Affaire des viols collectifs de Newcastle

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Affaire des viols collectifs de Newcastle
Fait reproché viol, proxénétisme
Pays Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Ville Newcastle
Date à
Nombre de victimes Au moins 700

L'affaire des viols collectifs de Newcastle désigne un ensemble de crimes sexuels commis par au moins 112 criminels. Plus de 700 adolescentes et jeunes femmes ont été violées et contraintes à se prostituer entre 2010 et 2014 dans la ville de Newcastle upon Tyne et ses alentours, après avoir été obligées notamment à prendre de l'alcool et des drogues. Les 17 hommes impliqués dans l'organisation de ces crimes sont majoritairement non blancs et de différentes origines (Pakistan, Bangladesh, Inde, Iran, Irak, Albanie et Europe de l'Est)[1] ; une femme de 22 ans fait également partie des suspects[2],[3],[4]. Ils sont pour la plupart nés sur le sol britannique. Le nombre de leurs victimes s'élève à plus de 700[1],[5].

La justice précise lors des condamnations que les victimes n'étaient pas ciblées à cause de leur couleur de peau ou de leur religion mais parce qu'elles étaient jeunes et vulnérables.

Contexte[modifier | modifier le code]

Depuis le début des années 1980 jusqu'au début des années 2010, dans des villes d'Angleterre, plus de 4 000 enfants ont été abusés sexuellement, parfois torturés, parfois prostitués, par des bandes criminelles organisées ou des groupes informels d'hommes[6],[7]. En 2011, une première série d'agressions sexuelles est rendue publique par la presse[8]. Des enquêtes, conduites par des associations caritatives, puis par le gouvernement britannique, ont permis d'éclaircir les faits, soulignant notamment l'incurie des services sociaux et de la police locale, et de prendre des mesures appropriées pour assurer la protection des enfants[6],[9]. Dans certains cas, l'exploitation de mineurs durait depuis plus de 15 ans[10]. L'appartenance ethnique et les origines culturelles des victimes, et, surtout, celles des criminels, ont focalisé l'attention des médias et de l'opinion publique dans tout le pays[11],[7],[12].

Opération Sanctuaire[modifier | modifier le code]

En enquêtant sur le cas d'abus sexuel d'une jeune femme, la Northumbria Police (en) a découvert un réseau d'abus d'adolescentes dans le Tyneside. Ces découvertes ont abouti au lancement de l'opération « Sanctuaire » (Shelter) dans le cadre de laquelle les premières arrestations ont eu lieu en et ont mené à 67 arrestations fin [13].

À partir de , l'opération met au jour un important scandale d'abus sexuel dans la ville. Une bande de dix-sept hommes et une femme ont abusé sexuellement d'adolescentes et de jeunes femmes, âgées de 13 à 25 ans, de 2010 à 2014, après leur avoir fait consommer de l'alcool et des drogues. Les hommes étaient de diverses origines (bangladaise, indienne, iranienne, irakienne, turque, pakistanaise...) et étaient âgés de 27 à 44 ans[14],[15]. L'opération lancée en 2014 aboutit à l'incarcération de 112 délinquants pour des abus commis contre plus de 270 victimes.

Un rapport publié en 2018 a en outre révélé que le nombre réel de personnes touchées était d'au moins 700, principalement des victimes de drogues, harcelées avant d'être violées et d'être contraintes à se prostituer[16],[17]. Ce même rapport révèle que les criminels ont perpétré leurs crimes avec « une persistance arrogante » et que la police semblait avoir préféré punir les victimes et laisser les auteurs des viols libres[18]. Selon l'avocat David Spicer, à New Castle contrairement à d'autres régions du Royaume-Uni, les autorités n'ont pas essayé de cacher ces crimes sous un tapis[18].

Le responsable de la Northumbria Police a déclaré que les faits n'avaient pas de rapport avec la religion, la race ou la nationalité des suspects et a démenti tout politiquement correct[19].

Réactions[modifier | modifier le code]

La députée travailliste Sarah Champion a déclaré à la chaîne BBC qu'il était nécessaire de « reconnaître » que dans toutes les villes où des cas similaires ont eu lieu la « majorité des auteurs était britannique d'origine pakistanaise » [...] « Nous avons maintenant, des centaines d'hommes pakistanais qui ont été reconnus coupables de ces crimes, pourquoi ne mettons-nous pas en place une enquête pour voir ce qui se passe et comment nous devons le changer [...] Sincèrement, je pense que c'est parce que les gens ont plus peur d'être traités de racistes que de signaler à tort des abus d'enfants »[20],[21].

