Antoine Bertin

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Ceci est une version archivée de cette page, en date du 15 décembre 2014 à 22:26 et modifiée en dernier par Angelwhite (discuter | contributions). Elle peut contenir des erreurs, des inexactitudes ou des contenus vandalisés non présents dans la version actuelle.
Portrait d'Antoine Bertin par A. Lalauze.

Antoine Bertin, dit le chevalier Bertin, est un poète français né à l'île Bourbon le 10 octobre 1752 et mort à Saint-Domingue le 30 juin 1790.

Biographie

Fils de François-Jacques Bertin, Antoine Bertin fut emmené en France à l'âge de neuf ans et, « transplanté dans Paris », selon sa propre formule, il fit de brillantes études à la pension Colin de Picpus puis au collège du Plessis. Il entra dans la carrière des armes et fut lieutenant puis capitaine de cavalerie au régiment de Franche-Comté avant de devenir en 1777 écuyer du comte d'Artois.

Il fut un familier de la cour de Louis XVI et de la reine Marie-Antoinette. Attiré par la poésie, il commença par imiter Claude-Joseph Dorat. Ami et commensal d'Évariste de Forges de Parny, son compatriote de l'île Bourbon, il faisait partie de sa « société de la Caserne », à Marly[1], société fort libre, et mêlait avec lui les plaisirs de la vie et ceux de la poésie. Dès 1772, Bertin avait collaboré à l'Almanach des Muses. En 1777, il publia un Voyage en Bourgogne mêlé de prose et de vers, à l'imitation du célèbre Voyage de Chapelle et Bachaumont.

Vers 1773, Antoine Bertin s'éprit de la créole de Bourbon Marie-Catherine Sentuary[2] sœur de Michelle de Bonneuil, toutes les deux très jolies et membres, comme lui, de la société anacréontique dite de la Caserne. Leur liaison dura sept ans. La jeune femme est décrite dans Les Amours sous le nom d'Eucharis. Lorsqu'elle mourut prématurément d'un « mal lent et funeste », en 1783, il lui consacra quelques-uns de ses plus beaux vers. Il voyagea en Italie où il fut séduit par les ruines antiques. Par la suite, Antoine Bertin se lia avec une jeune créole de Saint-Domingue âgée de 16 ans, Hélène de Lestang, surnommée Catilie.

Il semble qu'il prit part à la Guerre d'indépendance des États-Unis. De retour en France métropolitaine, il effectua vers 1782 un voyage à Cauterets pour y soigner une santé compromise. C'est de là qu'il adressa une lettre restée célèbre à Évariste de Parny.

Peu avant la Révolution française, Bertin s'embarqua pour Saint-Domingue afin d'épouser Hélène de Lestang. Il arriva épuisé, et le mariage dut être retardé. Il fut enfin célébré en juin 1790 dans la chambre du poète, qui s'évanouit sitôt après avoir prononcé le « oui ». Il mourut âgé de seulement 38 ans, 17 jours plus tard, le 30 juin, emporté par le typhus.

Notes

  1. Son siège était dans le château où mourut le chevalier de Boufflers sous l'Empire
  2. Épouse du négociant bordelais Testart et petite nièce par sa mère du modèle la Virginie du roman « Paul et Virginie de Bernardin de Saint-Pierre »

Œuvre

Bertin n'a pour ainsi dire rien composé que des élégies, réunies sous le titre Les Amours (1773, 1780). Elle lui ont valu le surnom, d'ailleurs peu justifié, de « Properce français ». Il imite souvent Tibulle et Ovide. Ses vers sont harmonieux, spirituels, de bon ton, plein de grâce et de sentiment, ils ne manquent pas de sensualité, mais l'auteur reste un poète du XVIIIe siècle, académique et relativement monotone.

  • Les Amours, élégies en trois livres, 1773, 1780.
  • Voyage de Bourgogne, 1777.
  • Épître à M. Des Forges-Boucher, 1778.

Ses Œuvres complètes ont été réunies à Paris en 1802 et en 1824, 1 volume in-8.

poésie: "Le temps" Au bon vieux temps on m’avait dit : «  il faut bien employer son temps, car le temps c’est de l’argent ». Il faut donc passer tout son temps, à gagner cet argent, Et pourtant avec l’argent accumulé à la fin de ma vie, Je ne pourrais jamais acheter une heure de temps. Il faut donc se donner du bon temps, Pour prendre le temps comme il vient. Il faut aussi gagner du temps, Sans perdre son temps pour arriver à temps. Il faut aussi prendre son temps, Pour calculer la valeur du temps, Et n’ayant pas réussi à trouver la valeur du temps,

j’ai donc pris un certain temps,

La décision de prendre mon temps, En me reposant, pour avoir la joie de vivre encore longtemps, Dans la progression du temps, Avant de partir pour l’éternité, Ou le temps n’est plus une histoire de temps.

Source partielle

  • Marie-Nicolas Bouillet et Alexis Chassang (dir.), « Antoine Bertin » dans Dictionnaire universel d’histoire et de géographie, (lire sur Wikisource)
  • C. Seth, Oubliées et non perdues : les Rêveries de Bertin in Cahiers Roucher – André Chénier n° 10 - 11 (1990-1991).
  • C. Seth, Les poètes créoles du XVIIIe siècle, Paris-Rome, Memini, Bibliographie des écrivains français, 1998, 318 p.

Liens externes

Sur les autres projets Wikimedia :