Oidheadh Chloinne Lir

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Lir et les Cygnes, illustration de H.R. Millar, 1905.

Oidheadh Chloinne Lir (français : « Mort des enfants de Lir ») est un récit en prose de mythologie celtique irlandaise appartenant au Cycle mythologique. Il raconte l'histoire des quatre jeunes enfants de Lir transformés en cygnes par un sort de leur belle-mère jalouse, et condamnés à épouser cette forme pendant 900 ans. Ils retrouvent ensuite une forme humaine toutefois très âgée, et meurent ensemble de vieillesse.

Les seuls manuscrits préservant ce conte datent des XVIIe et XVIIIe siècles. Il semble avoir été compilé par un moine du XVIe siècle à partir de contes folkloriques oraux. Les versions connues du texte sont plus ou moins différentes, surtout la fin qui a sans doute été christianisée. Le conte sert alors d'allégorie de la christianisation de l'Irlande, les enfants étant libérés de la magie païenne à travers l'avènement du Christianisme. Certains auteurs ont également comparé cette histoire à l'occupation anglaise de l'Irlande, notamment les massacres de Cromwell au XVIIe siècle, l'Irlande serait l'enfant mal traité par la monstrueuse belle-mère ; l'Angleterre.

Dans les manuscrits anciens, la Oidheadh Chloinne Lir est souvent regroupée avec deux autres récits mythologiques irlandais appelés Oidheadh Chloinne Tuireann et Longes Mac nUisnech sous le nom des Tri Truaighe Scéalaigheachta (français : « Trois Chagrins de Narration »).

Sommaire[modifier | modifier le code]

Bodb Derg a été élu roi de Tuatha Dé Danann, à la grande contrariété de Lir. Pour le calmer, Bodb lui donne une de ses filles, Aoibh, en mariage. Aoibh a quatre enfants avec Lir : une fille, Fionnuala, et trois garçons, Aed (le dieu Aodh) et des jumeaux, Fiachra et Conn (des cent batailles).

Aoibh meurt, elle manque terriblement à ses quatre enfants. Voulant conserver Lir heureux, Bodb envoie une autre de ses filles, Aoife, se marier avec Lir.

Jalouse de l'amour que les enfants se portent entre eux et à leur père, Aoife complote pour se débarrasser d'eux. Au cours d'un voyage avec les enfants à la maison de Bodb, elle ordonne à sa servante de les tuer mais la servante refuse. De colère, elle essaie de les tuer elle-même mais n'en a pas le courage. À la place, elle utilise la magie pour les transformer en cygnes. Quand Bodb l'apprend, il change Aoife en démon des airs pour l'éternité.

Changés en cygnes, les enfants devaient passer 300 ans sur le Lough Derravaragh (un lac, près du château de leur père), 300 ans dans le détroit de Moyle ((en) Straits of Moyle), et 300 ans sur les eaux de la baie d'Irrus Domnann ((en) Sruwaddacon Bay)[1],[2], dans la baronnie d'Erris, près de l'île d'Inishglora (Inis Gluaire)[3]. Pour rompre le sort, ils devaient être bénis par un moine.

Alors que les enfants étaient encore des cygnes, saint Patrick convertit l'Irlande au christianisme.

Dénouement[modifier | modifier le code]

Après que les enfants ont passé leur longue période de 300 ans dans chaque région, un moine, MacCaomhog (ou Mochua), leur fournit un refuge à Inis Gluaire.

Les enfants étaient attachés entre eux par une chaîne en argent pour s'assurer qu'ils resteraient toujours ensemble. Mais Deoch, la femme du roi de Leinster et fille du roi de Munster, voulait avoir les cygnes pour elle. Alors, elle ordonna à son mari Lairgean d'attaquer le monastère et de s'emparer des cygnes. Au cours de l'attaque, les chaînes en argent furent brisées et les cygnes transformés en de vieilles personnes ridées.

Une autre version de la légende dit que le roi a emmené les cygnes du monastère. La cloche de l'église se serait alors mise à sonner, les libérant de leur sort. Avant sa mort, chacun a été baptisé et a été enterré plus tard dans une tombe, avec Fionnuala, la fille, au milieu, Fiacre et Conn, les jumeaux, de chaque côté d'elle, et Aodh devant elle.

Dans une autre version de la fin, les quatre enfants ont souffert pendant 900 ans sur les trois lacs, et ont ensuite entendu la cloche. Quand ils sont arrivés sur la terre ferme, un prêtre les a trouvés. Les cygnes ont obtenu de lui qu'il les ramène à l'état d'humain. Ils avaient plus de 900 ans, ils sont morts et ont vécu heureux au ciel avec leur mère et leur père.

