Relation scolaire et universitaire entre la France et la Géorgie

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La relation scolaire et universitaire entre la France et la Géorgie est apparue au XXe siècle. Elle se situe à l’intersection d’ensembles différenciés comme la relation culturelle, la relation diplomatique et la relation territoriale ; elle évolue lentement de la sphère étatique à la sphère privée, et a changé de véhicule linguistique intermédiaire[1].

Enseignement supérieur et recherche[modifier | modifier le code]

Historique[modifier | modifier le code]

Torniké Gordadzé, universitaire français d'origine géorgienne

En France, la relation a été — et est — le fait de quelques universitaires, comme en particulier Jean-Pierre Mahé (École pratique des hautes études), Claire Mouradian (École des hautes études en sciences sociales), Jean Radvanyi (Institut national des langues et civilisations orientales ), Silvia Serrano (Sorbonne), Charles Urjewicz (Inalco), Françoise Thom ou Bernard Outtier (Institut catholique)[2], parfois d'origine géorgienne comme Georges Charachidzé (Inalco)[Note 1] ou Thorniké Gordadzé (Sciences Po Paris). Ils ont contribué, et contribuent, non seulement à une meilleure connaissance de la Géorgie, mais ont tissé des liens avec leurs homologues géorgiens. À de rares expressions près — Bernard Outtier, Jean-Pierre Mahé ou Silvia Serrano, kartvélophones — le véhicule linguistique privilégié a été la langue russe durant le XXe siècle ; la langue anglaise l’a supplanté peu à peu avec les nouvelles générations.

Universités géorgiennes et francophonie[modifier | modifier le code]

Blason de l'Université d'État de Tbilissi

En Géorgie, cinq universités sont membres de l’Agence universitaire de la Francophonie, l’Université d’Etat Chota Roustavéli de Batoumi, l’Université d’État Akaki Tsérétéli de Koutaïssi, l’Université d'État de Tbilissi, l’Université d’État Ilia de Tbilissi et l’Université Grigol Robakidzé.

Universités françaises et étudiants géorgiens[modifier | modifier le code]

Différents programmes permettent d'accompagner les étudiants géorgiens dans les universités françaises, dont le programme de bourses Master du Centre International de l’Éducation, de l’Ambassade de France en Géorgie et de Campus France[3],[4]. Une dizaine de doctorats ont été obtenus par des étudiants géorgiens dans les universités françaises ces dernières années, Gaston Bouatchidzé en Littérature générale et comparée (1995)[5], Badri Goguia en Lettres et science humaine (1998) [6], Thorniké Gordadzé en Science Politique (2006)[7], David Totibadzé-Shalikashvili en Littérature française et comparée (2006)[8], Nina Iamanidzé en Histoire de l’art (2007) [9], Nana Mirachvili-Springer en Hagiographie géorgienne (2008)[10], Ana Mgeladze en Préhistoire (2008) [11], Georges Mamoulia en Histoire et civilisations (2009) [12], Maïa Varsimashvili-Raphaël en Littérature comparée (2012) [13], Maka Dzamukashvili-Nutsubidze en Droit public (2014)[14],Ana Trapaidze en Micro et nanosystèmes (2015)[15], Giorgi Bedianashvili en Archéologie des périodes historiques (2016)[16], Tamara Svanidze en Études géorgiennes (2016)[17], Nino Tandilashvili en Sciences de gestion (2016)[18] et Lika Gordeziani en Littérature classique (2019)[19].

Si l’histoire, la littérature et les relations internationales ont souvent constitué l’essentiel des travaux universitaires croisés, les sciences y ont parfois contribué. En 2002, à l'initiative de Gotcha Tchogovadzé, ambassadeur de Géorgie en France et membre de l’Académie des Sciences de Géorgie, deux universités françaises (Université Paris-VIII et Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines), l'Institut national des langues et civilisations orientales et l'Université technique de Géorgie lancent la filière francophone informatique, basée à Tbilissi[20],[21]. Depuis la filière a rejoint l'Université d'État de Tbilissi (Ivané Javakhichvili) et formé plus d'une dizaine de promotions, dont les lauréats ont pour la plupart poursuivi leurs études de Master en France.

