ».

Références[modifier | modifier le code]

  1. « Ubuntu Edge : le téléphone linux n'est pas mort », game-focus,‎ (lire en ligne)
  2. iclarified.com, « L'incroyable évolution des parts de marché smartphones de 2005 à 2012 en une image », sur iPhone XS, XR, iPad et Apple Watch : blog et actu par iPhon.fr, (consulté le )
  3. Le code de la société Palm, racheté par Hewlett-Packard, puis revendu à LG Electronics et finalement « libéré » sous le nom de Open WebOS semble avoir été acquis par la société coréenne LG pour équiper ses téléviseurs connectés. Il n'a pas encore été question de lancer des terminaux de téléphone fonctionnant sous Open WebOS.
  4. Avec l'arrivée sur le marché de téléphones munis de microprocesseurs quadri-cœurs, de puces graphiques puissantes et de la 3G et 4G, on peut penser que le téléphone mobile ressemblera de plus en plus à un ordinateur mobile, voire à une tablette communicante très puissante.
  5. « Ubuntu Edge : pour son smartphone, Canonical teste le crowdfunding », ZDnet.fr,‎ (lire en ligne)
  6. Voir la vidéo de M. Shuttleworth dans laquelle il explique comment Ubuntu permet de coordonner fonctionnellement, esthétiquement et techniquement les tablettes, les téléphones mobiles, la télévision et le PC.
  7. Sylvain Biget, « Smartphone : Ubuntu Edge, le téléphone qui fait aussi PC », sur Futura (consulté le )
  8. « Ubuntu Edge : la plus grande campagne de crowdfunding de tous les temps », L'informaticien,‎ (lire en ligne)
  9. Jason Champagne, « Ubuntu Edge : la campagne du smartphone dual-boot n'a pas abouti », sur PhonAndroid, (consulté le )
  10. (en) « Growing Ubuntu for cloud and IoT, rather than phone and convergence » [« Faire grandir Ubuntu pour le Cloud et l'internet des objets plutôt que la téléphonie et la convergence »], sur blog.ubuntu.com (consulté le )