Eugène Chirié

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Eugène Chirié
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Biographie
Naissance

Marseille
Décès
(à 81 ans)
Marseille
Nom de naissance
Eugène Charles Paul Chirié
Nationalité
Française
Formation
Ecole régionale d’architecture de Marseille, Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris
Activité
Architecture
Période d'activité
1928/1979
Enfant
Pierre Vincent Jules Chirié, Jacques Henri Jules Chirié
Autres informations
A travaillé pour
Gaston Castel
Personne liée
Pierre Vincent Jules Chirié, Jacques Henri Jules Chirié

Eugène Charles Paul Chirié, né à Marseille (Bouches-du-Rhône) le et mort à Marseille le , est un architecte français[1], urbaniste, décorateur actif de 1928 à 1979, principalement en région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il s'imposera dans les années 30 comme un spécialiste de l'architecture cinématographique dans sa région.

Biographie[modifier | modifier le code]

Fils d’entrepreneur en bâtiment, Eugène Chirié étudie à l’Ecole régionale d’architecture de Marseille de 1921 à 1924 dans les ateliers d’Etienne Bentz puis de Gaston Castel[2]. Il poursuit ses études en 1924-1926 à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris (atelier de Marcel Lambert et de Paul Bigot) dont il sort diplômé en juin 1926[2]. De retour à Marseille il travail a nouveau dans l’agence de Gaston Castel architecte en chef du département des Bouches-du-Rhône[2].

Architecte cinématographique 1928-1939[modifier | modifier le code]

En 1928 Eugène Chirié ouvre sa propre agence d'architecture[2]. Il va rapidement développer une clientèle local d'entrepreneurs et d'hommes d'affaires pour laquelle il conçoit des édifices relevant principalement de programmes commerciaux dans lesquels l’aspect décoratif est prépondérant : cinémas, cafés, restaurants, hôtels, boutiques[2]. Ces premières commandes seront marseillaises : le fleuriste "Dyens" (1928)[3]; la rénovation du salon de thé "la maison Linder" (1929)[3]; le café "Fisher" (1930)[3].

En 1930 il modernise le Gyptis, célèbre salle de la Belle de Mai, pour l'adapter au cinéma parlant[3] a la demande d'un exploitant marseillais Guy Maïa[4]. L'avènement du cinéma sonore au début des années 1930 demande une modification des salles de spectacles, Eugène Chirié va très vite devenir le spécialiste de cette architecture technique en construisant ou rénovant la plupart des temples du cinéma marseillais, mais aussi de la région. Il signera entre autres les "Pathé Palace" de Marseille et Lyon pour la Société de Gérance des Cinémas Pathé, le Casino de Constantine en Algérie, le Majestic à Nîmes et le Palace de Béziers par Mr Pezet autre exploitant de salles.

Son gout des arts décoratifs et ses relations commerciales, malgré l'absence de commande officiel vont permettre à Eugène Chirié, jeune architecte de traverser la Grande Dépression de 1929 et de se faire une réputation avant la seconde guerre mondiale principalement en renouvelant les codes de l’architecture commerciale et du loisir[5]. Son style fait référence à l'architecture paquebot, le Ciné-Madeleine (1938, Devenu le Pathé Madeleine, à Marseille avenue Foch) en est un exemple, dessinant des hublots, des bastingages, des proues de navire[4],[6].

Le Pathé-Palace de Lyon[modifier | modifier le code]

Pathé Palace de Lyon

La création d'un palais pouvant accueillir 1800 spectateurs, premier chantier d'envergure confié à un jeune architecte, un budget très important, place le Pathé-Palace parmi les projets d'architecture cinématographique les plus ambitieux des premières années d'Eugène Chirié.

« Si les modalités d'obtention de la commande du Pathé-Palace restent imprécises, les conséquences en sont claires ; ce bâtiment constitue un tournant pour Eugène Chirié. Le succès du cinéma lyonnais est largement relayé dans la presse marseillaise ; un journaliste de L'Effort Cinématographique , revue corporative locale, propulse l'architecte au rang de « Spécialiste des salles ». Paradoxalement, le Pathé-Palace de Lyon, révélateur du talent d'Eugène Chirié, reste une exception dans son parcours. Sans lui ouvrir les portes d'une carrière nationale, il permet au jeune homme de s'imposer définitivement auprès des exploitants de salles qui animent la scène provençale. »[4]

Quelques réalisations de cette période[modifier | modifier le code]

Cinéma Gyptis, 1100 places (Marseille, 1930-1932 et 1938) ; Cinéma Majestic (Nîmes, 1931) ; Dancing de l’hôtel Bristol (1931) ; Cinéma Provence, 600 places (Marseille, 1931-1933) ; Cinéma Pathé-Palace, 1800 places (Lyon, 1931-1933) ; Cinéma Comœdia (Aix-en-Provence, 1932) ; Palais du cinéma (Béziers, 1932) ; Cinéma Pathé-Palace, 1600 places (Marseille, 1932) ; Cinéma Régent (Marseille, 1932), futur cinéma Hollywood, 1200 places (1938) ; Cinéma Rex, 1800 places (Marseille, 1932-1933 et 1937) ; Casino municipal de Constantine (1932-1934) ; Cinéma Odéon, 1750 places (Marseille, 1933-1936) ; Palais du cinéma (Gardanne, 1933) ; Café Mori’s (1933) ; restaurant Gardanne (1933) ; Brasserie La Canebière (1933-1934) ; Cinéma Rialto 1070 places (Marseille, 1933) ; Cinéma Comœdia (Toulon, 1934) ; Cinéma Eldorado, 1200 places (Marseille, 1934) ; Palais du cinéma (Avignon, 1934) ; Cinéma Studio 39 (Marseille, 1934) ; Cinéma Oddo (Marseille, 1936), futur cinéma Forum/Plaza, 790 places (1938) ; Restaurant Basso (1937-1938); Cinéma Palladium (Avignon, 1937), futur cinéma ABC (1939) ; Cinéma Ciné-Madeleine, 1400 places (Marseille, 1938) ; Cinéma Lacydon (Marseille, 1938) ; Cinéma Variétés (Marseille, 1938) ; Cinéma Capitole (Toulon, 1939) ; Cinéma Cinévog (Toulon, 1939) ; Cinéma Colbert (Marseille, 1939-1940) ; Cinéma Rex (Bastia, 1939) ; Cinéma Vauban, 650 places (Marseille, 1939-1940) ; Cinéma Vox (Berre, 1939)[4].