Université franco-géorgienne[modifier | modifier le code]

Le un accord intergouvernemental entre la Géorgie et la France est signé par le ministre de l'éducation et des sciences de Géorgie Mikheil Chkhenkeli et le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères de la République française Jean-Yves Le Drian sur le projet d'une université franco-géorgienne[22]. Le but de ce projet est de mettre en place une série de doubles diplômes et des diplômes délocalisés dans les secteurs du tourisme, de l'agriculture et de l'informatique entre des universités françaises et géorgiennes sous le label d'Université franco-géorgienne. Dans ce cadre, les universités de Rennes I, Montpellier, Lyon II, Paris VIII ainsi que les écoles d’ingénierie et d’agronomie INSA de Rennes et Montpellier Supagro collaboreront avec l’Université d'État de Tbilissi et l’Université Technique de Géorgie[23].

Enseignements primaire et secondaire[modifier | modifier le code]

Historique[modifier | modifier le code]

La relation scolaire a été — et est — l’objet d’initiatives multiples lors de l’action diplomatique française en Géorgie (soutien de la langue françaises dans les écoles publiques géorgiennes et dans les écoles privées), lors du jumelage entre Nantes et Tbilissi (IUFM de Nantes) ou de l’accord de coopération du département de l’Yonne et de la région de Kakhétie (collèges d’Auxerre et de Telavi, ou lors des dons ou des bourses privées. La langue française a été enseignée dans une centaine d'écoles géorgiennes, mais la primauté pour la langue anglaise décidée par le ministère géorgien de l'Education nationale a réduit ce périmètre.

Fonds pour le développement de la langue française[modifier | modifier le code]

Seize écoles secondaires bénéficiaient en 2018 d’un dispositif d’aide spécifique dont les ressources proviennent des domaines privés et publics, le Fonds Molière, créé en 2012 à l’initiative de Renaud Salins, ambassadeur de France en Géorgie[24]. Ce fonds touchait 5 000 élèves en 2012 et 14 000 en 2018[25]. Parmi les établissements délivrant en Géorgie une formation franco-géorgienne, peuvent être cités l'École Marie Brosset (1999)[26],[27],[28], le Collège Saint Exupéry[29] et l'École française du Caucase, Cette dernière a été fondée en 2006, à l'initiative de Philippe Lefort, ambassadeur de France, avec l'aide financière de la Fondation Cartu (Bidzina Ivanichvili) : Virginie Constans-Villechange, attachée de coopération pour le français, prend la direction de cet établissement privé, reconnu par les autorités françaises et géorgiennes[30],[31]. À la rentrée 2018, l'établissement est dirigé par Bernard Menault et compte 378 élèves[32],[33].

Action de l'Association géorgienne en France[modifier | modifier le code]

Le , l’Association géorgienne en France signe une convention avec l’Université d'État de Tbilissi accordant chaque année des bourses d’études aux étudiants géorgiens en langue française. À partir de 2016, cette bourse est transformée en concours attribuant le prix Pégase au profit d’un projet collectif géorgien d'esprit européen : cette première année, il a financé la formation de 200 lycéens des zones montagneuses de Ratcha aux institutions européennes[34].



Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. La transcription en langue française des patronymes géorgiens a été stable jusqu’à la fin du XXe siècle : les règles constituées par l’intermédiation de la langue russe, confirmées par la Légation de la République démocratique de Géorgie en France (1921-1933) et proches de la prononciation en langue géorgienne, étaient utilisées sans exception ; elles le sont encore aujourd’hui par le ministère français des Affaires étrangères et par la plupart des universitaires français s’intéressant à la Géorgie. L’usage a progressivement changé avec l’intermédiation de la langue anglaise et la définition d’une translittération latine proche de la transcription anglaise (2002). Ainsi გიორგი ჯავახიძე donne Guiorgui Djavakhidzé en transcription française et Giorgi Javakhidze en transcription anglaise (et en translittération latine).

