Complément alimentaire

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Un complément alimentaire est une denrée alimentaire dont le but est de fournir un complément de nutriments ou de substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique (vitamines, minéraux, acides gras ou acides aminés) manquants ou en quantité insuffisante dans le régime alimentaire normal d'un individu. À la différence des additifs alimentaires, qui sont mélangés à certains aliments, le complément est une source concentrée qui est vendue de façon isolée.

Dans les pays souffrant de malnutrition, on parle plutôt de supplémentation.

Le principe de la complémentation alimentaire

En quelques génération, la population s'est vue adopter un quotidien sédentaire. De nouveaux aliments et de nouvelles habitudes sont apparus. Une seconde grande métamorphose s’est produite lors de la révolution industrielle. Celle-ci nous a conduit à consommer des aliments toujours plus raffinés, de plus en plus présents dans nos assiettes au détriment de produits « traditionnels ». Ils affectent négativement certaines caractéristiques alimentaires (charge glycémique, ratio oméga6/oméga3, composition vitamines et minéraux, ratio sodium/potassium, teneur en fibres, etc). En outre, l'activité physique étant plus rare alors que nous avons une alimentation généralement trop riche (en graisses saturés, en glucides et sucres, en sel, etc.), de nombreuses maladies chroniques sont apparues (obésité, diabète, hypertension artérielle, hypercholestérolémie, maladies coronariennes, accidents vasculaires cérébraux...). L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) s’en alarme et estime que des mesures d’urgence doivent être prises. L’impact de l’alimentation sur la santé et la mortalité (cancer, maladies cardiovasculaires...) fait l'objet de vastes travaux depuis plusieurs années. Depuis les années 1980, l’attention portée à l’équilibre des repas est devenue un facteur non négligeable pour le choix des aliments. Les comportements sont influencés par les recommandations sanitaires et nutritionnelles des médecins, relayées de façon croissante par les médias.

Selon les textes réglementaires, une alimentation saine, variée et équilibrée est censée fournir des apports répondant aux apports journaliers recommandés (AJR). Mais, la majorité de la population ne se trouve pas dans cette situation idéale. Non, seulement comme nous le disions précédemment, les aliments issus de l'agriculture moderne se sont appauvris en nutriments spécifiques mais en plus ils contiennent des pesticides, voire des engrais de synthèses, qui augmentent considérablement le stress oxydatif de nos cellules. Enfin, le rapport à l'alimentation est lié au rapport culturel du pays, de la région voir de la cellule familiale dont on est issu, ce qui signifie que l'on reproduit les gestes, les plats que l'on a appris à faire dans sa famille, sa région et aussi que l'on ne mange que ce que l'on aime vraiment et ce que l'on sait cuisiner… On est loin de l'alimentation variée idéal, même quand on consomme bio.

Les compléments alimentaires (en gélules, capsules, comprimés, ampoules…) permettent d'éviter certaines carences ou de répondre à des besoins spécifiques (activité sportive ou autre), l'enrichissements de certains aliments peut également permettre de combler des carences. Ainsi, dans de nombreux pays, on enrichit le sel en iode afin de prévenir le crétinisme et le goitre. La vitamine B12 n'étant pas présente dans les plantes, les végétaliens doivent prendre un supplément ou consommer des aliments enrichis pour s'assurer un apport adéquat.

Les bébés et enfants ont besoin d'apports en vitamine D, laquelle devrait idéalement être apportée par l'alimentation, mais sera souvent prise sous forme de compléments alimentaires en raison de sa faible disponibilité dans la ration quotidienne. En Europe, la vitamine D était jusqu'à récemment souvent apportée par l'huile de foie de morue.

De même, les femmes ont des besoins 77 % plus élevés que les hommes en fer, et ce dès la puberté (en raison des pertes dues aux règles ou aux accouchements), ainsi qu'en calcium lors de la ménopause (pour éviter l'ostéoporose, conséquence des modifications hormonales).

Or les aliments vont contenir des quantités variables de vitamine D, de fer ou de calcium. Il en résulte que seule une alimentation équilibrée, associant des aliments de types nutritionnels différents (ou au pis aller un apport en complément alimentaire) peut assurer les apports des éléments indispensables.

La consommation de compléments alimentaires atteint 65% de la population adulte aux Etats-Unis[1], et entre 20% à 25% en France[2],[3]. En France les pouvoirs publics considèrent qu'une alimentation équilibrée suffit et ne recommandent pas la prise de compléments alimentaires dans la population générale. Ainsi le PNNS n'y fait jamais allusion. Aux Etats-Unis des publications scientifiques déconseillent l'usage de compléments alimentaires[4], cependant la consommation ne cesse de croître.

