Culture de Botaï

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Culture de Botaï
Description de cette image, également commentée ci-après
Reconstitution d'un Tarpan, animal photographié en 2004, en Allemagne, que l'on croit phénotypiquement proche de l'ancêtre du cheval domestique.
Définition
Lieu éponyme Botaï (Nord-Kazakhstan)
Auteur Viktor Seibert
Caractéristiques
Répartition géographique Asie centrale
Période IVe millénaire av. J.-C.
Chronologie entre 3700 et 3100 av. J. Chr.
Type humain associé Homo Sapiens Sapiens

Objets typiques

harnais, mors, enclos, huttes semi-enterrées

La Culture de Botaï est une culture énéolithique (âge du bronze) du IVe millénaire av. J.-C. qui s'est épanouie dans le Nord-Kazakhstan. Elle tire son nom du village de Botaï, non loin de la capitale Astana, où le premier site archéologique a été découvert ; on a retrouvé des vestiges similaires à Krasny Yar, Rochtchinskoïe, Sergeïevka, et Vassilkovka. La culture de Botaï est à ce jour la plus ancienne où la domestication du cheval soit attestée[1].

Archéologie

Le site de Botaï (ca. -3700 à -3100 av. J.-C.) a été mis au jour en 1980 par l’archéologue soviétique de lointaine origine allemande et d'expression russe, Viktor Seibert, et fait depuis l'objet de fouilles systématiques. Il apparaît comme le site le plus ancien où la domestication du cheval par l'homme est attestée par des vestiges. Le camp préhistorique de Botaï recouvre en gros 15 ha de plaine sur la rive droite du fleuve Iman-Burluk. Les vestiges de huttes semi-enterrées sont toujours bien visibles en surface. Les fouilles archéologiques, conduites à ce jour sur 10 000 m2, ont permis de dégager 100 foyers ; 300 000 artefacts et plusieurs centaines de milliers d'os (à 99,9 % ceux de chevaux) ont été exhumés.

Depuis plusieurs années, les archéologues du Carnegie Museum of Natural History de Pittsburgh, ainsi que les chercheurs de l’université d'Exeter s'intéressent de près à la culture de Botaï.

Mode de vie

Les steppes d'Asie centrale virent s'épanouir à la période énéolithique une culture matérielle originale, qui à quelques détails près resta inchangée au fil des millénaires. Le cadre de vie des premiers éleveurs de chevaux était fait de steppes, de prairies, savanes et brousses tempérées. La survie du groupe dépendait étroitement de son adaptation au cycle des saisons. Les colonies comme celle mise au jour à Botaï servaient à hiverner. Au printemps, les tribus se remettaient en marche vers le sud-ouest au sol sableux, libéré par la décrue des fleuves, et où une végétation pionnière assurait le retour du gibier. Les nomades de la culture de Botaï vivaient l’hiver dans ces huttes semi-enterrées que les archéologues germanophones désignent du nom de Grubenhäuser. Les colonies étaient éloignées de 150-200 km l'une de l'autre, pour disposer chacune d'un espace suffisant pour contrôler leurs propres troupeaux de chevaux[2]. Au printemps ils construisaient des yourtes éphémères, chassaient et commençaient à entreposer des provisions pour l'hiver suivant. L'économie était principalement axée sur la domestication du cheval, sans négliger la chasse et la pêche. Le travail du bois, de l'os et de la pierre est attesté.

Culture matérielle

La céramique était le plus souvent décorée de motifs géométriques piqués, de motifs en peigne ou en boucles. Le dessin d'un fragment de céramique, qui évoque une roue à rayon stylisée, donne à croire que les hommes de Botaï avaient développé cet outil dès le néolithique récent[2].

Les hommes de la culture de Botaï ne connaissaient pas l’écriture, leur langue reste donc une énigme : les steppes d'Asie centrale étaient alors habitées aussi bien par des Indo-européens que par des locuteurs de langues altaïques[3].

