John de Courcy (lord d'Ulster)

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Le château de Dundrum dans le comté de Down
Le château de Carrickfergus dans le comté d'Antrim
Inch Abbey, établie par Jean de Courcy

Jean de Courcy ou Coucey (1160-1219) est un chevalier normand, conquérant de l'Ulster. Il fait partie des nobles normands qui passent en Irlande dans le courant du XIIe siècle, où le roi de Leinster Dermot MacMurrough les avait appelés pour l'aider à recouvrer son royaume.

Biographie

Jean est issu d'une famille originaire de Courcy (Calvados), installée en Angleterre à Stogursey (Stoke Courcy) dans le Somerset. Son ascendance n'est pas connue, mais il est probablement le frère de Guillaume III de Courcy, lord de Stogursey (mort en 1171), et fils de Guillaume II de Courcy, peut-être illégitime. On ne connait rien de son enfance. Il est probable que, jeune homme belliqueux et cruel, il se résout à tenter sa chance en voyant les progrès fait par ses compatriotes par les armes en Irlande.

Jean de Courcy arrive à Dublin en 1176 avec le king deputy William FitzAudelin. Impatient d'en découdre, il quitte la ville fin janvier 1177 avec 22 chevaliers et 300 piétons, marche vers le Nord et quatre jours après (vers le 1er février), il s'empare de Down, capitale du royaume d'Ulaid en Ulster, forçant le roi Ruaidrí mac Con Ulad Mac Duinn Sléibe à fuir. Il met la ville à sac et massacre une partie des habitants malgré les remontrances du cardinal Vivien, légat du pape, qui se trouvait alors dans cette ville. Il construit un château.

Ruaidrí mac Con Ulad Mac Duinn Sléibe, prince de la contrée de Down, nommée à cette époque Ulaid, ayant recruté en huit jours 10 000 hommes, s'avance pour délivrer la capitale, mais Courcy lui livre bataille dans la plaine et met son armée eu déroute après un rude combat. À peine 200 Irlandais échappent au carnage, tandis que Courcy aurait perdu seulement deux hommes. Le 24 juin suivant Jean de Courcy remporte encore une victoire sur les Ultoniens à Down. Il fait la même année des incursions dans les pays de Tyrone et de Dalriada qu'il met à feu et à sang. En 1178 il marche avec son armée du côté de l'Airgíalla où il est vigoureusement attaqué dans son camp de Gliuri par Murchadh Ua Cearbhaill, prince de ce pays conjointement avec Ruaidrí mac Con Ulad Mac Duinn Sléibe, prince d'Ulaid. Courcy est mis en déroute. Il est défait une seconde fois sur les frontières de Dalaradie, près de Fernia, où il perd 450 hommes[1]. Il se sauve avec peine lui-même, et se voit obligé de faire 30 milles à pied sans prendre de nourriture et toujours menacé, avant d'atteindre le château de Down[2].

En 1179, Jean initie un vaste programme de patronage ecclésiastique. Il fonde des abbayes, des prieurés, réforme des monastères en choisissant des maisons-mères majoritairement en Cumbria.

Jean de Courcy est créé comte d'Ultonie (earl of Ulster) et lord de Connacht par le roi Henri II d'Angleterre en 1181 avant d'en avoir achevé la conquête[3]. Il épouse, en 1180, Affreca, fille de Godfred, roi de l'île de Man, afin de se concilier l'alliance de ce prince voisin. Au commencement de l'été de 1182, Courcy pénètre avec ses troupes dans le comté d'Antrim, et défait Domnall mac Aeda Mac Loughlainn roi de Tir Éogain qui voulait s'opposer à ses progrès[4]. Il pille ensuite le pays, et avant de rentrer à Down où il fait plusieurs fondations pieuses, comme une expiation pour ses méfaits : en 1185, il invente les reliques des saints Patrick, Brigitte, Columb Cille. Il dédie à saint Patrick la cathédrale de Down, auparavant consacrée à la Trinitén commande une vie de saint Patrick à Jocelin de Furness.

