Hypothermie

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L'hypothermie est une situation dans laquelle la température centrale d'un animal à sang chaud ne permet plus d'assurer correctement les fonctions vitales. L'hypothermie la plus grave fut enregistré 12 °C chez un garçon de deux ans qui survécu malgré tout[1].

Définition

Chez les êtres humains, la température interne normale est de 37 °C ; la thermorégulation est une des fonctions permettant d'assurer le bon déroulement des réactions chimiques et biologiques nécessaires à la vie (homéostasie).

On parle d'hypothermie lorsque la température centrale est inférieure à 35 °C :

  • de 37 à 35 °C : normothermie ;
  • de 35 à 34 °C : hypothermie modérée ;
  • de 34 à 32 °C : hypothermie moyenne ;
  • de 32 à 25 °C : hypothermie grave ;
  • en dessous de 25 °C : hypothermie majeure.

Causes

L'hypothermie peut résulter d'une exposition prolongée du corps à une ambiance froide, comme l'air extérieur en hiver ou un séjour prolongé dans une eau froide (naufrage) ou dans une avalanche, ou bien d'une dérégulation de l'organisme. En ambiance froide, l'hypothermie est une complication courante pour une personne victime d'un accident ou d'un malaise.

Elle peut être secondaire à une infection par certains types de germes.

Elle peut être causée par :

On constate des cas d'hypothermie chez les sans abri tout au long de l'année en France, y compris pour des températures extérieures supérieures à 10 °C[2]. Ces cas sont imputés à un trouble chronique, essentiellement un alcoolisme chronique.

Symptômes et effets

L'hypothermie se constate essentiellement par la mesure de la température centrale. Dans le cadre de l'urgence, on se contente de la mesure de la température auriculaire. La victime peut avoir une peau froide, mais une température interne correcte, l'hypothermie n'est alors pas encore installée mais est une évolution probable en ambiance froide.

En dessous de 28 °C il y a un risque d'arrêt cardiaque par fibrillation ventriculaire.

En cas d'exposition prolongée au gel, l'hypothermie peut être associée à des engelures.

Signes ECG : Allongement de PR, QRS et QTc, l'onde J d'Osborn Principal risque : trouble du rythme ventriculaire.

Diagnostic

Il repose sur la mesure de la température corporelle centrale mais tous les thermomètres d'usages médicaux ne sont pas forcément utilisables en cas d'hypothermie. En milieu de réanimation (pour les hypothermies graves), la méthode recommandée est la mise en place d'un thermocouple dans la partie moyenne de l'œsophage[3].

Traitement

La prise en charge de l'hypothermie fait l'objet de la publication de recommandations seulement en cas d'arrêt cardio-circulatoire. Celles, américaines, datent de 2010[4], celles, européennes, de la même année[5].

Le risque principal est le transfert de sang périphérique, froid, vers l'intérieur du corps, qui provoquerait un abaissement supplémentaire de la température centrale. Ceci peut survenir si l'on fait faire des mouvements à la victime, si on la bouge sans précaution, ou si on tente de la réchauffer de manière active (frottement, contact avec un objet chaud) : cela active la circulation au niveau de la peau.

La lutte contre l'hypothermie se fait donc essentiellement par un réchauffement passif : la victime est mise dans une ambiance chaude et se réchauffe toute seule. À défaut, elle doit être isolée (couverture de survie) du froid extérieur. En effet, si l'on apporte activement de la chaleur par l'extérieur, cela provoque des réactions néfastes :

  • injection du sang périphérique, encore froid, vers la partie centrale du corps, et donc un refroidissement de la température centrale ;
  • comme la peau est froide, le transfert de chaleur est plus important et peut provoquer des brûlures, et ce d'autant plus qu'en raison de l'anesthésie créée par le froid, la victime ne sent pas la douleur.

En extérieur, la victime est couverte en attendant l'arrivée des secours. Elle sera transférée avec prudence dans la cellule sanitaire chauffée du véhicule d'intervention. Si une personne a séjourné dans de l'eau froide, elle est déshabillée une fois en ambiance chaude (en ambiance froide, les vêtements, même mouillés, limitent les fuites de chaleur).

L'hypothermie, en ralentissant les réactions chimiques, ralentit également la dégradation des cellules en cas d'anoxie ; un arrêt cardio-ventilatoire a donc plus de chances d'être récupéré dans le cas d'une hypothermie grave, on ne déclare donc un échec des manœuvres de réanimation cardio-pulmonaire qu'après une durée plus importante que dans le cas d'une victime normotherme (un cas nécessitant près de trois heures de massage cardiaque externe, se terminant par une récupération complète, sans séquelles, a été publié[6]). Il est toutefois difficile de distinguer une hypothermie grave d'un cadavre froid, sans espoir de réanimation.

À l'hôpital

Le réchauffement actif est effectué à l'hôpital, sous surveillance médicale, notamment :

  • par perfusion d'un soluté chauffé (température devant rester néanmoins inférieure à 42 °C[3]), par exemple les poches de soluté sont chauffées modérément dans un four (étuve) puis mises dans une couverture chauffante. La victime a souvent besoin d'une quantité importante de perfusion, en raison de la baisse du volume sanguin (volémie) secondaire à l'augmentation de la diurèse (quantité de liquides urinée) due au froid et à la vaso-dilatation secondaire due au réchauffement.
  • par un lavage d'estomac avec un soluté tiède ;
  • par une inhalation d'oxygène réchauffé.