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) « Language policy in Georgia and the global role of the English language », sur Tabula, .
  2. « Bernard Outtier », sur Biblio Monde.
  3. « Programme de Bourses "Master 2017-2018" », sur Institut français de Géorgie.
  4. Ambassade de France en Géorgie, « Interview de Mme Mzago Dokhtourichvili, professeur titulaire en Philologie », sur YouTube, .
  5. Gaston Bouatchidzé, « Contribution à l'histoire des relations littéraires franco-géorgiennes », sur Thèses, .
  6. Goguia Badri, « Colchide, terre de Médée : la Géorgie occidentale selon les sources historiques européennes et orientales depuis les origines jusqu'en 1864 », sur Thèses, .
  7. Thorniké Gordadzé, « Formation socio-historique de la nation géorgienne : le legs des identités pré-modernes, les idéologies et acteurs nationalistes », sur Thèses, .
  8. David Totibadzé-Shalikashvili, « L'âme symboliste », sur Thèses, .
  9. Nina Iamanidzé, « Le mobilier liturgique sculpté dans les églises de Géorgie (VIe – XIe siècles) », sur Thèses, .
  10. Nana Mirachvili-Springer, « Vies des pénitentes et des femmes ermites dans l'hagiographie géorgienne : selon les manuscrits des Xe – XIe siècles », sur Thèses, .
  11. Ana Mgeladze, « Premières phases de peuplement dans le Caucase : étude des assemblages lithiques des sites géorgiens de Dmanissi (Pleistocène inférieur), de Koudaro I et de Tsona (Pleistocène moyen) », sur Thèses, .
  12. Georges Mamoulia, « Les combats indépendantistes des Caucasiens dans l'exil : la question caucasienne, enjeu des relations entre l'URSS et les puissances occidentales : le cas de la Géorgie, 1921-1945 », sur Thèses, .
  13. Maïa Varsimashvili-Raphael, « Les fleurs de Baudelaire dans le jardin de Bessiki » : le symbolisme géorgien dans ses rapports avec la France et la Russie », sur Thèses, .
  14. Maka Dzamukashvili-Nutsubidze, « L’influence de la convention européenne des droits de l’homme sur le droit géorgien », sur Thèses, .
  15. Ana Trapaidze, « Intégration des aptamères dans des dispositifs de diagnostic type "point of care" pour le suivi en continu de la thombine dans le plasma », sur Thèses, .
  16. Giorgi Bedianashvili, « The Koban necropolis and the Late Bronze -Early Iron Age Caucasus : Ernest Chantre’s Koban collections from the French National Archaeological (Saint-Germain-en-Laye) and Confluences (Lyon) Museums », sur Thèses, .
  17. Tamara Svanidze, « Les transferts culturels européens en Géorgie dans la seconde moitié du XIXe siècle à travers la presse de l’époque », sur Thèses, .
  18. Nino Tandilashvili, « Le managérialisme et l’identité universitaire: le cas de l’université française », sur Thèses, .
  19. Lika Gordeziani, « Trois rois pour un prince : les Adages au service de la pédagogie érasmienne », sur Université Paris Diderot, .
  20. « Géorgie : une filière francophone informatique soutenue par des Universités françaises (2007) », sur Colisée.
  21. « Filière Francophone en Informatique », sur Université d'État de Tbilissi.
  22. « Franco Georgian University », sur Institut français de Géorgie.
  23. (en) « Georgian technical University », sur Bachelor Studies.
  24. Renaud Salins, « Création du Fonds pour le développement de la langue française en Géorgie », sur site officiel, , consulté le 16 janvier 2016.
  25. Ambassade de France en Géorgie, « Nouvelles perspectives pour la Francophonie en Géorgie - Conférence de M. Pascal Meunier (30/01/2019) », sur site officiel, .
  26. Agence pour l'enseignement français à l'étranger, « École Marie Brosset », sur site officiel, consulté le 8 novembre 2017.
  27. « Ambassade de Géorgie en France et à Monaco », sur mfa.gov.ge via Wikiwix (consulté le ).
  28. « De Nantes à Tbilissi : retour sur l’hommage rendu au directeur-fondateur de l’école française Marie Brosset. », sur jeanyvesleconte.wordpress.com, (consulté le ).
  29. Ministère géorgien des Affaires étrangères, « Collège Saint Exupéry », sur site officiel, consulté le 8 novembre 2017.
  30. « École Française du Caucase », sur site officiel, consulté le 7 novembre 2017.
  31. Ambassade de France en Géorgie, « 10ème anniversaire de l’Ecole Française du Caucase », sur site officiel, consulté le 8 novembre 2017.
  32. Bernard Menault, « Mot du Proviseur », sur Ecole française du Caucase, consulté le 8 avril 2019.
  33. Ambassade de France en Géorgie, « Interview de Mme Anne Deleskiewicz, chef d'établissement de l'Ecole Française du Caucase », sur YouTube, .
  34. Association géorgienne en France, « Partenariat avec l'Université d'État de Tbilissi », sur site officiel, consulté le 30 novembre 2017.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Liens externes[modifier | modifier le code]