Par des expéditions répétées et laborieuses, de Courcy conserve les conquêtes anglaises en Irlande sans pouvoir les étendre : elles comprenaient à cette époque les districts maritimes de Down, de Dublin, de Wexford, de Waterford et de Cork, liés les uns aux autres par une longue suite de forteresses. Voyant le peu de succès de Jean, son fils, dans la conduite des affaires en Irlande où il l'avait envoyé comme vice-roi en 1185, Henri II le rappelle l'année suivante et nomme à sa place Jean de Courcy. Habile capitaine il rétablit la situation, il entreprend des expéditions dans les royaumes de Cork et de Connacht. Son succès est inégal, notamment en 1188 dans le Connacht, mais sa réputation le fait redouter. Il venait de prendre la ville d'Armagh[5], lorsqu'à la mort de Henri II en 1189, il est rappelé et remplacé par un autre gouverneur. À la nouvelle de sa destitution, il se retire en Ulster où il s'établit comme baron indépendant, sans reconnaître l'autorité de son successeur. Il reste loyal à Richard Cœur de Lion pendant la révolte de de Jean sans Terre en 1193-1194. En 1197 il défait les Cenél Conaill et s'empare du Donegal. Deux ans plus tard il y retourne pour ravager l'Inishowen. En chemin il détruit des églises à Ardstraw (Comté de Tyrone) et Raphoe (Comté de Donegal) [6].

La rivalité secrète qui existait entre les Lacy et Jean de Courcy éclate au grand jour au commencement du règne du roi Jean (1199). Homme violent et emporté, Jean de Courcy méprise ce souverain qui a fait mettre à mort le jeune Arthur (1203), et ne s'en cache pas. Hugues de Lacy, nommé récemment justicier d'Irlande, reçoit l'ordre de le faire arrêter et de l'envoyer chargé de fers en Angleterre. Averti du danger, de Courcy se retire en Ultonie et se met sur la défensive ; il défait même près de Down un corps de troupes que le vice-roi avait fait marcher contre lui. Lacy voyant l'impossibilité de réduire son ennemi par la force des armes le fait déclarer criminel de lèse-majesté et met sa tête à prix. De Courcy est trahi par des hommes de sa maison, qui le font prisonnier alors qu'il est désarmé le jour du vendredi saint 1203 et le conduisirent au vice-roi qui, après leur avoir fait donner la récompense promise, les fait pendre. Conduit en Angleterre, Courcy est enfermé dans la tour de Londres[7]. Hugues de Lacy reçoit l'Ulster et le Connaught confisqués à Courcy (donation confirmée le 29 mai 1205).

Peu de temps après[8], Courcy rentre en grâce auprès du roi Jean qui lui rend la liberté et ses biens. Courcy se hâte d'embarquer pour l'Irlande mais est repoussé à plusieurs reprises par des vents contraires. Il s'échoue sur les côtes de France où il meurt[9]. Une autre version[10] dit qu'il est libéré après un an de captivité à l'occasion d'un conflit entre le roi Jean et Philippe Auguste à propos du duché de Normandie. Le roi de France propose l'arbitrage d'un combat singulier et de Courcy est choisi comme champion du roi d'Angleterre et emmené en France. Son opposant fuit le combat à sa vue avant le début du tournoi. Philippe Auguste demande alors au champion de montrer sa force : il fend un casque en deux d'un seul coup d'épée. Après cet épisode Courcy retrouve ses biens en Angleterre et obtient même pour lui et ses descendants le privilège de rester couvert en présence du roi d'Angleterre et de ses successeurs[11].

Après la perte de ses domaines Irlandais, Courcy entre en rébellion. Avec l'aide de son beau-frère Ragnald IV de Man, il débarque à Strangford en Ulster et met le siège devant le château de Rath (identifié comme le château de Dundrum), mais est repoussé par les Lacy. En novembre 1207, il retourne en Angleterre et se réconcilie avec le roi Jean. Il l'accompagne en 1210 dans son expédition en Irlande contre Hugues de Lacy, tombé en disgrâce. Il participe au siège et à la prise du château de Carrickfergus, qu'il a fait construire, et Lacy est chassé d'Irlande. Il ne retourne plus en Irlande. Il refait surface en 1216 quand Louis le Lion assiège Winchester. Une charte garantissant la possession de terres à sa veuve Affreca, datée du 22 septembre 1219, laisse penser qu'il est mort récemment[12].

Il ne laisse pas d'héritier. Il est possible que Patrick de Courcy, futur lord de Kinsale, soit son fils illégitime.

Source

Notes et références