Georges-Barthélemi Faribault

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Georges-Barthélemi Faribault
Georges-Barthélemi Faribault
par Théophile Hamel, 1861
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activités

Georges-Barthélemi Faribault, né à Québec le et décédé à Québec le , est un avocat, un bibliographe et un fonctionnaire du Bas-Canada.

Éléments biographiques[modifier | modifier le code]

Avocat et milicien[modifier | modifier le code]

Georges-Barthélemi Faribault est le fils de Marie-Reine Anderson, fille d'un officier britannique du régiment 78e Frasers Highlanders ayant choisi de s'installer à Québec après la capitulation de 1759, et de Barthélemi Faribault, notaire et marchand[1],[2].

Il fait un stage de clerc à l'étude de Jean-Antoine Panet et obtient une commission d'avocat le . En 1812, il décroche un premier emploi à la Chambre d'Assemblée du Bas-Canada, mais la guerre éclate entre les États-Unis et la Grande-Bretagne et le jeune avocat devient lieutenant du 6e bataillon d'infanterie légère en 1813[3]. En 1815, la paix est signée et Faribault reprend sa carrière de fonctionnaire parlementaire qui durera 40 ans[4].

Greffier ajoint et archiviste de la Chambre[modifier | modifier le code]

Il est nommé greffier des comités et des archives parlementaires en 1815. « Déjà troisième plus ancien « officier » de la Chambre d'assemblée, Faribault est nommé traducteur français le , puis greffier adjoint et archiviste de la Chambre le , poste qu’il occupera jusqu’à sa démission le  »[1].

Mémorial à Jacques-Cartier[modifier | modifier le code]

Le , avec la collaboration de la Société littéraire et historique de Québec[5],[6], il commémore le tricentenaine du deuxième voyage au Canada du navigateur et explorateur malouin Jacques Cartier en 1535[7], en dévoilant un monument. Cette initiative, avec l'achat de livres canadiens à Londres et à Paris, met Faribault en contact avec l'Europe[1].

Première bibliographie canadienne[modifier | modifier le code]

En 1830, Faribault entreprend de réaliser une collection et un catalogue d’ouvrages sur l’Amérique et le Canada. Ainsi, il publie, en 1837, la première bibliographie canadienne « pour servir utilement à ceux qui se sentiraient disposés à écrire une histoire du Canada plus complète qu’aucune de celles qui existent maintenant »[1].

« (…) Georges-Barthélemi Faribault travaille à la compilation d’ouvrages, de biographies, de dictionnaires historiques pour la publication de son Catalogue d’ouvrages sur l’histoire de l’Amérique, et en particulier sur celle du Canada, de la Louisiane, de l’Acadie, et autres lieux; avec des notes bibliographiques, critiques et littéraires (publié en 1837). Jacques Viger collabore à cet ouvrage en annotant et complétant ce manuscrit qui s’avère la première bibliographie canadienne. Grâce aux initiatives de Faribault, la Société littéraire et historique de Québec, dont il est président en 1844 et de 1849 à 1859, entreprend la transcription de documents relatifs à la colonie française et la publication de manuscrits[8]. »

Le Catalogue est imprimé chez William Cowan, rue de la Fabrique à Québec et enregistré au bureau des protonotaires Edward Burroughs et Jean-François Perrault, aux fins de protéger les droits d’auteur de Faribault, conformément à la loi sur la propriété intellectuelle du Bas-Canada (2 Guillaume IV, chap 53). L’ouvrage de 215 pages se présente en format in-8 de 20 centimètres. Les journaux d’alors notent la qualité du papier et de la typographie, « un des beaux livres québécois imprimés à l’époque ». Faribault y recense 969 titres d’ouvrages et 183 cartes, plans, estampes et gravures[9],[10].

Faribault veut donner à son bibliographie une envergure « américaine ». Il puise ainsi à toutes les sources d’histoire de la Nouvelle-France et de la colonisation européenne en Amérique, ce qui lui a permis de développer un important réseau de correspondants en Europe, au Canada et aux États-Unis[11].

Cette première bibliographie historique est le « prélude » aux travaux de l’historien, poète et mémorialiste François-Xavier Garneau, qui publie en 1845 le premier volume de son Histoire du Canada[12]. Nommé traducteur français à l’Assemblée législative en 1842, Garneau a facilement accès à « la précieuse bibliothèque réunie par Georges-Barthélemi Faribault ». Membre de la Société littéraire et historique de Québec, Garneau peut dès lors puiser dans la riche collection qui s’y trouve[13].

D’autres historiens du XIXe siècle s’inspirent des ressources du Catalogue de Faribault ; ainsi en est-il de Jean-Baptiste-Antoine Ferland pour son Cours d’histoire du Canada ; quant à Henri-Raymond Casgrain, il estime que Faribault est un pionnier de l’histoire canadienne et de la patrie intellectuelle[11].

