Luigi Lenzini

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Luigi Lenzini
Image illustrative de l’article Luigi Lenzini
Bienheureux
Naissance
Fiumalbo
Décès  
Pavullo nel Frignano
Nationalité Italien
Royaume d'Italie
Vénéré à église de Crocette, frazione de Pavullo nel Frignano
Béatification 28 mai 2022 à Modène
par le cardinal Semeraro
Fête 21 juillet

Luigi Lenzini (Fiumalbo, - Pavullo nel Frignano, ) est un prêtre catholique italien de l'archidiocèse de Modène-Nonantola exécuté par d'ex partisans communistes dans sa paroisse et reconnu bienheureux par l'Église catholique.

Biographie[modifier | modifier le code]

Enfance et formation[modifier | modifier le code]

Luigi Lenzini, fils d'Angelo et Silvia Lenzini, naît à Fiumalbo le [1],[2],[3]. Dès sa petite enfance, il cultive une forte dévotion à l'eucharistie et à la sainte Vierge et décide dans sa jeunesse de devenir prêtre[4].

Il commence ses études au séminaire en avant de s'installer à Modène en 1901 pour poursuivre ses études. Il étudie la philosophie et la théologie[1]. Il est ordonné le [2]des mains de l'archevêque de Modène, Natale Bruni, avant de célébrer sa première messe dans sa ville natale devant sa famille et ses amis.

Travail pastoral[modifier | modifier le code]

Il est d'abord chapelain à Casinalbo (frazione de Formigine) et sert ensuite dans sa première paroisse à Finale Emilia, où le maire socialiste a interdit l'enseignement religieux[1],[3]. Il retourne ensuite dans les Apennins, et commence immédiatement le travail pastoral à Roncoscaglia (frazione de Sestola) (1912–21) puis à Montecuccolo (frazione de Pavullo nel Frignano) (1921–37)[3], devenant populaire parmi le peuple pour sa gentillesse et sa piété. Lenzini aime lire l'encyclique papale «E supremi» du pape Pie X, prêchant sur la nécessité de restaurer toutes choses en Jésus-Christ. À la fin de l'année , il décide d'aller à Rome dans l'espoir de devenir rédemptoriste, mais à 56 ans, la vie dans cet institut est trop pesante et il interrompt son essai de vie religieuse en 1939[1]. Son évêque le rappelle pour travailler comme assistant spirituel au sanatorium de Gaiato (frazione de Pavullo nel Frignano)[4],[3].

Opposition foi chrétienne et communisme[modifier | modifier le code]

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le 26 janvier 1941, il devient curé de Crocette[3] dont la paroisse regroupe près de 600 personnes mais couvrant une grande superficie[2]. Lenzini s'oppose fermement au fascisme, décrivant ce système politique comme un ensemble de principes intrinsèquement opposés à la foi chrétienne[4]. Durant les affrontements entre forces fascistes et différents groupes de partisans[3], comme de nombreux autres prêtres[3],[1], il cache des personnes recherchées par l'occupant et des résistants, comme le confirment les dépositions de deux partisans[5]. Il rencontre des partisans communistes, faisant l'effort de mieux les connaître ainsi que leurs motivations. Malgré cela, il montre une opposition farouche au communisme et dénonce publiquement cette idéologie notamment lors de ses prêches dominicaux[5] (« Ils m'ont forcé à me taire, ils veulent me tuer, mais je dois faire mon devoir même au prix de ma vie ») ce qui provoque la colère de certains d'entre eux[4],[3],[1]. Au , de nombreux résistants communistes ont rendu les armes avec la fin de la guerre et donc de leurs actions de résistances tandis que d'autres, qualifiés par certains d'ex communistes, les ont illégalement conservées[6].

Exécution[modifier | modifier le code]

Dans un climat d'intolérance réciproque[5], aux premières heures du 21 juillet 1945, vers 2 heures du matin, plusieurs partisans ex communistes masqués et mécontents se rendent dans la paroisse à sa recherche dans l'espoir de le piéger en l'attirant chez un mourant[2],[7],[8],[6],[9]. Lenzini avait déjà rencontré cet homme peu de temps auparavant. Craignant un piège, il court vers le clocher pour faire sonner la cloche et appeler à l'aide[10],[11],[9]. Cependant, par peur, personne ne vient à son secours[2],[7]. Les partisans l'emmènent de force, en chemise de nuit, à environ un kilomètre de la paroisse dans un vignoble ouvert et le brutalisent[2],[12],[13]. Ils le conduisent sur le site de son exécution et essaient de le faire blasphémer tout en se moquant de lui[4],[14],[9][réf. à confirmer] . Ils finissent par l'assassiner d'un coup de crosse à l'arrière de la tête[15],[12],[16],[9],[13]. Son corps était visible de tous, mais il a fallu attendre le 28 juillet pour que des personnes trouvent le courage de récupérer sa dépouille[9]. Celle-ci montrait les signes de torture[1],[4],[2] avec la tête à moitié enterrée dans le sol[9], baignant dans son sang[3]. Il est assassiné pour son caractère batailleur et pour avoir eu la franchise de dénoncer les crimes politiques qui ensanglantaient la région[11]. L'historien Mirco Dondi avance que son anticommunisme équivalait dans l'optique des assassins à une manifestation fasciste[5].