Dans les cas les plus graves, la mise en place d'une circulation extra-corporelle ou d'une ECMO[7] peut être discutée. Un lavage pleural par liquide réchauffé peut être une alternative[8].

Prévention

Pour prévenir l'hypothermie, il est vital de bien couvrir les organes vitaux (tel que le cœur et le cerveau), lors de températures basses. En effet, l'organisme, pour lutter contre l'hypothermie, va monopoliser et affluer du sang dans le cœur et le cerveau. C'est pour cette raison que ce sont d'abord les extrémités des doigts et des pieds qui sont victimes de gelure, car le sang n'irrigue plus ces parties du corps, pour maintenir les organes vitaux à bonne température. Par conséquent, si les organes vitaux ne sont pas bien couverts, par une bonne veste pour le tronc et un bonnet sur la tête, par exemple, la déperdition de chaleur risque donc d'être très importante, car c'est là où se trouve la plus grande quantité de sang. Il ne sert donc pas à grand chose, d'avoir des gants sur les mains, si les organes vitaux ne sont pas bien maintenus au chaud.

En milieu marin, lors de naufrage et plus généralement d'abandon, il est recommandé d'enfiler une combinaison d'immersion pour ralentir l’établissement de l'hypothermie. En effet, le corps se refroidit 25 fois plus rapidement dans l'eau que dans l'air, il est donc primordial de s'en isoler. La convention SOLAS spécifie qu'une combinaison d'immersion doit isoler suffisamment son porteur pour que la température corporelle ne baisse pas de plus de 2 °C lors d'une immersion de h dans une eau à 0 °C. On notera que sans cette protection et dans une eau à cette température, la mort survient en une quinzaine de minutes.

Hypothermie provoquée

Dans certains cas, la mise en hypothermie (Hypothermie induite) est volontaire et faite de manière contrôlée : le métabolisme de l'organisme (ou d'un organe particulier) est alors ralenti, permettant à ce dernier de mieux résister au manque d'oxygène.

Ce type de traitement est largement employé en chirurgie cardiaque (le terme utilisé est alors cardioplégie froide, qui porte la température à moins de 35 °C) : après installation d'une circulation extra-corporelle, le chirurgien refroidit le cœur ce qui permet son arrêt et l'intervention sur celui-ci. Le réchauffement de cet organe, en fin d'intervention, permet le plus souvent la reprise des battements cardiaques.

Il a également été proposé lors de certains comas avec anoxie du cerveau (par exemple dans les suites d'un arrêt cardio-circulatoire). Dans les cas de traumatismes crâniens graves, le traitement par hypothermie s'avère décevant[9]. Il semble être également prometteur pour le traitement des agressions cérébrales.

Risques: Hormis en cas d'arrêt cardiaque, son intérêt clinique et son efficacité ne sont pas démontrés et sont à mettre en balance avec des effets secondaires cardiovasculaires, hydroélectrolytiques et infectieux, auxquels il faut ajouter les difficultés et manque de retours d'expérience du refroidissement et du réchauffement. Selon G. Francony et al., des essais aléatoirisés sont encore nécessaires « avant de recommander l’emploi de l’hypothermie thérapeutique en traumatologie crânienne »[10]

Décès par hypothermie

À titre d'exemple, les États-Unis enregistrent 1 500 décès annuels par hypothermie[3].

Notes et références

  1. « Pologne : un garçon de deux ans survit à une hypothermie record », sur leparisien.fr, (consulté le )
  2. S. Charpentier et coll., Caractéristiques des hypothermies chez des sans-abri à Paris, France, 2004, BEH du 9 janvier 2007
  3. a b et c Brown DJ, Brugger H, Boyd J, Paal P, Accidental hypothermia, N Engl J Med, 2012; 367:1930-1938
  4. Vanden Hoek TL, Morrison LJ, Shuster M et al. Part 12: cardiac arrest in special situations: 2010 American Heart Association Guidelines for Cardiopulmonary Resuscitation and Emergency Cardiovascular Care, Circulation, 2010;122:Suppl 3:S829-S861
  5. Soar J, Perkins GD, Abbas G et al. European Resuscitation Council Guidelines for Resuscitation 2010 Section 8: cardiac arrest in special circumstances: electrolyte abnormalities, poisoning, drowning, accidental hypothermia, hyperthermia, asthma, anaphylaxis, cardiac surgery, trauma, pregnancy, electrocution, Resuscitation, 2010;81:1400-1433
  6. Husby P, Andersen KS, Owen-Falkenberg A, Steien E, Solheim J, Accidental hypothermia with cardiac arrest: complete recovery after prolonged resuscitation and rewarming by extracorporeal circulation, Intensive Care Med, 1990;16:69-72
  7. Ruttmann E, Weissenbacher A, Ulmer H et al. Prolonged extracorporeal membrane oxygenation-assisted support provides improved survival in hypothermic patients with cardiocirculatory arrest, J Thorac Cardiovasc Surg, 2007;134:594-600
  8. Plaisier BR, Thoracic lavage in accidental hypothermia with cardiac arrest -- report of a case and review of the literature, Resuscitation, 2005;66:99-104
  9. Sydenham E, Roberts I, Alderson P, Hypothermia for traumatic head injury, Cochrane Database Syst Rev, 2009;D001048
  10. G. Francony, P. Declety, P. Bouzat, J. Picard, J.-F. Payen (2009) « Les dangers de l'hypothermie thérapeutique » ; Annales Françaises d'Anesthésie et de Réanimation, Volume 28, Issue 4, Pages 371-374- Elsevier

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes