Master theorem de Ramanujan

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En mathématiques, le « master theorem » de Ramanujan (littéralement, « théorème maître », dû à Srinivasa Ramanujan, et trouvé dans ses carnets après sa mort[1]) est une technique produisant une forme explicite de la transformée de Mellin d'une fonction analytique.

Une page du carnet de Ramanujan où est énoncé le master theorem.

Énoncé du théorème[modifier | modifier le code]

Sous des hypothèses qui ont été précisées par Hardy[2], et qui sont toujours vérifiées pour les applications qu'en fait Ramanujan, le théorème est le suivant :

Master theorem — Si est une fonction à valeurs complexes développable en série entière sous la forme

,

alors, sous certaines hypothèses sur la fonction , la transformée de Mellin de est donnée par

,

est la fonction gamma.

Ramanujan l'a fréquemment utilisé pour calculer des intégrales définies et des séries entières.

Autres formes du théorème[modifier | modifier le code]

Une autre forme du master theorem est :

qui revient à la précédente par la substitution , en utilisant l'équation fonctionnelle de la fonction gamma.

L'intégrale précédente est convergente pour (si vérifie des conditions de croissance convenables[3]).

Un résultat analogue avait été obtenu par J. W. L. Glaisher en 1874, mais n'avait guère attiré d'attention[4].

Démonstration de Hardy[modifier | modifier le code]

Le théorème est faux en général ; une démonstration sous des hypothèses « naturelles » (mais qui ne sont pas les plus faibles nécessaires) fut donnée par Godfrey Harold Hardy[2], utilisant le théorème des résidus et le théorème d'inversion de Mellin (en).

Les hypothèses les plus simples pour la démonstration sont en effet celles-ci :

  • pour
  • est analytique pour
  • a une décroissance exponentielle sur la droite verticale

Pour soit . La décroissance exponentielle de implique que g est analytique sur .

De plus le théorème des résidus donne que pour , . Donc g est en fait le prolongement analytique de f.

Enfin comme est bornée, par inversion de Mellin, on a :

pour .

Exemples[modifier | modifier le code]

Application à la fonction zêta de Hurwitz[modifier | modifier le code]

La série génératrice des polynômes de Bernoulli est :

Utilisant la fonction zêta de Hurwitz , on a pour .

Le master theorem permet alors d'obtenir[5] la représentation intégrale :

, si .

Application à la fonction gamma[modifier | modifier le code]

En utilisant la définition de Weierstrass :

,

équivalente à

(où est la fonction zêta de Riemann), le master theorem donne alors :
(pour ).

En particulier, pour et , on obtient

,

résultats hors de portée de logiciels de calcul formel tels que Mathematica 7[3].

Généralisations[modifier | modifier le code]

Des versions de ce théorème en dimensions supérieures apparaissent en physique quantique (par le biais de diagrammes de Feynman)[6].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. (en) B. Berndt, Ramanujan’s Notebooks, Part I, New York, Springer-Verlag, .
  2. a et b (en) Godfrey Harold Hardy, Ramanujan. Twelve Lectures on subjects suggested by his life and work, New York, Chelsea, , 236 p. (ISBN 0-8284-0136-5).
  3. a et b (en) Tewodros Amdeberhan, Ivan Gonzalez, Marshall Harrison, Victor H. Moll et Armin Straub, « Ramanujan's Master Theorem », The Ramanujan Journal, vol. 29, nos 1–3,‎ , p. 103–120 (DOI 10.1007/s11139-011-9333-y).
  4. (en) J. W. L. Glaisher, « A new formula in definite integrals », The London, Edinburgh, and Dublin Philosophical Magazine and Journal of Science, vol. 48, no 315,‎ , p. 53–55.
  5. (en) O. Espinosa et V. Moll, « On some definite integrals involving the Hurwitz zeta function. Part 2 », The Ramanujan Journal, vol. 6, no 4,‎ , p. 449–468 (DOI 10.1023/A:1021171500736).
  6. (en) Iván González, V. H. Moll et Iván Schmidt, « A generalized Ramanujan Master Theorem applied to the evaluation of Feynman diagrams ».

Liens externes[modifier | modifier le code]