Réglementation

Les compléments alimentaires sont encadrés au niveau européen par une directive de 2002, transposée en droit français dans le code de la consommation par un décret de 2006. Ils font partie des denrées alimentaires.

Les compléments alimentaires font l'objet d'une déclaration préalable à leur commercialisation auprès de la DGCCRF. c'est l'ANSES qui est chargé de veiller à la nutrivigilance, dispositif de vigilance des produits commercialisés instauré en 2010 à l'instar de la pharmacovigilance ou encore de la cosmétovigilance.

Le complément alimentaire est défini par les autorités (article 1 du décret 2006-352) « denrées alimentaires dont le but est de compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d'autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique seuls ou combinés, commercialisés sous forme de doses, à savoir les formes de présentation telles que les gélules, les pastilles, les comprimés, les pilules et autres formes similaires, ainsi que les sachets de poudre, les ampoules de liquide, les flacons munis d'un compte-gouttes et les autres formes analogues de préparations liquides ou en poudre destinées à être prises en unités mesurées de faible quantité ».

Les nutriments sont définis comme pouvant être : - les vitamines, les minéraux - les plantes et préparations de plantes (sont exclues de ce cadre les plantes ou préparations de plantes possédant des propriétés pharmacologiques et destinées à un usage exclusivement thérapeutique.) L’utilisation des plantes pour leurs propriétés sur la santé remonte à l’antiquité et est ancrée dans toutes les cultures. Les plantes à usage traditionnel détiennent une place importante dans les ingrédients utilisés dans les compléments alimentaires. La directive 2004/24/CE permet « une demande d’autorisation simplifiée » pour les plantes à usage traditionnel (plus de 30 ans) dont l’usage traditionnel permet de garantir leur sécurité et innocuité. - Les substances à but nutritionnel ou physiologique (substances chimiquement définies possédant des propriétés nutritionnelles ou physiologiques, à l’exception des vitamines et minéraux et des substances possédant des propriétés exclusivement pharmacologiques.)

Peuvent s’ajouter pour la fabrication des compléments alimentaires les ingrédients suivants : - les autres ingrédients dont l’utilisation en alimentation humaine est traditionnelle ou reconnue comme telle au sens du règlement du 27 janvier 1997 susvisé, ou autorisés conformément à ce règlement. - les additifs, les arômes et les auxiliaires technologiques dont l’emploi est autorisé en alimentation humaine et dans les conditions prévues par la réglementation.

Allégations

Utilité médicale ?

Les compléments alimentaires ne sont pas des médicaments. On ne peut donc parler d'utilité médicale. Les compléments alimentaires ont, du fait de leur composition et dosage, une action physiologique et n'ont pas, à la différence du médicament, une action pharmacologique. Des études de méta-analyse montrent notamment que la prise de suppléments vitaminiques est associée à l'augmentation des risques de mortalité[5], une large étude de supplémentation vitamine A a dû être stoppée prématurément, la supplémentation augmentant le risque de cancer du poumon[6]. La supplémentation en oligo-éléments (cuivre, magnésium, fer, zinc) affecte la santé et la surmortalité des femmes plus âgées[7]. La supplémentation en calcium présenterait également des risques[8].

Le marché

Le marché mondial en 2003 s'élève à 45 milliards d'euros, 37 % des compléments étant produits par les États-Unis, 30 % en Europe (la France se situe en quatrième position derrière l'Italie, l'Allemagne et la Grande-Bretagne)[9].

En 2011, le marché français réalise un chiffre d'affaires de 991 millions d'euros. La pharmacie y reste le premier circuit de vente, représentant 60 % du poids total[10]. Le groupe Natural Distribution (créé en 1985 à Ashford, sa filiale Laboratoires Santé Verte étant spécialisée dans le circuit de distribution en pharmacie) est pionnier dans la distribution de compléments alimentaires sur le marché français et en est le leader en 2011 avec 26 millions d'euros de chiffre d’affaires[11].

Les fabricants

Union européenne

Les compléments alimentaires sont régis par la Directive 2002/46[12] et sont définis comme des "denrées alimentaires dont le but est de compléter le régime alimentaire normal et qui constituent une source concentrée de nutriments ou d'autres substances ayant un effet nutritionnel ou physiologique seuls ou combinés, commercialisés sous forme de doses, à savoir les formes de présentation telles que les gélules, les pastilles, les comprimés, les pilules et autres formes similaires, ainsi que les sachets de poudre, les ampoules de liquide, les flacons munis d'un compte-gouttes et les autres formes analogues de préparations liquides ou en poudre destinées à être prises en unités mesurées de faible quantité.", les nutriments concernés étant les vitamines et minéraux.

Des contraintes de composition sont introduites par cette Directive. Par ailleurs, la dose recommandée ne peut apporter plus de 100 % des AJR pour chaque nutriment.

