Hammam Abid-Efendi

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Hammam Abid-Efendi
Bains d'Aérides, bains des Vents
L'entrée des anciens bains convertis en musée.
Présentation
Type
Destination actuelle
Style
Construction
Entre le milieu du XVe et le milieu du XVIe siècle
Restauration
1981–1983 et 1994–1998
Rénovation
Dans les années 1830–1850 ;
agrandissement vers 1870
Propriétaire
Patrimonialité
Site archéologique de Grèce (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web
Localisation
Pays
Périphérie
Commune
Adresse
8 rue Kyrrístou
Coordonnées
Carte

Le hammam Abid-Efendi (en grec moderne : Χαμάμ του Αμπίντ Εφέντη / Chámam tou Abínd Eféndi), également appelé bains d'Aérides ou bains des Vents (λουτρό των Αέρηδων), est un établissement de bains ottoman situé dans le quartier d'Aérides à Athènes, en Grèce. L'édifice originel, daté entre le milieu du XVe et le milieu du XVIe siècle, fut largement rénové et agrandi à la fin du XIXe siècle. Unique hammam de la première période de domination ottomane parvenu jusqu'à nous parmi les trois que comptait la ville, le lieu restauré est intégré au musée de la culture grecque moderne depuis 1984.

Histoire[modifier | modifier le code]

N'appartenant à aucun plan typique des bains ottomans, le hammam Abid-Efendi est difficilement datable. Il remonte vraisemblablement au premier siècle de domination ottomane d'Athènes, entre 1456 et le milieu du XVIe siècle[1],[2]. Le voyageur Evliya Çelebi en fit état lors de son passage dans la ville en 1667[2]. Lady Craven, qui visita l'un des trois bains d'Athènes en 1786[3], fit une description des baigneuses de l'époque dans son récit de voyage A Journey Through the Crimea to Constantinople (1789)[4],[5].

Partiellement détruit en 1827 lors du troisième siège de l'acropole, le lieu bénéficia de travaux de rénovation durant le règne d'Othon Ier[6]. En 1870, les bains sont rachetés par un dentiste nommé Diamantópoulos, qui procéda à d'importants agrandissements[7].

Les bains cessèrent de fonctionner en 1965[2]. Depuis 1984, le lieu fait partie du musée de la culture grecque moderne[6], même si les collections n'ouvrirent véritablement au public qu'en 1998[8], après quatre années de restauration et de mise en valeur muséographique[6],[9]. L'espace aborde la thématique de l'hygiène et de l'embellissement du corps et accueille également des expositions artistiques temporaires[10].

Architecture[modifier | modifier le code]

L'aspect quelque peu labyrinthique du hammam Abid-Efendi est la conséquence des multiples modifications du plan initial. Le lieu fut longtemps accessible aux femmes et aux hommes par alternance, avant que les agrandissements des années 1870 ne permettent de créer des bains doubles[11].

L'entrée principale, qui donne sur la rue Kyrrístou, permet d'accéder à un vestibule distribuant les deux sections indépendantes. Sur la gauche s'étend la partie réservée aux femmes. Un vestiaire aux cloisons en bois massif et en treillis précède deux vestibules successifs menant à la salle de bains principale. La chambre tiède (ılıklık), surmontée d'une petite coupole et mesurant 3,20 × 2,40 m, conduit dans l'angle sud-est à la pièce chaude (hararet), couverte elle-aussi d'une coupole et mesurant 4 × 4,50 m[12].

La partie réservée aux hommes s'étire sur la moitié ouest du bâtiment, sur la droite à partir du vestibule d'entrée. Du long vestiaire rectangulaire au sol en céramique et au plafond peint à volutes, un escalier en bois conduit à l'étage en mezzanine où se trouvent cinq cabines. Le vestiaire donne accès à deux vestibules, qui desservent des latrines[13], une salle de bains privée et l'espace tiède principal. Ce dernier est surmonté de deux vaisseaux séparés par un arc. Un socle central en marbre hexagonal permet de chauffer la pièce, un lavabo (kurna) est utilisé pour le frottement du corps et un banc sert aux massages des baigneurs. La chambre chaude carrée de 2,9 m de côté, surmontée d'une coupole ajourée par des oculi de verre, est accessible dans l'angle sud-est[12].

Au nord-est, des bains dits « européens », accessibles par une entrée dédiée dans la rue Kyrrístou et par un couloir depuis l'espace réservé aux femmes, proposent des cabines individuelles formées autour d'une cour étroite[14]. Le foyer des bains occupe toute la partie sud de monument, le long de la rue Lysíou. La façade principale présente une architecture néo-classique du XIXe siècle[12].