Dans un esprit plus fonctionnaliste, Eugène Chirié aborde l’architecture industrielle au travers de commandes conséquentes. A Marseille, il réalise ainsi les locaux de l’Imprimerie nouvelle (1928), la Coopération pharmaceutique française (1930-1931), la Chaudronnerie industrielle (1932) ainsi que plusieurs garages pour les Etablissements Barthélémy et Collard (1929-1931 et 1931-1932). Il réalise aussi des programmes d’habitation à Marseille, Cassis, Sanary, Cannes, des villas empreintes de régionalisme. Il aménage aussi des appartements pour Mr Maïa (1931); Vidal-Naquet (1934-1935) et une dizaine d’immeubles de rapport à Marseille adoptent une esthétique moderne et raffinée, très proche de celle de Michel Roux-Spitz. On peut citer le 317-319, avenue du Prado à Marseille (1933).

Reconstruction, PTT et RTF[modifier | modifier le code]

Mobilisé en août 1939 au service de l’Intendance d'Aix-en-Provence, Eugène Chirié est en charge de la tuilerie des Milles en vue de son utilisation comme un camp d’internement pour étrangers et l’installation de régiments indochinois. Il est démobilisé en juillet 1940 et réduit à une quasi-inactivité jusqu’à la Libération.

Le Vieux Port

Agréé par le ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme, il participe à la reconstruction du Vieux-Port de Marseillet (îlot Villeneuve-Bargemon) avec Jean Rozan.

Hôtel des postes d'Avignon

En 1944 Eugène Chirié est nommé architecte régional des PTT et de la RTF, poste qu'il occupera jusqu'en 1967, puis architecte honoraire jusqu'en 1976. Au sortir de la guerre sa principale activité sera de remettre en état ou de moderniser les bâtiments de ses administrations, mais rapidement il va participer à la politique d’équipement du territoire national lancé par l'administration postal. Eugène Chirié édifie ainsi de nouveaux bâtiments aux styles moderne en milieu citadin ou régional plus formel dans les villages et villes moyennes. Le bâtiment emblématique de cette période est l'hôtel des postes d'Avignon. Les modèles d'Eugène Chirié seront largement diffusées en France et contribueront à renouveler l’identité architecturale de l’administration postale[2].

L'agence Chirié[modifier | modifier le code]

L'Institut Paoli-Calmettes à Marseille

Depuis le milieu des années 1950 ses deux fils aînés, Pierre (né en 1928, diplômé en 1962) et Jacques (né en 1929, diplômé en 1956) apportent du sang neuf au travail de leur père, introduisant de nouvelles méthodes, en particulier un effort de théorisation, une approche du projet fondée sur la pluridisciplinarité ou encore des réflexions d’ordre bioclimatique. Les trois hommes mènent à bien des opérations d’une envergure nouvelle qu’il s’agisse d’architecture hospitalière (Institut Paoli-Calmettes, 1963-1968) ou de grands ensembles marseillais (La Sauvagère, 1955-1962 ; La Maurelette, 1962-1969) qu’ils traitent de façon originale et sensible[réf. nécessaire].

Eugène Chirié cesse toute activité en 1979 mais l’agence continue de fonctionner jusqu’en 1994.

Agence Chirié, un siècle d’architecture à Marseille, Benoit Ferrier (Réalisateur) ()

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. Geneanet
  2. a b c d e et f « Eugène Chirié », sur www.culture.gouv.fr (consulté le )
  3. a b c et d Éléonore Marantz, « Les arts décoratifs au prisme de la vie moderne : Eugène Chirié et les espaces commerciaux », sur Persée, (consulté le )
  4. a b c et d Eléonore Marantz, « Architectures de cinémas », Rives méditerranéennes,‎ , p. 95–112 (ISSN 2103-4001, DOI 10.4000/rives.84, lire en ligne, consulté le )
  5. Eléonore Marantz, « Poste dit hôtel des postes cours Kennedy », sur Patrimoine architectural (Mérimée), (consulté le )
  6. RM ARLAUD, « Présentation… du Madeleine Cinéma », La revue de l'écran et L'effort cinématographique réunis, no 267,‎ , p. 3-10 (ISSN 2137-3043, lire en ligne [PDF])

Annexes[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Eléonore Marantz, Eugène Chirié (1902-1984). Une expérience de l’architecture au XXe siècle. Parcours et réalisations d’un architecte marseillais, Thèse de doctorat d’Histoire de l’art sous la direction de Claude Massu, Aix-en-Provence, Université de Provence, 2006.
  • Eléonore Marantz, « Les arts décoratifs au prisme de la vie moderne : Eugène Chirié et les espaces commerciaux », Histoire de l'art, vol. 61,‎ , p. 73-82.
  • Eléonore Marantz, « L’architecture des cinémas en France pendant les années 1930: captation et mise à l’épreuve du concept de modernité », Apuntes Revista de estudios sobre patrimonio cultural, vol. 31(1),‎ , p. 84-101 (pdf).

Liens externes[modifier | modifier le code]