En France la Directive a été transposée par le Décrêt 2006/352[13] qui introduit une obligation d'enregistrement auprès de la DGCCRF et précise divers points (liste de plantes autorisées, etc.)

La filière des compléments alimentaires est très fragmentée et hétérogène, comportant des acteurs de métier et de taille très différents. En 2009, on recensait 410 laboratoires, dont les trois premiers (Arkopharma, Merck MF et Oenobiol) représentaient à eux seuls 32% du marché. En termes de production de compléments alimentaires, on trouve aussi bien des spécialistes des compléments alimentaires et de phytothérapie que des laboratoires pharmaceutiques des industriels de l’agroalimentaire et de la cosmétique. La taille des entreprises connaît elle aussi une forte hétérogénéité et les entreprises de petite taille (TPE), entreprises françaises spécialisées et grands groupes internationaux se côtoient.


États-Unis

Le complément alimentaire (« dietary supplement »)[14] est défini par le Dietary Supplement Health and Education Act of 1994[15] comme un produit répondant aux critères suivants :

  1. Il est conçu pour être complémentaire d'un régime alimentaire et peut être un comprimé, une capsule ou un liquide composé de :
  2. Il doit être précisé qu'il ne s'agit pas d'une alimentation classique et ne doit pas être consommé comme unique source d'alimentation.
  3. Il doit être clairement étiqueté comme « complément alimentaire ».

La FDA considère les compléments alimentaires comme de la nourriture, et non comme des médicaments. Elle ne doit donc pas pré-approuver leur sécurité et leur efficacité mais elle peut s'attaquer à des fabricants si elle constate a posteriori la présence de produits dangereux sur le marché. Toutefois, certains aliments (tels que les produits pour enfants ou les alicaments) sont plus surveillés car ils concernent des populations plus vulnérables.

Par rapport à l'Union européenne, la consommation des compléments alimentaires est beaucoup plus commune, quasi-systématique pour les "multivitamines"[16]. Dans la réglementation américaine, les ingrédients autorisés sont plus nombreux, et leur dosage peut être plus puissant, puisqu'il peut dépasser l'AJR, contrairement à la réglementation européenne.

Chine

La Chine produit des compléments alimentaires, dont ginseng traditionnel ou le konjac, tubercule reconnu pour son action sur le cholestérol et la régulation de poids, utilisé autrefois pour calmer la faim[17]. Mal dosé, il peut provoquer une occlusion intestinale. L'administration des produits alimentaires et pharmaceutiques (SFDA) a annoncé en 2012 sa volonté de mieux surveiller les producteurs de compléments alimentaires[18].

Les fabricants

On recense plus de 300 fabricants de compléments alimentaires en France. Si les premiers à avoir travaillé sur ce secteur sont des entreprises indépendantes à capitaux familiaux : LT Labo (en magasin bio), Oenobiol (en pharmacies), Physcience, Juva (en grande distribution), laboratoires Yves Ponroy (en pharmacie, instituts et VPC)..., la croissance du marché explique l’arrivée récente de grands groupes de l’agroalimentaire, de la pharmacie et de la cosmétique.

Notes et références

  1. Dietary Supplements 2010
  2. Commentaires de l'ANSES sur l'étude INCA2
  3. Etude Nutrinet
  4. Enough Is Enough: Stop Wasting Money on Vitamin and Mineral Supplements
  5. (en) James Randerson, « Vitamin supplements may increase risk of death », The Guardian,‎ (lire en ligne)
  6. Effects of a combination of beta carotene and vitamin A on lung cancer and cardiovascular disease
  7. (en) Jaakko Mursu et coll, « Dietary Supplements and Mortality Rate in Older Women », Archives of internal medecine, vol. 171, no 18,‎ , p. 1625-1633 (DOI doi:10.1001/archinternmed.2011.445)
  8. High Calcium Supplement Intake Raises Male Cardiovascular Disease Death Risk
  9. Que penser des "aliments santé" ? - Chiffres de l’IRIPS, Institut régional d’information et de prévention de la sénescence
  10. Les chiffres clés du marché (Année 2011), Syndicat National des Compléments Alimentaires
  11. Fabien Guez, interview de Maryse Estienne (fondatrice du groupe Natural Distribution) dans l'émission BFM Business : Check up santé, 10 septembre 2012
  12. Directive 2002/46
  13. Décrêt 2006/352
  14. Site de la FDA sur les compléments alimentaires
  15. US Dietary Supplement Health and Education Act of 1994 - FDA
  16. (en) Article sur la consommation de multivitamines aux États-Unis
  17. « L'industrie opaque des compléments alimentaires », sur lefigaro.fr (consulté le )
  18. « La Chine lancera une supervision plus stricte des compléments alimentaires », sur chine-informations.com (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes