Salim Benghalem

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Salim Benghalem
Surnom Abou Mohamed al-Faransi
Mohamed Ali
Naissance
Bourg-la-Reine (France)
Décès (à 37 ans)
Boukamal (Syrie)
Mort au combat
Origine Français
Allégeance Drapeau d'Al-Qaïda dans la péninsule Arabique Al-Qaïda dans la péninsule Arabique (2011)
Drapeau de l'État islamique État islamique (2013-2017)
Arme Amniyat
Conflits Guerre civile syrienne
Faits d'armes Siège de l'aéroport de Menagh
Bataille d'Alep
Bataille de Boukamal

Salim Benghalem, dit Abou Mohamed al-Faransi[1], puis Mohamed Ali[2], est un djihadiste français, né le à Bourg-la-Reine en France et mort en à Boukamal en Syrie.

Il s'agit d'une « figure du jihadisme français »[3], devenu « le responsable de l'accueil des Français et des francophones au sein de l'État islamique »[4].

Biographie[modifier | modifier le code]

Jeunesse[modifier | modifier le code]

Salim Benghalem naît à Bourg-la-Reine le [5]. Quatrième d'une famille de sept enfants, il grandit à Cachan dans le Val-de-Marne[1],[6]. À dix-sept ans, il arrête ses études — une formation de vente en alternance — et enchaîne les petits boulots[6]. Il tombe peu à peu vers le trafic de drogue et le vol[6].

Impliqué dans un règlement de comptes meurtrier en 2001 à Cachan[1], il fuit une année en Algérie, d'où sa famille est originaire, avant de revenir en France pour se constituer prisonnier auprès des autorités françaises en 2002[6]. Il se retrouve en prison et en 2007, il est condamné à onze ans de réclusion criminelle après cinq ans de détention provisoire[1],[7],[6].

Radicalisation en prison[modifier | modifier le code]

Cet ancien délinquant de droit commun se radicalise pendant le temps qu'il passe en prison au centre pénitentiaire de Fresnes[1],[6]. Il y rencontre en effet divers radicaux islamistes, dont Mohammed El Ayouni[1], un membre de la filière des Buttes-Chaumont[6]. En prison il côtoie aussi Rachid Benomari, recruteur de djihadistes en Belgique et Saïd Arif, un ancien du Groupe islamique armé (GIA), figure du djihad mondial[8].

En liberté conditionnelle pour bonne conduite à partir de 2008[6], il s'installe à Malakoff dans les Hauts-de-Seine tout en devenant proche d'autres membres du groupe radical des Buttes-Chaumont comme Chérif et Saïd Kouachi (attentat contre Charlie Hebdo) et d'Amedy Coulibaly (prise d'otages du magasin Hyper Cacher de la porte de Vincennes)[3],[1],[9],[6].

Dans une vidéo de propagande de l’État islamique diffusée le et tournée sous la contrainte par un otage britannique, le journaliste John Cantlie, Salim Benghalem se « réjouit » des attentats commis par les frères Kouachi et Coulibaly, et y salue également le terroriste Mohammed Merah, « qui a fait quelque chose d'extraordinaire »[10]. Proche de Boubaker El Hakim, il est aussi un temps suspecté de préparer l'évasion de Smaïn Aït Ali Belkacem[11].

Yémen et Syrie[modifier | modifier le code]

À l'été 2011, il se rend au Yémen avec Chérif Kouachi[12]. Il y reste un mois[5] et est formé par Al-Qaïda dans la péninsule arabique (AQPA)[1]. Il est missionné par AQPA pour prendre part au futur attentat contre Charlie Hebdo, mais refuse la mission[12]. Il se rend ensuite en Syrie en avril 2013 et rejoint l'État islamique en Irak et au Levant (EIIL)[5]. Il y joue un « rôle central dans l'acheminement de jihadistes depuis la France »[3],[1] et est suspecté d'avoir été, avec Mehdi Nemmouche (attentat du Musée juif de Belgique), un des geôliers à Alep de journalistes français libérés en avril 2014 après dix mois de captivité en Syrie[3],[13],[9], dont faisait partie Nicolas Hénin[1]. En 2023, les policiers de la DGSI sont convaincus identifient Salim Benghalem, Mehdi Nemmouche et un autre djihadiste français, sur des images de vidéosurveillance enregistrées dans le sous-sol d'un hôpital d'Alep reconverti en centre de torture en 2013, récupérées par une ONG et remises à la justice française, qui montrent des actes de violences commises sur des détenus. Salim Benghalem est filmé en train d'escorter et de frapper des prisonniers[14].