Sa tombe devient rapidement un lieu de pèlerinage[1]. Un procès pénal se déroule après guerre en , les noms des meurtriers circulant largement parmi la population[17],[18]. Ce procès a permis de mettre en évidence que le meurtre a été pensé durant près de deux mois impliquant une vingtaine de personnes[18]. À l'issue de ce procès, les six accusés sont acquittés, la plus grande partie d'entre eux pour insuffisance de preuves « avec un doute qui atteint 99 % de certitude » selon les propres termes du juge[18], après des pressions sur différents témoins selon la rumeur[17] mais surtout dans un climat d'omertà et de peur même quatre ans après les faits[18].

Béatification[modifier | modifier le code]

En , un comité pour sa béatification est créé à Modène[17]. Présidé par don Paolo Soliani, et constitué de plusieurs historiens dont la professeur Angiolina Grilli (1937-2016), Gian Luca Muzzarelli et Carolina Uguzzoni, ce comité est chargé de recueillir les témoignages, preuves, archives et documents nécessaires à la constitution du dossier ; le climat politique n'étant plus celui de l'immédiat après-guerre et devenu apaisé[17]. Le procès de béatification s'ouvre dans l'archidiocèse de Modène-Nonatola après que la Congrégation pour la Cause des Saints a publié la déclaration officielle « nihil obstat » (« pas d'objection ») le . L'enquête diocésaine sur la collecte de documents à l'appui de l'affaire se déroule du 8 juin 2011 jusqu'au 24 novembre 2012 avant d'être envoyée aux responsables de la congrégation à Rome pour une évaluation plus approfondie. Le pape François confirme que Lenzini est mort en haine de la foi dans un décret publié le [15]; cette reconnaissance permet à Lenzini d'être béatifié à Modène le [4],[15]. Le postulateur actuel de cette cause est le docteur Francesca Consolini[7].

Références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h Leoni 2021.
  2. a b c d e f et g « Bienheureux Luigi Lenzini », sur Nominis CEF (consulté le )
  3. a b c d e f g h et i (it) Redazione La Pressa, « Pavullo, il Papa riconosce il martirio di don Luigi Lenzini », La Pressa,‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. a b c d e f et g (it) Paolo Risso, « Beato Luigi Lenzini », sur Santi e Beati, (consulté le )
  5. a b c et d (it) Mirco Dondi, La lunga liberazione : giustizia e violenza nel dopoguerra italiano, Editori riuniti, , 275 p. (ISBN 9788835946854)
  6. a et b (it) Alberto Venturi, « Don Lenzini e le speculazioni politiche », sur da Bicesidice,
  7. a b et c (it) Giovanni Fantozzi, « Triangolo rosso, don Lenzini sara il primo sacerdote beato », sur La Nuova Bussola Quotidiana, (consulté le )
  8. (it) Maria Pia Balboni, « (note)32 Don Luigi Lenzini », dans Bisognava farlo: il salvataggio degli ebrei internati a Finale Emilia, Giuntina, , 133 p. (ISBN 9788880574866), p. 113
  9. a b c d e et f (it) Giorgio Pisanò et Paolo Pisanò, Il triangolo della morte, Milano, Gruppo Ugo Mursia Editore S.p.A., , 489 p. (ISBN 9788842511571)
  10. (it) Maria Teresa Pontara Pederiva, « L’ora del perdono ricordando la “strage dei preti” nel Dopoguerra », La Stampa,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. a et b (it) Gianpaolo Pansa, Il sangue dei vinti, Sperling & Kupfer, , 392 p. (ISBN 9788873392019)
  12. a et b (it) Edoardo Longo, « Don Luigi Lenzini, parroco di Crocette di Pavullo (Modena), trucidato il 20 luglio 1945 », dans Olocausti Dimenticati, Lulu.com, , 200 p. (ISBN 9781326628215), p. 111
  13. a et b (it) Armando De Simone et Vincenzo Nardiello, Appunti per un libro nero del comunismo italiano dalla Resistenza al dossier Mitrokhin : tutti i crimini nascosti della storia del Pci, Controcorrente, , 321 p.
  14. (it) Mattia Ferrari, « Stragi partigiane : Le reali motivazioni della violenta «epurazione» avvenuta in Italia durante e dopo il Secondo Conflitto Mondiale », sur Storico.org,
  15. a b et c (en) Carol Glatz, « Pope advances causes of four 20th-century martyrs », The Pilot,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. (it) Giorgio Pisanò, « Don Luigi Lenzini », dans Storia della guerra civile in Italia (1943-1945), Edizioni FPE, , 1860 p.
  17. a b c et d (it) « L'omicidio di Don Lenzini, la complessa ricostruzione nella causa di beatificazione », Modena Today,‎ (lire en ligne, consulté le )
  18. a b c et d (it) Giovanni Fantozzi, « Lo storico: 'Don Lenzini ucciso da partigiani comunisti, l'Anpi si scusi' », La Pressa,‎ (lire en ligne, consulté le )

Liens externes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • (it) Francesca Consolini et Fausto Ruggeri, Don Luigi Lenzini. Martire della fede e della verità, Edizioni Artestampa, , 128 p. (ISBN 9788864629230)
  • (it) Alberto Leoni, « Don Luigi Lenzini (62) », dans «O tutti o nessuno!» : Storia e ritratti dei 123 sacerdoti e religiosi morti in Emilia Romagna nella Seconda guerra mondiale, Ares, , 192 p. (ISBN 9788892980686)