Conseiller auprès des élites[modifier | modifier le code]

Chercheur infatigable, Faribault est très consulté par les élites de l’époque : Jacques Viger lui propose des recherches, l’historien américain George Bancroft lui rend visite en 1837 sur la recommandation de Louis-Joseph Papineau, il documente Louis-Hippolyte La Fontaine. Il correspond avec le maire de Saint-Malo et avec le philanthrope Nicolas Marie Alexandre Vattemare. Il s’occupe de l’échange de documents législatifs entre la France, les États-Unis et le Canada. Il correspond avec Adolphe de Puibusque, critique littéraire français[1].

Mission européenne[modifier | modifier le code]

Après l’incendie du 25 avril 1849, qui détruit le parlement à Montréal, les bibliothèques et les archives des deux chambres législatives, le gouvernement délègue Faribault en mission européenne aux fins de reconstituer une nouvelle bibliothèque parlementaire et nationale. En 1851-1852, il acquiert des livres à Londres et à Paris et il collabore à la transcription de documents relatifs à la Nouvelle-France avec l’archiviste français Pierre Margry[1],[8].

Monument à Montcalm[modifier | modifier le code]

En 1859, 100 ans après la défaite de la bataille des plaines d'Abraham, il réalise un projet qui lui tenait à cœur depuis longtemps, soit l'inauguration d'un monument commémoratif au général Montcalm : « Un marbre tumulaire est préparé dans un atelier de Québec. Sur un fond de marbre noir de deux mètres de haut, se détache la partie centrale en marbre blanc et de forme tumulaire. Elle porte la belle inscription de l'Académie. La croix, douce espérance du chrétien jusque dans le tombeau, domine tous ces éloges, et semble inviter à des gloires plus durables. Les armoiries de de Montcalm, sculptées avec goût au-dessous de l'inscription, complètent la décoration. »[14].

La voie du libre-échange culturel[modifier | modifier le code]

« Le patient labeur de cet « archéologue », fonctionnaire plein d’urbanité aristocratique, qui parle en 1835 du « règne de l’ordre et des lois » et en 1848 de « l’Europe toute en feu », invite à accorder une attention, négligée jusqu’à maintenant, à ces initiatives de cueillette documentaire préalables aux débuts de l’historiographie québécoise et à évaluer les implications idéologiques découlant du fait qu’une génération de polygraphes et d’historiens soit socialement liée aux pouvoirs politique et religieux. Bibliographe « à qui la science historique est redevable de si éminents services », Faribault avait aussi, de livres en livres, de libraires en archivistes, trouvé la voie du libre-échange culturel », écrit l’historien et biographe Yvan Lamonde[1].

Georges-Barthélemi Faribault fait don de ses collections personnelles au Séminaire de Québec et à l’Université Laval. C'est l'historien, professeur et prêtre catholique Charles-Honoré Laverdière qui fut son exécuteur testamentaire[1].

La biographie de Faribault a été écrite par l'historien Henri-Raymond Casgrain.

Hommages[modifier | modifier le code]

La rue Faribault a été nommée en son honneur, en 1972, dans la ville de Québec .

Bibliographie et sources externes[modifier | modifier le code]

  • Georges-Barthélemi Faribault, Catalogue d'ouvrages sur l'histoire de l'Amérique et en particulier sur celle du Canada : de la Louisiane, de l'Acadie et autres lieux, ci-devant connus sous le nom de Nouvelle-France, avec des notes bibliographiques, critiques et littéraires, Québec, W. Cowan, coll. « canadiana.org », , 215 p. (lire en ligne).
  • Yvan Lamonde, Dictionnaire biographique du Canada : Faribault, Georges-Barthélemi, Université Laval/University of Toronto, 1977-2013 (ISBN 978-2-7637-7478-7 et 2-7637-7478-4, lire en ligne).
  • Christian Blais, Gilles Gallichan, Frédéric Lemieux, Jocelyn Saint-Pierre, « Québec : Quatre siècles d’une capitale », Québec, Les Publications du Québec, , 692 p. (ISBN 978-2-551-19804-7)
  • Claude Galarneau, Yvan Lamonde et Gilles Gallichan, L’histoire de la culture et de l’imprimé : hommage à Claude Galarneau, Sainte-Foy Québec, Presses de l’Université Laval, , 239 p. (ISBN 2-7637-7478-4, lire en ligne)
  • Répertoire du patrimoine culturel du Québec, Faribault, Georges-Barthélemi
  • Gilles Gallichan, « La bibliothèque de l’Assemblée nationale : deux siècles au service des parlementaires », Bulletin de la Bibliothèque de l’Assemblée nationale, volume 31, numéros 1-2, Québec, .