Il est l'adjoint d'Abou Obeida al-Maghribi et assure la logistique dans la prison de l'EIIL à Alep[12]. Il participe par exemple aux interrogatoires, aux exécutions et est membre de la police islamique[1]. Il réalise également des appels à commettre des attentats[1]. Il aurait participé en août 2013 à la prise de l’aéroport militaire de Menagh[15]. En novembre de la même année, il est blessé à la jambe et entre dans la police islamique[15]. Avec son épouse et ses enfants qui l'ont rejoint en octobre 2013, Salim Benghalem prend ses quartiers à Cheikh Najar, une zone industrielle toujours au nord d’Alep, mais son épouse décide de rentrer après quelques mois[15]. En janvier 2014, les combattants de l'État islamique — dont Salim Benghalem — évacuent Alep après une offensive des rebelles[16]. Benghalem rejoint alors la police islamique de la ville d'al-Bab[17]. Selon la DGSI, il se révèle comme un « tortionnaire sadique »[17].

Son nom est cité dans les attentats de janvier 2015 en France comme probable commanditaire[9], sans qu'une preuve de culpabilité ne soit formellement trouvée, mis à part une vidéo où il se rejouit des résultats[13]. Il est aussi cité par les enquêteurs du Terrorism Research and Analysis Consortium dans le cadre de l'organisation des attentats du 13 novembre 2015 en France[10].

Mort[modifier | modifier le code]

Visé par un mandat d'arrêt international et inscrit sur la liste noire des États-Unis pour son appartenance à l'EI[1], il est condamné pour activités terroristes par contumace à quinze ans de prison en janvier 2016 à Paris[1] pour sa participation active au recrutement de terroristes[13]. Il est mort après un bombardement aérien du régime syrien lors de la guerre civile syrienne en novembre 2017[1],[13],[9]. Il avait échappé à un précédent bombardement des forces armées françaises en 2015[18]. Il serait mort pendant la bataille de Boukamal[19].

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g h i j k l m n et o « Salim Benghalem, figure du jihadisme français et geôlier de l'EI », sur RTL.fr (consulté le )
  2. Suc 2018, p. 299.
  3. a b c et d « Salim Benghalem, figure du jihadisme français, "probablement" tué en Syrie », sur Le Huffington Post (consulté le )
  4. « Syrie : Salim Benghalem, la cible des frappes françaises à Rakka », Le Monde (consulté le )
  5. a b et c Soren Seelow, « Salim Benghalem serait chargé de la gestion des recrues francophones », Le Monde,
  6. a b c d e f g h et i « Qui est Salim Benghalem, ce djihadiste français recherché par les États-Unis ? », sur Le Figaro (consulté le )
  7. « Cachan : la loi de la rue en procès », sur Libération.fr (consulté le )
  8. Matthieu Suc, « Les réseaux terroristes de l’État islamique (2/3): la chaîne de commandement qui conduit aux attentats », Médiapart,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. a b c et d « Salim Benghalem, Français devenu bourreau de Daech », sur lexpress.fr (consulté le )
  10. a et b Catherine Fournier, « Le jihadiste Salim Benghalem, considéré comme l'un des commanditaires des attentats de 2015, est annoncé mort par sa famille », francetvinfo.fr, (consulté le )
  11. Matthieu Suc, « Mandat d'arrêt international contre le djihadiste français Salim Benghalem », lemonde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. a b et c Suc 2018, p. 49.
  13. a b c et d « Le jihadiste Salim Benghalem est bien mort », sur Libération.fr (consulté le )
  14. « Syrie : des Français soupçonnés de torture dans une prison de Daesh », sur Franceinfo, (consulté le )
  15. a b et c Mathieu Suc, « Les notes cachées sur les frères Kouachi », mediapart.fr, (consulté le )
  16. Suc 2018, p. 99.
  17. a et b Suc 2018, p. 119-120.
  18. « INFO FRANCEINFO. Le jihadiste Salim Benghalem, considéré comme l'un des commanditaires des attentats de 2015, est annoncé mort par sa famille », sur Franceinfo (consulté le )
  19. Suc 2018, p. 349-350.