Grève du lait (Bretagne, 1972)

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Grève du lait
Type Mouvement paysan
Pays Drapeau de la France France
Localisation Bretagne
Date
Revendications Augmentation du prix du lait

La grève du lait est un mouvement de boycott des producteurs de lait qui touche le centre-Bretagne, en France, en 1972.

Déroulement[modifier | modifier le code]

Il commence en lorsque des laiteries décident de baisser le prix de rachat du lait auprès des producteurs. Le déclencheur ? La baisse saisonnière du prix du lait décidée à Bruxelles le 1er avril 1972. Des producteurs laitiers du Finistère, du Morbihan et de Loire-Atlantique décident de bloquer les moyens de collecte des laiteries. Le , 16 camions de collectes sont ainsi bloqués, avant que le mouvement ne s'étende et que des laiteries soient directement bloquées. La ville de Guiscriff est l'un des épicentre de cette grève, où une centaine de camions sont retenus. Les revendications vont au-delà du prix du lait : selon l'historien Jean-Philippe Martin[1], « les syndicats paysans posent, de manière frontale, la question de la rémunération du travail paysan. Pour eux, « L’agriculteur trime. Le consommateur paye. L’industriel empoche. »[2] Le mouvement s'étend au reste de l'ouest, avant de connaitre un certain essoufflement, et qu'un accord sur les prix soit obtenu le [3].

L'une des particularités de ce mouvement réside dans l'implication des femmes au sein des manifestations. « Certaines, durant ce conflit, endossent un rôle traditionnel : ravitailler les hommes. D’autres ressortent les barattes et font du beurre ou vendent le lait pour atténuer les conséquences financières du conflit. Surtout, elles impulsent des actions de manière autonome : elles organisent des blocages de camions et des manifestations, à l’ampleur inattendue », rappelle Jean-Philippe Martin[4]. Le 23 mai, plusieurs centaines de femmes manifestent à Landerneau et à Quimper devant l’usine Entremont. Elles osent même pénétrer dans ces entreprises et interpellent les directeurs. Le 28 mai, un millier de femmes se regroupent à Brest et le 30 mai, une centaine de femmes se rassemblent à Vitré pour soutenir les grévistes du lait.

Cette grève, majeure en Bretagne, a fait l'objet d'un film, conservé aujourd'hui à la Cinémathèque de Bretagne. Un collectif de cinéastes de l'Université Paris VII Vincennes, "Front Paysan"", réalise un film, La Guerre du lait[5]. Ce film sera utilisé ensuite par la Confédération paysanne pour populariser cette lutte.

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Jean-Philippe Martin, Des « mai 68 » dans les campagnes françaises ? Les contestations paysannes dans les années 1968, Paris, L'Harmattan,
  2. Jean-Philippe Martin, « La grève du lait. Un Mai 68 paysan en Bretagne ? », sur bcd.bzh, (ISSN 2968-2576, consulté le ).
  3. Serge Rogers, « 1972. La grève du lait », Le Télégramme,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. « La grève du lait, une lutte féministe ? », sur Becedia, (consulté le ).
  5. « guerre du lait (La) - Guy CHAPOUILLIÉ - 1972 - Base documentaire - Cinémathèque de Bretagne - Gwarez Filmoù - Brittany Film Archives », sur guerre du lait (La) - Guy CHAPOUILLIÉ - 1972 - Base documentaire - Cinémathèque de Bretagne - Gwarez Filmoù - Brittany Film Archives (consulté le ).

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jacqueline Sainclivier, « Contestation politique et sociale autour de la « grève du lait » (1971-1974) », dans Gilles Richard et Jacqueline Sainclivier, Les partis à l'épreuve de 68, L’émergence de nouveaux clivages, 1971-1974, Rennes, Presses universitaires de Rennes, (DOI 10.4000/books.pur.125022, lire en ligne), p. 29-40.
  • Édouard Lynch, « Détruire pour exister : les grèves du lait en France (1964, 1972 et 2009) », Politix, vol. 3, no 103,‎ , p. 99—124 (lire en ligne, consulté le ).
  • MARTIN Jean-Philippe, Histoire de la nouvelle gauche paysanne. Des contestations des années 1960 à la Confédération paysanne, Paris, La Découverte, 2005.