Fonds d'archives de Georges-Barthélemi Faribault[modifier | modifier le code]

  • Fonds Georges-Barthélémi Faribault. — 1756, surtout 1814-1861 (P853), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, consulté le .
    (Notice archivistique) Ce fonds se compose essentiellement de correspondance de Faribault, illustrant ses activités et relations dans le cadre de la (re-) composition du fonds de la bibliothèque du Parlement à la suite d'un incendie qui avait détruit les collections (cf notice biographique). Ses contacts sont entre autres Viger, Margry, Papineau et différents représentants des autorités françaises. Il s'agit d'originaux, de copies manuscrites des lettres ainsi que de copies dactylographiées. — Certains documents illustrent la notoriété et les relations de Faribault, par exemple une invitation à une soirée du Prince Louis Napoléon, président français. — On retrouve également des rapports du conseil legislatif relatifs à la bibliothèque du parlement et une lettre originale du gouverneur Vaudreuil du 27 septembre 1756. — Enfin, des notes prises par Faribault sur l'histoire du Canada et de ses personnages principaux complètent le fonds. — Le document grand format est un diplôme affirmant l'adhésion de Faribault comme membre de la Literary and Historical Society of Quebec.
  • Fonds Georges-Barthélemi Faribault. — 31 octobre 1838-1936 (P215), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, consulté le .
    (Notice archivistique) Ce fonds nous apporte un éclairage nouveau sur la fonction de collectionneur de livres de Georges-Barthélemi Faribault. Il comprend de la correspondance concernant l'achat de livres. Nous y retrouvons aussi une biographie de Nicolas Marie Alexandre Vattemare, créateur d'un système d'échanges internationaux de documents et de pièces de musée. Le plan de classification comporte les séries bibliothèque et divers.
  • Fonds Famille Georges-Barthélémi Faribault. — 1797-1942 (P880), Bibliothèque et Archives nationales du Québec, consulté le .
    (Notice archivistique) Ce fonds nous renseigne principalement sur la vie personnelle et professionnelle de deux personnages bien connus de l’histoire du Québec au XIXe siècle (Théophile Hamel et Georges-Barthélémi Faribault). Plusieurs sujets d’intérêt historique sont traités dans les lettres de ce fonds (mouvement des Fenians pour l'indépendance de l'Irlande; création d’une nouvelle bibliothèque parlementaire; mode de vie de la bourgeoisie de Québec; critiques d’art sur la peinture, etc.). Les chercheurs de plusieurs domaines (politique, histoire du Québec et du Canada, histoire de l’art, etc.) pourraient être intéressés par ces documents. — Ce fonds se compose surtout de la correspondance du peintre Théophile Hamel avec son épouse Georgina (fille de Georges-Barthélemi Faribault), de même que celle entre Georges-Barthélemi Faribault avec sa sœur Catherine et sa femme Julie Planté. On retrouve également de la correspondance et quelques documents officiels (certificats) d’autres membres de la famille Faribault ou de familles affiliées (Fraser, Hamel, Planté, Berthelot).
  • Fonds Georges-Barthélemi Faribault (P29) (notice archivistique), Musée de la civilisation, Fonds du Séminaire de Québec.

Notes[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e f g et h bio-farib
  2. Claude Galarneau, Yvan Lamonde et Gilles Gallichan, L’histoire de la culture et de l’imprimé : hommage à Claude Galarneau, Sainte-Foy Québec, Presses de l’Université Laval, , 239 p. (ISBN 2-7637-7478-4, lire en ligne)
  3. Chronologie de la guerre de 1812
  4. culture, p. 208-209
  5. La Société littéraire et historique de Québec (Literary and Historical Society of Quebec), est fondée en 1824 par Lord Dalhousie, alors gouverneur du Canada. C'est la première société savante du Canada. Les objectifs de la Société sont de collectionner des documents sur l'histoire du Canada et de rééditer des manuscrits rares. Après avoir été relocalisée plusieurs fois et subi deux incendies, la Société s'installe dans le Morrin College en 1868. Lord Dalhousie fait un don annuel de 400 $ à la Société et met souvent le château Saint-Louis à la disposition des membres pour la tenue de leurs rencontres : Histoire de la Société Littéraire et Historique de Québec, Louis-Philippe Turcotte, in Transactions, New Series, no 13 (1879), À propos de la Société.
  6. QS2008, p. 228
  7. Le séjour et l'hivernage de Jacques Cartier au havre Sainte-Croix en 1535-1536.
  8. a et b Fonds Georges-Barthélemi Faribault, Séminaire de Québec, Les musées de la civilisation Québec
  9. culture, p. 216
  10. cata
  11. a et b culture, p. 218-219
  12. QS2008, p. 233
  13. « Garneau, François-Xavier », Pierre Savard et Paul Wyczynski, in Dictionnaire biographique du Canada, consulté le 21 novembre 2013
  14. « De Montcalm au Canada ou les dernières années de la colonie française (1756-1760) », Félix Martin (un ancien missionnaire), éditions H. Casterman, Paris, 1867, p. 218, consulté le 8 novembre 2013

Liens externes[modifier | modifier le code]