Eugénie Delaporte

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Eugénie Delaporte
Biographie
Naissance
Vers Voir et modifier les données sur Wikidata
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Décès
Sépulture
Nom de naissance
Angélique Charlotte Eugénie DelaporteVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Domicile
Activité
Conjoint
Louis-Luc Loiseau de Persuis (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Mouvement
Maître
Genre artistique
Œuvres principales
Pierre Lafon, dans le costume de Tancrède, répétant son rôle dans sa loge (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Eugénie Delaporte, dite aussi Eugénie Persuis ou Loiseau de Persuis après son mariage en 1805, est une artiste peintre française née à Paris vers 1775 et morte dans la même ville le . Spécialiste du portrait, elle expose au Salon de 1801 à 1808.

Biographie[modifier | modifier le code]

Angélique-Charlotte-Eugénie Delaporte, fille de François-Louis-Marie Delaporte et de Marie-Augustine Hubinon, est née à Paris vers 1775[Note 1]. Dans les années 1790, elle étudie la peinture auprès de Jean-Baptiste Regnault, alors à la tête de l'un des ateliers les plus prestigieux de la capitale. Cet atelier comptait à cette époque de nombreuses élèves féminines, notamment Pauline Auzou, Henriette Lorimier et Sophie Guillemard, qui étaient placées sous la supervision de l'épouse de l'artiste, Sophie Meyer, elle-même peintre[1].

Eugénie Delaporte participe pour la première fois au Salon en 1801 en présentant trois portraits[2]. L'Observateur au Muséum estime que l'un d'entre eux, celui représentant « une jeune personne » (no 83), est un « tableau d'un bon effet », bien que « la tête soit un peu sèche »[3]. L'abbé de Fontenai voit en elle et en Constance-Marie Charpentier des artistes qui « dans le genre du portrait, méritent d'être distinguées de la foule qui s'en occupe ». Fontenai poursuit : « Je ne doute pas même qu'elles ne marchent au premier rang, si elles profitent de leurs dispositions et de leur âge pour parvenir à ce degré heureux où, mettant en oubli la pratique d'autrui, elles suivront [sic] ce que la nature dicte à une âme vraiment sensible et animée du génie de la peinture »[4].

L'année suivante, Eugénie Delaporte attire davantage l'attention de la critique, en exposant au Salon de 1802 le portrait d'un acteur célèbre de la Comédie-Française, Pierre Lafon, en costume de scène en train de répéter dans sa loge le rôle-titre de la tragédie Tancrède de Voltaire.

Au printemps 1805, alors que Vivant Denon répartit entre différents artistes la commande des portraits des 18 nouveaux maréchaux d'Empire à exécuter pour la galerie des Tuileries, Pierre Augereau refuse d'être peint par Robert Lefèvre et demande plutôt à ce que son portrait soit confié à Eugénie Delaporte[5],[6]. Dans sa réponse, Denon décline la requête du maréchal en expliquant que les commandes ont déjà été approuvées par l'empereur, tout en précisant qu'il connaît et apprécie le talent de Delaporte[7].

Tombe au cimetière du Père-Lachaise.

Le , Eugénie Delaporte épouse le musicien, chef d'orchestre et compositeur Louis-Luc Loiseau de Persuis (1769-1819)[8],[9]. Après cette date, elle expose aux Salons de 1806 et 1808 sous le nom de Mme Persuis[10],[11].

Elle meurt à l'âge de 89 ans le à son domicile du 90, rue Picpus, dans le 12e arrondissement de Paris[12]. Elle est inhumée aux côtés de son époux au cimetière du Père-Lachaise (8e division)[Note 2].

Œuvres[modifier | modifier le code]

Portrait de Pierre Lafon, dans le costume de Tancrède, répétant son rôle dans sa loge, Salon de 1802, Stockholm, Scenkonstmuseet (sv).

Réception critique[modifier | modifier le code]

  • À propos du Portrait de Pierre Lafon (Salon de 1802, no 71)
    • « Le portrait de Lafond, répétant le rôle de Tancrède, par Mlle Eugénie de la Porte (71), est harmonieux et facilement fait. Mais Lafond doit être désolé de paraître en public étudiant son rôle devant une glace de toilette. Ce n'est certes pas là l'école de Melpomène. Et tout aimable que Voltaire ait voulu peindre Tancrède, il ne s'est jamais avisé de penser que l'acteur dût, pour ce rôle, s'étudier à maniérer ses mouvemens [sic] et sa pose. — On désirerait plus de correction dans le dessin de ce tableau. »[24]
    • « Ce portrait fait honneur pour la ressemblance, le coloris et l'exécution. [Vers :] Alexandre eût pour peintre Apelle, / Tous deux ont l'immortalité ; /De la Porte avec son modèle, / Iront à la postérité; / Tous deux formeront une école, / L'une y peindra par les couleurs, / L'autre peindra par la parole ; / Tous deux maîtriseront les cœurs. »[25]
    • « Ce n’est point ainsi que Lekain eût voulu être représenté. Ce n’est point dans cette attitude que Regnault eût peint un acteur tragique. On devine au premier coup d’œil le sexe de l’auteur de ce portrait[26] ».
  • À propos de Portraits de deux jeunes filles (Salon de 1806, no 417)
    • « La pose de ces deux figures est gracieuse ; la plus jeune est en partie dans l'ombre. Ces demi-teintes sont d'un beau ton, et bien transparentes. Le dessin paraît correct et la couleur naturelle. »[27]
    • « Il y a de la vérité dans ce joli tableau »[28]