Dans le sillage du procès, l'ancien président de la commission de l'égalité et des Droits de l'Homme (Equality and Human Rights Commission) Trevor Philips a appelé les autorités britanniques à reconnaître que la plupart des hommes impliqués étaient musulmans[5].

L'ancien ministre de la Police, Mike Penning, a écrit au procureur général pour demander que les actes commis par ces gangs soient traités comme crimes racistes en raison du ciblage quasiment exclusif de filles blanches[5].

Jugement[modifier | modifier le code]

La juge condamne en septembre 2017 deux des suspects à de lourdes peines de prison et précise que les victimes n'étaient pas ciblées à cause de leur couleur de peau ou de leur religion mais parce qu'elles étaient jeunes et vulnérables[19].

Voir aussi[modifier | modifier le code]

Articles connexes[modifier | modifier le code]

Références[modifier | modifier le code]

  1. a et b (en-GB) Martin Evans, « Newcastle grooming gangs were allowed to abuse 700 girls because police blamed the victims, review finds », The Telegraph,‎ (ISSN 0307-1235, lire en ligne, consulté le )
  2. (en)« Operation Sanctuary: Newcastle child sex network convicted », BBC, 9 août 2017.
  3. (en) Tom Parfitt, « Operation Sanctuary: 18 members of Newcastle child abuse network », Daily Express, 10 août 2017.
  4. (en)« In profile: Members of the Newcastle grooming gang busted by police », Sky News, 10 août 2017.
  5. a b et c « Asian grooming gangs are Muslim says Trevor Phillips », Mail Online,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. a et b (en) bureau du Commissaire à l'enfance (en), « If only someone had listened », rapport final de novembre 2013 [PDF], (consulté le ).
  7. a et b (en) Patrick Butler, « Thousands of children sexually exploited each year, inquiry says » [« Une enquête affirme que, chaque année, des milliers d'enfants sont exploités sexuellement »], The Guardian, (consulté le ).
  8. (en) Tony Harcup, Journalism : principles and pratice, Londres, SAGE Publications, , 3e éd. (1re éd. 2004), 271 p. (ISBN 9781446274088, OCLC 950906628), p. 100-102.
  9. (en) Centre contre l'exploitation et pour la protection en ligne des enfants, « Threat assessment of child sexual exploitation and abuse » [« Évaluation de la menace d'exploitation et d'abus sexuel sur mineur »] [PDF], (consulté le ).
  10. (en) Paul Peachey, « Rotherham child abuse report: 1,400 children subjected to 'appalling' sexual exploitation over 16-years », The Independant, (consulté le ).
  11. (en) bureau du Commissaire à l'enfance (en), « I thought I was the only one. The only one in the world », rapport provisoire de novembre 2012 [PDF], (consulté le ).
  12. Philippe Bernard, « L'Angleterre découvre le scandale d'abus sexuels dans le Yorkshire », Le Monde, (consulté le ).
  13. SOPHIE DOUGHTY, « Operation Sanctuary: Sex exploitation probe uncovers hidden culture of abuse », The Evening Chronicle,‎ (lire en ligne, consulté le ) :

    « A police probe into the sexual exploitation of teenagers on Tyneside has uncovered a hidden epidemic of abuse stalking our streets. Northumbria Police launched Operation Sanctuary in January with a wave of arrests after receiving a report expressing concern for one girl. »

  14. (en) Eighteen people found guilty over Newcastle sex grooming network, theguardian.com, 9/8/2017
  15. (en)Newcastle sex ring: People care more about being called racist than preventing child abuse, says Rotherham's Labour MP, independent.co.uk, 10/8/2017
  16. (en) Martin Evans, Newcastle grooming gangs were allowed to abuse 700 girls because police blamed the victims, review finds, telegraph.co.uk, 23 février 2018
  17. (en) Lizzie Dearden, Grooming gangs abused more than 700 women and girls around Newcastle after police appeared to punish victims, independent.co.uk, 23 février 2018
  18. a et b (en-GB) « Police appeared to punish grooming gang victims, report says », The Independent,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. a et b Newcastle grooming gang 'did not target white girls because of their race', judge rules, The independent, 5/9/2017
  20. (en-GB) « MP on Pakistani rape gangs: People are more afraid to be called a racist then they are to be wrong about child abuse », The Independent,‎ (lire en ligne, consulté le )
  21. (en) « Yorkshire MP warns racism fears must be put to one side in battle to stop child sex grooming gangs », sur www.yorkshirepost.co.uk (consulté le )