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Laure Hayman

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Laure Hayman
Portrait de Laure Hayman (1882), attribué à Julius Leblanc Stewart, localisation inconnue.
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Division 81 du cimetière du Père-Lachaise (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Laurence Marie Charlotte HaymanVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Parentèle
Francis Hayman (arrière-grand-père paternel)Voir et modifier les données sur Wikidata

Laure Hayman, née le à Valparaíso (Chili) et morte le dans le 8e arrondissement de Paris, est une sculptrice, salonnière et demi-mondaine française.

Biographie

Origines familiales

Fille de François Bernard Marie Hayman et de Julie Augustine Clairet, son épouse, Laurence Marie Charlotte Hayman naît à Valparaíso en 1851[1]. Elle naît dans l'hacienda de la Mariposa, au pied de la cordillère des Andes où son père est ingénieur[2]. Elle a des origines belges, françaises, créoles et anglaises[2] et descend du peintre Francis Hayman[3] (1708-1776), le maître de Thomas Gainsborough.

La courtisane

Portrait de Laure Hayman par Raimundo de Madrazo y Garreta (vers 1880)

Après une enfance assez libre, elle doit gagner sa vie à la mort de son père et devient une courtisane, encouragée par sa mère[2]. Quelques réussites spectaculaires la lancent.

Parmi ses amants figureraient le duc d'Orléans, Charles de La Rochefoucauld duc d'Estrées, le roi de Grèce, Charles-Egon IV de Fürstenberg, Louis Weil (grand-oncle maternel de Marcel Proust) et Adrien Proust, le père de Marcel[4]. Le seul qu'elle aima vraiment aurait été le prince Alexis Karageorgevich (en)[4], prétendant au trône de Serbie et, selon Eugénie Buffet, elle passait « une bonne partie de son temps et de ses loisirs à se fâcher et à se raccommoder avec son plus fervent adorateur[5] ». Elle vit des libéralités du financier Raphaël Bischoffsheim. Ses fréquentations lui valent le surnom de « déniaiseuse des ducs »[6].

Elle a également une relation avec Mimi Pegère (une Haïtienne surnommée « la comtesse noire »), avec laquelle elle vécut[7],[8].

L'amie des artistes

Son salon situé dans un petit hôtel particulier parisien au 4, rue La Pérouse est l'un des plus brillants de l'époque[3]. Il est fréquenté, entre autres, par Marcel Proust, Paul Bourget et Jacques-Émile Blanche.

Elle déménage ensuite au 34, avenue du Président-Wilson[9].

Hayman rencontre Marcel Proust en 1888 (il a 17 ans). L'écrivain restera un ami intime et un familier de son salon[4]. Elle le surnommera d'ailleurs « son petit Saxe psychologique[10] ». Dans À la recherche du temps perdu, Odette de Crécy serait inspirée de Laure Hayman, qui aurait également inspiré Proust pour Mademoiselle Sacripant[11].

Paul Bourget — dont elle fut sans doute la maîtresse[6] — la prend pour modèle dans une nouvelle sous le nom de Gladys Harvey. En , Laure Hayman en donne un exemplaire à Marcel Proust, relié avec la soie d'un de ses jupons et dédicacé d’une mise en garde : « Ne rencontrez jamais une Gladys Harvey »[10].

Elle tente de proposer des œuvres de Gustave Jacquet et Julius LeBlanc Stewart pour le musée du Louvre[12].

La sculptrice


Laure Hayman pratique la sculpture avec un intérêt pour les bustes, puis pour les sujets à thèmes orientalistes. Elle expose à Paris au Salon d'automne de 1905[13], ce qui lui permet d’acquérir une notoriété. Elle expose ses œuvres à la galerie Georges Petit à Paris du 3 au [14]. Elle est également collectionneuse de porcelaine de Saxe[4].

De nombreux artistes de son époque comme Isadora Duncan et Gertrude Norman (en)[15] posent pour ses sculptures. Elle modèle également elle-même des figurines de cire pour la manufacture de Sèvres[12] ou en collaboration avec Émile Decœur[16].

Fin de vie

En 1936, par le biais d'une vente aux enchères à l'hôtel Drouot, Laure Hayman se sépare d'une partie de son patrimoine, dans laquelle figurent certaines de ses propres sculptures, mais aussi des meubles et objets d'art[17]. Elle meurt quatre ans plus tard, à 88 ans, en son domicile parisien du 11, rue Balzac[1]. Elle est inhumée trois jours plus tard au cimetière du Père-Lachaise (division 81)[18].

Expositions

Notes et références

  1. a et b Acte de décès, no 324, , Paris 8e, , Archives de Paris [lire en ligne] (vue 3/31).
  2. a b et c Bernard Briais, Au temps des frou-frous, FeniXX (lire en ligne).
  3. a et b Georges-Paul Collet, Correspondance Jacques-Émile Blanche-Maurice Denis (1901-1939), Genève, Droz, coll. « Textes littéraires français », (ISBN 978-2-600-02643-7, BNF 36638892, lire en ligne), p. 157.
  4. a b c et d Jérôme Picon, Proust Correspondance, Paris, Flammarion, coll. « GF poche », , 382 p. (ISBN 978-2-08-071251-6, lire en ligne).
  5. Eugénie Buffet, "Ma vie, Mes amours, mes aventures" ou Confidences recueillies par Eugène Figuière, Paris, Eugène Figuière, , 70 p. (lire en ligne), p. 11 chapitre IV
  6. a et b Guy Schoeller (dir.), Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, Dictionnaire des relations de Proust, Robert Laffont Bouquin, , notes sous Bourget et Hayman pp. 110 et 127.
  7. Nathalia Brodskaya et Edgar Degas, Edgar Degas, Parkstone International, (ISBN 978-1-78042-749-2, lire en ligne)
  8. (en) David Charles Rose, Oscar Wilde's Elegant Republic: Transformation, Dislocation and Fantasy in fin-de-siècle Paris, Cambridge Scholars Publishing, (ISBN 978-1-4438-8763-2, lire en ligne).
  9. Henri Raczymow, Le Paris littéraire et intime de Marcel Proust, Parisgramme, .
  10. a et b Michel Erman, Marcel Proust: Une biographie, Editions de la Table Ronde, (ISBN 978-2-7103-7062-8, lire en ligne)
  11. Henri Raczymow, Le Paris retrouvé de Marcel Proust, Parigramme, 2005.
  12. a et b Correspondance de Jacques-Émile Blanche, Librairie Droz (ISBN 978-2-600-02643-7, lire en ligne), p. 155.
  13. (en) « Hayman, Laure », sur Benezit Dictionary of Artists (DOI 10.1093/benz/9780199773787.001.0001/acref-9780199773787-e-00084909, consulté le ).
  14. Jean-Jacques Lévêque, Les Années Impressionnistes : 1870-1889, Courbevoie (Paris), ACR Edition, , 660 p. (ISBN 2-86770-042-6, BNF 35105453, lire en ligne), p. 645, no 34.
  15. (en) « Gertrude Norman | Hayman, Laure | V&A Search the Collections », sur V and A Collections, (consulté le ).
  16. Millon, « Émile Decœur (1876-1953) et Laure Hayman… », sur Millon (consulté le ).
  17. La Furetière, « La curiosité », sur Gallica, Excelsior, (consulté le ), p. 2
  18. Registre journalier d'inhumation, , cimetière parisien du Père-Lachaise, Archives de Paris [lire en ligne] (vue 27/31)
  19. « Exposition Souvenirs de Laure Hayman à l'hôtel littéraire Le Swann », sur Hotels Littéraires, (consulté le ).

Liens externes