Notes et références[modifier | modifier le code]

Notes[modifier | modifier le code]

  1. Son lieu et son année approximative de naissance sont tirés de son acte de décès de novembre 1864, qui affirme qu'elle était née à Paris et qu'elle est morte à l'âge de 89 ans.
  2. Son inscription tombale indique « Angélique [son premier prénom] Delaporte Vve Loiseau de Persuis ». Voir la présentation et les photographies de la tombe sur Wikimedia Commons.
  3. Description : Autoportrait de trois quarts à droite, assise devant une table, crayon à la main.
  4. Diplomate allemand au service du prince d'Isembourg, venu négocier à Paris en 1806 le traité de la confédération du Rhin
  5. Description d'après Cameron 1974, p. 2 : Un homme assis à califourchon sur une chaise, les bras appuyés sur le dossier, tient dans sa main gauche la partititon musicale d'un aria d'un signore Torrelli ou Jommelli
  6. Rolland avait épousé le Marie-Anne-Cécile Loiseau de Persuis, sœur de Louis-Luc Loiseau de Persuis, époux d'Eugénie Delaporte.

Références[modifier | modifier le code]

  1. (en) Elizabeth E. Guffey, Drawing an Elusive Line: The Art of Pierre-Paul Prud'hon, University of Delaware Press, (ISBN 0-87413-734-9 et 978-0-87413-734-7, OCLC 46462851), p. 172-173 et p. 254, note 41.
  2. a b c et d « Mlle Delaporte (Eugénie) [Salon de 1801] », notice d'exposant, sur Salons et expositions de groupes, 1673-1914, Musée d’Orsay / Institut national d’histoire de l’art (consulté le ).
  3. L'Observateur au Muséum, ou La critique des tableaux en vaudeville, Paris, (lire en ligne), p. 5.
  4. « Madame Charpentier et madame Eugénie de la Porte sont deux rivales qui, dans le genre du portrait, méritent d'être distinguées de la foule qui s'en occupe. Je ne doute pas même qu'elles ne marchent au premier rang, si elles profitent de leurs dispositions et de leur âge pour parvenir à ce degré heureux où, mettant en oubli la pratique d'autrui, elles suivront [sic] ce que la nature dicte à une âme vraiment sensible et animée du génie de la peinture. » (ponctuation et majuscules ajoutés), Exposition des ouvrages des artistes vivans. Journal de l'abbé de Fontenay, 1801 (Collection Deloynes, tome 27, pièce 702, p. 262-263 [lire en ligne]
  5. Charles-Otto Zieseniss, « Les portraits de la salle des maréchaux sous le Premier Empire », Revue de l'Institut Napoléon, no 112,‎ , p. 199-205 (ici, p. 202) (lire en ligne).
  6. Jérémie Benoit, « Les Portraits des maréchaux », Revue Napoléon, no 21,‎ , p. 52-57 (ici, p. 52) (lire en ligne).
  7. Marie-Anne Dupuy, Isabelle Le Masne de Chermont et Elaine Williamson (éditrices), Vivant Denon, directeur des musées sous le Consulat et l'Empire : correspondance, 1802-1815, vol. 1, Paris, Réunion des musées nationaux, (OCLC 43424977), p. 257, no 664, lettre 6 avril 1805 / 16 germinal an 13, Denon à Augereau : « Je m'empresse de répondre à votre lettre du 14 du présent : il ne m'est pas possible de changer l'ordre de distribution qui a été faite des portraits de MM. les maréchaux de l'empire ; les divers artistes qui ont l'honneur d'en être chargés ont été prévenus et le travail soumis à Sa Majesté l'Empereur et roi ayant été approuvé, il n'est plus possible de faire aucun changement. / Je connois et j'apprécie, Monsieur le Maréchal, le talent de Mlle Eugénie Delaporte, j'aurai peut-être même occasion de l'employer avantageusement, mais, dans la répartition que j'ai faite par ordre de Sa Majesté, j'ai dû considérer le genre de talent de chacun des artistes, et je suis persuadé que je ne pouvois faire un choix qui vous fût plus agréable que de charger de l'exécution de votre portrait M. Robert Lefèvre, l'un de nos plus habiles peintres... ».
  8. Acte de mariage signalé par Lionel Delondre, « Angélique Charlotte Eugénie Delaporte » [archive du ], sur Geneanet (consulté le ).
  9. (en) Margaret A. Oppenheimer, Women Artists in Paris: 1791-1814 (thèse de doctorat en histoire de l'art), New York, New York University, Institute of Fine Arts, (présentation en ligne), p. 245-246.