Les débuts de la domestication du cheval

Vers la fin du IVe millénaire av. J. C., le climat des steppes d'Asie centrale se fit plus humide, et la végétation se diversifia. Selon les recherches des paléogéographes et des pédologues, l'herbe atteignait alors une hauteur de 2 mètres, et les steppes abritaient des millions de chevaux. Pour les capturer et les garder, il était indispensable à l'homme de monter à cheval. Cette nécessité explique une différence morphologique entre les chevaux sauvages et les chevaux domestiqués : selon le chercheur américain David Anthony, en effet, 10 % des dents des chevaux de Botaï examinés portent des traces de mors en os ou en crin[2],[4]. La découverte en 2006 de vestiges d'enclos renforce l’hypothèse de la domestication du cheval à Botaï. Autre preuve de l'élevage de chevaux, on a retrouvé des traces de kumiz (du lait de jument fermenté) sur des fragments de poterie vieux de 5 600 ans environ[4],[5],[6].

Jusqu’à une date récente, la Culture de Sredny Stog (Ukraine) était considérée comme la plus ancienne à avoir maîtrisé la domestication du cheval. Les vestiges étaient ceux de Dereivka (4000 av. J.-C.)[7], mais une datation au spectromètre de masse couplé à un accélérateur de particules a montré que les os d'un étalon dont les dents portaient des traces de mors dataient en réalité de l’âge du fer scythique[8],[9].

Notes et références

  1. D'après (en) A. K. Outram, N. A. Stear, R. Bendrey et al., « The Earliest Horse Harnessing and Milking », Science, nos 323/5919,‎ (ISSN 1332-1335[à vérifier : ISSN invalide], DOI 10.1126/science.1168594)
  2. a b et c V. Seibert, 2005, p. 161-163
  3. Археология Казахстана, 2006, 40
  4. a et b D’après Jean-Denis Vigne et Robin Bendrey, « Les plus anciennes traces archéologiques de la domestication du cheval », CNRS, .
  5. (ru) Lumière sur le passé (Прорыв в прошлое)
  6. (ru) Une révolution archéologique (Революция скребков)
  7. (en) David W. Anthony, Bridling horse power, 2003, 72-75.
  8. (en) Botai and horse domestication
  9. (en) Dereivka (Ukraine); David W. Anthony & Dorcas R. Brown, The origins of horseback riding. Antiquity 65, 1991, 22-38

Annexes

Liens externes

Bibliographie

  • (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Botai-Kultur » (voir la liste des auteurs).
  • V. F. Seibert, Историко-культурное значение поселения Ботай. Археологиялык зерттеулер жайлы есеп. Алматы, 2005, p. 161-165. faux (ISBN 9965-9575-2-0[à vérifier : ISBN invalide])
  • V. F. Seibert Энеолит Урало-Иртышского междуречья. Петропавловск, 1993. (ISBN 5-7691-0263-2)
  • Калиева С. С., Логвин В. Н. Скотоводы Тургая в третьем тысячелетии до нашей эры. Кустанай 1997. ISBN 9965-415-02-1
  • S. Bökönyi, Pferdedomestikation, Haustierhaltung und Ernährung (Budapest 1993). ISBN 963-7391-65-7
  • D. Brown, D. Anthony, Bit wear, Horseback Riding and the Botai Site in Kazakhstan, Journal of archaeological Science 25, 1998, p. 331-347.
  • M. Levine, Exploring the criteria for early horse domestication. In: Martin Jones (éd.), Traces of ancestry: studies in honour of Colin Renfrew. Cambridge: McDonald Institute for Archaeological Research, 2004.
  • M. A. Levine, The exploration of horses at Botai, Kazakhstan; in: C. Renfrew & K. Boyle (éd.), Prehistoric Steppe Adaptation and the Horse. McDonald Institute Monographs (Cambridge 2003), p. 83-104.
  • M. Levine, Botai and the origins of horse domestication, Journal of Anthropological Archaeology 18, 1999, p. 29-78.
  • S. Olsen, This old thing? Copper Age fashion comes to life. Archaeology 61, 2008, p. 46-47.
  • V. Schnirelman, S. Olsen, P. Rice, Hooves across the Steppes. The Kazakh life-style, in: : S. Olsen (éd.), Horses through time (Lanham, Maryland 2003), p. 129-152. ISBN 1-57098-382-8