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Máro Kardamítsi-Adámi et Margaríta Grafákou 1989, p. 42.
  2. a b et c Eléni Kanetáki 2008, p. 79.
  3. (en) Gabriel R. Ricci, Travel, Tourism, and Identity, Londres, Routledge, , 308 p. (ISBN 978-1-351-30110-7, lire en ligne), p. 55.
  4. (en) Efterpi Mitsi, « Lady Elizabeth Craven's Letters from Athens », dans Vassiliki Kolocotroni et Efterpi Mitsi, Women Writing Greece. Essays on Hellenism, Orientalism and Travel, Leyde, Éditions Brill, , 257 p. (ISBN 9789401206440, lire en ligne), p. 19–37.
  5. (en) Elizabeth Craven, A Journey Through the Crimea to Constantinople: In a Series of Letters from the Right Honourable Elizabeth Lady Craven, to His Serene Highness the Margrave of Brandebourg, Anspach, and Bareith, Londres, G.G.J. and J. Robinson, , 327 p. (lire en ligne), p. 263–264.
  6. a b et c Nicoletta Saraga 2009, p. 16.
  7. (el) Élena Dákoula, « Βόλτα στο Λουτρό των Αέρηδων » [« Promenade dans le bain des Vents »], sur www.athensvoice.gr,‎ (consulté le ).
  8. (el) Ministère de la Culture et des Sports, « Μουσείο Νεότερου Ελληνικού Πολιτισμού » [« Musée de la culture grecque moderne »], sur www.odysseus.culture.gr (consulté le ).
  9. (el) « Αρχείο Νεωτέρων Μνημείων — Λουτρό των Αέρηδων » [« Archives des monuments modernes — Bain des Aérides »], sur www.archaeologia.eie.gr (consulté le ).
  10. Nicoletta Saraga 2009, p. 16 et 17.
  11. Eléni Kanetáki 2008, p. 79 et 80.
  12. a b et c Eléni Kanetáki 2008, p. 80.
  13. Máro Kardamítsi-Adámi et Margaríta Grafákou 1989, p. 41.
  14. (el) Sofia Karouni, Ο Οθωμανικός Κόσμος στο Ελληνικό Μουσείο [« Le monde ottoman au musée grec »] (mémoire de master de l'université nationale et capodistrienne d'Athènes),‎ , 266 p. (lire en ligne), p. 35.

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

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  • (el) Nikólaos Charkiolákis, « Αποκατάσταση του Λουτρού των Αέρηδων στην Πλάκα και προσαρμογή του σε Μουσείο [« Restauration du bain des Vents à Pláka et sa transformation en musée »] », dans Giánnis Kízis et Nikólaos Charkiolákis, Αναβίωση ιστορικών κτιρίων στην Αττική [« Restauration des monuments historiques en Attique »], t. 3, Athènes,‎ , 215 p. (ISBN 978-960-86678-7-7), p. 88–111.
  • (el) Eléni Kanetáki, « Λουτρό Αμπίντ Εφέντη [« Bain Abid Efendi »] », dans Érsi Broúskari (dir.) et al., Η οθωμανική αρχιτεκτονική στην Ελλάδα [« L'architecture ottomane en Grèce »], Athènes, Ministère de la Culture et des Sports,‎ , 494 p. (ISBN 960-214-792-X, lire en ligne), p. 79–82. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (en) Eléni Kanetáki, « The still existing Ottoman hamams in the Greek territory », METU Journal of the Faculty of Architecture, vol. 21, nos 1–2,‎ , p. 81–110 (ISSN 0258-5316, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • (el) Máro Kardamítsi-Adámi (el) et Margaríta Grafákou, « Τα Λουτρά της Αθήνας » [« Les bains d'Athènes »], Archéologie et arts, vol. 31,‎ , p. 34–42 (ISSN 1108-2402, lire en ligne). Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article
  • Nicoletta Saraga, « Les monuments ottomans d’Athènes au fil du temps », dans J.-C. David et S. Müller-Celka, Patrimoines culturels en Méditerranée orientale. Recherche scientifique et enjeux identitaires (Actes du 3e atelier des Rencontres scientifiques en ligne de la Maison de l'Orient et de la Méditerranée : Les héritiers de l’Empire ottoman et l’héritage refusé), Lyon, (lire en ligne), p. 1–27. Ouvrage utilisé pour la rédaction de l'article

Articles connexes[modifier | modifier le code]