  10. a b et c « Mme Persuis (née Delaporte) [Salon de 1806] », notice d'exposant, sur Salons et expositions de groupes, 1673-1914, Musée d’Orsay / Institut national d’histoire de l’art (consulté le ).
  11. a et b « Mme Persuis [Salon de 1808] », notice d'exposant, sur Salons et expositions de groupes, 1673-1914, Musée d’Orsay / Institut national d’histoire de l’art (consulté le ).
  12. Archives de Paris, registre des décès du 12e arrondissement, année 1864, acte 3150, « à 11 heures 30 du matin, acte de décès de Delaporte Angélique Charlotte Eugénie, sans état, décédée hier à 09 heures du matin, en son domicile rue Picpus numéro 90, âgée de 89 ans, née à Paris, veuve de Louis Luc Loiseau de Persuis », cité par Lionel Delondre, « Angélique Charlotte Eugénie Delaporte », sur Geneanet (consulté le ).
  13. « Portrait en pied du citoyen Lafond [sic], dans le costume de Tancrède, répétant son rôle dans sa loge », notice d'œuvre, sur Salons et expositions de groupes, 1673-1914, Musée d’Orsay / Institut national d’histoire de l’art (consulté le ).
  14. (en) Tony Halliday, Facing the Public: Portraiture in the Aftermath of the French Revolution, Manchester / New York, Manchester University Press, (ISBN 0-7190-5617-9, 978-0-7190-5617-8 et 0-7190-5618-7, OCLC 42049267), p. 192, 201 note 22, reproduction en couleur en couverture et p. 193.
  15. Agathe Sanjuan (dir.), L'Art du costume à la Comédie-Française, Paris, Centre national du costume de scène, (ISBN 978-2-35848-024-6 et 2-35848-024-X, OCLC 738366307), p. 32-33 (reproduction).
  16. « Mlle Delaporte (Eugénie) [Salon de 1802] », notice d'exposant, sur Salons et expositions de groupes, 1673-1914, Musée d’Orsay / Institut national d’histoire de l’art (consulté le ).
  17. « Mlle Delaporte (Eugénie) [Salon de 1804] », notice d'exposant, sur Salons et expositions de groupes, 1673-1914, Musée d’Orsay / Institut national d’histoire de l’art (consulté le ).
  18. « Mme Persuis-Delaporte par elle-même », sur Catalogue général - Bibliothèque nationale de France (BnF) (consulté le ).
  19. (de) Edward Speyer, Wilhelm Speyer, der Liederkomponist 1790-1878 : sein Leben und Verkehr mit seinen Zeitgenossen dargestellt von seinem jüngsten Sohne, Munich, Drei Masken Verlag, (OCLC 610287320), p. 11 (reproduction en noir et blanc, détail).
  20. « Louis Luc Loiseau de Persuis : portrait », sur Catalogue général - Bibliothèque nationale de France (BnF) (consulté le ).
  21. « Pièces du musée de la Bibliothèque-musée de l'Opéra », sur Catalogue général - Bibliothèque nationale de France (BnF) (consulté le ).
  22. (en) Vivian Cameron, « Portrait of a Musician by Pauline Auzou », Currier Galley of Art Bulletin, no 2,‎ , p. 2 et figure 2 (reproduction en noir et blanc) (ISSN 0276-9492, lire en ligne).
  23. « M. Rolland : député de la Moselle », sur Limédia galeries (consulté le ).
  24. Alphonse Leroy fils, « Beaux-Arts - Suite de l'examen du Salon », La Décade philosophique, no 1,‎ 2 octobre 1802 (10 vendémiaire an xi), p. 105-113 (ici p. 106) (lire en ligne).
  25. L'Observateur au Muséum, ou La critique des tableaux en vaudeville., Paris, De l'Imprimerie de Labarre, (lire en ligne), p. 8.
  26. B., « Salon de l'an X », Journal des dames et des modes, vol. 7, no 9,‎ 15 brumaire an xi (6 novembre 1802), p. 68 (lire en ligne), aussi cité dans B., « Journal des dames et des modes, an X-an XI [extraits choisis] », dans Plumes et Pinceaux : Discours de femmes sur l’art en Europe (1750-1850) - Anthologie, Dijon, Publications de l’Institut national d’histoire de l’art, (lire en ligne). Voir aussi l'introduction au texte d'Amandine Gorse. Le tableau, titré Portrait en pied du cit. Lafond, étudiant devant une glace le rôle de Tancrède, est attribué à tort à Émilie Bounieu dans la liste des œuvres évoquées.
  27. « Beaux-Arts - Salon de l'an 1806 - Peinture (6e article) », La Revue philosophique, littéraire et politique,‎ , p. 352-363 (ici p. 361) (lire en ligne).
  28. L'Observateur du Musée Napoléon, ou la critique des tableaux en vaudeville, Paris, Imprimerie de Mme Labarre, (lire en ligne), p. 32.

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