Une sculpture des enfants de Lir au jardin du souvenir ((en)The Garden of Remembrance) de Dublin.

Références culturelles[modifier | modifier le code]

  • La chanson folklorique irlandaise 'Silent O Moyle, Be The Roar of Thy Water' (la chanson de Fionnuala), chantée à l'Air-Arrah par Thomas Moore, raconte l'histoire des enfants de Lir.
  • L'histoire est remaniée dans Des dieux et des guerriers ((en) Gods and Fighting Men)[4] par des amateurs de folklore irlandais Lady Augusta Gregory, publiée pour la première fois en 1904.
  • L'histoire est aussi racontée dans Sagas irlandaises et contes folkloriques ((en) Irish Sagas and Folktales) par la folkloriste Eileen O'Faolain et publiée pour la première fois par (en) Oxford University Press en 1954.
  • Le compositeur de musique classique irlandaise, Patrick Cassidy, a écrit "The Children of Lir", un oratorio avec libretto en irlandais[5].
  • Le groupe Folk-rock Loudest Whisper a enregistré un album The Children of Lir (Loudest Whisper album) basé sur la légende en 1973–1974.
  • On suppose que le site du château de Lir correspond au château de Tullynally, domicile du comte de Longford, le nom de "Tullynally" est l'équivalent anglais de Tullach na n-eala ou "Colline du cygne".[réf. nécessaire]
  • Une statue des enfants de Lir se trouve dans le jardin du souvenir (Garden of Remembrance ) de Dublin, à Parnell Square. Elle symbolise la renaissance de la nation irlandaise après 900 ans de lutte pour l'indépendance vis-à-is de l'Angleterre et plus tard du Royaume-Uni, comme les cygnes, 900 ans plus tard.
  • Une autre statue, inspirée de la légende, est située dans un espace vert central, triangulaire, du village, proche de Castlepollard, près de 5 km au nord-est de Lough Derravaragh. Une plaque rappelle la célèbre histoire en plusieurs langues.

Dans la culture populaire[modifier | modifier le code]

  • T.H. White parle des enfants de Lir dans la saga du roi Arthur, The Once and Future King.
  • Il existe un groupe celtique folk russe appelé Clann Lir, dirigé par une vocaliste et harpiste russe Natalia O'Shea.
  • Le groupe folk metal Cruachan a publié une chanson appelée "Children of Lir" dans son Folk-Lore en 2002.
  • Pagan-metal du groupe Primordial, a écrit une chanson appelée "Children of the Harvest" basée sur la légende.
  • Les enfants de Lir sont mentionnés par le chanteur irlandais Sinéad O'Connor dans son album "A Perfect Indian".
  • "Children of Lir" est une chanson parlant de la légende, chantée par Sora, dans son album Heartwood.
  • Le compositeur irlandais Hamilton Harty a écrit le poème "The Children of Lir".
  • Le comédien irlandais Tommy Tiernan a produit une version qui peut paraître absurde comme "The daddy come home and say 'Where my beautiful children?' 'Don't be talkin' to me, I turned 'em into 'wans'" dans sa comédie particulière "Crooked Man" en racontant l'histoire sous forme de pamphlet.
  • Mary McLaughlin possède un album "Daughter of Lír" dans lequel figurent deux chansons partageant cette légende, "Fionnuala's Song" et "The Children of Lir".
  • Walter Hackett a écrit une nouvelle mouture moderne du conte des Enfants de Lir dans Les cygnes de Ballycastle ((en)"The Swans of Ballycastle"), illustrée par Bettina, publiée par Ariel Books, Farrar, Straus & Young Inc., New York, 1954.

Dans la culture moderne[modifier | modifier le code]

  • L'auteur et spécialiste américain Randy Lee Eickhoff a fait publier en 2000 une traduction très romancée de la Oidheadh Chloinne Lir, dans un ouvrage intitulé The Sorrows, qui comprend également des traductions des deux autres « Chagrins » irlandais ; Oidheadh Chloinne Tuireann et Longes Mac nUisnech.

Liens externes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. Séamas Pender, The Fir Domnann, vol. 3, , 101–115 p. (JSTOR 25513670)
  2. The fate of the Children of Lir. Mythicalireland.com (16 mars 2000). Retrieved le 21 novembre 2010.
  3. Inishglora. Irishislands.info. Retrieved on 21 November 2010.
  4. Augusta Gregory, « Gods And Fighting Men », The Project Gutenberg, (consulté le )
  5. Lien web|[1]