Karakorum

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Karakorum
Image illustrative de l’article Karakorum
La fontaine Arbre d'Argent dessinée par Wilhelm de France
Localisation
Pays Drapeau de la Mongolie Mongolie
ovorhangay
Coordonnées 47° 11′ 53″ nord, 102° 49′ 16″ est
Altitude 1 474 m
Géolocalisation sur la carte : Mongolie
(Voir situation sur carte : Mongolie)
Karakorum
Karakorum

Karakorum ou Qaraqorum (en mongol Хар Хорум, "khar khorum", « rocher noir » selon Paul Pelliot[1]), est une ancienne ville mongole fondée en 1235 par Ögödei, capitale de l'empire jusqu'au choix par Kubilai Khan de Khanbalik (actuelle Pékin) vers 1260.

Population

Sa population en 2003 est de 8 977 habitants.

Historique

Karakorum de Gengis Khan à Ögödei

Au début du XIIIe siècle, Gengis Khan établit la domination des Mongols sur un empire qui s'étend du Pacifique à la mer Caspienne, et qui comprend les steppes de Mongolie, la Corée, la Chine du Nord et une partie de l'Asie centrale. Cet empire est d'abord dépourvue d'une capitale car les Mongols sont des nomades.

Vers 1220, Gengis Khan établit son camp de base, y laissant femmes et administration centrale durant ses campagnes militaires, sur le site de Karakorum[2], situé au pied des monts Khangaï sur la rive gauche de l’Orkhon, affluent de la Selenda. Karakorum est un site significatif, à quelque 25 km de l’ancienne capitale ouïghoure Qara Balgassun (VIIIe siècle)[3].

Gengis Khan meurt en 1227 et son fils Ögödei lui succède. Un des faits majeurs de son règne est la création d’une ville-capitale. Le nouvel empereur veut imiter les peuples soumis et surtout offrir au monde l’image de la nouvelle puissance mongole[réf. nécessaire]. Vers 1235, après quelques campagnes, Ögödei fait commencer les travaux de transformation du camp de Karakorum.

La capitale de l'empire mongol (années 1230 à 1260)

Une muraille est édifiée, car c’était le symbole de toute ville. Plus tard, Marco Polo parle d’un simple remblai de terre et Guillaume de Rubrouck d’un mur de briques. Quatre portes s'ouvrent sur les quatre points cardinaux. Deux énormes statues en granit représentant des tortues, avec des inscriptions de style sinisant[4], ornent la porte Est qui conduit vers la Chine.

Karakorum est ouverte à tous les cultes[5] et tous les peuples de l’Empire. Ses habitants sont d’ailleurs presque tous des étrangers, car les Mongols refusent la sédentarisation. Deux grands quartiers dominent : celui des Chinois et celui des Sarrasins, pour l’essentiel des artisans et artistes. La capitale mongole montre une grande qualité de vie. Les archéologues y ont repéré des systèmes de chauffage par air chaud, des canaux d’irrigation et d’adduction d’eau. L’agriculture apparaît à proximité de la cité[6] pour nourrir les habitants, mais Karakorum dépend des importations agricoles venues de Chine.

Le palais impérial, appelé Qarchi (« château ») par les Mongols et Wan-an kung (« palais des Mille Tranquillités ») par les Chinois, s’élève au centre d’une cour qu’entourent plusieurs enceintes, la plus grande mesurant 200 mètres sur 225. Un tertre haut de 28 mètres accueille la yourte impériale. Le palais en lui-même adopte un plan basilical à cinq nefs, séparées par de gros piliers en bois. Le grand khan siège au chevet, assis comme un dieu[réf. nécessaire] au-dessus des sujets sur un podium avec deux escaliers d'accès. Mais le palais mongol reste dans l'ensemble très simple. Il traduit les premiers pas hésitants d’un peuple qui ignore encore tout de l’architecture et de l’urbanisme[réf. nécessaire][7].

En 1256 Möngke, le quatrième grand khan, fait construire une immense stupa de cinq étages, haute de cent mètres, qui révèle les faveurs que les Mongols accordent au bouddhisme.

Destin ultérieur

Dans les années 1260, Kubilai, cinquième grand khan, transfère la capitale impériale en Chine, dans l'ancienne capitale des Jin, Zhongdu, à laquelle il donne le nom de Khanbalik, l'actuelle Pékin, devenant le premier empereur de la dynastie Yuan en 1271.

Karakorum souffre durant la guerre de succession qui oppose après la mort de Möngke, Kubilai à son frère Ariq Boqa de 1260 à 1264, puis des guerres entre Kubilai et Qaïdu.

La ville connaît une période de prospérité au début du XIVe siècle. Après la fin de la dynastie Yuan en 1368, elle sert de résidence à Biligtü Khan. En 1388, les troupes Ming prennent et détruisent la ville.

Karakorum est habitée au début du XVIe siècle, époque où Dayan Khan en fait sa capitale. Dans les années qui suivent, la ville change de mains à plusieurs reprises durant les guerres entre Oirats et Bordjigin et est finalement définitivement abandonnée.

Le sanctuaire bouddhique de l'Erdene Zuu

En 1585, un monastère bouddhique est construit non loin du site de la ville, l'Erdene Zuu, sur ordre du prince Abadai Khan juste à l'extérieur de l'enceinte des ruines de Karakorum.

Durant des siècles, Erdene Zuu a été le sanctuaire religieux le plus important de Mongolie.

Au début du XXe siècle, on compte plus de 700 temples et habitations (à l'extérieur de l'enceinte) pour près d'un millier de moines. Partiellement détruit dans les années 1930 par l'armée soviétique, le site a été restauré à la fin du siècle et a retrouvé en partie son aspect religieux.

Le site actuel

Les fouilles archéologiques

Lieux et monuments

Le monastère
Vue de l'Erdene Zuu
Les tortues

Quatre tortues de pierre déterminent les limites de l'ancienne capitale et sont censées la protéger.

Galerie

Bibliographie

  • Jean Paul Roux, Histoire de l'Empire mongol, Paris, Fayard, 2008, pages 270-274
  • (en) Naimsraïn Ser-Ödjav, « Treasures of Mongolia : Karakorum », dans Courrier de l'UNESCO, mars 1986, disponible en ligne [1]
  • (en) Daniel Waugh, « Karakorum », disponible en ligne sur le site de l'Université de Washington

Liens externes

Notes et références

  1. Paul Pelliot, Notes on Marco Polo, vol. 1, p. 166, qara (cf. mongol xar) : « noir » et qorum : « rocher » en turc médiéval. Même étymologie pour le Karakoram
  2. Le nom signifie « rocher noir » en turc
  3. Jean Paul Roux, Histoire de l'Empire mongol, Paris, Fayard, 2008, p. 270
  4. Jean Paul Roux, Histoire de l'Empire mongol, Paris, Fayard, 2008, p. 271
  5. Guillaume de Rubrouck indique : « Là sont douze temples d'idolâtres de diverses nations, et deux mosquées de sarrasins où ils font profession de la secte de Mahomet, puis une église de chrétiens a bout de la ville, qui est ceinte de murailles faites de terre » dans Deux Voyages en Asie au XIIIe siècle, par Guillaume de Rubriquis, envoyé de saint Louis, et Marco Polo, marchand vénitien, visible sur Gallica, p. 120.
  6. Jean Paul Roux, Histoire de l'Empire mongol, Paris, Fayard, 2008, p. 272
  7. Citation ? Ögödei devait bien avoir quelques conseillers étrangers à son service.